4 aout 2003
Jane's Addiction nous prouve qu'une reformation peut avoir vraiment fière allure, alors que les jeunes irlandais de The Thrills arrivent à nous refaire le coup du rêve américain.
Jane's Addiction : Strays
Titres
True Nature
Strays
Just Because
The Price I Pay
The Riches
SuperHero
Wrong Girl
Everybody's Friend
Suffer Some
Hypersonic
To Match The Sun
Vers la fin des années ’80, Jane’s Addiction a connu son heure de gloire, notamment avec l’album Ritual De Lo Habitual, leur album le plus populaire et également leur meilleur. Jane’s Addiction est encore un de ces groupes doté de deux fortes têtes ou deux fortes personnalités, c’est selon. Parfois, chez certains, les egos des membres du groupe s’additionnent positivement pour finir par former quelque chose de constructif et par créer de grands disques. Il y a des exemples à la pelle. Parfois, les egos finissent par s’annihiler mutuellement. Les exemples sont tout aussi nombreux. Jane’s Addiction fait complètement partie de la seconde catégorie. Le chanteur Perry Farrell et le guitariste Dave Navarro ont parfois réussis à écrire de bonnes choses ensemble, mais ils ont beaucoup plus fréquemment réussi à se gâcher mutuellement la vie au sein du groupe, espace décidément pas assez vaste pour eux deux. En 1991, ils se séparent. Perry Farrell va former Porno For Pyros, groupe assez anonyme qui ne marquera pas franchement les mémoires et Dave Navarro trouvera refuge chez les Red Hot Chili Peppers, suite logique puisque dans l’esprit, Jane’s Addiction n’a jamais été trop éloigné de ce groupe.
Et voilà que comme beaucoup d’autres avant eux, ils finissent par se reformer. Le constat est clair, ce qu’ils ont réussi de mieux dans leur carrière musicale, était au sein de Jane’s Addiction. Leurs meilleurs souvenirs musicaux sont probablement aussi liés à cette époque. Le reste n’aura été pour l’un comme pour l’autre qu’un interlude.
L’album Strays vient donc de voir le jour. Et on a droit une fois encore à cette sorte de savant mélange entre Metal, Funk et esprit Punk. L’esprit aventureux et expérimentateur des débuts en moins. Ce doit être l’âge qui veut ça. Mais à part cette petite restriction, Strays tient remarquablement la route et ressemblerait même à ce que le groupe a produit de mieux, au moins du niveau de Ritual De Lo Habitual. Reste à voir si j’en pense toujours la même chose dans quelques mois. En tous cas, pour aujourd’hui, je suis sûr d’écouter un excellent disque de Rock imaginatif et bien foutu, avec juste ce qu’il faut de frime et d’énergie. A l’évidence, les deux acolytes ont cette fois réussis à s’entendre et à mettre leurs personnalités en retrait. C’est dans les chansons qu’ils ont projetés leur ego, et c’est la musique qui en sort grande gagnante. C’est tout bénéfice pour nous.
Ca démarre très fort avec True Nature, morceau fait tout de Metal, à la fois lourd et lyrique. Just Because ressemble au single parfait, sorte de mélange entre Metal et feu la New Wave, capable de faire vendre cet album. Perry Farrell et Dave Navarro s’en donnent à cœur joie et c’est franchement un régal. The Riches, beaucoup plus Pop et chantant, est lui aussi parfait. Tout comme SuperHero, fusion Rock/Funk littéralement en fusion et le jouissif Wrong Girl, qu’on pourrait croire tout droit sorti d’un album des Red Hot Chili Peppers.
La seconde partie du disque penche nettement vers ces sonorités à la Red Hot, le côté métallique et frimeur en plus. Autant vous dire que c’est très réussi. Si seulement tous les groupes qui ont l’idée de se reformer un jour pouvaient avoir la bonne idée de réussir aussi bien leur retour… En fait, les membres de Jane’s Addiction ont mis à profit leur période de vacances pour rencontrer d’autres gens et s’enrichir de diverses influences. Ils nous les ressortent maintenant et on en prend vraiment plein les oreilles. Je persiste et signe Strays est au moins du niveau de Ritual De Lo Habitual. Au moins.
Pour plus d'informations, le site officiel :
www.janesaddiction.com
The Thrills : So Much For The City
Titres
Santa Cruz (You're Not That Far)
Big Sur
Don't Steal Our Sun
Deckchairs And Cigarettes
One Horse Town
Old Friends, New Lovers
Say It Ain't So
Hollywood Kids
Just Travelling Through
Your Love Is Like Las Vegas
'Til The Tide Creeps In/Plans
L’Irlande a toujours été un grand pourvoyeur de main d’œuvre pour les Etats Unis. Les Etats Unis ont toujours eux l’image de la terre promise pour de nombreux pays, surtout pour les irlandais, chez nous en Europe. Pour plusieurs raisons : l’Irlande a longtemps été l’un des pays les plus pauvres d’Europe, la langue est commune et surtout au fur et à mesure, de plus en plus d’irlandais se sont fait une place là bas et ont même très bien réussis. Ce qui n’a fait que confirmer aux irlandais que là bas, tout est vraiment possible. J’ai vraiment l’impression que les jeunots de The Thrills sont nés de ce rêve là, toujours aussi vivace. Je suppose que ça doit se transmettre de génération en génération, de père en fils. Les histoires qu’ont raconte aux enfants doivent forcément parler de ce supposé paradis de l’autre côté du monde.
Tout chez The Thrills nous ramène aux Etats Unis : le look, la musique, les instruments utilisés, les paroles, même les titres ne parlent que de ça (Santa Cruz, Hollywood Kids, Your Love Is Like Las Vegas). En un mot comme en cent, ceux là ne rêvent que d’Amérique. Leur moyen de locomotion actuel pour arriver à bon port est la musique, à travers ce premier album. Et ça pourrait bien être un bon moyen d’y parvenir.
Voilà de jeunes irlandais qui ont forcément eu les Beach Boys ou les Eagles dans leur biberon. L’écoute de Santa Cruz est confondante. On a l’impression d’entendre un mélange des deux. Même les chœurs qui font « hoo ha hoo » sont présents. C’est plutôt rafraîchissant. D’autant plus qu’il y a longtemps qu’on avait pas entendu ça. On a eu droit à des revival d’à peu près tout ce qui s’est fait ces 30 dernières années. Mais ça, on n’avait pas encore fait. C’est pourtant loin d’être une période musicale désagréable. Le morceau Big Sur par exemple me donne l’impression d’être un rejeton du R.E.M. des débuts, groupe qui lui même était déjà une sorte de fils spirituel des Byrds. On n’en sort pas et la boucle est bouclée. Mais le problème, c’est qu’on prend plaisir à se trouver enfermer dans cette sorte de cercle finalement pas si vicieux que ça.
So Much For The City est un bon album tout entier tourné vers la Californie, tout entier tourné vers le soleil et la douceur de vivre. En tout cas bien loin de leur Irlande natale. D’accord, il faut aimer la douceur (les douceurs) pour apprécier cet album. Pas de rébellion ici, pas de bruit, pas de fureur. Juste des harmonies douces et sucrées. Mais question douceurs, ils savent y faire. On est presque toujours à la limite du sirupeux, mais la limite n’est jamais dépassée. Ils s’en sortent toujours haut la main et avec les honneurs. Au début de One Horse Town, on craint le pire, mais non, finalement ça passe bien et en finesse. C’est le genre de chose qui se mange sans faim, juste pour le plaisir. Tout l’album est comme ça, une sorte de sucrerie dont on pourrait se passer mais qu’il est tellement tentant et agréable de croquer. Alors, puisque c’est l’été, allez y, croquez les Thrills maintenant. Je ne peux pas vous garantir que leur saveur sera aussi agréable en automne.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.thethrills.com
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