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5 mars 2007



AaRON : Artificial Animals Riding On Neverland


Titres

Endless Song
U-Turn (Lili)
O-Song
Mister K.
Blow
Beautiful Scar
Strange Fruit
Angel Dust
War Flag
Lost Highway
Le Tunnel d'Or
Little Love
Last Night Thoughts


Chez AaRON, tout est une question de détail, jusqu’à la typographie du nom avec ce petit « a » minuscule qui les distingue des autres. Leur musique est aussi comme ça, elle a le souci du détail et demande à être regardée de prêt. Ceux qui ont déjà vu le film « Je vais bien, ne t’en fais pas » ont été les premiers à gouter aux douceurs de ce duo parisien. Aujourd’hui, tout le monde les connait et a leur tube U-Turn (Lili) entre les oreilles.

AaRON fait une musique comme on n’en fait pas en France. Allez savoir pourquoi, peut être parce que ce genre de Pop raffinée et mélancolique est nettement plus à sa place dans la romantique grisaille Londonienne que sous la lumière de Paris. Ou parce qu’en France on passe plus de temps à brailler fort qu’à essayer de se remettre en question. Les groupes anglais qui explorent ce genre de Pop qui passe son temps à se triturer les sentiments et à douter d’elle-même, est en général l’œuvre de gens comme Thom Yorke ou Chris Martin, pour ne parler que des cas les plus récents. Jusqu’ici, on n’avait pas ça au rayon français. C’est maintenant chose faite, grâce à Simon Buret et Olivier Coursier, les deux acolytes qui forment AaRON. Leur musique se situe à la croisée des chemins qu’empruntent des groupes comme Coldplay, Archive ou Radiohead. J’évite volontairement la comparaison avec Keane et toute cette frange de la Pop racoleuse et indigeste. La belle et bonne surprise de ce Artificial Animals Riding On Neverland, c’est qu’Aaron arrive à créer une musique aussi belle et presque aussi passionnante que les meilleurs des groupes cités plus haut. Ce disque n’est peut être qu’un premier album, mais ça ne l’empêche pourtant pas de dégager une classe et une maturité étonnante. A l’écoute de ce disque là, jamais on imagine que ce groupe est parisien (pas la plus petite pointe d’accent frenchy dans le chant) et encore moins que c’est un premier essai.

La musique d’AaRON est avant tout électronique, avec un piano omniprésent, entre Pop triste et Trip Hop délicat, sur des tempos toujours lents, avec ici ou là quelques rares accords de guitares. Pas le genre de disque à écouter quand on cherche à se remonter le moral. Pas le genre de disque qu’on fait écouter aux potes en leur disant « écoute moi ça, tu vas voir ! ». Non, AaRON on le garde pour soit, on le cajole égoïstement. Pas une musique évidente à la première écoute donc, mais un album où on trouve quelques chansons réellement magnifiques, frissonnantes. Rien que pour ça, AaRON vaut le détour. Rien que pour le fait de n’avoir pas choisi le chemin de la facilité (ce que ses talents de mélodistes lui autorisaient pourtant), mais d’avoir au contraire exploré d’autres pistes, nettement moins évidentes et aussi potentiellement moins commerciales. Mais voilà, parfois il y a des miracles. Et malgré cette exigence musicale, ou peut être grâce à elle finalement, Aaron va forcément figurer parmi les gros vendeurs de disques français. Pour une fois, il y a une justice. Voilà une belle et bonne nouvelle pour commencer 2007.

Quand aux chansons, elles sont pour la plupart très belles, souvent dépouillées et assez variées pour ne jamais être ennuyeuses (Endless Song, sorte de Trip Hop qui nous cueille à froid, le déjà connu U-Turn, Mister K. à la simple guitare, Beautiful Scar et Little Love terrassant d’émotion, Lost Highway et Last Night Thoughts qui remuent autant les sens que Radiohead ou encore ma préférée Angel Dust). Et puis il y a cette voix superbe de Simon Buret, tantôt claire dans les aigus ou doucement voilée dans les graves. Une vraie révélation. L’éclosion surprise d’AaRON me rappelle un peu celle d’Overhead il y a quelques années. Mêmes influences anglaises bien digérées, chanteurs de grand talent et l’impression qu’ils peuvent viser très haut. Il y a évidemment quelques inévitables trous d’air par ci par là, mais jamais de grosse faute de goût. Dans l’ensemble, ce Artificial Animals Riding On Neverland (dont les initiales donnent AARON) est un album qui sort réellement du lot. Et là, je ne parle pas que des albums français. AaRON a absolument tous les atouts pour faire un carton mondial.


Pour plus d'information, le site officiel : www.aaronwebsite.com

AaRON sur Myspace : aaronrecordings



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