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1er mai 2006


Dans des styles opposés, deux albums qui vont marquer la carrière de leurs auteurs. Hawksley Workman a décidé de ne garder que l'essentiel pendant que les Yeah Yeah Yeahs se sont mis au boulot. Deux résultats superbes.




Hawksley Workman : Treeful Of Starling


Titres

A Moth Is Not A Butterfly
Hey Hey Hey (My Little Beauties)
You Are Too Beautiful
You And The Candles
Rain
When These Mountains Were The Seashore
It'S A Long Life To Always Be Longing
Goodbye To Radio
Ice Age


On connaît tous un tas de chanteurs ou de musiciens qui refont ou essayent de refaire toujours le même disque tout au long de leur carrière. Il y en a d’autres qui osent changer, qui osent casser le beau jouet qui marche si bien pour essayer autre chose. Et par ces temps de marketing frénétique et de plans media calculé au millimètre, il y a tellement peu de gens qui s’autorisent cette liberté là, que ceux qui osent méritent forcément qu’on leur tende une oreille attentive et forcément curieuse.

Et dans le genre qui a trouvé le bon filon, Hawksley Workman avait tout pour lui. Une belle gueule, une voix superbe et un style qui se vend bien (entre Pop anglaise et Rock clinquant à la U2). Bref, tout pour faire une carrière qui roule toute seule. Oui, mais le monsieur fait partie de ceux qui ne se contentent pas de ça. Sur et certain que ce Treeful Of Starling se vendra nettement moins bien que le précédent (et très bon) Lover / Fighter.  Il risque même de passer carrément inaperçu. Je suis sûr que Hawksley Workman a pris ce risque là en toute connaissance de cause, mais au moins il se sera fait plaisir avec ce disque, aux antipodes du précédent. Au moins il aura fait le disque qu’il voulait vraiment faire, sans faire de concessions commerciales. Autant Lover / Fighter était facile à avaler, agréable et sucré comme un bon dessert, autant ce Treeful Of Starling ressemble bien plus à un plat de crudité vinaigré, tendance régime sans calories. La production est rachitique, les instruments sont acoustiques et discrets, mais cette voix, quelle voix, est toujours là. Et c’est avec cette économie de moyen qu’on se rend compte à quel point la voix de Hawksley Workman est belle, à quel point elle peut à elle seule porter n’importe quelle chanson, même moyenne. Et quand la chanson est déjà belle à la base, je ne vous raconte même pas les frissons… Exemple concret : Rain. Chanson basée sur une simple guitare acoustique gratouillée, une batterie pèpère et trois notes de piano. Mais c’est beau comme un soleil qui se couche.

Cette fois Hawksley Workman a choisi la simplicité et la rusticité d’un Folk acoustique qui pourrait se jouer à la terrasse du bar du coin, sans la moindre étincelle d’électricité. Et je dois dire que ça fait vraiment du bien d’entendre une musique aussi simple et instinctive. When These Mountains Were The Seashore et son banjo joyeux vous donne une pêche communicative, Hey Hey Hey (My Little Beauties) et You Are Too Beautiful ont des airs de Neil Hannon qui aurait enfin arrêté de se prendre au sérieux, A Moth Is Not A Butterfly vous caresse exactement comme les Turin Brakes savent le faire, Ice Age est une sorte de Blues optimiste qui vous troue le cœur en vous redonnant le sourire. Et même s’il y a bien une ou deux chansons un peu faiblardes, la voix d’ Hawksley Workman les rend présentables. Finalement, le seul reproche que je ferai à ce disque est sa durée : une grosse demie heure, ça passe vraiment trop vite.

Treeful of starling est juste un grand bol d’air frais et revigorant. Sans aucune autre prétention. Et surtout il permet de redécouvrir à quel point Hawksley Workman est un chanteur magnifique et rare.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.hawksleyworkman.com




Yeah Yeah Yeahs : Show Your Bones

Titres

Gold Lion
Way Out
Fancy
Phenomena
Honeybear
Cheated Hearts
Dudley
Mysteries
The Sweets
Warrior
Turn Into


Le premier album du trio New Yorkais avait été assez loin de me convaincre. Les bruits de couloirs et la hype étaient peut être assez énormes au sujet de Fever To Tell, mais c’était sans moi. Désolé pour le côté rabat joie. Du coup, je ne peux pas dire que j’attendais leur deuxième opus avec impatience, persuadé que ce groupe là grossirait la cohorte déjà bien fournie des gros vendeurs de disques, mais éternels seconds couteaux au niveau de la qualité musicale. Mais voilà, Yeah Yeah Yeahs s’est mis au boulot. En laissant de côté ce que certains considéraient comme de la fraîcheur (et que je persiste à considérer comme de « l’à peu près ») pour se décider à écrire de vraies chansons, le groupe a franchi un palier. Avec Show Your Bones, il se retrouve même carrément en première division. Aussi inattendu que réjouissant.

Et pourtant, tout ce qui était dans Fever To Tell se trouve toujours dans Show Your Bones. A commencer par la façon de chanter toujours aussi outrancièrement sexuelle de Karen O. Depuis le début, c’est l’argument de vente principal du groupe. Mais cette fois, ce n’est plus le seul. Parce qu’aujourd’hui, le trio nous livre une collection de chansons qui ressemble à autant de singles, tous plus torrides les uns que les autres. Gold Lion est de cette trempe là, Pop classique et pas trop méchante, mais griffée par les feulements et les cris de Karen O. De quoi faire grimper aux rideaux n’importe quel amoureux de Rock. Et ce n’est que le premier d’une belle série. Les Yeah Yeah Yeahs n’ont pas perdus leur énergie, ils l’ont domestiquée pour la transformer en un des Rock les plus excitants du moment. Cette fois, les mélodies prennent toute la place, elles explosent de partout, donnant une sorte de Rock qui recherche la provoc’, presque vulgaire mais sans jamais vraiment dépasser les limites. Et c’est cet équilibre là qui donne toute sa saveur à cet album là.

Pour en revenir aux chansons, on se retrouve donc dans des ambiances parfois proches des Kills pour la hargne et le chant fortement sexué (Fancy et surtout Phenomena) , voire totalement à part (le génial Honeybear qui explose pas mal de barrières). Mais le groupe a aussi appris à caresser presque poliment dans le sens du poil Pop (les jolis  Cheated Hearts et Dudley). Et dans ce genre là, ils font aussi merveille, comme le confirme encore ce Turn Into qui enfonce définitivement le clou pour notre plus grand plaisir.

C’est clair, je suis tombé amoureux de ce Show Your Bones. On verra bien combien de temps ça durera, mais comme toujours dans ces cas là, l’important n’est pas la durée. C’est l’intensité qui compte.


Pour plus d'nformations, le site officiel : www.yeahyeahyeahs.com


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