Archives - Artistes - Accueil - Liens


4 septembre 2006


Wig A Wag : Wig A Wag


Titres

E Ti Lisa
Marv Eo Massoud
Babylone Ker-Is
Vents Contraires
Kélé
Paskou
Lady Mary
Amnésia
Anouk
Kanenn Kanak (live)


J’avais entendu dire que Wig A Wag allait bouleverser son univers (et accessoirement changer de personnel) pour partir dans de nouvelles directions musicales. Cette mue a finalement prit beaucoup plus de temps que prévu initialement. Pas forcément facile de recréer un groupe nouveau en tous points quand on part sur des bases aussi élevées. Parce que franchement, si on réécoute leurs trois premiers albums, on s’aperçoit à quel point leur style reste unique, inclassable et surtout inoubliable. En fait, j’ai même l’impression qu’à part eux même, personne n’avait envie de les voir changer quoi que ce soit à leur potion magique.

Mais voilà, le Wig A Wag d’aujourd’hui a profondément changé. Le principal maintenant est de savoir si c’est en mieux ou pas. Entre Douar Iskis, leur précédent album, et cet album sans titre (comme si le groupe voulait faire table rase du passé et repartir de zéro), on ne trouve que deux musiciens en commun : Loïc Chavigny, le chanteur à la voix si étonnante et Cyril Bonneau qui se charge de la plupart des instruments à vent. Pour le reste, tout a été chamboulé avec cinq nouveaux arrivants. Quand on écoute ce disque pour la première fois, le changement le plus flagrant est électrique. Le Wig A Wag acoustique qu’on connaissait a fait place à un groupe qui s’est branché sur le secteur. Le son paraît immédiatement plus musclé, plus puissant. L’apport d’une vraie batterie et de claviers y sont aussi pour beaucoup.

Mais l’arrivée de l’électricité n’a rien enlevé à l’inventivité de Wig A Wag et c’est le principal. Au contraire, le groupe s’en sert comme d’une arme supplémentaire. L’autre arme fatale s’appelle Morgane Ji. Cette chanteuse métissée à la voix puissante apporte à leur musique des couleurs inconnues jusque là. Cette fois, la musique de Wig A Wag, qui se préoccupait déjà assez peu des frontières, peut s’ouvrir encore plus vers l’Afrique. Et aussi étonnant que ça puisse paraître, l’association du chant breton de Loïc Chavigny et du chant de Morgane Ji fonctionne plutôt bien dans l’ensemble. On a quand même parfois une impression de collage un peu forcé, quand le chanteur change dans un même morceau pour passer de la voix très douce de Loïc Chavigny à la voix carrément sauvage de Morgane Ji. Mais quand le groupe se sert de ce choc des mondes pour construire des chansons à deux vitesses, comme Marv Eo Massoud ou Babylone Kêr-Is, où on passe d’une musique traditionnelle acoustique à une sorte d’Electro-World musclée, c’est une vraie réussite. C’est surtout sur ce genre de morceau que le changement de style est le plus évident. Même chose sur Paskou et Amnésia qui ne choisissent jamais franchement leur camp entre traditions acoustiques sans frontières et modernité électronique, et où les deux voix arrivent à se compléter parfaitement. Par contre, malgré les multiples changements de personnel, sur quelques autres titres on retrouve le groupe tel qu’on le connaissait, ou presque (l’instrumental rêveur Vents Contraires ou E Ti Lisa qui pourrait donner l’impression que rien n’a changé). Ne manquent que les percussions si inventives du Wig A Wag ancienne formule. On trouve aussi des échappées vers des territoires totalement nouveaux, comme le magnifique Anouk pour lequel on est bien incapable de trouver une origine terrestre.

Wig A Wag s’offre un nouveau départ, mais ce qu’il nous propose aujourd’hui ouvre des portes vers des directions qui semblent au moins aussi passionnantes que par le passé. Ses seules limites semblent être celles de son imagination.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.wigawag.com




Thom Yorke : The Eraser

Titres

The Eraser
Analyse
The Clock
Black Swan
Skip Divided
Atoms For Peace
And It Rained All Night
Harrowdown Hill
Cymbal Rush


Fatigué par la machine Radiohead et ses contraintes, Thom Yorke avait besoin de retrouver un peu de liberté, de créer une musique pour laquelle il n’aurait de comptes à rendre à personne d’autre qu’à lui même. Sans négociation ni partage. Il a donc enregistré en solitaire à peu près tout ce qui lui passait par la tête, juste histoire de voir ce que ça pourrait donner. Une belle quantité de musiques dont la plupart sont partis directement à la poubelle depuis. Le temps de faire écouter ces ébauches de chansons au fidèle Nigel Godrich et de les retravailler sérieusement, d’y ajouter textes et chant. Et The Eraser est né.

On sait que Thom Yorke est tout sauf un joyeux optimiste. The Eraser est à son image, du début à la fin. D’abord la pochette, qui une fois dépliée montre un monde à la dérive, emporté par des tempêtes et des flots déchaînés. Ensuite la musique : jamais Thom Yorke ne nous avait encore livré une musique aussi personnelle, aussi intime. L’ensemble des titres de ce disque repose sur l’utilisation d’une électronique presque transparente, on ne trouve que très peu de guitares qui se baladent discrètement ici ou là. La trame de son Electro est délicate, douce. Même les percussions sont la plupart du temps atténuées, comme étouffées. Vous ne trouverez que peu de battements secs ou nets. Des effleurements rythmiques, plutôt. Ajoutez à ça la voix magique de Thom Yorke et vous obtenez des chansons au charme étonnant. Pas vraiment faciles d’accès pour le néophyte qui ne serait pas déjà familier avec l’univers Radiohead période Kid A, mais envoûtantes au bout du compte. Le genre de chansons à l’aspect tellement fragile qu’on écoute sans bouger, par peur de déranger ou de rompre le charme.

Cette façon d’épurer sa musique, de procéder par addition de petites touches sonores, laisse toute la place à l’émotion. Et comme c’est justement cette fragilité chronique qu’on apprécie tant chez Thom Yorke, The Eraser pourrait bien être ce qu’il a écrit de plus beau. Mais tout comme il est difficile de comprendre ce qui se passe dans le crâne des autres, il est tout aussi délicat d’entrer dans ce disque là. La première écoute peut surprendre, pour cause de climats sombres et de chansons parfois hermétiques. Puis les merveilles finissent par se révéler, comme Analyse qui vous fait côtoyer les anges ou Black Swan avec sa guitare tordue et son rythme mi dansant, mi boitillant. Skip Divided qui nous ramène aux expériences passées du The The de Matt Johnson. Mais l’important n’est pas là, ce disque là est de ceux qu’il faut écouter dans son intégralité pour l’apprécier pleinement.  Contrairement à Hail To The Thief qui avait du mal à faire cohabiter dans un seul album des idées très diverses, The Eraser est cohérent du début à la fin, aussi bien dans le ton que dans la forme. Ce disque là nous fait faire un voyage étrange et déstabilisant, où on partage l’inquiétude, les doutes et le monde vus par les yeux de Thom Yorke. Pas forcément rassurant, mais émotionnellement très fort.

L’exercice de l’album solo est toujours un peu risqué, mais quasiment obligé pour tout créateur un tant soit peu curieux sur l’étendue ses propres capacités. Mais finalement, peu d’artistes vont vraiment au bout de l’idée, en s’entourant souvent d’autres musiciens qui forcément apportent aussi leurs idées et brouillent les pistes. Thom Yorke, lui, est allé au bout en créant et en faisant tout lui-même. Ce qui donne d’autant plus de valeur à ce disque qui n’est pas du Radiohead, mais bien du Thom Yorke. Un Thom Yorke qui n’a pas à rougir de la comparaison avec les albums passés. The Eraser fait partie de ces disques rares qui donnent vraiment l’impression de partager un peu de l’intimité de leur auteur.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.theeraser.net



© Copyright 2006 Why Not ?