3 octobre 2005


La musique délicate de Nitin Sawhney explore de nouveaux horizons et les Warlocks réssuscitent Jesus And Mary Chain.

Nitin Sawhney : Philtre

Titres

Everything
Spark
Dead Man
Rag Doll
Mausam
Journey
Void
Koyal (Songbird)
Noches En Vela (Part 1)
Noches En Vela (Part 2)
Mirage
Throw
Flipside
Brainwaves
Footprints
The Search
Sanctuary

Je viens de me rendre compte que j’ai bien failli passer à côté du dernier album de Nitin Sawhney. Il est sorti depuis plusieurs mois déjà, mais je ne l’avais pas remarqué. Un vrai crime tellement j’avais adoré son petit dernier, Human. Il faisait partie de mes albums de l’année 2003. Et il fait toujours partie des albums dont je ne lasse pas. Plaisir intact deux ans après. Cet anglais d’origine indienne a réussi à créer une musique qui rassemble en mélangeant tout un tas d’influences, qui vont de la musique indienne traditionnelle au Rock ou à la Pop, avec comme vecteur commun la musique électronique. Sa musique est une sorte de Trip Hop ethnique, quoique le terme ethnique me paraisse trop réducteur dans son cas, puisque ce côté-là n’est jamais mis en avant. Il fait juste parti d’un tout musical sans barrières.
Et Philtre, le petit nouveau, ne change pas vraiment lesx règles du jeu. On ne change pas une équipe qui gagne, encore moins une recette aussi unique. Alors encore une fois Nitin Sawhney y va joyeusement dans le mélange des genres. Encore plus que par le passé, son nouvel album est un vrai melting-pot d’influences en tous genres. On a bien sûr toujours ces chansons basées sur un Trip Hop qui convient à merveille à sa musique assez contemplative. Mais cette fois, d’autres pistes sont explorées. On pourra adhérer à certaines sans pour autant les apprécier toutes. Mais là, étant donné la diversité de l’ensemble, c’est vraiment affaire de goût. On peut même dire qu’il y en a ici pour tous les goûts et que tout le monde y trouvera son bonheur. C’est d’ailleurs cet aspect supermarché musical qui me gène un peu sur Philtre. Parce que forcément, si tout le monde peut trouver ici un morceau qui lui correspondra, je pense que personne n’appréciera la totalité de l’album. En ce qui me concerne, je trouve la première moitié totalement irrésistible, aussi réussie que l’était Human, mais à partir du très Flamenco Noches En Vela, j’ai tendance à décrocher un peu. Sûrement parce que les styles visités sont assez éloignés de ce que j’écoute d’habitude.
Pour résumer, Nitin Sawhney s’entoure toujours d’une multitude de voix, masculines et féminines (même sa mère vient donner de la voix sur Rag Doll !) qui accentuent encore la diversité des morceaux.  Et il n’a pas perdu la main, il sait toujours créer ces ambiances uniques, aériennes et tellement fluides (Everything, le délicat Spark), qui mêlent souvent si bien orient et occident, comme dans Koyal (Songbird) où surtout le génialissime Dead Man qui marie Blues des rues et chant indien. Tout le talent de Nitin Sawhney explose dans ce morceau aux sonorités improbables. Une autre réussite majeure est Mausam, sorte de popsong indienne tournoyante qui vous dépayse totalement. Magnifique. Journey commence à marquer un changement d’ambiance dans l’album. Ce morceau là me fait vraiment penser au premier excellent album d’Overhead, à mi chemin de la Pop et du Jazz. Un régal encore.
J’adhère moins à la suite de l’album, à commencer par les Flamenco Noches En Vela et Footprints, qui me paraissent assez déplacés dans le monde de Nitin Sawhney. Mais justement, il ne se fixe aucune barrière, c’est sa règle du jeu, alors… Throw est une sorte de R&B standard, trop sucré et trop gluant, comme on en entend des tonnes à la radio. Le groove de Flipside est lui aussi bien trop timide pour être mémorable. Heureusement, l’inventif The Search vient relever le niveau en associant rythmes jungle, cithares et tablas sur lesquelles plane une mélopée éthérée.
Ce Philtre n’est pas du niveau de Human, qui reste pour moi un album rare. Le gros manque d’inspiration ressenti au milieu inciterait presque à ne pas écouter la fin du disque, c’est dire… Et pourtant, Philtre contient une nouvelle fois son lot de bijoux musicaux, inventifs et harmonieux, comme peu d’autres musiciens actuels savent en faire. Maintenant c’est toujours la même éternelle question : Philtre est il à moitié réussi ou à demi raté ? Moi, je garde bien au chaud la moitié réussie, parce que celle là est vraiment belle.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.nitinsawhney.com

Ca y est, les Warlocks sont les Jesus And Mary Chain des années ’00. Comme eux, ils ne connaissent que les 3 ou 4 accords indispensables, comme eux ils aiment l’électricité et ce Rock bruitiste où la mélodie engourdie est reine. Comme eux, ils vivent à fond leur rêve Rock’n’Roll, en allant jusqu’au bout et même souvent au delà de ce qui est souhaitable quand on veut vivre vieux. Les Jesus And Mary Chain me manquent depuis longtemps. Personne depuis eux n’avait réussi à apprivoiser aussi simplement l’essence du Rock, sa simplicité et son évidence électrique. Les Warlocks ont tout compris. Eux aussi savent créer avec quelques accords et des rythmes binaires des ambiances noires où on se plonge avec délice, où on se noie volontiers. Leur musique est simple (simpliste ?), basée toute entière sur les atmosphères troubles et les ambiances électriques et pesantes. Les Warlocks donnent l’impression de faire une musique qui rampe, qui serpente, pour mieux vous envelopper. Un Rock sous Valium ou autre psychotrope, ralenti et comme anesthésié.
Et pour moi, retrouver une musique comme celle là aujourd’hui est un plaisir énorme. J’étaisnostalgique de chansons comme Some Candy Talking, April Skies, Happy When It Rains ou Head On des Jesus And Mary Chain. Et bien voilà que tout d’un coup cette musique existe à nouveau, un peu comme si des fils spirituels avaient pris les choses en main et rallumés la flamme. Et c’est tout aussi bon. Les Warlocks reprennent les choses là où leurs prédécesseurs avaient jetés l’éponge. La musique des Warlocks est juste encore plus pesante, presque étouffante par moment, comme écrasée sous des murs de guitares noisy. Dans le genre rouleau compresseur inexorable, Come Save Us est un monument. Implacable et totalement irrésistible. Que dire de It's Just Like Surgery qui utilise les mêmes armes soniques, mais avec en plus ce refrain Pop qui emporte forcément l’adhésion. Si vous achetez l’album dans sa version vinyle, passez le en 45 t, je suis sûr que ce morceau doit ressembler à du Green Day.
Pour les amateurs du genre, Surgery est un régal. Une sorte de voyage dans le temps, aussi. Ce groupe là a la capacité de faire tenir en 3 accords et 4 arpèges (écoutez le divin Gypsy Nightmare ou l’entêtant Angels In Heaven, Angels In Hell) un véritable résumé des plans les plus classiques du Rock. Tout ça a déjà été fait avant, mais les Warlocks essayent de nous faire avaler qu’ils l’ont inventé. Et le pire, c’est que le plus souvent on y croit. Ce groupe là possède une fraîcheur (si on peut dire ça d’une musique aussi sombre…) et une sorte de candeur qui permet de tout faire passer. Evidemment, tout n’est pas parfait dans ce disque, ce serait trop beau. Certains morceaux sont vraiment trop pesants pour être digestes (We Need Starpower) ou vraiment trop insignifiants (Bleed Without You Babe),  d’autres frisent le plagiat (Evil Eyes Again est un copier-coller du Just like honey des Jesus). Mais le principal, c’est que ce groupe là a su créer un disque qui vous captive par ses ambiances grises et mate aux reflets pourtant brillants. La musique des Warlocks dégage une sorte de beauté sombre à laquelle il est bien difficile de résister.
Mais attention quand même : le Rock des Warlocks n’est pas à mettre entre toutes les oreilles ou plus exactement ce n’est pas le genre de musique à écouter à tout moment. Le résultat de l’écoute dépendra de l’état d’esprit et de l’humeur du départ. En résumé, Surgery est à déconseiller aux déprimés et autres dépressifs, mais indispensable à tous les autres.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.thewarlocks.com