2 février 2004
Un nouveau bijoux de Pop électronique par les français de Air et un retour aux sources salutaire et plein d'enseignements avec les écossais de Big Country.
Air : Talkie Walkie
Titres
Venus
Cherry Blossom Girl
Run
Universal Traveller
Mike Mills
Surfing On A Rocket
Another Day
Alpha Beta Gaga
Biological
Alone In Kyoto
La sortie d’un nouveau vrai album de Air (je passe volontairement sur les diverses collaborations et musiques de film, par ailleurs excellentes) est devenu un véritablement événement. Un de ceux qu’on attend de pied ferme, les sens en éveil, prêt et impatient de déguster les nouvelles merveilles qu’ils nous ont préparés. Depuis Moon Safari, qui avait réussit à prendre tout le monde par surprise, Air s’est quand même tranquillement installé parmi les valeurs sûres et les plus inventives de l’Electro. De duo versaillais, Air est devenu phénomène mondial, planétaire. J’irais même jusqu’à dire galactique tellement leur musique m’a toujours donnée l’impression d’être écrite juste pour voyager parmi les étoiles. Fermer les yeux en écoutant Air, c’est partir en ballade à travers le système solaire au milieu des poussières d’étoile. C’est sûrement dû aux sons, toujours assez planants ou atmosphériques, mais aussi à l’impression de vie au ralenti que dégage leur musique. Vous savez, cette façon de bouger au ralenti lorsqu’on est en apesanteur, dans l’espace ou dans l’eau. Deux endroits où il n’y a pas d’air, pourtant.
J’attendais donc ce Talkie Walkie comme il se doit. Avec impatience, mais sans être inquiet sur le résultat. Air nous a déjà habitué à être constant, jamais décevant. Toujours un peu différent mais pourtant toujours reconnaissable. Talkie Walkie est encore une fois comme ça. Dès les premières secondes de Venus, on sait qu’on écoute un morceau de Air. C’est à la fois planant et toujours aussi musicalement parfait. Dès la première écoute, on entre dans leur monde et on n’en sort plus. La grande nouveauté sur cet album est que Jean-Benoît et Nicolas ont cette fois décidé (enfin !) de ne plus se cacher, de ne plus cacher leurs voix. Toutes les voix sur ce disque sont les leurs et franchement le résultat est plutôt réussi, puisque leurs timbres, aussi androgynes et légers que leur musique, colle parfaitement à l’ambiance. Vous avez forcément déjà entendu le single Cherry Blossom Girl et vous faire une idée précise de ce que je veux dire.
Du coup, leur musique paraît encore plus personnelle que d’habitude, puisque cette fois ils font vraiment tout de A à Z. Run est par exemple un modèle dans le genre boucle vocale samplée. Vous partez d’une séquence chantée, vous la coupez et la réutilisez en boucle. Adossé à des nappes de claviers toujours aussi atmosphériques, on change vraiment de monde tellement l’impression est étrange et irréelle. Cet album confirme une fois encore que ce groupe a une personnalité hors du commun et un style qui lui est propre et de plus en plus personnel. Le son est une nouvelle un bijoux de précision et d’équilibre. A citer en exemple. Surfin’ On A Rocket est sûrement le morceau le plus proche de leurs disques précédents. Une sorte de trait d’union entre le passé et ce Talkie Walkie. Leurs collaborations cinématographiques, logiques lorsqu’on connaît leur goût prononcés pour la musique de film et surtout pour Ennio Morricone, trouvent ici une suite brillante : Alpha Beta Gaga est un régal d’humour qui revisite à sa façon pas mal de musiques de film entendues par le passé. Comme d’habitude, il est impossible de mettre un seul nom sur nos souvenirs. C’est aussi ça leur force : savoir emprunter l’essence des musiques qu’ils ont aimés sans jamais en réutiliser la forme, qui serait bien trop reconnaissable. Ils savent réinventer, réassembler mieux que personne. Dans le genre réussie, on trouve encore Biological, belle, très belle mélodie qui nous donne une fois encore, et comme bien souvent avec eux, la sensation de planer au dessus des nuages.
Je ne peux que vous conseiller de découvrir ce Talkie Walkie, nouvelle pierre précieuse dans une discographie qui en compte déjà quelques unes. Ici, on est vraiment pas loin du sans faute. Et il est toujours aussi agréable et facile de se laisser envelopper et emporter par leur musique. Une musique qui paraît si facile qu’on peut avoir l’impression d’en avoir fait le tour au bout de quelques écoutes. Fausse impression, bien sur, puisque Moon Safari, qui a déjà quelques années et qui a ouvert la voie, reste un classique toujours aussi passionnant à écouter.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.intairnet.org
Big Country : Rarities V
Titres
We're Not In Kansas
Kiss The Girl
Leap Of Faith
Republican Party Reptile
Ships
The Hostage Speaks
You, Me And The Truth
Dynamite Lady
Beautiful People
Return Of The Two Headed King
Save Me
Beat The Devil
Heart Of The World
Ca fait maintenant un bon moment que je vous bassine avec Big Country. Je sais, je suis pénible, mais je ne suis pas prêt d’arrêter. Comme je l’ai déjà écrit ici, c’est en grande partie parce que j’avais la furieuse envie de parler de leur musique que ce site a vu le jour. Une autre de mes grandes envies est de créer le premier site français entièrement consacré à ce groupe. A mon sens, leur musique mérite plus que largement d’être connue et surtout reconnue. Ca fait des années que je cogite la dessus. Ce n’est pas l’envie qui manque, c’est le temps. Alors on verra ça plus tard, peut être.
En attendant, depuis la mort de Stuart Adamson, l’âme et le moteur du groupe, Ian Grant leur manager de toujours et Track Records, leur maison de disque, n’arrêtent pas d’abreuver les fans du groupe de raretés et de trésors inédits. Inestimables pour tout fan qui se respecte. Et le plus étonnant, c’est que la profusion ne nuit pas à la qualité des raretés proposées. On a eu droit à une nuée de véritables inédits, jamais édités jusque là, qui prouvaient amplement que le groupe avait un talent d’écriture hors norme. Les morceaux abandonnés sur le bord de la route valent bien ceux qui sont déjà connus. Et ça prouvait aussi que le groupe était beaucoup plus prolifique qu’il n’y paraissait, le nombre de chansons abandonnées étant presque égal au nombre de morceaux officiellement sortis sur leurs 7 albums studio.
Cette fois, l’intérêt de ce Rarities V est ailleurs. Pas d’inédit sur ce disque. Aucun morceau jamais entendu. Officiellement en tous cas. Rien que les maquettes originelles de morceaux déjà entendus par ailleurs. Alors, quel intérêt me direz vous ? Quel intérêt de dépenser quelques Euros pour écouter des ébauches de chansons. Et bien parce qu’à l’écoute, ce disque sonne comme un tout nouvel album, empli à craquer de bijoux sonores. Et surtout, il sonne comme l’un des meilleurs du groupe. Ce disque reprend l’intégralité des maquettes faites par le groupe avant l’enregistrement de l’album No Place Like Home, sorti en 1991. La période dite « House In The Woods », pour les connaisseurs, qui vient du nom du studio où furent enregistrés tous ces morceaux. C’était une période délicate pour Big Country qui venait de quitter sa maison de disque d’origine pour signer chez A&R. L’ambiance au sein du groupe était tendue, au point que Mark le batteur a décidé d’aller prendre l’air ailleurs. No Place Like Home a vraiment été une cassure dans la carrière du groupe. Cassure qui l’a brutalement fait retomber dans l’anonymat. Ce cinquième album, sans être catastrophique, était en tout cas bien inférieur aux précédents. On avait surtout l’impression que la production du disque, pauvre et sans aucun relief, étouffait des chansons qui sans ce traitement miséreux, auraient pu être tout à fait correctes. Cet album m’a toujours donné la triste impression d’avoir été enregistré sans joie, sans plaisir. Et ça s’entend forcément.
Alors la sortie de ces maquettes, au son d’ailleurs fort correct, est un véritable miracle. On y redécouvre des chansons qu’on avait pris l’habitude d’entendre dans leur version chloroformée. Elles sont ici pleines de vie, d’envie. Telles qu’elles auraient dû être initialement enregistrés. Mais ça n’a malheureusement pas été le cas. Les trois membres survivant du groupe ont tous pris part à l’exhumation de ces trésors et y vont tous de leur petit commentaire dans le livret du disque. On y apprend donc que le groupe n’a pas eu son mot à dire lors des enregistrements, leur maison de disque et le producteur qu’elle leur a imposé sachant mieux que personne comment le disque devait sonner pour bien se vendre. La suite des événements leur a au moins prouvé à quel point ils étaient incompétents. Mais c’était trop tard. No Place Like Home a été un ratage artistique et commercial et le groupe ne s’en est jamais vraiment relevé.
Tony, Mark et Bruce nous disent que ce Rarities V est l’album No Place Like Home tel qu’il aurait dû être si à l’époque le groupe avait eu son mot à dire. Et ce disque est brillant, magnifique. Avec les mêmes chansons, mais cette fois vivantes, racés et pleines d’étincelles brutes, l’album est transfiguré. Il en devient même un des meilleurs du groupe. On redécouvre une nouvelle fois le talent d’écriture de Stuart Adamson, dont je crois ne jamais être capable de me lasser. Kiss The Girl est ici à la fois une merveille d’énergie et d’harmonie, Republican Party Reptile ou Beautiful People, qui paraissaient si déplacé dans No Place Like Home, reprennent ici tout leur sens et toute leur place. Un morceau comme The Hostage Speaks, qu’on trouvait insignifiant, ici regonflé d’énergie, redevient majeur. You, Me And The Truth est une autre superbe redécouverte. Redécouvrir tout ça tant d’années après tient du miracle. Et ressentir à nouveau le grand frisson de la nouveauté est simplement magique. L’impression de découvrir de grandes chansons est intacte.
Alors, si cet album vous tente, il n’est pour le moment disponible que sur le site web du groupe dont le lien se trouve ci-dessous. En attendant d'être distribué plus largement.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.bigcountry.co.uk
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