Titres
Call to Arms
Nantes
Sunday Smile
Guyamas Sonora
Banlieue
Cliquot
Penalty
Forks and Knives (La Fête)
In the Mausoleum
Dernier Verre (Pour La Route)
Cherbourg
St. Apollonia
Flying Club Cup
A tous ceux qui recherchent avant
tout le beau geste et l'émotion : jetez donc une oreille à Beirut. Parce
que les deux ne sont pas forcément inconciliables. Oui, une musique peut
être belle ET gorgée d'émotion. C'est rare, je vous l'accorde, mais ça
existe. En ce qui me concerne, j'avais totalement raté le premier album
de Beirut. J'ai bien failli passer à côté de celui là aussi. Et
là, si j'avais croisé sa route dans quelques années, par hasard, je m'en
serais voulu à mort. Ce début 2008 ressemble pour moi à une succession
de coups de cœurs assez inattendus. Après Burial et Yeasayer, c'est au
tour de Beirut. The Flying Club Cup est aussi sorti fin 2007,
mais il n'est pas trop tard pour en parler.
Beirut est exactement ce que j'avais
envie d'écouter en ce moment. La musique dont je rêvais sans même savoir
qu'elle existait. Une sorte de synthèse d'artistes qui m'ont tous beaucoup
marqués ces dernières années. Chez Beirut, on trouve l'exigence mélodique
de Divine Comedy, les envolées vocales et l'émotion à fleur de peau de
Jeff Buckley, l'exploration instrumentale d'un Yann Tiersen,
mais aussi la liberté de ton et la puissance d'évocation
d'Arcade Fire. On trouve un peu de tout ça, mais sous d'autres formes.
The Flying Club Cup contient des chansons d'un genre nouveau,
une sorte de Folk hybride, une musique du voyage. Les instruments d'abord,
tous acoustiques, du genre qu'on peut utiliser partout et tout le temps,
avec une nette prédilection pour les cuivres de toutes sortes, ce qui
donne à l'ensemble un côté fanfare très inhabituel. La voix ensuite, celle
de Zach Condon, maitre de cérémonie et chanteur du groupe. Un timbre entre
Jeff Buckley et Neil Hannon, elle est capable d'atteindre des sommets
émotionnels rarement entendus. La musique de Beirut est affaire de détail,
elle semble faite de bric et de broc, comme ces fanfares de cirques. En
mouvement perpétuel, toujours sur le départ, j'ai toujours trouvé qu'elles
dégageaient un côté un peu triste. Beirut dégage un peu cette atmosphère
là. Mais rien n'est laissé au hasard, on sent bien qu'ici tout est élaboré
au millimètre près. La valse triste de A Sunday Smile est un
chef d'œuvre dans ce genre là, la chanson commence par nous faire tourner
la tête lentement, puis les instruments arrivent petit à petit, rejoints
par d'autres, puis encore d'autres, le rythme s'accélère et on finit par
perdre le fil, par fermer les yeux, par délice et parce qu'on ne sait
plus trop où on se trouve tellement c'est beau. On rouvre à peine les
yeux et on découvre Guyamas Sonora, autre voyage incroyable,
du côté des orchestres mariachis. C'est peut être même encore plus beau.
Et puisqu'il est dit que Zach Condon semble capable de se surpasser en
permanence, In the Mausoleum ressemble à la cerise sur le gateau.
Une architecture complexe et totalement renversante.
Si on en juge par les titres des
chansons, Zach Condon a apparemment trainé du côté de la France pour écrire
ce nouvel album (Nantes, Banlieue, Cliquot, Cherbourg ou Dernier
Verre Pour La Route), mais rien dans ses chansons ne rappelle notre
pays, sauf éventuellement ces rythmes de valse ici ou là. D'ailleurs,
la musique de Beirut ne rappelle rien de précis. Si, peut être un léger
parfum d'Europe Centrale lié aux violons et aux cuivres, mais rien de
plus. Juste un léger parfum parfois proche de ce que propose Emir Kusturica avec sons No Smoking Orchestra.
Le reste est inclassable. La musique de Zach Condon a ce pouvoir
finalement assez rare de faire ressurgir des souvenirs enfouis, de rappeler
des sons ou des odeurs d'enfance, des beaux moments oubliés.
Après ça, on se frotte les yeux,
on se demande si ce qu'on vient de vivre est bien vrai, si autant de beauté
et de simple humanité peuvent tenir dans aussi peu de notes, dans ces
quelques chansons toutes simples. On se demande si on doit rire ou pleurer.
Et on réécoute. Et on se dit que c'est aussi beau que la première fois,
que ça nous touche juste là où ça fait mal. Et puis on s'aperçoit que
c'est juste la mise en musique de nos peines, de nos espoirs, de nos rêves
et des désillusions qui les accompagnent souvent. Alors, au final c'est
mieux que beau, c'est universel. C'est la vie. A 21 ans et quelque, Zach
Condon s'impose déjà comme un compositeur rare et The Flying Club
Cup est de ces bois précieux dont on fait les chefs d'œuvre. Impérissable
et indispensable.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.beirutband.com
Et des films de toutes les chansons de l'album dans des versions live 100% acoustiques. Magique et à découvrir d'urgence !!! :
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Daniel Darc : Amours Suprêmes
Titres
Les Remords
J'irai Au Paradis
L.U.V.
Un An Et Un Jour
La Seule Fille Sur Terre
Ca Ne Sert A Rien
Amours Suprêmes
La Vie Est Mortelle
Serais-Je Perdu
Environ
C'est l'histoire d'un type qui revient
de loin. L'histoire d'un beautiful loser à la française, d'une sorte de
poète maudit. Sauf qu'en France, les beautiful losers, on ne les admire
que quand ils viennent de l'autre rive de l'Atlantique. Quand ils sont
nés ici, on s'en fout, ils sont juste des losers. Daniel Darc est bien
placé pour le savoir. Il n'était pas le premier dans son genre et d'autres
suivront encore. D'autres se cogneront aux mêmes mûrs et devront faire
face à la même indifférence. Et ils risqueront tout autant de tomber au
fond du trou. La grande force de Daniel Darc par rapport aux autres, c'est
d'être revenu de tout ça, d'avoir réussi à sortir du trou. Et son plus
grand mérite est d'avoir fait de son retour un des rares moments de flamboyance
qu'à connu le Rock français ces dernières années. Crève-cœur
est un disque inoubliable. Justement parce qu'il venait de nulle part
et tenait du miracle. Amours Suprêmes, c'est forcément autre
chose. En tous cas ça devrait l'être.
Ca commence d'ailleurs par un plan
marketing que Daniel Darc n'a peut être même pas connu au temps de Taxi
Girl. De la pub partout, des CD en têtes de gondoles et la mise en avant
de cette gueule unique, définitivement marquée par une vie qu'on qualifiera
de " bien remplie ". Amours Suprêmes, c'est le grand retour,
attendu cette fois, du beautiful loser. Et c'est peut être bien ce qui
gène, cette fois ci. Tout ce battage médiatique lui correspond tellement
peu que je trouve tout ça quasiment déplacé. Daniel Darc qui n'a jamais
eu quoi que soit qui ressemble à un plan de carrière se retrouve attendu
eu tournant du prochain album. Ca fait un peu bizarre. Comme s'il rentrait
dans le rang. Comme s'il devenait un artiste comme les autres. Ca doit
lui filer des boutons…
Difficile donc d'écouter Amours
Suprêmes sans avoir tout ça en tête. Difficile aussi de ne pas le
comparer au miracle Crève-cœur. Et pourtant, quand on l'écoute,
la comparaison devient obligatoire. Parce qu'il faut bien avouer que ce
nouvel album ressemble fort au précédent. Daniel Darc s'est de nouveau
associé avec le même Frédéric Lo qui se charge de toutes les musiques.
Pas de surprise de ce côté donc. On retrouve les mêmes ambiances mid tempo,
mi intimes mi complices. Le chant de Daniel Darc est toujours plus parlé
que chanté, de plus en plus proche d'un Serge Gainsbourg. Les thèmes tournent
toujours autour de l'échec, de la rupture, de la rédemption. Pour Daniel
Darc, la vie ne se vie pas seulement, on doit l'affronter pour arriver
à faire avec. C'est un combat quotidien. En attendant la fin. Le single
J'irai Au Paradis ne dit pas autre chose " Quand je mourrai j'irai
au Paradis, c'est en enfer que j'ai passé ma vie ". Les chansons de ce
nouvel album sont dans l'ensemble plutôt bonnes, surtout le trio de tête
avec Les Remords et surtout L.U.V. en duo avec Alain
Bashung. Voilà une chanson au charme étrange, à la fois lascive et sournoise,
bien dans le style Bashung qui a su y ajouter sa patte si personnelle.
Mais en dehors de cette chanson là, il manque toujours cet effet
de surprise tant attendu et qui ne viendra pas. Retenter
l'expérience avec Frédéric Lo pour donner une suite à Crève-cœur
était forcément tentant. Mais c'était aussi la solution de facilité. On
tombe pourtant encore sous le charme de ces nouvelles chansons, notamment
Un An Et Un Jour et ces superbes paroles " Un an et un jour mon
amour, si personne ne t'a réclamé, je viendrai te chercher ", La Seule
Fille Sur Terre qui rappelle plus que jamais Serge Gainsbourg ou
La Vie Est Mortelle. Oui, mais Amours Suprêmes nous
rappelle forcément quelque chose. Et si on compare, il ne soutient pas
la comparaison avec la grâce de Crève-cœur. On regrette l'absence
de nouveauté, de prise de risque. Tout ce qu'on est en droit d'attendre
de quelqu'un comme Daniel Darc. Tout ce qui fait que Daniel Darc est
différent du commun des mortels. Mais pourtant, on se contentera de cet album
en attendant de nouveaux sommets à venir.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
danieldarc
Et une une interview en vidéo :
ICI