Mes pièces naissent de l’expérience au quotidien. Elles ne sont pas le support d’un vécu comme objets de substitution, mais une possible traduction intimiste d’état d’être. Elles sont l’aboutissement d’une trame mentale, chargée de sens émotionnel, pareille à une décharge électrique.

   Les objets choisis ou constuits, utilisés dans mon travail, ne sont pas laissés (ou liés) au hasard, mais empruntés et resitués pour la charge ou la force qu’ils véhiculent.
Dans cette utilisation ou manipulation, il y a toute une préoccupation liée au statut de l’objet, le statut de l’œuvre et celui de l’artiste.

   Dans notre société de consommation, l’objet a su s’imposer et prendre une place essentielle. Il sert d’intermédiaire entre les individus ; il est à la fois une retraduction du langage et l’élément qui réintérroge l’individu face à lui-même et face aux autres.

   C’est dans cet espace de réflexion que mon travail plastique prend source. Il est pour moi le moyen de jeter un pont entre l’art et le vivant plutôt que d’en accentuer la rupture. Les rapports entre le corps et l’esprit sont le prolongement de mes préoccupations. Ce corps qui se veut de plus en plus libéré reste en fait prisonnier d’une société qui cherche à masquer, occulter, les réalités telles que la souffrance, la maladie, la mort.

Naji KAMOUCHE