Archives - Artistes - Accueil - Liens


5 février 2006


Entre la Pop enjouée d'Architecture In Helsinki et le Rock tendu de Clearlake, il n'y a pas beaucoup de points communs. A part que ce sont deux bons disques.




Architecture In Helsinki : In Case We Die


Titres

Neverevereverdid
It'5!
Tiny Paintings
Wishbone
Maybe You Can Owe Me
Do the Whirlwind
In Case We Die
Cemetery
Frenchy, I'm Faking
Need to Shout
Rendezvous: Portero Hill
What's in Store?


Imaginez une troupe d’enfants un peu musiciens, mettez les ensembles dans une pièce, donnez leur une cinquantaine d’instruments différents, laissez les faire et enregistrez le résultat. Ca pourrait presque être la définition d’Architecture In Helsinki. Presque. Parce que ceux là sont adultes. Mais leur univers nous vient tout droit de l’enfance. Une période où on s‘émerveille encore de tout et où les barrières ne servent qu’à être dépassés.

La musique de ce groupe là est un peu comme ça, mélangeant les instruments et les sons les plus improbables, partant dans toutes des directions sans crier gare. Architecture In Helsinki donne vraiment l’impression d’avoir cet état d’esprit enfantin qui permet de voir la vie en grand et de ne pas respecter les codes. Même les voix des chanteuses et chanteurs des 8 membres du groupe (on ne sait même pas qui chante puisqu’il ne semble pas y avoir de rôle bien défini…) ont un côté volontairement juvénile. Autre contre-pied, Architecture In Helsinki n’a rien à voir avec la Finlande puisqu’ils sont australiens. Rien à voir non plus avec le bâtiment. Où alors, c’est dans le genre maison de poupée ou architecture à la Numérobis d’Astérix et Cléopatre, un peu bancale et surtout fragile.

Cet album contient une nuée de petites chansonnettes Pop multicolores et fraîches comme de l’eau pure. Ou mieux, comme un diabolo fraise plein de glaçons. C’est un vrai plaisir d’écouter ces petits délires polychromes où les surprises vous attendent à chaque coin de rue, notamment grâce à une technique de collages sonores assez unique et à l’utilisation d’instruments aux sons improbables. Pour l’anecdote, la première fois que j’ai écouté ce disque, c’était en voiture et je ne savais plus si les bruits bizarres venaient de l’autoradio ou de ma chère bagnole qui était en train de tomber en panne. Tous ces bruitages ont aussi le don de plaire aux enfants qui trouvent ça très rigolo. Mais les chansons d’Architecture In Helsinki sont quand même suffisamment bien construites pour tenir la distance. Derrière tout cet habillage aux couleurs infantiles et aux bruits marrants, il y a de vraies bonnes chansons et de belles ritournelles, mélange d’Electro joueuse et de Pop légère. Et surtout débordante d’invention. Les membres du groupe se sont réellement mis ensemble autour de tout un tas d’instruments, jouant un peu de tout, en alignant et collant des bouts d’idées éparses. Ca donne une sorte de patchwork sonore unique. Un genre de musique jamais réellement identifiable, toujours en décalage avec ce qu’on connaît ou croyait connaître. Des chansons bien plus profondes et marquantes qu’il n’y paraît à la première écoute, gonflées à bloc d’une sorte de poésie fragile. Pour tout dire, écouter ce disque, c’est l’assurance d’une addiction rapide. On se ballade de tous côtés, frôlant Arcade Fire sur le titre In Case We Die, les Polyphonic Spree (pour les chœurs décalés et allumés) sur Nevereverdid, l’Electro sautillante sur Do the Whirlwind ou plus planante sur Maybe You Can Owe Me, la Pop la plus ensoleillée avec It’5, Need To Shout et Wishbone, etc… Le très décalqué The Cemetery réussit même le tour de force de contenir à peu près tout ça en à peine plus de deux minutes. On saute en permanence du coq à l’âne. Mais ce n’est jamais fatigant. Au contraire, on en redemande tellement c’est bon.

In Case We Die me fait penser à un paquet de bonbons translucides et multicolores où on plongerait la main au hasard, avec gourmandise. A chaque fois, on remonte une sucrerie, sans savoir à l’avance quelle couleur où quel goût elle aura. De temps en temps, ça pétille sur la langue et c’est rouge, d’autres fois c’est tout sucré où acidulé et c’est jaune, c’est rafraîchissant et parfois même un peu amer, ça peut même être noir et poivré. Mais c’est toujours délicieux, comme dans nos souvenirs d’enfants.



Pour plus d'nformations, le site officiel : www.architectureinhelsinki.com




Clearlake : Amber

Titres

No Kind Of Life
Neon
Good Clean Fun
Finally Free
You Can’t Have Me
Amber
I Hate It That I Got What I Wanted
Here To Learn
Far Away
Dreamt That You Died
Widescreen
Its Getting Light Outside


Ce groupe là ressemble à un condensé de perfectionnisme. La création de Amber a quand même exigé 3 producteurs et 8 studios différents. A moins que les membres de Clearlake ne soient complètement instables ou mégalomanes. Heureusement pour nous, c’est la première hypothèse qui est la bonne. On sent dans ce disque là la recherche d’une sorte de perfection. On devine que tout est pesé au gramme prêt. Jusque dans la très belle pochette qui attire franchement l’œil sur un présentoir. J’imagine bien les membres du quatuor discuter pendant des heures sur la note exacte à utiliser là où l’effet de reverb le plus approprié pour cette intro là.

Alors évidemment, les sons reçoivent le même traitement. La production est millimétrée au quart de poil, jusque dans le moindre effet. Le résultat est vraiment à la hauteur. Dans un genre différent, plus noisy, la production de Amber atteint le niveau des anciens Garbage, c’est dire. Forcément, certains y trouveront à redire en considérant que le son est trop « riche ». Moi, je me contente de le trouver superbe. Les trois  producteurs au riche passé ont fait un superbe boulot, en tirant les chansons vers le haut plutôt qu’en les écrasant sous la surproduction. Il faut dire que Steve Osborne a produit U2 et Happy Mondays, Jim Abbiss s’est déjà occupé de Kasabian, DJ Shadow et David Gray, alors que le vétéran Phil Brown à peaufiné les albums de Talk Talk, Bob Marley, Led Zeppelin et Jimmy Hendrix. Rien que ça !

Les chansons de Clearlake dégagent des ambiances qui gravitent entre grisaille tenace et rayons de lumière brutes. L’album est construit comme un voyage qui commence dans la brume pour se terminer sous la lumière. En fait Clearlake joue un peu sur la même corde (sensible) que Depeche Mode, explorant le côté sombre et répétitif du Rock pour en faire ressortir toute la beauté cachée. Mais tout ça dans un style musicalement plus proche de My Bloody Valentine. Finalement, les amateurs des deux formations risquent de trouver leur bonheur chez Clearlake. No Kind Of Life démarre sous les guitares noisy, une batterie monolithique et lourde. Ajoutez à ça un duo de voix flottantes superbement complémentaires (et impeccablement mixées) et vous obtenez un titre impressionnant. Superbe. Neon est une sorte de déboulé Rock qui rappelle un peu The The avec son harmonica torride. Good Clean Fun suit les mêmes traces. La rythmique est toujours aussi implacable, mais les harmonies se font déjà un peu plus joyeuses. La lumière continue à entrer avec Finally Free, sorte d’hymne Pop qu’on aimerait écouter cheveux aux vents (quand le climat sera plus clément). Mais au moment où on pensait le soleil revenu, Clearlake lâche Amber, sa chanson la plus noire, uniquement nappée de violoncelle. Sombre mais très beau. Cette parenthèse ne sert qu’à relancer ensuite la machine avec d’autres titres qui retournent résolument vers le Rock. Avec des titres aussi réussis que Here To Learn ou Widescreen.où les guitares se font plus claires et les violons aériens. Tout est basé sur le contraste entre ces basses qui prennent presque toute la place et ces cordes qui virevoltent autour.

Les anglais de Clearlake ne révolutionneront peut être pas le petit monde du Rock indépendant, mais leur Amber a franchement fière allure. Entre des chansons plutôt bien foutues et une production haut de gamme, ce groupe là peut commencer à voir loin.



Pour plus d'nformations, le site officiel : www.clearlake.uk.com


© Copyright 2006 Why Not ?