1er septembre 2008
No-Man : Schoolyard Ghosts
Titres
All Sweet Things
Beautiful Songs You Should Know
Pigeon Drummer
Truenorth
Wherever There Is Light
Song Of The Surf
Streaming
Mixtaped
Voilà exactement le genre
d'album que je qualifierais volontiers d'hermétique. Entièrement refermé
sur lui-même, Schoolyard Ghosts est de ces disques totalement
égoïstes, qui semblent écrits par leurs auteurs pour leur seule satisfaction
personnelle. A tel point que la première écoute, si on arrive au bout,
ne donne pas forcément envie de tenter à nouveau l'expérience si on n'est
pas dans les bonnes dispositions d'esprit. Ce qui, évidemment, serait
une erreur impardonnable. Finalement, c'est là qu'on se rend compte à
quel point la musique aujourd'hui, celle qu'on entend partout à longueur
de journée, peut être formatée, produite dans le seul but
de l'efficacité immédiate, droit dans la cible. Les artistes qui osent encore
(et faut il encore en avoir les moyens) écrire et produire une musique
vraiment personnelle, hors des modes et des formats standards, sont de
plus en plus rares. Steven Wilson, encore lui, est de ceux là.
On peut se demander si Steven Wilson
prend encore le temps de dormir parfois. Entre Porcupine Tree et ses projets
annexes, Blackfield, Bass Communion, No-Man et j'en passe, on se demande
comment il arrive à faire rentrer tout ça dans son agenda. Mais en tous
cas, ça prouve que ce type, curieux congénital, se fait à chaque fois
un plaisir immense au travers de ses différents projets, en explorant
avec chacun un univers musical particulier. Pour schématiser, avec No-Man,
on peut dire qu'avec son acolyte Tim Bowness, il explore la Pop-Ambiant.
Une musique au ralenti, fragile et en apesanteur, d'une rare beauté. Une
musique qui sait prendre son temps. Mais peut être trop lente et monocorde,
justement… Cette musique, il faut prendre la peine d'y entrer, se donner
la peine d'ouvrir cette porte qui débouche sur un des plus beaux horizons
qui soit.
Le danger avec ce Schoolyard
Ghosts, c'est qu'une première écoute distraite a de fortes chances
de nous le faire immédiatement ranger dans la catégorie des albums chiants
à ranger sur le rayon du haut, celui qu'on va visiter juste pour faire
la poussière. Et pourtant, si on se pose (idéalement avec un casque sur
les oreilles), on se trouve face à une musique magnifique. On peut s'en
apercevoir dès All Sweet Things qui vous caresse délicieusement
les tympans. Aucune aspérité, rien qui agresse, rien que de la douceur
et des sensations délicates. L'instrumentation est discrète, faite d'arpèges
de guitare diffus, de nappes de claviers qui invitent au cocooning, sans
presque aucune rythmique. Seul Pigeon Drummer et ses passages
brutaux et bruitistes échappe à la règle et semble tomber là comme un
cheveu sur la soupe. Tout le reste semble avoir été conçu pour ne surtout
pas déranger. Posez là dessus la voix (trop ?) paresseuse de Tim Bowness,
et vous obtenez une musique aussi belle que contemplative. Avec en cerises
sur le gâteau Truenorth et Wherever There Is Light.
Le premier est une lente mise en scène de presque 15 minutes qui permet
de s'apercevoir à de la qualité et de l'inventivité des arrangements de
cet album. Truenorth commence par des nappes de claviers sur
lesquelles viennent se poser des notes de piano éparpillées, puis presque
sans qu'on s'en aperçoive le paysage change pour se retrouver habillé
de guitares et de cordes mélancoliques. On a déjà fondu de plaisir depuis
longtemps quand le final Electro-Ambiant hynotique à aouhait et lui aussi
très réussi achève le travail. Un pur chef d'œuvre d'invention, rempli
de trouvailles sonores et aussi délicieux que le meilleur Sigur Ros. Quand
à Wherever There Is Light, c'est tout simplement une des mélodies
les plus harmonieuses que j'ai entendu depuis longtemps, juste simple
et belle. Sur la suite de l'album, on n'échappera malheureusement pas
toujours à l'ennui. Le revers de la médaille avec cette musique entièrement
basée sur l'émotion, c'est que quand elle ne touche pas son but, elle
peut sembler assez vide.
Schoolyard Ghosts
me donne l'impression de mettre en musique la fragilité de l'éphémère.
Cette beauté fugace qui ne fait que passer et qui disparait juste avant
qu'on ait pu la capturer. Il me fait penser à ces sculptures de glace
au soleil, à ces châteaux de sable construits trop près des vagues, à
toutes ces choses qui disparaissent trop vite et qui ne vivent que dans
nos souvenirs. Toutes ces chose auxquelles on tient tant, finalement.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.no-man.co.uk
Et la vidéo de Wherever There Is Light :
ICI
I Am Kloot : Play Moolah Rouge
Titres
One Man Brawl
Chaperoned
Ferris Wheels
Hey Little Bird
Runaways
Down at the Front
Someone Like You
Suddenly Strange
Only Role in Town
At the Sea
I Am Kloot nous revient avec un
album au titre étrange. En fait le Moolah Rouge est le nom du studio dans
lequel ils ont enregistrés cette nouvelle galette. Nouvelle galette qui
a été au départ disponible en avant première uniquement via internet ou
lors de leurs concerts. Aujourd'hui, Play Moolah Rouge est enfin
en vente libre, tout au moins chez les bons disquaires, ce qui se fait
de plus en plus rare par ces temps de méventes discographique. Si vous
fréquentez encore ce genre d'endroits, vous avez forcément noté le rétrécissement
de l'espace vital réservé aux CD. En tous cas, I Am Kloot fait partie
des victimes collatérales de cet état de fait. Impossible à trouver chez
moi sans passer par une commande spéciale. Ca commence franchement à devenir
triste.
Mais revenons-en à nos moutons de
Manchester. Ceux qui ont le courage de me lire régulièrement savent que
j'ai une affection toute particulière pour ce groupe là. Discrets, largement
sous-estimés et apparemment pas mécontents de l'être, les I Am Kloot délivrent
une Pop matinée de Folk en tous points délicieuse. Toujours teintée de
mélancolie et de ce soupçon de détachement tout britannique, elle parle
autant au cœur qu'à l'esprit. Le genre de groupe qui a trouvé depuis un
moment sa " niche " musicale, comme on le dit d'une niche commerciale,
ce petit recoin marketing très particulier qui ne concerne que quelques
clients bien spécifiques. Les Mancunéens ont trouvés leur public, peut
être restreint, mais fidèle. Et ça leur suffit. On ne souhaite surtout
pas les voir perdre cette exigence qui fait toute la différence entre
une musique qui ne fait que passer et une musique qui vous marque pour
longtemps. Et ce nouvel album peut au moins rassurer sur ce point là.
Play Moolah Rouge est le beau petit frère des opus précédents.
Encore marqué par le chef d'œuvre
que reste leur 3ème album dans lequel on trouve notamment le bouleversant
The Same Deep Water As Me, je reproche un peu au précédent Gods
And Monsters de manquer de moments aussi divins. Exigeant le garçon,
quand même… J'attends donc forcément monts et merveilles du petit dernier.
Un nouvel opus qui démarre dans la veine de Gods And Monsters
par un One Man Brawl bien dans la veine Folk du groupe, assez
râpeuse et brute. Un style que je trouve toujours assez proche des La's.
Mais dès les deux titres suivants, on est embarqué du côté plus policé
de I Am Kloot avec ces ballades délicates dont le groupe a le secret et
qui le rendent si unique dans son genre. Très réussis. La suite n'est
pas forcément du même acabit. I Am Kloot possède toujours le même talent
d'écriture. Celui qui lui permet de continuer à nous offrir sans effort
apparent des chansons agréables et plutôt classes. Mais il leur manque
par moment ce petit supplément d'âme, ce petit en plus qui les ferait
décoller. Parfois, on le sent pointer au travers de titres un peu plus
intenses et vivants, comme The Runaways ou Someone Like You.
Mais ce qui rassure, c'est que le groupe est toujours capable de déclencher
le vrai frisson. Cette fois, c'est Down At The Front qui s'en
charge. Cette ballade crépusculaire possède suffisamment de force et de
profondeur pour émouvoir vraiment. Et là, on se prend à rêver d'un futur
album empli de chanson de ce calibre là. Ce ne sera malheureusement pas
encore pour cette fois.
Pourtant, sans jamais démériter,
ce Play Moolah Rouge est un album fort agréable, bien écrit et
bien réalisé, qu'on prendra plaisir à réécouter souvent. Mais vous ne
m'enlèverez pas de l'idée qu'avec un peu plus de passion et d'envie, ce
groupe là est capable de beaucoup plus. Il l'a déjà prouvé avec I
Am Kloot, leur troisième album que je continue à vous recommander,
au cas où vous l'auriez raté.
Pour plus d'nformations, le site officiel :
www.iamkloot.com
Et une vidéo de Chaperoned (avec bons gros plantages !!) issue des sessions d'enregistrement de l'album :
ICI
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