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6 juillet 2008



Coldplay : Viva La Vida Or Death And All His Friends


Titres

Life In Technicolor
Cemeteries Of London
Lost !
42
Lovers In Japan/Reign Of Love
Yes
Viva La Vida
Violet Hill
Strawberry Swing
Death And All His Friends


Cette semaine, je me rends compte que je suis en train de chroniquer les deux extrêmes de la Pop des années 2000. En partant d'une musique au départ fort sensible et assez personnelle, les deux groupes ont suivi des trajectoires diamétralement opposées. Qui a raison, qui a tort, c'est une affaire de goût. On peut même aimer les deux, j'en suis la preuve vivante. La chose évidente qu'on peut en conclure à leur sujet, c'est que les deux ont réussi à imposer leur musique bien au-delà de leurs rêves les plus fous.

Depuis X&Y, on a compris que Coldplay a pris le virage finalement assez classique de pas mal d'autres formations Pop. Celui de l'embourgeoisement. En général, ça finit par arriver à ceux qui ont des difficultés à continuer à écrire de bonnes chansons, ceux qui connaissent de grosses baisses de régime. On camoufle, on cache les défauts sous des couches d'artifices. Pourtant, chez Coldplay, le déclencheur n'a pas pu être celui là. X&Y contient une nuée de grandes chansons qui auraient sûrement été encore plus belles sans maquillage. Non, chez eux, ça correspondait à une période de grosse remise en question et de perte de confiance, pas encore à un constat de faiblesse. Comme moi, de nombreux amateurs des premiers opus ont été un peu déçus par ce virage. Les belles et bonnes chansons existaient toujours, mais elles se trouvaient un peu engluées. On pouvait donc espérer que Coldplay se rassurerait sur le niveau de ses chansons en les regardant dans le blanc des yeux et qu'il éviterait cette fois ci l'écueil de la surproduction. Et ben non… Ceux qui trouvaient X&Y trop produit pourront faire aujourd'hui exactement le même reproche à Viva La Vida.

Alors comme pour X&Y, on est de nouveau sceptique, on se dit que le groupe en fait trop, se cache trop. On cherche le défaut sous la cuirasse. Et puis une fois encore, on se retrouve emporté par ces mélodies toujours aussi belles, à défaut d'être aussi touchantes qu'avant. Parce qu'au final, c'est ça qui manque, cette émotion qu'on trouvait sur une chanson comme Yellow par exemple. Tout ça est gommé par une recherche d'efficacité maximale. Ca donne l'impression que les Coldplay composent des chansons déjà fort réussies par elles mêmes, puis qu'ils les confient à leurs producteurs (dont Brian Eno) pour essayer de les magnifier. Le résultat est à nouveau une grosse dizaine de chansons très produites qui plairont forcément au plus grand nombre en ne faisant qu'une poignée de déçus, ceux de plus en plus rares, qui savent encore s'émouvoir en écoutant une chanson. Viva La Vida est d'ailleurs déjà en train d'exploser tous les records de vente. Par ces temps de marasme, ça prouve au moins qu'ils ont trouvé la bonne recette.

Mais je persiste à croire que les miracles ne se reproduisent pas et qu'un groupe ne peut pas arnaquer le public plusieurs fois. Si X&Y n'avait pas contenu son lot de belles et bonnes chansons, personne ne se serait précipité sur Viva La Vida. Finalement, Coldplay a peut être trouvé l'équation idéale entre qualité du produit et packaging comme on dit chez les forces de ventes et autres adeptes du marketing. Et oui, la musique est devenue un produit commercial comme un autre. Et Coldplay en est devenu un des rois. Et pour tout dire, je préfère largement écouter mon Coldplay que beaucoup d'autres produits marketés comme on en trouve plein les hypermarchés. D'ailleurs, la trajectoire de Coldplay me fait pas mal penser à celle de U2 et pas seulement à cause de la présence de Bryan Eno. Après des débuts fracassants et inattendus, l'étape suivante est celle des albums fédérateurs. On est en plein dedans. Souhaitons juste que Coldplay ose ensuite casser le moule et essaye d'inventer autre chose, comme U2 l'a fait en son temps. Les petites expérimentations rencontrées sur Viva La Vida (sitar indiens et fumées psychédéliques, grandes orgues et spiritualité...) sont peut être juste des trucs de producteurs ou bien les prémices d'une envie d'autre chose. Le prochain album nous le dira sûrement.

Pour l'heure, on appréciera ce Viva La vida pour ce qu'il est. Un bon album rempli à raz bord de chansons plutôt réussies, de beaux hymnes Pop souvent à la production souvent envahissante, comme par exemple Strawberry Swing, une chanson qui devait être si pure à l'origine. Pour l'instant, Coldplay fait le choix de l'efficacité, au détriment de l'émotion. Et Viva La Vida fait aussi fort dans l'efficacité que Parachutes était magique dans sa fragilité. La encore, Coldplay s'impose en maître.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.coldplay.com

Et la vidéo de Violet Hill : ICI


Sigur Ros : Med Sud I Eyrum Vid Spilum Endalaust

Titres

Gobbledigook
Inní Mér Syngur Vitleysingur
GóðAn Daginn
Við Spilum Endalaust
Festival
Suð I Eyrum
Ara Bátur
Illgresi
Fljótavík
Straumnes
All Alright


Après Coldplay et le choix du consensus, voici Sigur Ros et son sens assez unique de la liberté. Eux n'ont jamais fait aucun effort pour rendre leur musique plus accessible ou plus confortable. Dès le début, cette musique qui ne ressemblait à aucune autre demandait un peu plus d'efforts que la moyenne. Et ça ne s'est jamais vraiment arrangé depuis. Le succès inattendu rencontré par leurs albums les a au contraire incités à rester libre et à toujours expérimenter. De plus en plus libre, finalement. Tout le contraire des Coldplay, qui, par peur de la dégringolade ne font que rechercher le consensus.

La situation de Sigur Ros doit quand même être infiniment plus confortable. Pas de stress inutile, pas d'angoisse de la page blanche. Quand on sait que tout ce qu'on attend de vous, c'est justement d'oser, d'innover, on ne doit pas ressentir la même pression. Et puis je n'ai vraiment pas l'impression que les islandais soient particulièrement sensibles au stress. Comme on pouvait le voir sur leur magnifique DVD l'an dernier, il leur suffit de retourner se ressourcer sur leur île natale pour désapprendre rapidement la célébrité et les paillettes. Un retour sur terre toujours salutaire.

En ce qui me concerne, j'étais encore sous le charme du double CD Hvarf/Heim et du DVD Heima, sortis l'an dernier. Une année bien remplie pour tout fan de Sigur Ros qui se respecte. Je me suis donc retrouvé tout surpris en découvrant ce nouvel album du groupe il y a quelques semaines. Pour être franc, je ne l'attendais pas si tôt. Et je n'étais pas vraiment au bout de mes surprises, parce qu'autant le dire tout de suite, ce Med Sud I Eyrum Vid Spilum Endalaust au titre à rallonge est ce que le groupe a produit de plus… facile d'accès depuis ses débuts. Comme si les Sigur Ros avaient décidés de se rendre plus accessibles. Décidément, les temps changent. Mais accessible version Sigur Ros est encore à des années lumières du sens qu'on donne habituellement à ce mot en terme de musique. On est loin de Coldplay.

Pour une fois, le groupe a décidé de sortir un peu de sa bulle et de son studio fétiche caché en Islande. Ce nouvel album ; dont le titre signifie quelque chose comme " Avec un bourdonnement dans les oreilles nous jouons inlassablement ", a été enregistré dans des lieux aussi improbables et exotiques (pour eux) que New York, Londres, La Havane et Reykjavik quand même. Leur musique en ressort totalement transfigurée. Ouvertes sur le monde, leurs nouvelles chansons prennent des couleurs inconnues jusque là. Le début de l'album, notamment, nous dévoile un Sigur Ros innovant, nettement plus Pop et souriant. Gobbledigook ressemble à la photo de pochette de l'album, joyeux (si, si, joyeux !!) et totalement décomplexé. Etonnant. Idem avec Inní Mér Syngur Vitleysingur qui a des airs de véritable single, avec ses cuivres enjoués, sa rythmique nerveuse et ses clochettes. Enthousiasmant. Et surtout méconnaissable. Non seulement je n'attendais pas de nouvel album si tôt, mais j'attendais encore moins des chansons comme celles là. Mais que les fans de la première heure se rassurent, Sigur Ros n'a pas changé tant que ça, il a juste choisi de s'ouvrir un peu, de laisser entrer un peu de Sud dans sa musique si nordique. Et la suite prouve que quand Sigur Ros ajoute des ingrédients à sa musique, le goût ne change pas, il prend juste de nouveaux parfums légers. Ecouter Vid Spilum Endalaust, c'est découvrir une chanson qui sonne viscéralement Sigur Ros, malgré la basse en avant et le rythme entraînant totalement nouveau pour eux. Un autre énorme single potentiel. Oui, je sais tout ce que le mot et le concept de single peuvent avoir de déplacés dans l'univers de Sigur Ros, mais il faut bien avouer que jamais leur musique n'avait été aussi accessible. Sans pour autant jamais tomber dans la facilité.

La suite prouve s'il en était besoin que ce qui motive Sigur Ros restera toujours la recherche du frisson, de l'émotion. Même si les rythmiques se font plus vigoureuses que par le passé et si sur le début de l'album le son a pris une nouvelle ampleur. Et dans le registre de la beauté pure où ils restent uniques, une chanson aussi sublime que Festival rassure complètement sur leurs intentions. Et que dire de Ára Bátur et son final qui associe chorale et orchestre philharmonique. Et encore, le plus inoubliable reste à venir avec Fljótavík, chanson typiquement Sigur Ros, lente et intimiste, mais qui monte lentement vers le sublime, vers le frisson et les larmes de bonheur. C'est d'une beauté à couper le souffle. Assurément une de leurs plus belles chansons.

Je crois que c'est vraiment le bon moment pour tous les hésitants ou les réfractaires à la musique de Sigur Ros. Avec Med Sud I Eyrum Vid Spilum Endalaust, le groupe a fait un petit pas en avant pour venir à leur rencontre. Et le nouveau miracle de Sigur Ros, c'est d'avoir réussi à s'ouvrir et se rendre plus accessible sans rien renier à son exigence et à sa quête permanente de l'Eden musical. Mieux que ça, Med Sud I Eyrum Vid Spilum Endalaust est leur plus bel album. Un chef d'œuvre donc. Et là, je pèse mes mots.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.sigur-ros.co.uk

Et la vidéo de Gobbledigook avec plein de gens tout nus qui courrent dans les bois : ICI



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