Voilà un bel objet comme on en trouve
trop peu de nos jours. En général, quand on sort un album live, c'est
un peu comme pour un best of, ça semble souvent être vite fait sur le
gaz. C'est dans le contrat alors il faut bien le faire ou alors on traverse
un passage à vide et il faut bien meubler avec quelque chose. Un live
fera bien l'affaire. Peu importe comment il a été enregistré et à quoi
va ressembler le packaging. Chez Loreena McKennitt c'est absolument tout
le contraire. Elle semble avoir pris soin de ce coffret comme si c'était
son album le plus important. Ici, tout est parfait de A à Z. Que ce soit
le coffret en lui-même, grand luxe, ou ce qu'il contient, tout est taillé
sur mesure pour être parfait. Et tout ça pour même pas le prix d'un double
CD. Bel effort franchement.
Parce qu'il faut quand même savoir
que ce live est d'abord un double CD, mais qu'en plus il contient un DVD
qui reprend en images l'intégralité des 2 CD. Loreena McKennitt résout
là le gros problème des DVD live. C'est toujours excellent de les regarder
mais souvent on aimerait pouvoir seulement les écouter, dans la voiture
par exemple. Là, on a directement les deux sana avoir à ressortir le porte
monnaie.
Ce concert a été enregistré sous
les étoiles, à l'Alhambra de Grenade, en Espagne. L'Alhambra est un palais
(construit pour Charles Quint) qui semble être la parfaite synthèse entre
les architectures européennes et orientales, à l'époque où les deux cultures
s'entremêlaient dans le sud de la péninsule. Le prolongement architectural
du projet musical développé dans An Ancient Muse, son précédent
album studio. A voir les photos du livret et les images tournées sur le
DVD, Loreena McKennitt ne pouvait pas trouver meilleur endroit pour accueillir
sa musique. La symbiose est vraiment parfaite entre un lieu magnifique,
et une musique qui l'est tout autant.
Compte tenu de la magie du lieu,
Loreena McKennit s'est entourée de musiciens qui savent donner à sa musique
des couleurs variées. Les titres joués ici ne sont pas forcément issus
de An Ancient Muse, comme on aurait pourtant pu s'y attendre.
On trouve beaucoup de chansons de sa période celte / médiévale au travers
de chansons des albums The Visit, Elemental ou The Book Of
Secrets. Mais ils sont réarrangés pour coller à l'ambiance générale
du concert. Les sonorités orientales viennent souvent ajouter beaucoup
à ces morceaux plus anciens, au point de les transfigurer parfois, comme
ce Marco Polo qui nous emmène sur des routes lointaines. Puisque
tout dans Nights From The Alhambra respire la perfection, le son
est idéal, clair et limpide. C'est vrai aussi qu'on est loin des concerts
Rock avec public hurlant. Ici l'audience est plutôt recueillie et attentive
à la moindre nuance. Pour le DVD, l'image est elle aussi superbe. Les
teintes chaudes des éclairages sur les colonnes du palais ajoutent
beaucoup à l'atmosphère assez unique du concert.
Sur les albums studios de Loreena
McKennitt, les moments de grand frisson sont déjà nombreux. Ici, la puissance
émotionnelle de certains titres est carrément décuplée. Je pense notamment
à un Stolen Child ou un Old Ways qui semblent tout droit
sortir de nos plus beaux rêves ou à la mélodie déchirante de Penelope's
Song. Ou encore un Caravanserai flamboyant. Sans oublier
le sublime The Mummer's Dance qui reste toujours ma chanson préférée
de la dame. C'est curieux, mais cette chanson me parait toujours trop
courte, je suis toujours déçu de l'entendre se terminer. Si vous allez
souvent voir des concerts, vous savez comme moi qu'il y parfois des moments
de pure magie, d'échange parfait entre les musiciens et le public. Des
moments précieux dont on se souvient toute sa vie, tellement l'impression
de partage est intense, tellement ils touchent notre intimité. Quand on
ressort de ce DVD, Nights From The Alhambra donne cette impression
là, d'avoir été un moment rare et intense. C'est en tous cas un des plus
beaux albums live que je connaisse.
Pour plus d'nformations, le site officiel (avec version entièrement en français) :
www.quinlanroad.com
Et la vidéo de Caravanserai
ICI
Architecture In Helsinki : Places Like This
Titres
Red Turned White
Heart It Races
Hold Music
Feather in a Baseball Cap
Underwater
Like It or Not
Debbie
Lazy (Lazy)
Nothing's Wrong
Same Old Innocence
Les Architecture In Helsinki ne
sont toujours pas scandinaves mais toujours australiens. Et leur musique
est toujours aussi génialement barrée. Tout comme l'ensemble de leur univers
d'ailleurs. Allez donc faire un tour sur la vidéo de Heart It Races
pour finir de vous en convaincre. Et franchement, je suis bien le dernier
à avoir envie de les voir devenir adultes. Qu'ils restent de grands enfants
le plus longtemps possible et ce sera déjà pas mal.
Heureusement, rien de fondamental
n'a vraiment changé entre le premier In Case We Die et ce deuxième
album. On ne sait toujours pas à quoi s'attendre avant la première écoute.
Ou plus exactement il vaut mieux s'attendre à tout. Et même là, on risque
encore l'étonnement. Pas autant que pour le premier opus, c'est vrai.
L'effet de surprise ne joue plus autant, mais le groupe a fait le nécessaire
pour ne surtout pas installer de routine. Pourtant, la musique d'Architecture
In Helsinki est plus construite, plus cadrée. Elle parait moins désordonnée
aussi, comme si les membres du groupe avaient brutalement vieillis de
quelques années pour passer de 5 ans d'age mental à 8 ou 9 ans. Sacré
bon en avant quand même.
Ce recadrage de leur musique les
fait gagner en efficacité. Les titres potentiellement tubesques sont plus
nombreux sur cet album que sur le précédent (Heart It Races, Same
Old Innocence), Mais ce n'est pas pour autant que leurs chansons
ressemblent à des lignes droites. Ca, on en est bien loin. Que ce soit
au travers de l'arrivée d'un instrument au son bizarre, d'un changement
de rythme qui vous laisse pantois, d'un chant qui redevient brutalement
enfantin ou hurleur, ils trouvent toujours le moyen de ne pas faire ce
qu'on attend. Bref, avec eux la musique est tout sauf un long fleuve tranquille.
Et malgré cette recherche effrénée de la différence, du pas comme les
autres, leur musique reste étonnamment écoutable et abordable. Foncièrement
Pop, elle donne toujours envie de taper du pied et de chanter (même si
pas toujours facile à suivre…). C'est sûrement là la principale qualité
de ce deuxième opus d'Architecture In Helsinki. En ça, ils ressemblent
par moment aux B 52's, notamment sur un Hold Music qui ferait
sans doute un beau single bien déjanté. Les voix sont souvent étonnantes,
sur Debbie, on aurait presque l'impression d'entendre chanter
Brian Johnson, vous savez le chanteur d'AC/DC… Mais aussitôt, tout ça
est désamorcé et balayé par un nouveau changement de rythme et des chœurs
enfantins timbrés. Et contrairement à ce que tout ça pourrait vous faire
penser, ça reste toujours très écoutable. Un miracle !
La musique d'Architecture In Helsinki
ressemble de plus en plus à celle d'un David Byrne rajeuni qui aurait
décidé de laisser parler son humour. Et ça leur va franchement
bien.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
architectureinhelsinki.com
Et la vidéo de Heart It Races
ICI
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