3 mars 2003
Vous avez dit sous estimés ?
Mes objectifs de la semaine : vous faire découvrir les Frank And Walters, un des groupes les plus sous-estimés de ces 10 dernières années, vous convaincre que le quatrième album d'Echoboy mérite bien plus qu'une oreille distraite, et pour finir, vous faire savoir que Kyo a sorti un album plus que prometteur.
The Frank And Walters : The Frank And Walters
Titres
Colours
Plenty Times
Fashion Crisis Hits New York
This is not a Song
How Can I Exist
New York
After All
Walters Trip
Indian Ocean
Underground
Daisy Chain
Time We Said Goodnight
Tony Cochrane
Je ne suis habituellement pas spécialement fan des " best of " ou autres opérations du même genre, surtout lorsqu'elles n'apportent rien de neuf, même pas un petit inédit ou une rareté. Mais cette fois, je vais faire une exception. Je ne le ferais pas pour tout le monde, mais pour les Frank And Walters c'est avec plaisir. J'irai même jusqu'à dire que je me sens dans l'obligation de le faire, compte tenu de ce que ce groupe m'a apporté.
Je ne pense pas que beaucoup d'entre vous les connaisse, donc une petite présentation me paraît utile. Les Frank And Walters sont un trio irlandais, venu de Cork, composé de deux frères et d'un copain, apparu au tout début des années '90. Ils faisaient une musique Pop légère et optimiste. Tellement légère et optimiste d'ailleurs que la presse de l'époque, toujours aussi rapide a classifier les gens, les a catalogué dans le genre groupe gentil et donc, forcément sans envergure. Cela prouve une fois de plus la sûreté de leur goût et leur bon sens affûté.
Leurs premiers singles et surtout le premier album "Trains, Boats And Planes " ont fait l'effet de bombes rafraîchissantes dans le petit monde de la Pop de l'époque. Ils avaient une façon unique de composer des chansons Pop magnifiques, qu'on avait envie de reprendre en chœur et de chanter à tue tête, le sourire aux lèvres. Et pour avoir eu la chance de les voir en concert à cette époque, je peux vous garantir que j'ai rarement vu les gens sortir d'un spectacle avec une telle joie de vivre collée au visage. Les Frank And Walters, c'était de la joie pure, une étincelle de vie magnifique. J'emploie le passé, car je ne suis pas persuadé que le groupe existe encore aujourd'hui, étant les rumeurs de séparation qui circulent sur leur site officiel. Ensuite est arrivé " Grand Parade ", leur deuxième album, très bon et digne successeur de "Trains, Boats And Planes ". Les choses ont commencées à se gâter avec " Beauty Becomes More Than Life ", moins brillant. Le public n'a pas suivi et le groupe est retombé dans un quasi anonymat. La sortie de " Glass " en 2000, aussi bon soit il, ne changera rien à l'affaire, les Frank And Walters ne referont pas surface, commercialement parlant.
Ce qui différenciait les Frank And Walters des autres groupes était indéfinissable, une alchimie parfaite, un don inouï pour trouver des mélodies simples qui vous restaient en tête indéfiniment. Car en fait, leurs chansons sont simples et évidentes. Le format Pop Song parfait en quelque sorte. Et surtout, le caractère le plus marquant de leurs chansons était cet enthousiasme et cette pêche qu'elles réussissaient à vous communiquer. C'est le meilleur anti-dépresseur que je connaisse. Mais petit à petit, cette magie a disparu. D'albums en albums, les chansons étaient toujours bonnes, mais cette spontanéité faiblissait. Ce petit quelque chose en plus a progressivement disparu.
Cet album ne présente donc aucune nouveauté, aucun inédit, mais je vous le recommande plus que chaudement si vous ne les connaissez pas encore. Vous aurez une collection de 13 magnifiques hymnes Pop dont vous n'êtes pas prêt de vous lasser. Avec en grand nombre, les chansons extraites de " Trains, Boats And Planes ", dont les inoubliables " Fashion Crisis Hits New York ", " This Is Not A Song " et " Walter's Trip ". Puis viennent les chansons de " Grand Parade " : " Colours " et surtout " How Can I Exist ", ma préféré du groupe et probablement une des chansons qui trouvera place dans mon Panthéon musical personnel. Un véritable bijou d'équilibre mélodique et une de leur rares chansons tristes. C'est beau à pleurer, rien de plus à dire.
Vous l'aurez compris, je considère les Frank And Walters comme un des groupes les plus injustement sous estimés de la dernière décennie. Maintenant, je ne souhaite qu'une chose, c'est qu'ils sortent un bel album dans les prochaines années pour que puisse réécrire entièrement cet article au présent. Un album qui permette de nouveau d'avoir la sensation de marcher une nuit d'été dans un paysage immense, le sourire aux lèvres, la tête dans les étoiles.
Pour plus d'nformations, leur site officiel :
www.thefrankandwalters.com
Echoboy : Giraffe
Titres
Automatic Eyes
Don't Destroy Me
Comfort Of The Hum
Summer Rhythm
High Speed In Love
Fun In You
Lately Lonely
Good On Tv
Wasted Spaces
Nearly All The Time
Voilà quelqu'un que je suis avec attention depuis quelques albums déjà. Depuis un certain temps, je me dis qu'il ne manque pas grand chose pour qu'il passe d'un succès d'estime à une belle notoriété. Juste le petit coup de pousse du destin qui peut faire changer les choses ou bien juste un petit effort de la part de Richard Warren, l'homme qui se cache sous le nom Echoboy, pour rendre sa musique un peu moins expérimentale et donc plus abordable. Depuis trois albums déjà, David Warren expérimente, tente et essaye des choses, des sons et des techniques. Les résultats sont forcément assez divers, mais c'est surtout parfois difficile à suivre.
Mais je crois qu'avec " Giraffe ", un pas a été franchi, David Warren nous propose enfin un album accessible de bout en bout. Pas forcément commercial, mais en tous cas compréhensible par le plus grand nombre. De plus, la grande nouveauté est que David Warren s'est mis au chant et cela donne une nouvelle ouverture à ses chansons et donne un disque beaucoup plus aéré. Je ne sais pas si ça suffira à lui assurer un grand succès commercial, mais en tous cas, pour ma part, je trouve le résultat enthousiasmant. J'ai un peu l'impression que David Warren tenait entre ses mains des diamants depuis quelques années déjà mais ne savait pas encore, ni comment les extraire de la roche, ni comment les tailler.
David Warren est un musicien multi-instrumentiste, apparenté à la vague Electro. Mais comme quelques autres dans son genre, il n'est né ni avec les synthétiseurs, ni avec les ordinateurs. Il a surtout été influencé par des groupes à guitares et est guitariste lui même. Les ordinateurs sont arrivés plus tard, presque par obligation, car il est plus facile de créer sa musique sur une machine lorsqu'on la crée seul. La musique d'Echoboy est donc un mélange de ses différentes influences. Ni vraiment Rock traditionnel, ni musique électronique. C'est une combinaison des deux, et dans ce sens j'aurai tendance à comparer sa musique à New Order, qui a été un des premiers groupes a oser fusionner Rock et Dance Music. On a donc ici une musique faite d'instruments traditionnels au Rock et de machines intelligemment utilisées. Pas de samples ni d'emprunts extérieurs ici, tous les sons de l'album ont été créés par David Warren, mais utilisés et assemblés ensuite comme auraient pu l'être des samples. C'est assez proche dans l'esprit, de ce que fait Moby par exemple, mais dans un style plus aventureux.
L'album commence par " Automatic Eyes ", premier single extrait de cet album, rappelant furieusement la rythmique de New Order. Les autres réussites majeures de cet album ont pour noms : " Summer Rythm " et son petit côté Kraftwerk, " Fun In you ", " Good On TV ", qui a pour thèmes le miroir aux illusions d'émissions genre Star Academy, " Lately Lonely ", petite merveille Electro, " Wasted Space ", délire sonore plus dans l'esprit de ses précédents albums. Ce disque est donc une belle réussite, et surtout une bonne surprise, car je pense vraiment qu'il peut permettre à Echoboy de connaître une plus grande reconnaissance. Et même si le succès n'arrive pas avec cet album, j'ai l'impression qu'Echoboy a encore une telle marge de progression que de toute façon, ça marchera un jour. Ce n'est qu'une question de temps.
Le disque se termine par ces mots 'I listened to the teacher / I listened to the preast / But I only learned what i wanted to learn / Only believed what i want to believe' (J'ai écouté le professeur / j'ai écouté le prêtre / Mais j'ai seulement appris ce que j'ai bien voulu apprendre / Seulement cru ce que j'ai bien voulu croire). Ce qui résume bien ce que semble être David Warren, quelqu'un qui est capable de ne retenir que ce qu'il y a de meilleur sans se préoccuper du reste.
Pour plus d'nformations, le site officiel, vraiment très original. A vous de découvrir où sont cachés les extraits musicaux et le clip de "Automatic Eyes" :
www.echoboy.com
Kyo : Le Chemin
Titres
Le Chemin
Je Cours
Dernière Danse
Tout Envoyer En L'air
Chaque Seconde
Comment Te Dire
Je Saigne Encore
Je Te Vends Mon âme
Pardonné
Sur Nos Lèvres
Tout Reste à Faire
Vous n'avez pas pu échapper à Kyo cet hiver, à moins d'avoir coupé tout lien avec le monde extérieur. " Le Chemin ", premier single tiré de l'album éponyme, a été l'une des grosses et belles surprises françaises ces derniers mois. Le bon groupe avec le bon son et la bonne chanson au bon moment en quelque sorte. Tout était en adéquation pour que ça marche. Et ça a marché.
C'est déjà le deuxième album de ces quatre jeunes (très jeunes même, puisque leur moyenne d'âge doit se situer à peine au dessus des 20 ans) franciliens. Et on peut déjà dire qu'ils ont atteint un niveau de maturité suffisant pour faire un album d'une qualité égale du premier au dernier morceau, chose plutôt rare. Ces quatre là ont été nourris aux mangas japonais (d'où le nom du groupe tiré d'un ce ces personnages) et au Rock de Nirvana. Mais pas seulement, et c'est là que se situe toute la différence entre eux et les groupes du même genre. Ils ont su utiliser ce son caractéristique venu de la période Grunge, très à la mode ces temps ci, pour y plaquer des mélodies claires et évidentes. L'ensemble sonne donc bien plus Pop que Grunge, et plus sucré qu'acide.
Mais le grand talent de Kyo se situe vraiment dans les mélodies et plus encore dans les harmonies vocales. La production de cet album, elle aussi parfaitement aérée, ne fait qu'ajouter au côté agréable et facile d'accès de ce disque. Une telle maîtrise pour un groupe aussi jeune est chose plutôt rare. Les voix font irrésistiblement penser tantôt à Saez ou à Calogero, tandis que les guitares nous rappellent des sonorités beaucoup plus Rock. C'est le contraste entre la douceur des voix et le son rugueux des guitares qui fait tout le charme de Kyo. Et quand en plus la qualité des compositions est là et que les paroles tiennent elles aussi la route, on ne peut pas y résister. Je me surprend à régulièrement écouter ce disque avec toujours autant de plaisir, alors que j'étais persuadé au départ d'avoir affaire à un de ces groupes kleenex jetable et interchangeable. A l'évidence, Kyo vaut bien plus que ça. Mea Culpa…
Outre " Le Chemin ", cet album regorge de tubes potentiels. C'est simple, on a l'impression d'avoir affaire à une sorte de best of, tellement chaque morceau semble pouvoir marcher en radio. Il est donc particulièrement difficile de ressortir un morceau particulier, mais je vais tout de même essayer : " Je Cours " ou " Tout Envoyer En L'air " pourrait faire de très crédibles second singles dans le même esprit que " Le Chemin ", tout comme " Dernière Danse ", " Chaque Seconde " ou " Je Saigne Encore ", morceaux beaucoup plus calmes aux mélodies imparables. Vous l'aurez compris, un album contenant une telle densité de belles et bonnes chansons est vraiment rare. Alors sautez sur l'occasion. Si vous avez apprécié " Le Chemin ", vous êtes sûr d'aimer cet album de bout en bout. C'est ce qu'on appelle en avoir pour son argent.
© Copyright 2003 Why Not ?