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6 mars 2006


Pour tous ceux qui en ont marre de l'hiver (mais ça peut aussi convenir à tous les autres), voilà deux disques indispensables. Le premier fait fondre la neige et le second donne juste envie de patienter sous la couette. Complémentaires.




The Spinto Band : Nice And Nicely Done


Titres

Did I tell you
Brown boxes
Oh Mandy
Trust us mistrust
Spy Vs spy
Crack the whip
Direct to Helmet
Late
So kind stacy
Mountains


Autant être clair tout de suite : j’ai comme l’impression qu’avec The Spinto Band on tient le nouveau bijou de Pop moderne de 2006. Celui qui réussit à faire la synthèse parfaite du son des années ’80, de la magie mélodique des années ‘60 et de tout ce qui a suivi depuis dans le genre dansant et entêtant. Et tout ça sans jamais donner l’impression d’avoir piqué des idées à droite ou à gauche. Un peu comme pour Arcade Fire ou Clap Your Hands Say Yeah, on pense à plein d’autres choses, mais il est bien difficile de dire d’où vient précisément le son et le style de The Spinto Band. Je ne m’aventurerai pas non plus à citer un nom ou une référence en particulier. Tout ce qu’on peut en dire, c’est qu’on a plus entendu depuis longtemps  un disque aussi immédiat et rafraîchissant que celui là.

Vous avez le moral au fond des chaussettes ?  Marre de la neige et de l’hiver qui dure ? Le premier rayon de soleil de 2006 s’appelle The Spinto Band et il arrive de New York. Et ce groupe là nous réchauffe en faisant un truc vieux comme le monde. Rien de nouveau ou d’exotique. Non, juste de la Pop. De la Pop avec des guitares, quelques claviers et une simple voix. Et pourtant, Nice And Nicely Done (ce titre lui va comme un gant) réchauffe et vous colle une banane revigorante. Un peu comme l’avaient fait les Sunday Drivers l’an dernier, avec un naturel et une envie irrésistibles. Juste ça. Comme si ça coulait de source.

La première chose qui frappe quand on écoute ce disque, c’est que les chansons vous sautent aux oreilles. Elles sont toutes d’une évidence rare. L’énergie et les mélodies s’imposent, même si on essaie de résister. Mais n’allez surtout pas imaginer que la musique de The Spinto Band soit facile ou primaire, du genre aussitôt écouté et aussitôt oublié. Au contraire, leurs petits refrains ne sont jamais simplistes. Leurs chansons on du coffre et suffisamment de subtilité pour supporter des écoutes répétées. Et les écoutes répétées sont exactement ce qui vous attend si vous mettez le nez dans ce disque là. Nice And Nicely Done est un beau résumé de Pop acidulée et urgente. Donc, jamais chiante. On est baladé d’un refrain entêtant vers un autre couplet sautillant. Parce qu’ici, on chante autant qu’on bat de la semelle, comme sur So Kind Stacey par exemple. Et si on reprend les choses depuis le commencement, ça démarre par un Did I Tell You à l’enthousiasme communicatif digne du Supergrass des débuts. Tout de suite suivi par Brown Boxes qui s’impose tout de suite comme un des titres les plus évidents et marquants de l’album. Et puis il y a le single Pop parfait, lumineux comme un matin d’été (il me fait un peu penser au son de Losing My Religion de REM mélangé avec la voix des Clap Your Hands Say Yeah). S’en est presque éblouissant. Oh Mandy fait partie de ces chansons qui ressemblent immédiatement à des classiques, juste simple et belle. Je suppose qu’au moment où on écrit une chanson comme celle là, on doit forcément se rendre compte qu’il se passe quelque chose de particulier. Un beau moment à vivre, j’imagine... Ensuite, ce souffle et cette fraîcheur ne s’essoufflent même pas. Entre un Spy Vs spy tellement mélodique qu’il flirte avec les Beach Boys, un Crack The Whip dans une veine Pulp / Blur qui remue pas mal de souvenirs émus et un Late basiquement Rock, mais tellement bon (mais pourquoi tout le monde n’écrit il pas aussi simplement et aussi brillamment ?), on ne reprend jamais son souffle et on ne voit pas le temps passer. A tel point que les dix titres et la grosse demie heure que dure ce disque (seulement !!) semble passer en un éclair. Et c’est à peu près ce moment là qu’il se produit un truc finalement assez rare si on y réfléchit bien. Il devient tout à fait impossible de ne pas appuyer à nouveau sur la touche play pour se le repasser encore et encore.

Nice And Nicely Done est un disque d’une catégorie fort rare : celle des disques indispensables. Et par les temps qui courent, il en devient vital.



Pour plus d'nformations, le site officiel : www.spintoband.com




Devics : Push The Heart

Titres

Lie To Me
Secret Message To You
Salty Seas
Song For A Sleeping Girl
Distant Radio
Just One Breath
Moments
If We Cannot See
City Lights
Come Up


Ca faisait longtemps que je n’avais plus été caressé comme ça. Musicalement parlant, bien sûr. Vous pensiez à quoi, vous ? En fait, ça remonte au moment où la divine Skye Edwards (qui sort d’ailleurs un album solo ces jours ci) a quitté Morcheeba. Depuis, plus aucune voix féminine ne m’avait donné ce frisson là. Et puis voilà qu’un mail reçu (un grand merci à Bernard !) me dit de tendre de toute urgence une oreille vers un groupe nommé Devics. Quelle belle invitation, parce que là, c’est le coup de foudre immédiat. Il y a dans cette musique là une grâce incomparable, une douceur et une paix rarement entendues ailleurs. Et puis il y a cette voix, celle de Sara Lov. Imaginez un croisement entre les voix de Skye Edwards et de Liz Frazer (Cocteau Twins) et vous aurez une petite idée de ce que ça peut donner.

Dès Lie To Me, le charme opère. Le tempo est lent et doux, les instruments sont presque tous acoustiques, aidés par des touches délicates de claviers. On éprouve tout de suite une irrésistible envie de fermer les yeux et de se laisser porter par cette musique si enveloppante. L’envie de se réfugier sous la couette en devient irrésistible. Pas pour dormir, mais pour profiter au mieux de tout ce plaisir là. Pour vous dire à quel point cette musique est intimiste, sur Secret Message To You, c’est le simple bruit d’une machine à écrire qui fait office de percussions. Devics réussit à créer une musique qui donne l’envie égoïste de se replier sur soi et de laisser aux autres le soin de faire tourner la planète. Et cette musique à beau être douce et caressante, assez proche de ce que peuvent offrir les Delgados, elle n’est par contre jamais triste ou morose. Ici, pas de coup de blues, on a en permanence un petit sourire aux lèvres.

Mais la dénommé Sara Lov n’est pas la seule à donner de la voix sur ce disque. Une voix masculine (celle de son acolyte Dustin O’Halloran, tout aussi douce d’ailleurs) vient de temps en temps chanter quelques titres, ce qui donne un autre éclairage à ces chansons qui respirent vraiment la sérénité. Les orchestrations sont au diapason. Ce qui compte ici, ce n’est pas le volume sonore mais plutôt les espaces laissés libres qui permettent à l’imagination de vagabonder. Et puisque cette musique s’écoute les yeux fermés, doucement, au rythme de battements d’ailes, le voyage est assez magique.

Sur le plutôt Pop Distant Radio, on pense à Liz Frazer mais aussi aux défunts Sundays, sur le frissonnant Moments, on nage dans le même bonheur qu’en écoutant Beth Gibbons avec Portishead. If We Cannot See, avec son duo de voix et son style un tout petit peu plus Rock rappelle le meilleur des Delgados. Que du bon et que du beau surtout. Devics prouve à qui veut bien les entendre que délicatesse ne rime pas forcément avec mièvrerie et que douceur ne veut pas forcément dire sucré. Il y a dans ce disque là une exigence particulière. On sent que le groupe a toujours recherché l’équilibre entre des compositions à la fois solides et légères, entre des arrangements ciselés mais pas transparents. Ils prouvent aussi que certains disques peuvent être touchés par une grâce particulière qui les rend plus attachants que la moyenne. C’est le cas de Push The Heart.

Courrez acheter Push The Heart. Vous serez alors équipés pour attendre patiemment les premiers rayons du soleil, les seuls capables de vous faire sortir de ce délicieux engourdissement.



Pour plus d'nformations, le site officiel : www.devics.com


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