Titres
Sax Rohmer #1
San Bernardino
Heretic Pride
Autoclave
New Zion
So Desperate
In The Craters On The Moon
Lovecraft In Brooklyn
Tianchi Lake
How To Embrace A Swamp Creature
Marduk T-shirt Men's Room Incident
Sept 15 1983
Michael Myers Resplendent
On a beau être curieux et fouiller
en permanence parmi la multitude de disques qui sortent chaque année,
il y en a toujours qui passent au travers des mailles du filet. Il y a
même des gens qu'on arrive à croiser souvent sans jamais s'arrêter sur
eux. Prenez les Mountains Goats par exemple. Je connaissais le nom, les
pochettes des albums, mais je n'avais jamais entendu une seule note. Les
Mountain Goats, c'est le groupe anti hype par excellence. Un nom pas génial,
aucun look, une musique qui se fout royalement des modes, rien qui puisse
attirer les photographes ou les curieux. Et pourtant, ce groupe là existe
depuis environ 15 ans et a déjà sorti toute une foule de CD. Dans une
indifférence polie, surtout en France. Je vais régulièrement visiter le
site de leur label 4AD pour y prendre des nouvelles de gens comme TV On
The Radio, Beirut ou Blonde Redhead, j'ai donc tourné autour de ce groupe
pendant des années sans jamais avoir la curiosité d'écouter leur musique.
Maintenant, c'est fait.
Les Mountains Goats, c'est d'abord
John Darnielle, auteur compositeur américain, aidé d'un acolyte nommé
Peter Hughes. Et c'est une musique qui navigue entre Folk à l'américaine
(pas ma tasse de thé) et Pop à l'anglaise (déjà plus adapté à ma tasse).
Je ne tenterai pas de comparer cet album aux précédents, puisque Heretic
Pride est le premier album que je découvre. J'ai entendu d'autres
titres ici ou là, qui pour la plupart ne m'on pas vraiment convaincu.
Mais pour ce qui est de Heretic Pride par contre, deux ou trois
écoutes ont été suffisantes.
Si on peut succomber rapidement
aux charmes de Heretic Pride, par contre il n'est pas forcément
évident de classifier la musique des Mountain Goats. Entre Folk assez
franchement Yankee et Pop nettement plus continentale, leur cœur balance.
Un point commun à toutes les chansons, c'est le dépouillement des orchestrations.
C'est toujours très simple, voire carrément brut. Le phrasé de John Darnielle,
très sec et rapide, donne souvent un côté " énervé " à des chansons qui
pour la plupart ne le sont pourtant pas. Parfois, l'équilibre est trouvé
entre ces deux tendances, comme sur le single Sax Rohmer #1 et
c'est dans ces moments là que les Mountain Goats sont les plus convaincants.
Quand c'est la Pop qui prend le dessus, le groupe réussit même à croiser
dans les mêmes eaux qu'Andrew Bird sur un San Bernardino carrément
délicieux où le violon est à la fête. Ce violon qui apparaît sur plusieurs
titres du disque semble d'ailleurs arrondir les angles. Même le chant
de John Darnielle a l'air plus apaisé.
Certains morceaux de Heretic
Pride me rappellent même parfois The The, mais dans une version acoustique
et dépouillée (Autoclave, In The Craters On The Moon). Parfois,
cette économie de moyens accouche de bien belles choses, comme So
Desperate, ballade Folk tellement nue qu'il ne lui reste plus que
l'émotion. Quand le groupe se frotte au Rock (Lovecraft In Brooklyn),
le son reste acoustique, mais ça tombe dru et ça donne un des meilleurs
titres du CD. Même résultat avec un Sept 15 1983 qui s'invite
sur les terres du Dub ou quand il nous dit au revoir avec un Michael
Myers Resplendent ultrasensible qui donne l'irrésistible envie de
reprendre l'histoire depuis le début.
The Mountain Goats ressemblerait
presque à un condensé de tout ce qu'on peut faire avec une voix, une guitare
acoustique, une basse et une batterie. Sans aucune faute de goût et avec
des chansons qui, l'air de rien, s'impriment pour longtemps dans le cortex,
Heretic Pride est mon coup de cœur du moment.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.mountain-goats.com
Et une video de Sax Rohmer #1 :
ICI
Girls In Hawaii : Plan Your Escape
Titres
This Farm Will End Up In Fire
Sun Of The Sons
Bored
05.20.22
Shades Of Time
Fields Of Gold
Couples On TV
Colors
Birthday Call
Road To Luna
Summer Storm
Plan Your Escape
Si le parallèle avec les défunts
Grandaddy reste toujours d'actualité et n'a pas fini de leur coller à
la peau, les Girls In Hawaii sont en train de grandir doucement. Plus
qu'une alternative européenne aux barbus américains en chemises à carreaux,
ils commencent à imposer leur propre univers. En tous cas, le moins qu'on
puisse dire c'est qu'ils auront pris leur temps avant de nous livrer la
suite du joli From Here To There. Quatre ans quand même…
Quatre années passées à courir le
monde pour défendre leur premier album et aussi certainement à écrire
et peaufiner cette douzaine de nouvelles chansons. Par contre, avant de
parler musique, je me permettrais tout de suite une remarque sur le packaging.
Personnellement, je trouve cette photo de couverture vraiment très moche.
Un cerf mort, c'est pas vraiment top joyeux. Et encore, quand on a le
CD entre les mains, c'est pire que sur une photo. Pas attirant pour deux
sous et triste à mourir. Autant dire que si on n'a jamais entendu parler
des Girls In Hawaii, ce n'est pas le digipack qui va donner envie de les
découvrir. Ce souci esthétique mis à part, on remarque dès la première
écoute que les Girls In Hawaii n'ont rien perdu de leur sens du détail
et de la mélodie. On les sent toujours aussi perfectionnistes et pointilleux.
Par contre, avoir sillonné les routes du monde a nettement élargi leur
horizon, ce qui se sent immédiatement sur ce Plan Your Escape.
Le premier titre, qui pourrait faire
un bien beau single, confirme que les belges ont pris de la bouteille.
This Farm Will End Up In Fire est en tous point excellent, commençant
comme du Girls In Hawaii tel qu'on le connaissait pour finir dans une
apothéose assez inattendue. Le groupe aurait été incapable d'écrire ce
morceau là il y a quatre ans. Globalement, l'écoute de Plan Your Escape
ne déstabilisera pas ceux qui les connaissent déjà. L'évolution se situe
plutôt au niveau de petits détails. Leur musique à un je ne sais quoi
de plus ensoleillé, de plus détendu qu'avant. Comme si ils avaient enregistré
l'album dans la sérénité. Comme si ils n'avaient pas connu pas la pression du
deuxième album. D'ailleurs, pour éviter le stress du studio, ils ont apparemment
enregistré ces chansons en plusieurs fois, en l'espace de deux ans dans diverses
maisons, un peu partout autour de la Belgique. Cette tranquillité se sent notamment sur des titres comme Sun
Of The Sons ou Bored à la mélodie impeccable. Le style général
est peut être aussi un peu plus Folk-Pop avec toujours quelque chose de
souriant. Dans ce genre plus Folk ou en tous cas plus contemplatif, le
groupe n'évite pas toujours les trous d'air avec quelques titres pas vraiment
inoubliables (Shades Of Time, Colors). Je les trouve finalement
nettement plus à l'aise quand ils laissent un peu plus de Rock dans leur
Pop ou quand ils s'autorisent carrément des détours impromptus vers d'autres
univers ou d'autres instruments, comme sur la fin de Fields Of Gold
qui lorgne vers une sorte de musique médiévale réinventée.
La fin de l'album, plus Rock, est
aussi la plus réussie. C'est là qu'on trouve quelques chansons parmi les
plus marquantes, dont Birthday Call où le groupe trouve le parfait
équilibre entre ses rêveries Pop et ses racines Rock. Une grande et belle
réussite. Dans la même veine, Summer Storm et sa mélodie sucrée
donne l'impression que les Girls In Hawaii ont peut être bien trouvé là
leur voie propre. Quelque part entre ciel et terre.
Pour plus d'nformations, le site officiel du nouvel album :
www.planyourescape.be
2 videos live de Son Of The Suns et Fields Of Gold :
ICI