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03 décembre 2002


Revival !


Interpol : Turn On The Bright Light

Titres
Untitled
Obstacle 1
N Y C
P D A
Say Hello To The Angels
Hands Away
Obstacle 2
Stella Was A Driver And She Was Always Down
Roland
The New
Leif Erikson



Voilà un album qui remue nos souvenirs. Pourtant il a été enregistré en 2002. Dès les premières notes, les souvenirs affluent. Et pour quelqu'un qui, comme moi, a commencé son éducation musicale entre fin du Punk et début de la New Wave, c'est un vrai bain de jouvence.
Je vous entends déjà d'ici me rétorquer que ce coup là, on vous l'a déjà fait. Le coup du revival de telle ou telle époque musicale plus ou moins récente. Mais en l'occurrence, on n'a pas affaire ici à de simples clones mais bien à un vrai groupe empli de bonnes idées et d'un talent certain. Il est bien évident qu'ils n'ont pas créé leur son tout seul. Ils sont forcément, soit tombés sur une bonne boutique de vieux vinyles, soit sur la collection de vieux disques du grand frère oubliée au fond du grenier. Mais une chose est sûre, ces quatre jeunes américains ont de l'oreille et savent comment réutiliser l'existant pour lui donner l'éclat du neuf.

En effet, bien qu'on retrouve des influences évidentes dans leur musique (on peut citer pêle-mêle Joy Division, Cure des débuts , Echo & The Bunnymen, mais ils me rappellent surtout Marquis de Sade et Marc Seberg, les deux groupes aujourd'hui oubliés du chanteur Philippe Pascal, surtout dans le phrasé du chant), ce n'est ni du vol, ni du clonage. Ils s'approprient cette musique comme si elle était la leur et leur classe propre fait le reste. On a ici une belle collection de pépites qu'on pourrait qualifier de " New Wave ", le style un peu froid et un peu martial est là, par contre le côté torturé et dépressif souvent présent dans ce style de musique a été remplacé par un ton plus détaché et serein. A l'écoute de morceaux comme " Obstacle 1 ", " PDA " le single ," Say Hello To The Angels " ou " The New ", on se laisse prendre par leur côté pop parfaitement intégré. C'est efficace, ça donne instantanément envie de bouger. A l'opposé, on a des morceaux comme " Untitled " qui ouvre l'album, " NYC ", le lumineux " The New " ou le très Joy Division " Leif Erikson ", beaucoup plus proches de l'esprit et du climat de la première moitié du début des années '80, plutôt Cold Wave.

Mais ce qui frappe le plus à l'écoute de ce disque, c'est le sentiment de maîtrise qui s'en dégage. On n'a pas du tout l'impression d'avoir affaire à des débutants, ce qu'ils sont pourtant. On oublie aussi très vite l'impression de " déjà entendu " pour passer à l'étape suivante : l'écoute et la découverte de chansons plutôt bien construites et au charme instantané. Le fait de s'inscrire dans un style de musique à priori passé de mode et plutôt difficile devient dans leur cas un atout. En effet, il est bien difficile de jongler avec les différentes caractéristiques de cette musique, on peut aussi facilement tomber dans la grandiloquence que dans le pénible. Eux parviennent parfaitement à marcher sur le fil du rasoir. Leurs chansons auraient eu parfaitement leur place dans les années '80 ou le marché était très encombré, elles ont donc tout autant leur place aujourd'hui où ils sont quasiment seul sur ce créneau.

Et si le succès de cet album (car il se vend plutôt bien) préfigurait un retour de ce style de musique ? Pourquoi pas, quand on connaît l'imagination des maisons de disques qui ont un don certain pour épuiser un filon dès qu'il s'en présente un. On risque donc de voir apparaître d'autres groupes dans leur genre. En ce qui me concerne, étant un grand fan de musique de cette époque, ça n'est pas pour me déplaire. Dans le lot, comme toujours, il y aura forcément quelques diamants.

Pour le moment, je vais me contenter d'Interpol et je crois qu'il faudra un certain temps avant d'épuiser toutes les qualités de " Turn On The Bright Lights ". Et il y a tous ces vieux vinyles qui dorment depuis des années sous la poussière à redécouvrir. Interpol va forcément aussi servir à ça, vous faire redécouvrir des choses oubliées. Pour ma part, j'ai déjà commencé les fouilles et croyez moi, j'ai un sourire jusque là !



Pour plus d'nformations, leur site officiel (très succint...) :
www.interpolny.com/
Un autre site beaucoup plus documenté, chez Matador Records : www.matadorrecords.com/





The Jon Spencer Blues Explosion : Plastic Fang

Titres
Sweet N'sour
She Said
Money Rock'n'roll
Killer Wolf
Tore Up & Broke
Hold On
Down In The Beast
Shakin' Rock'n'roll Tonight
The Midnight Creep
Over And Over
Mother Nature
Mean Heart



Encore un autre album qui va forcément vous rappeler quelque chose. En tous cas, il va rappeler quelque chose à tous ceux qui connaissent les vieux albums des Rolling Stones, plus spécialement "Exile On Main Street ". Pour les autres, si ça sonne comme quelque chose de neuf, tant mieux.
Jon Spencer et son groupe n'en sont pas à leur coup d'essai, mais cette fois ils ont peut être trouvé le parfait équilibre entre le côté déjanté des albums précédents et leurs vrais racines. Et à l'écoute de cet album, leurs sources d'influence sont évidentes : les Stones, le Rock and Roll et le Blues. Tout ça est admirablement digéré et réemployé. Comme pour Interpol, on a l'impression d'avoir déjà entendu ça quelque part, mais en même temps on se dit que c'est tellement bon que ce n'est pas bien grave. On oublie très vite les références pour profiter du plaisir ressenti à l'écoute de cet album se suffit à lui même.

Si vous aviez oublié ce que le mot Rock and Roll veut dire, Jon Spencer va vous rafraîchir la mémoire. Ils font aujourd'hui la musique que les Stones pourraient faire si ils avaient encore la fougue et l'énergie nécessaire. Etant donné que les susnommés ont abandonnés le terrain depuis des années, les Jon Spencer Blues Explosion ont le champ libre. Et ils savent se servir de cette opportunité. C'est bien simple, en écoutant " Plastic Fang ", j'ai l'impression d'écouter le premier vrai disque de rock depuis longtemps. Ca crie, ça hurle, ça pulse et ça vous met les sens en ébullition. En un mot, du vrai rock comme on en n'entend plus depuis longtemps. Jon Spencer joue dans la cour des grands, là où plus grand monde n'ose s'aventurer aujourd'hui de peur de ne plus arriver à vendre ses disques. Apparemment, c'est le cadet des soucis du bonhomme, il fait sa musique comme elle sort de ses tripes, sans habillage ni filtrage et c'est incroyablement bon.

Si des morceaux comme l'immense " She Said ", " Money Rock'n'roll ", " Hold On ", " Shakin' Rock'n'roll Tonight " ou " The Midnight Creep " ne vous donne pas envie de bouger, je ne comprends plus. Voilà une musique qui nous rappelle ce qu'est le rock. Le Rock est fait d'enthousiasme, de spontanéité, de tripes et de sueur. On l'avait presque oublié, avec toutes les guimauves et autres produits calibrés qu'on nous impose à longueur d'année sur les radios. Alors, merci à Jon Spencer de nous rappeler ce qu'on avait oublié : que c'est cette musique, faite de toutes nos passions et de tous nos fantasmes d'adolescent qu'on aime le plus et depuis toujours. Et si l'écoute de cet album, en plus du plaisir brut ressenti, vous donne envie de réécouter vos vieux Stones, ça n'en est que mieux. Alors allez-y, laissez vous faire, c'est pour votre bien. Vous verrez, vous allez rajeunir.



Pour plus d'nformations, Jon Spencer chez Matador Records :
www.matadorrecords.com




UFO : Sharks

Titres
Outlaw Man
Quicksilver Rider
Serenity
Deadman Walking
Shadow Dancer
Someone's Gonna Have To Pay
Sea Of Faith
Fighting Man
Perfect View
Crossing Over
Hawaii



Voilà encore un des groupes qui a le plus compté dans ma vie musicale. Un de ceux qui a façonné mes goûts d'aujourd'hui. Ils existent depuis le milieu des années '70, mais je les ai attrapé en route, aux environs de leurs albums " Lights Out " et " Obsession ", c'est à dire au moment ou leur guitariste Michaël Schenker a vraiment explosé.
Pour remettre les choses dans leur contexte, c'était une époque où le Hard Rock était plutôt à la mode. On avait affaire à divers styles et courants, mais l'ambiance générale était encore aux guitaristes au style bavard des '70s. Un nouveau genre était en train de naître, fait de morceaux plus compacts, ramassés et efficaces. UFO faisait partie à cette époque de la frange plutôt sage et mélodique de ce mouvement. Leur style a toujours été élégant et léger par rapport à la moyenne des groupes du genre. Cela a toujours été du à deux choses : la voix du chanteur Phil Mogg, pas très démonstrative, mais humaine et toujours touchante et au style des guitaristes (nombreux) qui ont émaillés l'histoire du groupe, toujours virtuoses mais surtout fin mélodistes.
On peut dire que la carrière (très) chaotique de UFO a eu deux grandes phases que je vais essayer de résumer, bien que cet exercice soit quasi impossible étant donné les mouvements de personnel incessants. La première qui démarre en 1974 avec l'arrivée de Michaël Schenker en provenance des allemands du groupe Scorpions et qui se termine avec le départ du même Michaël en 1978, cinq albums plus tard dont les excellents " Obssession " et " Strangers In The Night ". La deuxième qui commence en 1980 avec l'arrivée du guitariste Paul Chapman et se termine en 1985 après avoir usé quelques autres guitaristes mais en ayant généré quelques albums mémorables, dont " The Wild, The Willing And The Innocent " et surtout " Mechanix " sont mes préférés. Ensuite, plus rien sous le nom de UFO. Chacun fait des choses de son côté avec plus ou moins de bonheur : MSG pour Michaël Schenker, Way/Mogg pour les autres.
L'histoire de UFO ressemble à celle de beaucoup de groupe de Rock. Elle repose sur la dualité de deux talents et de deux personnalités opposées. En un mot, le feu et la glace. Ca donne souvent des résultats brillants, mais ça ne dure que peu de temps avant la rupture. Quatres petites années pour le couple Mogg / Schenker. Par contre, leur séparation met en lumière leur complémentarité. En un mot, séparément, c'est moins bien qu'ensemble. D'où l'envie permanente de renouer le contact, de recréer cette magie qu'on oublie pas.
Le contact a été renoué en 1995 pour l'album " Walk On Water ". Et avec un casting idéal, celui de la grande époque réuni pour recréer cette formule magique qui avait si bien fonctionné il y a plus de 20 ans. Phil Mogg au chant, Michaël Schenker à la guitare, Paul Raymond à la guitare et aux claviers, Pete Way à la basse et Andy Parker à la batterie. Retour gagnant pour un album très réussi où on les sent s'amuser et se plaire à être ensemble. Depuis, Parker et Raymond ont de nouveau quitté le groupe, un autre album a vu le jour, " Covenant ", puis enfin, celui ci, " Sharks ".
Et une fois encore, l'alchimie fonctionne à merveille, on a encore ici un album frais et plein de sève. C'est sûr, il n'y a pas de surprise majeure dans ce disque. Ils font toujours le même style de Hard Rock classique et mélodique, mais c'est pour ça que je les aime depuis si longtemps. La voix de Mogg est de plus en plus rauque, le jeux de guitare de Schenker toujours aussi brillant. Les compositions tiennent toujours aussi bien la route. Ca démarre en trombe avec " Outlaw Man " et " Quicksilver Rider ", deux Rocks bien sentis, puis c'est " Serenity ", la perle de cet album, typique du style UFO, mêlant riffs hargneux et arpèges cristallins avec en prime un refrain qui vous trotte dans la tête bien longtemps après la fin du morceau. " Deadman Walking ", " Shadow Dancer ", " Sea Of Faith ", " Fighting Man " et " Crossing Over " sont une succession de Rock brûlants et mélodiques à souhait, avec toujours les sublimes solos de Schenker.
Je pense que vous aurez compris que j'ai adoré ça. Il est vrai que je ne suis pas totalement objectif en ce qui les concerne. J'ai découvert le Rock par leur intermédiaire, j'ai toujours craqué pour le jeu de guitare aérien de Michaël Schenker et c'est lui qui m'a donné envie d'apprendre à jouer de la guitare. Tout ça fait que UFO est pour moi un peu plus qu'un groupe de Rock comme les autres. Ils font partie de ma vie et le simple fait de savoir qu'ils existent encore est pour moi un vrai bonheur.
Une seule chose me gène dans cet album : le nouveau look de Michaël Schenker, à mi chemin entre ZZ Top et un clochard. Mais bon, c'est bien peu de chose en regard du plaisir pris à écouter ces 11 morceaux.


Pour en savoir plus, pas de site officiel, mais le site d'un fan :
ufo.dave-wood.org/






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