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2 février 2009
Titres C'est clair, je ne connais pas grand-chose
à la musique africaine. Les seuls contacts que j'ai eu avec elle se résumaient
souvent à des albums fortement occidentalisés et censés être plus accessibles
à nos oreilles d'européens formatés. Des albums qui ne reflétaient pas forcément
la réalité de la musique africaine ou en donnait une image faussée. Et puis
à côté de tous ceux là, il y aussi eu des gens comme Cezaria Evora par exemple,
qui sans jamais rien renier a fini par imposer sa propre musique au monde
entier. Victor Démé pourrait bien être le prochain dans ce genre là. C'est
en tous cas tout le mal que je lui souhaite. Victor Démé est loin d'être un gamin.
Ca fait 30 ans qu'il roule sa bosse à travers le Burkina-Faso dont il est
originaire et les pays voisins pour y faire découvrir sa musique. Et curieusement,
alors que les musiciens d'Afrique de l'ouest finissent souvent par se faire
connaitre en Europe, lui n'a même jamais eu l'occasion ou la chance d'enregistrer
la moindre chanson. Ce disque est son premier album. Il contient donc le
meilleur de plusieurs décennies d'écriture. Une sorte de best of en forme
de premier album finalement. "Hé, Démé, y'en a marre, tu nous emmerdes
avec ta guitare maintenant ! ", ça c'est ce qu'on entend au début de l'album
dans l'intro Fond De Cour, avec en arrière plan des bruits de gamelles
et de couverts malmenés par celle qui prononce ces paroles. Comme un signal
supplémentaire que tout est relatif. Les chansons de Victor Démé ont peut
être un charme fou, mais elles peuvent aussi finir par en agacer certains.
En un mot, ici, les thèmes abordés dans ces chansons sont peut être souvent
graves, mais après tout ce ne sont jamais que des chansons. Relativiser,
toujours. La musique de Victor Démé est un savant
métissage. On y trouve du Blues, des tempos que je qualifierais volontiers
de sud américains ou en tous cas latins, mais aussi des sonorités clairement
locales. Et c'est ce subtil mélange qui fait tout le charme de cette poignée
de chansons rares. A l'évidence, la musique de Victor Démé est le reflet
d'une vie passée à bourlinguer, à échanger et à partager avec toute une
foule d'autres musiciens venus des quatre points cardinaux. Ajoutez à ça
une sensibilité incroyable et une voix en or, vous obtenez un disque d'exception.
Quand Victor Démé chante, on ne peut pas faire autrement que de se taire
et d'écouter. C'est un réflexe. Parce que ce qu'on entend est beau, dans
un premier temps. Et puis parce qu'on devine qu'au-delà de cette voix et
de cette vieille guitare, ces chansons portent en elles tellement plus que
ça. Elles nous arrivent brutes, sans maquillage, et c'est pour ça qu'elles
sont tellement touchantes. On passe dzq magnifiqueq Blues Djon'Maya
ou Chérie à un Toungan que les papys cubains du Buena
Vista Social Club n'auraient pas reniés. Pour ensuite s'envoler vers l'Amérique
du Sud sur un rythme de Bossa avec Deni Mouke pour ensuite revenir
en Afrique avec Tama Ngnogon et Dala Môgôya emplies de
Kora et de percussions dont je ne connais même pas le nom (désolé…). Mais
quel que soit le style ou le rythme, on est en permanence au paradis, le
dépaysement est total. Il suffit de fermer les yeux et on y est. La musique
de Victor Démé porte en elle quelque chose d'universel capable de toucher
tous ceux qui auront le bonheur de pouvoir l'entendre. Ca s'appelle l'humanité
je crois. Ce disque est en plus le résultat
d'une belle histoire comme on n'en trouve plus beaucoup. Il a pu être enregistré
grâce à quatre français (forcément très utopistes) qui ont créé leur propre
label Chapa Blues Records dans le but de pouvoir enregistrer et faire connaitre
la musique de Victor Démé. D'autres signatures suivront certainement par
la suite. En tous cas, longue vie à ce nouveau label et merci à ces quatre
fous qui nous permettent de découvrir la musique si unique de Victor Démé.
Titres En me baladant comme d'habitude sur
les sites de mes labels préférés, histoire d'aller un peu aux nouvelles
et de voir ce qui nous attend en ce début d'année, j'ai eu une belle surprise.
Chez 4AD, j'ai trouvé un lien nommé "2008, The age of miracles, the age
of sound" dont le détail se trouve en dessous de cette chronique et que je vous conseille vivement
d'aller visiter avant qu'il ne disparaisse. Au bout de ce lien, un fichier
zippé en téléchargement libre contenant une douzaine de chansons
des principales signatures du label, dont TV On The Radio ou The Mountain
Goats déjà chroniqués ici. Belle initiative pour faire découvrir des artistes
pour la plupart assez confidentiels. Et dans le lot, un groupe que je ne
connaissais pas encore m'a particulièrement tapé dans l'oreille. Je ne vous
ferai pas encore une fois le panégyrique (j'aime bien employer des mots
compliqués, ça en jette !!) de ce label que j'apprécie tout particulièrement,
mais c'est quand même un beau découvreur de talents. TV On The Radio ou
Bon Iver en étant les plus récents et plus parfaits exemples. Et dans cette
série de chansons à déguster, un groupe nommé Deerhunter que je me suis
empressé de découvrir. Un groupe qui vient de sortir un LP nommé Microcastle,
un disque qui est pour moi une découverte majeure. Deerhunter crée une musique étonnante
à plus d'un titre. Si on l'écoute distraitement, on peut la prendre pour
une sorte de Pop douce, agréable et légèrement embrumée. Si on tend l'oreille,
on s'apercevra que sous l'apparence inoffensive se cachent bien d'autres
choses. Comme dans un donjon de Zelda, on n'en finit jamais d'explorer les
recoins de ce Microcastle qui porte tellement bien son nom. Il y a toujours
autre chose à découvrir, toujours une petite surprise ou un petit bonus
caché dans un tonneau ou derrière une porte fermée dont la clé est planquée
dans un trou derrière un mur. Bref, Microcastle est une sorte de
délicieux labyrinthe d'influences variées, un mille feuilles musical débordant
d'idées. Et comme dans les meilleurs Zelda, on crève d'envie de découvrir
au plus vite tous ces mystères pour avancer dans l'histoire. Chez Deerhunter,
on pourra trouver des traces de Shoegazing, de Noisy Pop, de Pop tout court,
de Psychédélisme en pente douce aussi. On pense parfois à un groupe comme
My Bloody Valentine pour les sonorités saturées et les cassures abruptes,
mais elles sont ici étonnamment adoucis et intégrées. On pense aussi et
surtout aux Jesus And Mary Chain pour le côté paresseux et noisy rempli
d'échos, mais là encore on est dans un univers différent de celui des frères
Reid. Ici, rien n'est sombre, rien n'est triste. Au contraire. Il règne
sur ce Microcastle une sorte de paix, de sérénité qui distingue
Deerhunter de tous ces groupes. La musique de Deerhunter n'est pas
seulement immédiatement agréable, comme je le disais plus haut, elle est
aussi étonnamment riche et tout en nuance. Ce n'est pas parce que les murs
de guitare forment souvent l'ossature des chansons que les chansons ne sont
pas aussi élégantes. Grace à tout un assemblage subtil de sons et de strates,
la musique de Deerhunter donne l'impression d'être surtout légère et un
peu planante. C'est notamment le cas sur des titres à la beauté sereine
comme Little Kids, Calvary Scars ou encore Microcastle
et son final délicieux. Le groupe sait aussi maitriser la ligne claire des
guitares sur des chansons aussi délicates qu'Agoraphobia. Mais
Bradford Cox et ses complices sont aussi capables de fulgurances Pop assez
impressionnantes, comme ce Nothing Ever Happened qui ne cesse de
m'impressionner un peu plus à chaque nouvelle écoute. Un pur chef d'œuvre
de Pop haut de gamme, avec une première partie chantante et une seconde
moitié instrumentale d'un équilibre parfait. Deerhunter est un groupe sur lequel
il faut vraiment tendre un peu plus qu'une oreille. En ce qui me concerne,
j'ai vraiment eu un coup de cœur pour la Pop riche et inventive de ce groupe
là. A noter que dans la compilation de 4AD, on trouve aussi le titre River
Card de Atlas Sound, projet parallèle de Bradford Cox à découvrir également.
Et une vidéo live de Nothing Ever Happened
© Copyright 2009 Why Not ?
Fond De Cour (Intro)
Djon'Maya
Toungan
Chérie
Deni Mouke Ila
Burkina Mousso
Deni Kemba
Djarabi
Dankan
Peuple Burkinabé
Sabu
Djabila
Le Passage De L'Arc A Bouche (Interlude)
Tama Ngnogon
Dala Môgôya
Pour plus d'nformations, sa page Myspace :
Deerhunter : Microcastle
Cover Me (Slowly)
Agoraphobia
Never Stops
Little Kids
Microcastle
Calvary Scars
Green Jacket
Activa
Nothing Ever Happened
Saved By Old Times
Neither Of Us, Uncertainly
Twilight At Carbon Lake
Pour plus d'nformations, le site officiel :