Partir à la découverte de l’Alsace, c’est souvent pour le touriste parcourir les fêtes estivales où foisonnent les couleurs chatoyantes de nos costumes. Aussi, quelle déception de ne plus trouver ni cocarde, ni bouquet tricolore…

A croire que l’imagerie populaire, les croquis de Hansi et les ébranlements historiques avaient fait bon chemin pour présenter notre costume sous un aspect si caricatural.

Que de travail alors, à la charge des groupes d’arts populaires allant à l’encontre de ce nivellement, pour remonter le chemin de l’authenticité et de la diversité. La SUNDGAUVIA, soucieuses et consciente, se mit aussi à la tâche : mais il serait faux de croire qu’elle puisse à elle seule représenter toute la palette des costumes portés dans notre province. Aussi s’est-elle efforcée de s’attacher tout d’abord à sa contrée, le SUNDGAU, ce sud de l’Alsace à la fois replié sur ses traditions rurales et religieuses, et cependant marqué par des influences diverses soit suisses, bourguignonnes et « françaises ».

Jeu de patience et de longue haleine, le particularisme vestimentaire local datant du début du 19ème siècle se reconstitua tel un puzzle.

Que ce soit dimanche, jour de fête au village « KELWA » ou foire régionale « JOHRMARKT » la tenue du nos paysans et paysannes s’agrémentait pour leur honorabilité d’un petit air coquet.

Ainsi les jeunes femmes apparaissaient COIFFEES d’un bonnet de brocart ou de soie rebrodé de fils de couleurs, paillettes, fils d’or, etc… fixé sur une sous-coiffe de linon bordée de fines dentelles.

Leur costume se composait en outre d’une CHEMISE de lin fin de coupe droite, à l’encolure coulissée bordée d’un ruché de dentelles, dont les manches se glissaient sous un CASAQUIN sorte de petite veste, le « KASAWECK ».

Celui-ci en cotonnade, illustrant les impressions de Mulhouse, est gansé de couleur, agrémenté de basques dans le dos et ses manches longues s’ornent de manchettes à petits plis creux rappelant les « crevés » de certains costumes de cour d’influence bourguignonne.

Ces vestes se posaient sur une JUPE de matériaux variables : du coton épais à rayures ou du drap uni. Ce costume de fête se complète d’un TABLIER de lin blanc, rebrodé de même couleur, à petits plis ou entre-deux de dentelles.

Mais costumes et matériaux étaient tributaires des saisons. En été, la jeune femme remplaçait son casaquin par un petit CORSELET, toujours à basques, noué à l’avant par quelques rubans. La chemise se devait être alors plus décorative : une petite collerette ronde en dentelle, vestige de la fraise de Bourgogne, la rehaussait. Autour du cou, se portait aussi un RUBAN de soie.

Le TABLIER se faisait aussi plus simple : le lin blanc était remplacé par une cotonnade rayée.

 

Les hommes délaissaient aussi pour les grandes occasions leurs pantalons de velours et leur veste de coutil.

La mode masculine de fête se composait d’éléments du type 18ème siècle, c’est-à-dire, de la CULOTTE à la française, à pont, en velours ou en drap, de la CHEMISE en lin au plastron plissé et brodé et au col garni d’un foulard de soie, d’un GILET de soie ou de velours agrémenté de motifs brodés ou imprimés, d’une REDINGOTE par temps frais, de BAS blancs, de chaussures à boucles, mais aussi et surtout d’un TRICORNE noir, assez imposant, appelé chez nous le « Newelspalter » c’est-à-dire le fendeur de brouillard.

 

Le costume est par essence même lié à l’idée de fête, de cérémonie et de rite.

Il est un de ces rites, très vivant de nos jours encore, qui veut que le jeune homme marque son passage du monde de l’adolescence à celui des adultes, au moment de la conscription.

Durant une année entière, les conscrits répètent les gestes de leurs aînés, que ce soit à carnaval, aux diverses courses aux œufs, aux feux de Saint-Jean ou maintes occasions encore, mais n’oublient pas pour autant de rire, boire, chanter ou danser car les guerres aux rudes campagnes les attendent.

 Si de nos jours, ces troupes de jeunes gens, endossant des tenues les plus fantaisistes possibles se retrouvent encore dans nos villages, n’oublions pas que du temps de nos grands-pères leur accoutrement était plus rigoureux : PANTALON et CHEMISE de lin blanc étaient égayés de magnifiques CHAPEAUX enrubannés et ornés de bouquets de fleurs. Ces bouquets également posés sur l’ECHARPE (aux couleurs de la patrie) portée en bandoulière étaient souvent offerts aux heureuses élues avant le grand départ. Ces quelques tenues décrites ci-dessus ne représentent pas l’exclusivité en matière de costumes portés en Haute-Alsace. Maintes variantes existent et d’autres restent encore méconnues.

Notre travail est donc de poursuivre les recherches.

 Mais pour rehausser nos prestations, nous avons pensé bon adjoindre quelques types de costumes portés en Basse-Alsace, d’autant mieux que le caractère de certaines de nos danses s’y prête. Là aussi, l’éventail du choix est grand.

Dans un premier temps, nous avons donc opté pour le costume le plus connu en Alsace (celui du pays de HANAU) en évitant, dans un souci d’authenticité et d’apport culturel, tous les aspects ayant mené à la popularité touristique souvent caricaturale.

Dans cette région, femmes et jeunes filles portent sur leurs nattes relevées la « SCHLUPFKAPP » (grand nœud) noire montée sur fond de bonnet en velours ou soie richement brodé d’or ou de paillettes.

La CHEMISE de lin se cache sous une collerette à empiècement carré, ornée de belles dentelles.

Les JUPES rouges, vertes, violettes, bleues en drap sont garnies d’un ruban de velours fleuri.

Le CORSELET, attenant à la jupe, en velours broché ou soie fleurie, maintient le grand plastron « STECKER » petit chef d’œuvre à motifs de fleurs, d’arbres de vie… Ces plastrons renfermaient le plus souvent de petits trésors, telles des poésies ou même des… lettres d’amour.

Un TABLIER de soir rayée, fleurie ou brodée, couvre la jupe.

Les hommes, au GILET rouge à double rangée de boutons métalliques sont vêtus d’un PANTALON noir à pont, d’une CHEMISE blanche au col noué d’un petit ruban ou d’un foulard en soie de couleur noire. Leur tête se coiffe d’un CHAPEAU de feutre noir, à bord peu large et calotte plate.

Puis, pour leur particularisme et leur beauté, se sont rajoutés les costumes féminins de :

· SEEBACH, petite citée du Nord de l’Alsace ; là, les jeunes femmes se distinguent par l’élégance de leur costume et surtout par la petite coiffe de brocart ornée d’un nœud de couleur rouge (pour les jeunes filles) ou noire (pour les femmes mariées). Autre caractéristique, le foulard de soie noire brodé dans un angle de motifs floraux en soie blanche (pour le deuil ou le veuvage) et dans l’autre de soie de couleur (pour les fêtes).

· WESTHOFFEN, bourgade située dans le vignoble à l’ouest de Strasbourg ; une robe bourgeoise protégée par un tablier de soie et un petit bonnet matelassé : voici les atouts féminins.

· MEISTRATZHEIM, dans la plaine d’Alsace ; les jeunes femmes vêtues d’une robe de soie apparaissent, ici, auréolées d’un soleil de dentelles raidies et tuyautées.

· GEISPOLSHEIM, au sud de Strasbourg ; les jeunes filles catholiques de cette région portaient un costume ressemblant à celui du pays de Hanau, qui s’en différenciait cependant surtout par la longue jupe rouge gansée d’un ruban de velours noir, et la coiffe à ruban rouge noué sur une calotte dorée.

Tous ces costumes portés par les membres de la SUNDGAUVIA ont pour but de faire sortir de l’ignorance et de l’oubli, la fresque colorée de nos beaux costumes d’Alsace.

 

 

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