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1er décembre 2003


Direction plein ouest pour découvrir le 9ème (!) album de Joe Henry, américain presque inconnu chez nous, mais à écouter d'urgence et l'explosion programmée du canadien Hawksley Workman, future star, c'est sûr.




Joe Henry : Tiny Voices

Titres

This afternoon
Animal skin
Tiny voices
Sold
Dirty magazine
Flag
Loves you madly
Lighthouse
Windows of the revolution
Leaning
Flesh and blood
Your side of my world


Ecoutez Joe Henry et il va forcément vous arriver la même qu’à moi : un coup de foudre immédiat. Tiny Voices a un charme incroyable. Ce n’est pas un chanteur inconnu qui chante ici, c’est un ami qui vous raconte tout ce qu’il lui est arrivé depuis la dernière fois que vous vous êtes vu. A l’écoute de ce disque, on a l’étrange impression d’être tout de suite en terrain connu, de l’avoir toujours connu. Pourtant, ce disque est celui par lequel je découvre ce chanteur. Tiny Voices est apparemment le neuvième album de cet américain, qui serait paraît il le beau frère de Madonna (il aurait épousé sa sœur) ! ! ! J’arrive sûrement un peu tard, mais il n’est pas trop tard pour savourer ce disque et il n’est pas trop tard non plus pour essayer de trouver les autres. C’est d’ailleurs toujours assez agréable de découvrir quelqu’un après coup et de s’apercevoir qu’il y a derrière tout un monde déjà existant. Et même pas besoin d’attendre un an pour savourer la suite, il suffit de se plonger dans le passé.
Joe Henry, c’est un style tout en douceur, entre Pop et Jazz. Tout en ambiances feutrées et intimes. Vous voyez, le genre de parfait équilibre que Sting essaye désespérément de toucher du doigt depuis bien longtemps sans jamais y arriver tout à fait. Et bien Joe Henry y arrive le plus naturellement du monde, sans effort. Joe Henry c’est aussi une voix, à la fois douce et rocailleuse, charmeuse et émouvante. Une voix qui rappelle un peu Tom Waits par certains côtés, mais plus juvénile, pas encore encombrée de tout ce vécu.
Le premier morceau a pour titre This Afternoon et il évoque un Elvis Costello au mieux de sa forme. Tout ça pour vous donner une idée du niveau du songwriting du bonhomme. Concis, précis et magnifique. Joe Henry ne s’égare pas dans une production chic et toc qui gâche si souvent des disques qui avaient par ailleurs tout pour être bon. Chaque son, chaque instrument est ici indispensable et a sa juste place. Ce disque a été enregistré en l’espace de deux semaines seulement, en studio, mais dans les conditions du live. C’est sans doute pour ça que ce disque donne une impression de légèreté et de facilité. Très peu d’artifices de studio ont du être ajoutés par la suite. Dans le genre léger, Animal Skin fait un peu l’effet d’une bulle de savon flottant dans l’air. Et c’est superbe. Il y a vraiment de la magie dans l’air. J’ai bien du mal à l’expliquer, mais quand on écoute ce disque, on sait, c’est une évidence : Joe Henry a un talent fou.
Alors bien sûr, cet album est truffé de grands moments. A l’écoute de Sold ou de Flag, on a vraiment envie qu’il fasse plus froid, pour pouvoir l’écouter tranquillement au coin du feu, si on a une cheminée, ou à défaut avec un bon single malt. Vous voyez le genre, je pense. Joe Henry fait une musique qui vous donne envie de vous replier sur vous même pour pouvoir en profiter pleinement, égoïstement. Essayez d’écouter Lighthouse pour voir. Windows Of The Revolution nous promène dans une ambiance un peu piano-bar, légèrement enfumée, voire embrumée, tout dépend de l’heure. Avec toujours ce fond de tristesse ou de désillusion qui transparaît dans de nombreux morceaux et rend sa musique encore plus belle. Un autre grand moment s’appelle Flesh And Blood et comme son titre l’indique on a vraiment l’impression de sentir la chair de la chanson. L’important dans un album étant la première impression et la dernière, Joe Henry réussit fort bien son coup avec la dernière chanson, Your Side Of My World, encore une fois très intimiste, qui est l’une des meilleures du disque.
L’intérêt de toujours chercher à découvrir autre chose, de toujours être à l’écoute, permet parfois de tomber sur des pépites comme celles là. Et justifie amplement l’effort et le temps passé. Mais au delà du plaisir éprouvé à l’écoute de ce disque, Tiny Voices est le genre de disque (fort rare) capable de vous ouvrir les oreilles autant que l’esprit et de vous donner envie de découvrir de nouveaux horizons. Rien que pour ça, il n’a pas de prix. Mais il a autre chose en plus : il est l’œuvre d’un songwriter au talent immense. Allez, faites vous plaisir !


Pour plus d'informations, le site officiel :
www.joehenrylovesyoumadly.com




Hawksley Workman : Lover/Fighter

Titres

We Will Still Need A Song
Even An Ugly Man
Wonderful And Sad
Anger As Beauty
No Reason To Cry Out Your eyes
Tonight Romanticize The Automobile
The Future Language Of Slaves
Smoke Baby
Autumn's Here
Ilfracombe (Bonus)
Addicted (Bonus)



2004 pourrait fort bien être l’année Hawksley Workman et Lover/Fighter pourrait fort bien faire un carton assez retentissant. Ce canadien a vraiment tout pour réussir. Il a la gueule de l’emploi, un charme certain, une envie évidente de bouffer le monde, une cote élevée chez ses confrères musiciens, et aussi et surtout, un brillant nouvel album. Après plusieurs albums assez discrets et intimistes, le voilà parti en tournées pour assurer les premières parties de gens aussi importants que The Cure, David Bowie ou Noir Désir qui ont déjà tous sentis et appréciés son talent naissant. Maintenant habitué aux arènes remplis de plusieurs milliers de personnes, il se prend à regretter de ne pas avoir de chansons vraiment taillées pour ce genre d’espace. Ses chansons à lui trouvent leur pleine mesure dans des salles plus petites, plus intimes. La scène, il y a prit goût. A tel point qu’il y est très à l’aise et qu’il veut en faire son terrain de jeu. Pas de doute, dans son prochain album, on verrait forcément les choses en grand. Il faudrait qu’on y trouve des hymnes à chanter dans les stades.
De telles ambitions ou un tel retournement de veste, suivant le point de vue, peuvent ils donner un bon album ? Le contenu de Lover/Fighter me pousse à répondre oui, sans l’ombre d’une hésitation. Et dans le genre hymne à brailler dans les stades, We Will Still Need A Song, qui ouvre l’album, se pose carrément en référence. Ce morceau a absolument tout ce qu’il faut pour mettre une ambiance de feu dans n’importe quel concert, mais il a aussi tous les atouts pour qu’on finisse par l’entendre en boucle sur les radios. L’écouter, c’est l’adopter. Et sur ce genre de morceau à tendance lyrique, la ressemblance avec la voix d’un certain Bono est vraiment frappante. Le timbre de voix est vraiment proche, mais plus claire et acrobatique chez Hawksley Workman. Ce n’est d’ailleurs pas le seul morceau dans ce cas, Even An Ugly Man, qui lui succède, sème encore plus le trouble. Mais il ne faudrait surtout pas se contenter d’assimiler Hawksley Workman à un fils spirituel de Bono. La calme beauté de Wonderful And Sad est là pour nous rappeler qu’il sait aussi varier les styles d’écriture et viser tout près du cœur. Singer As Beauty ressemble en tous points au prochain single tiré de l’album. Là encore, on découvre son talent de mélodiste et surtout cette faculté qu’il a aujourd’hui d’écrire des chansons lyriques. Sur celle ci, au niveau vocal, on n’est vraiment pas loin d’égaler le meilleur de Muse. Et ça continue dans l’excellent avec No Reason To Cry Out Your Eyes, qui avec une économie de moyens évidente, est peut être la plus belle mélodie du disque. Une Pop-Song parfaite comme on en entend trop rarement. Tonight Romanticise The Automobile est un Rock beaucoup plus classique et académique. Un des rares moments un peu plus faibles (attention, je n’ai pas dis mauvais) de cet album. Encore une chanson à fleur de peau, avec The Future Language Of Slave, ballade en apesanteur avec juste une voix et une guitare, qui me rappelle le Mike Scott de l’album Bring’M All In, qui est l’un de mes albums favoris depuis longtemps déjà. C’est donc un beau compliment. Ca vise directement le cœur et ça atteint son but avec une précision d’orfèvre. Simplement beau. Smoke Baby est encore un bel exemple de l’éclectisme brillant d’Hawksley Workman. Voilà à quoi pourrait ressembler toute la soupe R’n’B actuelle si elle avait seulement un soupçon d’âme. Une autre belle réussite du disque. Tout comme Autumn’s Here, ballade à la mélodie d’une évidence rare.
J’ai beau essayer de trouver des défauts à ce disque, essayer de trouver la faille, mais il n’y a rien à faire. Ce type là est brillant. C’est agaçant, mais certains sont plus doués que la moyenne et c’est son cas. Ca saute aux yeux et aux oreilles. Il va falloir se faire une raison, Hawksley Workman a un immense avenir tout doré qui s’ouvre devant lui. Et dans pas longtemps il fera partie des chanteurs qui comptent vraiment.


Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.hawksleyworkman.com



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