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5 janvier 2004


Un n album posthume à ne pas rater, celui de Joe Strummer, et la confirmation que Something Corporate a tous les atouts en main pour aller très loin.

Joe Strummer : Streetcore

Titres

Coma Girl
Get Down Moses
The Long Shadow
Arms Aloft In Aberdeen
Ramshackle Day Parade
Redemption Song
All In A Day
Burnin’ Streets
Midnight Jam
Silver & Gold

Tiens, encore un album posthume. Tiens, on essaye encore de nous vider le portefeuille avec des miettes aussi rares que rassies. Pas la première fois qu’on voit ça. Et pourtant, quand il s’agit de Joe Strummer, on a qu’une envie : foncer tête baissée pour acheter le disque. Quand on repense au parcours de Joe Strummer, sa mort paraît étrangement décalée, pas conforme avec la légende du Rock qu’il était. Mourir d’une banale crise cardiaque, comme tout le monde alors qu’on a fait partie d’un des groupes les plus importants de ces 30 dernières années… On sait bien que les Clash sont loin, que Joe Strummer, avec ou sans ses Mescaleros, n’a jamais atteint des sommets. Il a simplement fait des disques honnêtes, tout au plus. Alors celui là, on a tendance à ne rien en attendre.
Et bien on se trompe lourdement. Cet album ne ressemble pas aux reste d’un lendemain de fête. Pas de viande avariée, pas de gueule de bois (désolé de vous remettre en mémoire des moments récents). Cet album est le résultat des dernières séances d’enregistrements de Joe Strummer avec ses Mescaleros. L’enregistrement de l’album était déjà bien avancé. Certains morceaux étaient même déjà terminés. Les finitions et la production finale ont été assurés par les Mescaleros après la disparition de leur chanteur. Et un miracle s’est produit. Streetcore n’est peut être pas le meilleur album de la décennie, mais il est de loin le meilleur des Mescaleros et donc le meilleur de leur chanteur en version post-Clashienne. On a même l’impression de retrouver un Joe Strummer qui croit de nouveau en ce qu’il chante, qui à travers un retour vers une grande simplicité musicale, arrive encore à croire à la magie du Rock’n’Roll, qui donne presque l’impression d’avoir rajeuni. On ne croyait plus ça possible. C’est encore plus triste de le retrouver si fringant et apparemment joyeux, juste après sa disparition.
Coma Girl ressemble en tous points à un hymne Rock comme il n’en avait plus chanté depuis…les Clash. Vous voyez, le genre de Rock fier et frimeur, juste comme il faut pour ranimer la flamme. Simple et ultra efficace. Get Down Moses est un Reggae urgent, lui aussi très réussi, qui nous rappelle une autre époque, celle de l’indispensable album London Calling. Les effluves du passé nous remplissent à nouveau les narines et c’est tellement bon. Long Shadow est une ballade ultra simple avec juste une guitare acoustique et une voix. Et c’est tout simplement parfait. C’est dans ce genre de moment, sans aucun artifice, qu’on arrive à sentir si quelqu’un croit, et surtout arrive à nous faire croire, en ce qu’il chante. Et là, c’est le cas. Dans le même genre purement acoustique, on a droit à une reprise aussi belle que touchante du Redemption Song de Bob Marley. Mais malgré ces deux moments de calme épuré, c’est bien le Rock qui est le maître sur ce disque, avec notamment Ramshackle Day Parade et un All In A Day très cinglants. Burning Streets est un autre beau moment de ce Streetcore posthume. C’est d’ailleurs assez étrange de considérer comme posthume l’album certainement le plus vivant et convaincant de Joe Strummer depuis des lustres. Désolé, j’ai du mal à m’y faire.
Et même si Midnight Jam fait un peu office de bouche trou instrumental, ce n’est pas ça qui va ternir l’excellente impression que nous laisse Streetcore. Et comme Silver And Gold, la ballade countrysante qui termine l’album est plutôt réussie, on se quitte en bons termes.
Finalement, Streetcore est le genre de disque qui réjouit autant qu’il laisse des regrets. Joie de retrouver par CD interposé, quelqu’un qu’on a adoré par le passé et regrets que tout soit définitivement terminé. Après ce dernier feux d’artifice, j’ai bien peur que les prochains albums de Joe Strummer, si il y en a, soient réellement des fonds de tiroir moisis. Raison de plus pour se régaler avec cette dernière vraie réussite.


Pour plus d'informations, le site officiel : www.strummersite.com

Voilà enfin la suite de Leaving Through The Window, leur premier album qui avait tapé dans l’oreille de tant de monde il y a maintenant plus d’un an. Something Corporate fait partie de ces quelques groupes dont j’attendais une confirmation après un bon premier essai. J’attendais de voir s’ils arriveraient toujours à se distinguer de la masse des groupes Neo-Metal ou assimilés, sachant qu’ils apparaissaient comme faisant partie de la frange Emo, la plus mélodique et calme du troupeau. Ce qui distinguait Something Corporate, c’était avant tout l’utilisation du piano que Andrew McMahon, chanteur et leader du groupe, manie de main de maître. Ce groupe se démarquait encore plus des autres en citant comme influences majeures des gens comme Billy Joel ou Elton John. Ca a tendance à faire un peu tâche dans le milieu musical dans lequel ils étaient censés évoluer.
North remet les choses à leur place. Cet album les éloigne encore un peu plus des mouvements Punk ou Metal auxquels ils donnent l’impression de s’être trouvés mêlés presque malgré eux. Comme je le disais déjà lors de la chronique de Leaving Through The Window, ce groupe me donnait l’impression d’avoir des qualités musicales largement au dessus de la moyenne et d’avoir les moyens d’aller beaucoup plus haut. Confirmation avec ce disque qui voit exploser leur talent de mélodistes, un peu au détriment des décibels. Leur musique reste un Rock costaud, mais les amateurs de sensations fortes peuvent passer leur chemin. Cet album est vraiment celui de l’éclosion pour un groupe qui a vraiment des capacités au dessus de la moyenne. On les sent capables d’écrire des tubes presque à la demande. Que ce soit dans le style ballade ou Rock bien foutu, c’est le sans faute. Les deux premiers singles, Down dans le genre à la fois musclé et caressant avec piano impérial et Space dans le genre Rock qui tue, sont deux petites merveilles.
Bien sûr, on peut maintenant leur reprocher de ne pas prendre trop de risque, de faire une musique un peu passe-partout. C’est sans doute vrai, mais en même temps, on aurait tort de bouder son plaisir à l’écoute de ce CD en tous points réussis. Pour l’aventure et la prise de risque, on pourra toujours trouver son bonheur ailleurs. Eux sont des amoureux des mélodies. Et fort doués, en plus. En ce sens, ils creusent vraiment un fossé avec la plupart des autres. Eux sont loin devant. L’énergie associée à l’élégance. Ca pourrait fort bien être leur devise. Et cette élégance est là grâce au piano et la voix de Andrew McMahon qui leur permettent vraiment de créer des climats particuliers. Me And The Moon pourrait être une sorte de soufflé indigeste chez d’autre, chez eux, c’est une réussite de piano et cordes mêlées.
En général, le risque avec ce genre de musique facile à écouter est qu’elle est tout aussi facile à oublier. Une lassitude rapide qui nous fait ranger le disque assez vite au fond d’une armoire. Pourtant, je continue à écouter le prédécesseur de North depuis un an déjà. Preuve qu’ils ont quelque chose de plus que… certains du même genre que j’ai chroniqué ici, mais qui eux, sont déjà au fond d’une armoire. Non, je ne vous dirais pas lesquels. Il suffit d’écouter les très pêchus Only Ashes, Break Myself, The Runaway ou 21 And Invicible pour être persuadé qu‘on les écoutera encore dans quelque temps. Les romantico-pop She Paints Me Blue, I Won’t Make You donnent la même impression. J’ai bien l’impression que les Something Corporate ont réussis l’exploit d’être une sorte de version musclée et surtout crédible et personnelle de leurs influences de jeunesse. C’est déjà beaucoup après seulement deux albums.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.somethingcorporate.com