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Le coin du littéraire :: Vos textes :: Tous vos écrits :: La nuits des seigneurs  :: Page 1 de 2 [ 1  | 2 ]
poete440
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La nuits des seigneurs (dimanche, 8 novembre 2009, 16:43) citation  
* ceci est une petite histoire sans prétention aucune, juste pour le plaisir. Elle sera écrite en chapitres courts que je mettrai ici bout à bout , au fur et à mesure .
Si vous pouviez ne pas mettre les commentaires à la suite , pour ne pas couper l'élan de l'histoire, je vous en serai gré.




I. La traque

L’aube se levait sur un petit matin glacial.
La pluie tombait maintenant depuis une semaine, sur le petit groupe.
Les hommes marchaient depuis cinq jours déjà .traversant rivières et plaines sous une pluie battante.
Se penchant vers le sol, l’homme de tête lâcha un juron
- Sacrebleu ! Le diable est leur allié ! La pluie commence à effacer leurs traces, d’ici ce soir nous les auront perdus. Nous devons forcer l’allure avant que la piste ne disparaisse, d’ici peu les corbeaux festoyeront sur les cadavres de ces chiens.
Le petit groupe se remit en marche. Ils étaient chasseurs, et le gibier était homme.
Leurs visages étaient fermés, grave. Ils suivaient les traces sans un mot malgré la faim et la fatigue.
Ils avaient tous en mémoire ces fermes incendiées, avec ces corps mutilés et carbonisés.
Ils devaient découvrir les coupables et les châtier même si leur chevauché devait les mener jusqu’en enfer.
Des terres du domaine de l’Orne avaient été pillées, des serfs massacrés. Etant leur seigneur, Yves de la ronde leur devait protection et justice. Il ne lâcherait ses proies qu’une fois leur dernier soupir atteint.
Cela faisait maintenant dix jours que la traque avait commencé Huit jours que la colère ne s’était apaisée. Le soleil était couché depuis un moment lorsqu’une odeur de bois brûlé les arrêta dans leur progression.
- Un campement ! Ce sont eux ! Mettez-vous à couvert et attendez mes ordres. Jansem ! Avec moi !
Le sergent acquiessiat et rejoignit Yves de la Ronde. Jansem était un grand gaillard ayant l’habitude des combats. Il avait connu moult batailles et les cicatrices qu’il portait le rendaient fier. Homme de guerre et d’honneur, il donnerait sa vie pour son seigneur.

Les deux hommes se dirigèrent doucement d’où montait l’odeur de bois brûlé. Ils pouvaient maintenant distinguer la lueur de la flamme. Ils se rapprochèrent encore un peu plus, afin d’entrevoir les hommes qui se tenaient autour du bivouac lorsque le sergent agrippa le bras du seigneur Yves de la Ronde en lançant un juron.
-Ventrebleu, Seigneur ! Je reconnais au moins deux de ces fripouilles. L’homme assit sur la gauche est au service du Seigneur Labbar et celui qui se trouve prés des montures est sergent au château des deux plaines, fief du Seigneur de Taille. Je ne reconnais aucun des autres coupe-gorge mon Seigneur. Mais la présence de ces deux bougres ne signifie rien de bon.
Yves de la ronde, éprouva un sentiment bizarre à l’écoute des paroles de Jansem. Il connaissait très peu les deux seigneurs cités mais le peu qu’il avait entendu à leur sujet ne le rassurait en rien.
Les Seigneurs Labar et de Taille étaient avides de pouvoir. Leurs serfs croulaient sous la dîme et les coups. Lorsque ceux-ci ne pouvaient plus payer, les femmes étaient vendues et les homme conduits à la mine La soif d’argent leur avait –elle fait perdre la tête au point de s’attaquer au domaine de l’Orne ?
Yves de la Ronde fit un signe aux hommes restés en arrière bien cachés par les taillis. Ils se mirent en position face au bivouac, arbalètes en mains.
Autour du feu une vingtaine d’hommes discutaient et rigolaient savourant certainement leurs derniers exploits face à des gueux.
Tapis derrière les fourrés, Yves de la Ronde et ses dix hommes attendaient le moment opportun. Le seigneur Yves leva lentement la main. Le regard de ses homme était braqué sur cette main comme si leur vie en dépendait. Il la laissa quelques instants comme pour jouer avec la brise, puis d’un coup sec la redescendit.
Dix carreaux partirent au même moment dans un même sifflement. Dix hommes tombèrent au sol dans un bruit sourd, sans un cri.
A cet instant une voix rugit :
- HARRO !!!!!!!!!
Yves de la Ronde avait lancé l’attaque .Les hommes du seigneur étaient déjà sur leurs proies, tel des diables en furie.
Dans la mêlée Yves leur cria :
- Gardez-en un vivant. Pour le reste, pas de quartier !!!
Le branc d’Yves de la Ronde fendait à droite, à gauche. Il trancha l’épaule d’un sergent qui tomba à genoux en hurlant
- Grâce seigneur !!!
Yves de la Ronde le regarda droit dans les yeux et frappa d’un coup sec. La tête du sergent roula deux mètres plus loin.
Le vacarme de la bataille dura encore quelques minutes. Puis le silence.
Yves de la Ronde regarda autour de lui. Ses ennemis étaient vaincus. Leurs corps jonchaient le sol, sauf pour un qui, blessé, était maintenu par ses hommes.
Ce jour-là, il avait perdu cinq de ses camarades. Ainsi la chasse était finie.
- Rentrons au domaine mes amis. Pour nous, c’est fini ici. Laissons la place aux corbeaux, ils se régaleront ce soir
Le petit groupe repartit en direction du domaine de l’Orne, leur prisonnier étroitement surveillé.





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poete440
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RE: La nuits des seigneurs (dimanche, 8 novembre 2009, 16:47) citation  
II L'aveu

Yves de la Ronde se tenait debout sur les remparts de la tour sud.
Une cape couvrait ses épaules, le protégeant du petit froid du matin. Le vent s'amusait à la faire onduler de droite à gauche, dans des mouvements indécis.
Yves de la Ronde scrutait l'horizon d'un regard tendu. Son visage laissait apparaître quelques inquiétudes. Il était là à contempler la plaine frémissante sous ce nouveau jour.
Les événements qu’il venait de vivre le tourmentait.
Dans un cri qui résonna aux oreilles du seigneur, un corbeau s'envola juste aux pieds du rempart.
Le seigneur le regarda un instant.
- Vole mon ami. Vole et reste libre.
En cet instant, un grognement se fit entendre juste derrière lui.
De Riou, le lieutenant de sa garde, arrivait en rugissant et vociférant. Bien que de famille noble, il était assez rustre. Mais c'était un redoutable soldat et un fin stratège. Mieux manier les armes que sa langue restait son grand défaut.
- Que le diable lui dévore ses entrailles à ce fils de loudier ! Si ce n'était moi, je laisserais volontiers les porcs lui mangeailler les tripes !
Yves de la Ronde se tourna vers lui un léger sourire sur le visage.
- Que vous arrive-t-il lieutenant ? Mauvaise nuit ?
- Que nenni mon Seigneur. J'ai simplement surpris un garde de la tour nord qui prenait son poste pour un dormitoir. Il ronflait comme un sonneur, le bougre ! Je l'ai donc fait sans attendre jeter aux fers, Seigneur. J'aurais dû le pendre sur le champ, répliqua De Riou d'un ton qui laissait à penser que le pauvre bougre de garde l'avait mit dans une sacrée colère. Sa bouche se tortillait dans tous les sens, pour essayer de sortir en même temps tous les mots qu'il pensait.
Il lâcha encore quelques jurons, avant de reprendre calmement.
-Seigneur, le prisonnier est prêt à être interrogé. Le bourreau est là. Il en est à la question préparatoire en lui montrant le maniement de ses instruments. Ce chien pue la peur à dix pas et pour sûr il parlera avant ce soir.
-Qu’il en soit ainsi lieutenant.
La salle était obscure. Seules, quelques torches donnaient une légère clarté à la scène.
Le prisonnier était enchaîné au mur les bras maintenus bien en hauteur pour qu’il ne tombe.
Comme l’avait présagé de Riou il avait un visage horrifié. Il fixait les ustensiles du bourreau, tous ses membres tremblaient. La peur était en lui.
D’une voix tremblante qui semblait venir d’outre tombe l’homme s’adressa au seigneur.
-Pitié Monseigneur je n’ai fait qu’exécuter les ordres !
- Qui te les donne ? demanda le seigneur
-Ils sont puissants, Seigneur. Bien plus que vous ne l’imaginez.
-De qui donc parles-tu ? maucréature ! Des Seigneurs Labbar et de Taille ?
-Ils ne sont pas seuls Seigneur. Mais je ne connais pas leurs noms. Je sais seulement que pour nombre de domaines, un grand malheur se prépare. Le diable est avec eux, Seigneur. Ils commencent à rassembler leurs armées pour semer le chaos. Pitié Seigneur, épargnez-moi et je vous servirai.
– Tu viens de sauver ta vie, nuisant, mais tu pourriras dans mes mines. Allez ! Qu’on l’emmène loin de ma vue.
De retour dans ses appartements, Yves de la Ronde resta un moment à réfléchir. Puis se tournant vers son intendant, il lui dit :
– Je ne sais quel obscur complot se trame , mais nous devons nous préparer au pire. Fais venir sur le champ tous mes officiers. Fais renforcer les défenses et doubler la garde. Ensuite tu enverras des messagers sur les domaines voisins afin de les !alert!er de cette menace.



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poete440
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RE: La nuits des seigneurs (mardi, 10 novembre 2009, 18:24) citation  
III. Le domaine de l’Orne


Des coursiers avaient été envoyés dans les domaines alentour pour informer les seigneurs des risques encourus tandis que sur le domaine, les architectes œuvraient à la construction de défenses supplémentaires. Du bois et des pierres arrivaient en grande quantité sur le domaine.

Adossées aux flancs des montagnes, les mines de pierres du domaine de l'Orne ressemblaient à une fourmilière.
Les hommes travaillaient sans relâche à extraire des monceaux de pierres, attaquant directement à coups de pics et de barres à mines la roche qui finissait par casser en d'énormes blocs. C'était un travail pénible et dangereux avec des accidents mortels beaucoup trop souvent.
Tous ces blocs étaient immédiatement livrés aux maîtres tailleurs, afin qu'ils puissent les façonner pour être amenés sans attendre aux maîtres bâtisseurs. Leur dextérité était presque magique tant ils faisaient cela avec rapidité. Un coup de ciseau mal placé, la pierre se fendait en deux. Et là, c'était des heures de travail perdues. Ils n'avaient point le droit à l'erreur.
Sur toutes les hauteurs alentour, des gardes étaient postés afin de veiller à la sécurité des travaux. Non loin, un régiment de cavaliers était prêt à intervenir contre toute attaque ennemie.
Le seigneur Yves de la Ronde s'était déplacé afin de rencontrer les maîtres ouvriers. Ceux-ci avaient l'air inquiet car le seigneur du domaine ne venait en ces lieux que pour des cas importants.
Lorsque les responsables des mines furent rassemblés, le seigneur Yves de la Ronde prit la parole:
 Messieurs, un immense honneur vous est donné. Celui de fournir des pierres pour la défense des terres de l’Orne. Nous devons donc augmenter notre capacité de production. Prenez et formez tous les serfs disponibles et si cela ne suffit pas, mes troupes iront chercher des esclaves. Ceci est d'une importance capitale et je ne tolérerai aucune défaillance de quiconque, sous peine de châtiment exemplaire.
Le vent jouait dans les plis de sa cape. Il dégagea légèrement celle-ci et, tendant le bras, l'index pointé vers les hommes, presque en hurlant, il leur dit :
 N'oubliez pas messieurs. Vos efforts feront de vous des hommes de grande réputation. Vos noms resteront à jamais associés à la sauvegarde du domaine.
Alors, comme un seul homme, ils se mirent à crier à leur tour.
- Vive Orne, longue vie à notre seigneur.

Le domaine de l'Orne était vaste. Ses terres étaient fertiles et verdoyantes.
Sur les collines environnantes, de hautes tours de garde se dressaient afin de protéger les champs.
Sur un monticule, tel une forteresse, se dressait le château de l'Orne, domaine du seigneur Yves de la Ronde.
Passé les douves et les lourdes portes, le visiteur devait montrer patte blanche au poste de garde, au risque de se faire percer par les archers d'élite se trouvant sur les murs et tours.
Passé ces contrôles, il pouvait circuler librement. Mais en apparence seulement car les services de renseignement du seigneur Yves de la Ronde, veillaient dans tout le domaine. Hommes d'expérience, ils étaient vêtus tel des gueux, des courtisans ou serviteurs afin de passer inaperçus et, ainsi, savoir ce qui se tramait dans les terres.
Le domaine était accueillant, le visiteur pouvait laisser sa monture chez Maistre Jean.
Celui-ci tenait les écuries. On le disait plus cheval qu’homme, tant son amour pour les chevaux était grand.
Dans la rue principale se tenait l'auberge de Maistre Coq, homme à la gouaille haute, sachant préparer le cochon farci comme personne. L'auberge était un endroit incontournable où les jours de liesse, le vin et la bière coulaient à flots, se mélangeant aux odeurs de cailles rôties, de cochon farci, et de dindes grillées.

Un peu plus haut, l'église. Endroit empli de sainteté où les soldats venaient prier avant de partir en bataille. Les hommes d'église leur donnaient la bénédiction avant qu'ils ne partent en guerre car cela décuplait leur vaillance.
Les commerces et les échoppes des artisans se tenaient face aux grandes maisons bourgeoises, habitations des hauts dignitaires du domaine.
Enfin, sur l'arrière, les quartiers militaires. Protégées par des hommes en armes, les casernes se dressaient telles les gardiens du domaine. Leurs garnisons étaient toujours prêtes, les hommes dormant avec leur épée, telle une compagne toujours fidèle.

C’était là tout ce que le seigneur Yves de la Ronde voulait protéger.
Il se tourna vers son architecte et lui dit :
- Je veux que le domaine de l’Orne devienne une citadelle imprenable, que l’ennemi tremble simplement en voyant nos murs.
Hochant la tête et courbant légèrement le dos, le Maistre architecte lui répondit :
- Il en sera fait tel votre volonté seigneur.




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RE: La nuits des seigneurs (mardi, 10 novembre 2009, 18:29) citation  
IV Le loup couronné


Le messager mit pied à terre sur une colline surplombant le domaine de Hire. Il ne put s’empêcher de lâcher un juron au spectacle cauchemardesque qui s’offrait à ses yeux.
Une certaine tristesse l'envahit en voyant ce qui restait d’un somptueux domaine.
La mort était venue frapper à sa porte, amenant destruction et famine.
Les champs de blé autrefois luxuriants n'étaient plus. Les bâtisses majestueuses devenues cendre donnaient un air fantomatique au domaine. Les murs de défense du château étaient coupés en plusieurs endroits, tels des plaies béantes.
Cependant, une activité y régnait encore. Des serfs allaient et venaient comme des automates mal réglés. Certain fouillaient les cendres des demeures espérant y récupérer quelque chose.
Devant les lourdes portes du château, à coté du poste de garde, des hommes en armes déambulaient au milieu de charrettes renversées, de pierres détachées des murs de garde et de corps criblés de flèches.
- L’assaut avait été rude, pensa –il, mais grâce rendue à Dieu, le château a tenu.

Remontant en selle, il descendit doucement la colline en direction du poste de garde.
Il arrêta sa monture devant les hommes en armes et, d'une voix mal assurée par l'émotion du désastre, il interpella l'officier.
-Holà ! De la maison de Hire. Je suis messager envoyé par le seigneur De la Ronde et demande audience auprès de votre maîstre.
- Il n’en sera héla pas ainsi messager. Notre bon maistre est mort aujourd’hui, tombé à la défense de ses terres.
- Que s’est –t’il donc passé ici capitaine ? demanda le messager.
-Une traîtrise, compagnon. Il y a quatre jours de cela, nous avons vu sortir des forêts une armée forte d’à peu près cinq mille hommes, appuyés par des catapultes Ils sont restés une journée en position à observer. A l’aube, les catapultes nous ont vomi leurs charges pendant près de six heures. Et le premier assaut a été lancé immédiatement après. Fort heureusement, il a été stoppé net par nos arbalestiers.
Alors les catapultes ont recommencé, encore et encore, et les assauts se répétaient juste après.
Nous avons tenu trois jours ainsi, espérant que quelqu’un nous vienne en aide. Mais aucun de nos chevaucheurs n’a pu passer les lignes ennemies.
Ce matin, ils ont envoyé un émissaire, demandant à négocier avec le seigneur de Hire.
Il est donc sorti avec une petite escorte, drapeau blanc en avant, mais ils avaient à peine fait cent mètres qu’une horde de cavaliers leur est tombée dessus. Cela a été un vrai massacre ami. Notre seigneur et toute son escorte. Et nous n’avons rien pu faire. Sortir aurait été leur ouvrir les portes du château. Deux heures après, ils avaient disparu aussi vite qu’ils étaient venus.
Je ne sais même pas qui ils étaient. Je n’ai pas reconnu leur étendard, un loup coiffé d’une couronne. Retourne auprès de ton maistre, chevaucheur, et avertit-le de ce qui s’est passé ici, Ces hommes sont les hommes du diable. Qu’il prenne garde, ils ont soif de sang.



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RE: La nuits des seigneurs (mardi, 10 novembre 2009, 18:30) citation  
V Gabriel


Yves de la Ronde était préoccupé. Le retour des messagers n’avait fait qu’aggraver ses craintes. Le seigneur de Hire était mort, tué par trahison et lâcheté. Le messager envoyé sur les terres du domaine de Hire lui avait parlé de la bannière du loup couronné.
Les nouvelles parvenues des autres domaines n’étaient guère réjouissantes. Le domaine du seigneur de Roque avait été rasé, ses troupes décimées et le Maistre des lieux tué. Tous ses serfs avaient été massacrés ou emmenés Dieu savait où.
Seul, le messager envoyé au domaine de dame Béatrice d’Andon apportait de meilleures nouvelles. Le fief d’Andon avait résisté aux multiples assauts.
Avec le temps, le domaine construit par le seigneur d’Andon, père de Béatrice, était devenu une véritable citadelle digne des meilleurs architectes militaires. Les défenses avaient souffert mais avaient tenu.
Là encore, on lui avait parlé de la bannière du loup couronné.
- Un loup à la tête couronné ?
C’était bien la première fois, qu’il entendait parler d’une telle bannière
- . Mais que diable se passe t’il en ces terres ?
Il appela Charles, son intendant.
- Charles. Faites venir céans Gabriel Delans.
Quelques minutes plus tard, un jeune homme se présenta devant le seigneur De la Ronde. Il avait les traits aussi fins qu’une jouvencelle. Ses cheveux couleur blé couvrant ses épaules et ses gestes maniérés pouvaient prêter à confusion.
Mais derrière ce visage d’ange se cachait un vrai démon au cœur de pierre. Exempt de toutes pitiés, il pouvait très bien égorger femmes ou enfants sans un froncement de sourcils.
Il avait moult fois fomenter complots et assassinats sans le moindre regret.
Gabriel était le chef du service de renseignements du seigneur de la Ronde. Redoutable réseau, ce service avait déjà déjoué multitude de complots sur le domaine de l’Orne ou encore, apporté de précieux renseignements militaire sur les troupes ennemies. Et nombre de victoires avaient été ainsi gagnées grâce à lui.
- Gabriel… Des choses étranges se trament sur les terres environnantes et pourraient très vite arriver ici. Une armée a été levée contre plusieurs seigneurs de mes amis et des serfs de notre domaine ont été massacrés. Nous avons rattrapé et tué les hommes qui s’en étaient pris à nos gens et les noms des seigneurs Labbar et De Taille on été prononcés. Ces hommes sont sans aucune pitié et n’ont aucun honneur. Leur emblème est un loup surmonté d’une couronne et je veux savoir qui se cache derrière tout ça. Je vous donne tous les hommes et les fonds nécessaires pour cette mission. Trouvez-moi les responsables.
L’homme aux allures de jouvencelle acquiesça d’un léger hochement de tête.
- Je m’en occuperai personnellement mon seigneur. Nous partirons à la tombée du jour.




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RE: La nuits des seigneurs (jeudi, 12 novembre 2009, 18:49) citation  
VI. L’auberge des damnés



L’auberge était bondée. Elle était placée sur une ancienne route marchande, beaucoup de voyageurs s’y arrêtaient. Endroit rêvé pour qui recherchait quelques renseignements.
L’auberge des damnées. Quel nom étrange pour un lieu comme celui-ci. Cela n’invitait guère à y entrer, mais comme c’était la seule à des milles à la ronde, le voyageur n’avait que peu de choix.
Elle se situait sur la route menant au domaine des deux plaines, fief du Seigneur de Taille.
Elle avait été bâtie non loin d’un ancien temple. Celui-ci fut brûlé lors des invasions barbares. Il n’en restait maintenant que les murs maîtres et la poutre faîtière. Une croix de bois traînait encore à terre à demie calcinée.
Gabriel referma doucement la porte derrière lui et jeta un rapide coup d’œil circulaire à la grande salle.
- Le temps des marchands est bien loin, pensa-t-il. Ces assoiffées ressemblent plus à des brigands et mercenaires qu’à des vendeurs d’étoffes.
Il prit place dans le fond de l’auberge, dans l’endroit le moins éclairé. Ainsi, il pouvait voir et écouter à loisir, sans se faire remarquer.
- Hola ! Que prendra ce Damoiseau ? Du lait de chèvre ?
Le patron des lieux se mit à rire au bon mot qu’il venait de faire.
Gabriel ne le regarda même pas. L’humour de l’aubergiste lui échappait. Sans le voir il pouvait sentir cet homme, dégoulinant de graisse et puant la mauvaise vinasse.
- Non, pas de lait, juste une pinte. Mais dites-moi, il y a beaucoup de monde ici. Est-ce habituel ou est-ce le goût de votre vin qui attire tant de voyageurs ?
- Que nenni damoiseau. Le seigneur De Taille cherche des hommes de valeur. C’est pourquoi ils viennent tous par ici. Mais n’êtes-vous pas ici pour cela damoiseau ?
- Si bien sûr. Je me rends moi-même au château des deux plaines, dans l’espoir d’être pris.
A ces mots, l’aubergiste ricana et s’en alla chercher la pinte.
- Ha ha ha ! Sacré damoiseau !
Le bruit sourd de la porte d’entrée se fit entendre à nouveau. Un sergent d’arme venait d’entrer accompagné de trois hommes. Les compagnons du soudard n’avaient rien de militaire. L’un d’eux, le plus petit, portait habits de prêtre. Bible en main, il n’avait pas l’air à l’aise en cet endroit. A ses cotés, un grand gaillard au regard inquiétant, un colosse qui aurait pu tordre le cou à un taureau en furie. Quant au dernier, il se tenait un peu à l’écart, restant dans l’ombre, juste à côté de la porte. Les regards se tournèrent vers les nouveaux arrivants et les conversations firent place à un silence pesant.
Le sergent regarda un moment tous ces hommes dont le vin était en train de laver la lucidité puis prit la parole.
- Ecoutez-moi tous. Mon seigneur m’envoie ici car il a besoin d’hommes courageux et solides. Tout hommes désireux de servir mon Maistre recevra deux cents pièces d’or et pourra garder ce qu’il prendra lors des combats. Les plus méritants auront droit à des terres et quantité d’or. Ils devront lui jurer fidélité sur la bible que tient ce prêtre. Et ce, jusqu'à la mort. Demain à l’aube, nous attendrons au château tous ceux qui veulent servir mon seigneur.
Sur ces mots, le sergent et les trois hommes repartirent comme ils étaient venus.
Les discussions reprirent aussitôt de plus belle, toutes avaient maintenant le même sujet. Des terres ….Quantité d’or….. Deux cents pièces…
Apres un rapide souper, Gabriel demanda une chambre à l’aubergiste et s’installa pour la nuit.
L’auberge était endormie depuis longtemps lorsqu’il ouvrit doucement la fenêtre. Tout était calme, à l’intérieur comme à l’extérieur. Pas un bruit, à l’exception du hululement lointain d’une chouette en quête de nourriture.
Il saisit la chandelle posée près du lit, l’alluma et l’agita trois fois.
Aussitôt, d’un taillis, une lueur apparut. Trois fois aussi.
Il descendit à pas feutrés l’escalier qui conduisait à la salle de l’auberge, d’où des effluves de vin planaient encore. Il prit la direction de la porte d’entrée, ouvrit celle-ci et se dirigea à l’endroit d’où était venue la petite lueur.
Caché dans les taillis, il se mit a appeler à voix basse :
- Jaro ! Où es-tu ?
- Ici ! répondit une voix feutrée.
Gabriel s’approcha doucement et lui tendit un billet.
- Prends ce message, et envoie un de nos pigeons à notre seigneur. Tout lui est expliqué. Demain je me rends au château pour me faire enrôler. De cette manière, je pourrai en apprendre davantage sur les agissements du Seigneur de Taille
- Jaro disparut rapidement dans la nuit tandis que Gabriel regagnait sa chambre silencieusement, tel un félin.



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RE: La nuits des seigneurs (jeudi, 12 novembre 2009, 18:47) citation  
VII Le château des deux plaines.

L’aube se levait à peine lorsque le petit groupe d’hommes arriva devant les portes du château, une véritable forteresse aux murs de pierres hauts, épais et étroitement gardés, aux douves profondes et larges. Seul, un pont-levis y autorisait l’accès. Dans un grincement terrible, celui-ci commença à descendre doucement. Puis, les lourdes portes s’ouvrirent à leur tour.
Deux hommes se tenaient devant l’entrée. Gabriel reconnut le recruteur et le prieur rencontrés la veille à l’auberge des damnés.
Le sergent s’avança tandis que l’homme d’église resta trois pas en arrière.
Il dévisagea la douzaine d’hommes qui se présentaient devant lui et prit la parole.
- Tous ceux qui passeront cette porte aujourd’hui ne pourront plus revenir en arrière. Vous prêterez serment devant notre prêtre et sur sa bible.
Il marqua un temps d’arrêt, comme pour bien appuyer ses dires.
- Si vous entrez, seule la mort vous délivrera de ce serment !
L’homme se tourna puis repartit en direction de l’entrée, le petit homme à la bible sur les talons.
Sans hésitation aucune, le groupe lui emboîta le pas.
La cour était immense, grouillant de soldats et de machines de guerre. Des fantassins, des archers, des cavaliers, tous avaient l’air de se préparer au combat. Des officiers hurlaient des ordres se perdant au milieu des cliquetis d’armes, des hennissements de chevaux et de toutes sortes de bruits que pouvait faire une armée en préparation.
- Allez vous mettre avec le groupe là-bas ! Cria le sergent en leur désignant un recoin de la cour.
Les hommes restèrent près de deux heures dans ce recoin de cour, le temps de voir toute cette armée disparaître au-delà des portes.
Gabriel et ses nouveaux compagnons avaient rejoint un groupe d’une dizaine d’hommes. Ils restaient là, attendant le retour du sergent.
En voyant s’éloigner les derniers soldats, Gabriel se demanda à qui une telle armée allait s’en prendre.
- Impressionnant n’est-ce pas !
Gabriel se retourna au son de la voix. Il ne connaissait nullement l’homme qui venait de parler, mais le colosse qui l’accompagnait, lui, il le connaissait.
- Il accompagnait le recruteur à l’auberge, hier soir. Pensa-t-il.
Il fit vite le rapprochement avec l’homme qui se tenait en retrait, dans l’ombre.
La veille, il n’avait pas dit un mot. Il s’était contenté de laisser parler le sergent..



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RE: La nuits des seigneurs (jeudi, 12 novembre 2009, 18:48) citation  
VIII. Gance de Taille

- Messieurs ! Je suis Gance de Taille, neveu de Philippe de Taille maître de ce domaine. A présent, vous ne dépendez que de moi et mes ordres devront être exécutés à la lettre. Tout homme qui faillira à sa tâche sera châtié de mes mains.
Comme pour bien appuyer ses paroles, il sortit une dague et, bras tendu, la pointa menaçante vers le groupe.
C’est à ce moment précis que Gabriel remarqua la chevalière de Gance de Taille. Les reflets de lumière jouaient sur la bague où l’on pouvait voir un dessin incrusté dans l’or. Celle d’un loup surmonté d’une couronne.
- Nous y voilà enfin ! Pensa Gabriel. J’ai donc trouvé un loup. Mais est-ce le chef de meute ?
L’homme n’avait pas la stature d’un grand chef. Plutôt un second couteau. Il était petit et maigre, un visage taillé à la serpe aux petits yeux noirs toujours en mouvement, contrastant avec une bouche épaisse entourée d’une moustache et d’un bouc. D’un tempérament assez nerveux, il n’arrêtait pas de triturer son ceinturon et de gesticuler dans tous les sens en parlant. De plus, il devait craindre pour sa vie car il était toujours accompagné du colosse.
- Quelle unité allons nous rejoindre ? Demanda l’un des hommes.
- Silence ! Cria nerveusement de Taille. Je ne tolérerai aucune question ! Contente-toi d’obéir et tout ira bien. Comment te nommes-tu ?
- Hugues ! Mon bon seigneur. Répondit l’homme d’une voix mal assurée.
- Comme je suis dans un bon jour, je vais te répondre. Vous ne rejoindrez aucune armée et n’aurez point d’uniforme. Les missions que je vais vous confier n’auront rien de militaire. Demain, vous vous mettrez en route. Le sergent viendra vous donner vos instructions.
A peine sa phrase finie, le Seigneur de Taille prit la direction du donjon.
L’homme nommé Hugues se tourna vers Gabriel et lui dit à voix basse.
- Grands Dieux ! La peur m’a tenaillé le ventre lorsqu’il s’est adressé a moi. J’ai pu voir dans ses yeux toutes les flammes de l’enfer. J’ai même eu l’impression de sentir sa dague sur mon cou.
- Le jour où sa dague caressera ton cou Hugues, recommande ton âme à Dieu et prie pour que ce soit rapide. Le bougre n’a pas l’air de plaisanter. Maintenant, allons nous installer. Seul, le diable sait ce qui nous attend demain.


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RE: La nuits des seigneurs (vendredi, 13 novembre 2009, 19:03) citation  
IX Les collines d’Andon.

Les cinq hommes attendaient cachés sur les collines d’Andon, le noir de la nuit les protégeant des guetteurs.
La veille, le sergent avait été clair. Ses paroles raisonnaient encore dans la tête de Gabriel :
- Vous attendrez la nuit avant de pénétrer dans le domaine. Vous massacrerez le plus de serfs possible, avant de mettre le feu aux récoltes et aux réserves. Que le sang coule en terre d’Andon.
Au château des deux plaines, les recrutés de la veille avaient été divisés en groupes de cinq hommes, avec, pour chaque groupe, une mission bien définie. A leur tête, un soudard assurait la bonne exécution des ordres.
Celui de Gabriel se nommait Sardan, une bête sanguinaire n’éprouvant de plaisir que dans les tueries, surtout sur des proies sans défense. Tuer sans risques était pour lui un moyen d’avoir les honneurs sans craindre pour sa vie. Un vrai boucher à la réputation de prendre plaisir à voir souffrir ses victimes.
Gabriel avait tué beaucoup, lui aussi. Mais jamais par plaisir, jamais pour rien .Certes, il n’avait aucun regret, car pour lui ces morts étaient justes. Mais par moment, des visages du passé venaient hanter ses nuits et leurs cris raisonnaient dans sa tête. Alors, il se réveillait en suant à grosses gouttes, d’où ses nuits courtes.
- Comment faire pour empêcher un massacre ? Pensa Gabriel.
Il savait que son compagnon Jaro n’était pas bien loin car il avait pour instruction de le suivre. C’est lui qui servait d’intermédiaire entre Gabriel et le domaine de l’Orne. A deux, ils n’avaient que peu de chance de faire avorter la mission.
Il lui fallait réfléchir, et vite.
A voix basse, Sardan le soudard interpella les hommes.
- Ne bougez pas ! Je pars en avant. Si tout est calme, vous me rejoindrez à mon signal.
A peine sa phrase terminée, il se faufila à travers les buissons tel une anguille, en direction des chaumières.
Gabriel regardait cette ombre s’approcher des masures lorsqu’ une main agrippa son épaule.
Il se retourna vivement et reconnut Hugues, l’homme qui avait questionné le seigneur de Taille.
- Gabriel…..Dieu m’est témoin, j’ai l’âme aussi noire que cette nuit, je vole et brigande depuis toujours. Mais je ne suis point un égorgeur. Ces gens ne m’ont rien fait et il n’y a rien à voler dans ces misérables chaumières… Je ne pourrai pas….Je dois m’enfuir loin d’ici.
- Non, ami, reste ! Répliqua Gabriel. Si tu es avec moi, il y a moyen de s’en sortir sans prendre part à leur dessein. Pour le moment, faisons ce que nous dit Sardan.
Les yeux du pauvre Hugues reflétaient la peur installée en son âme. Toute sa chair n’était que tremblement. On aurait presque pu entendre claquer ses dents.
Comme pour le rassurer, Gabriel posa sa main sur son épaule et ajouta.
- Fais-moi confiance, Hugues. Il n’y aura point de morts innocents cette nuit.




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RE: La nuits des seigneurs (vendredi, 13 novembre 2009, 18:58) citation  
X. La justice de gabriel

Juste après son signal, les quatre hommes avaient rejoint Sardan.
Avant de descendre, le regard de Hugues avait croisé celui de Gabriel. Celui-ci lui avait fait un petit signe pour le rassurer. Quant aux deux autres, Emar et Janis, ils ne semblaient avoir aucun état d’âme. Ils étaient du genre à tuer pour quelques piécettes d’or. Peu leur importait d’ôter des vies, pourvu que la paye soit bonne.
- Nous commencerons par celle-là ! dit Sardan en désignant une des misérables demeures. Emar, Hugues et Gabriel, vous entrerez et frapperez à mort tout ce qui
s’y trouve. Faites en sorte qu’ils ne crient pas. Les guetteurs ne doivent pas être !alert!és. Ensuite, vous continuerez dans le plus d’habitations possible. Avec Janis, nous nous occuperons à incendier les blés et les réserves. Filez ventre à terre dés que l’!alert!e sera donnée. Nous nous retrouverons à l’ouest, près des marais de Mans.
Sardan était sur le point de se lever lorsqu’il se ravisa.
- Cachez-vous sacrebleu ! Une patrouille ! Peste soit, ce n’était pas prévu. Il n’y a jamais de patrouilleurs chez les gueux !
Depuis les dernières attaques, Béatrice d’Andon avait envoyé des patrouilles sur ses terres. Toutes les nuits, des hommes en armes parcouraient le domaine à intervalles réguliers.
- Je me dois de protéger mes gens, avait-elle dit.
- Sang Dieu ! Lâcha Sardan. Bagasse de femelle ! Un jour viendra où son château sera arriflé. Ce jour-là, on la branchera au plus haut chêne.
- Nous n’avons que peu de temps avant que les soudards ne reviennent. Allez ! Faites vite.
Sur ces mots, le groupe se divisa : Janis et Andon vers les champs, les trois autres vers les bâtisses.
Tout était calme. Hugues restait un peu en arrière des deux autres, comme pour retarder l’inéluctable
Emar arriva le premier devant la vielle chaumière Il tira doucement la lame de son fourreau. Puis, sans bruit, son pied poussa doucement la porte.
La lame ouvrit une plaie en pénétrant la gorge, laissant échapper en cascade un flot de sang. Une main s’était plaquée sur la bouche de l’homme qui ne put laisser échapper un cri. La poigne lâcha prise lorsque les jambes de l’homme se dérobèrent. C’en était fini. La mort venait d’emporter Emar.
La dague de Gabriel lui avait coupé la carotide.
- Le diable a gagné une âme ce soir, dit simplement Gabriel en nettoyant sa dague sur le corps étendu à ses pieds. Faisons-le disparaître.
Après avoir tiré le corps dans les fourrés, Gabriel se tourna vers Hugues.
- Il faut les empêcher de mettre le feu aux champs et aux réserves. Suis-moi ! Prends garde aux guetteurs, ils ne feront guère de différence entre eux et nous.
Arrivé non loin des réserves, Hugues buta sur quelque chose, s’affala de tout son long en jurant.
- Peste soit …. ! Grognat-il . Il lâcha un autre juron lorsqu’il vit ce qui l’avait fait tomber.
- Sang de dieux ! Regarde Gabriel ! Quelle est cette diablerie ?
Mettant un genou à terre, Gabriel examina la forme au sol. Sardan était allongé, immobile, les yeux grands ouverts, le visage tourné vers le ciel comme regrettant de ne pouvoir y accéder. Le carreau d’arbalète lui avait percé le cœur.
Un peu plus loin gisait Janis, mort de la même façon.
Un léger sifflement se fit entendre alentour. Gabriel répliqua à voix basse
- Jaro ! Montre-toi !
L’homme sortit des taillis, son arbalète à la main.
- Beau travail mon ami. Cette fois, Hugues servira de messager.
Se tournant vers Hugues,
- Prend ce message, va retrouver mon Maistre au domaine de l’Orne .Tu y sera en sécurité .
- Je dois retourner aux deux plaines, pour en apprendre d’avantage.
Jaro se tourna vers lui.
- Tu as intérêt à trouver une bonne histoire pour expliquer ce qui s’est passé ici, si tu ne veux pas finir dans les mines du seigneur de Taille.


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RE: La nuits des seigneurs (lundi, 4 janvier 2010, 17:52) citation  
XI . Dans la gueule du loup.


Le rapport que Gabriel avait fait à son retour au château des deux plaines, n’avait pas éveillé les soupçons du seigneur de Taille.
Gabriel lui avait expliqué qu’ils étaient tombés dans un traquenard et, bien que s’étant battu vaillamment, le reste du groupe avait succombé sous le nombre des soldats d’Andon .
- Par les cornes du diable, cette donzelle me nargue. Elle le payera de sa vie. Mon bour-reau se chargera de lui faire regretter cet affront.
La colère qu’il contenait lui déformait le visage et lui faisait prendre une teinte rougeâtre. A son habitude, il tortillait ses petits doigts gourds dans tous les sens. Comme pour agripper quelque chose d’invisible.
- Nous verrons cela plus tard, dit-il. Ce soir, je dois me rendre au château des Labbar . Une importante réunion doit s’y tenir. Va voir le sergent ! Qu’il te donne équipement et cheval et tiens-toi prêt. Tu fera partie de mon escorte.
Le soleil commençait sa lente descente vers l’ouest lorsque le seigneur de Taille et son es-corte se mirent en route. Le fief des Labbar n’était qu’à quatre heures de chevauché.
- La nuit ne sera pas encore tombée à notre arrivée, se dit Gabriel. J’aurai ainsi un aper-çu de la puissance des seigneurs présents. J’imagine qu’ils préparent encore l’attaque d’un domaine de nos amis.
A quelques lieux du château, Gabriel se pétrifia devant le spectacle qui se présentait à lui. Les immense plaines entourant le château n’étaient plus qu’un vaste camp où grouillaient des milliers de soldats.
- Dieu nous garde ! pensa Gabriel.
Une armée impressionnante campait aux portes du domaine. Des fantassins, des archers, des cavaliers et d’innombrables machines de guerre étaient en attente de départ.
- Grands Dieux ! pensa t-il. Voilà donc où partait l’armée du seigneur de Taille à notre première arrivé au château des Deux Plaines. Aucun de nos domaines ne pourra tenir face à une telle puissance. J’espère que Jaro nous à bien suivis. Qu’il en avertisse le Seigneur Yves de la Ronde afin qu’il prenne les dispositions nécessaires ! Nos amis doivent être prévenus de ce qui se prépare. La menace est grande, Nos terres sont en danger.
Traversant cet immense camp à l’allure d’essaim, Gabriel reconnaissait les bannières dé-ployées : celles des Seigneurs de Taille, Labbar , celles du fief de Savin, d’Enroye, du Seigneur Charon. Mais aussi d’autres. Une dizaine au total.
Tous s’étaient rassemblés sous une seule. Le Loup Couronné.
Passé les portes du château, le Seigneur de Taille monta immédiatement au donjon, où se tenait la réunion.
Celle-ci dura une grande partie de la nuit. Gabriel sentait que les choses allaient se préci-piter.
A l’extérieur, cet essaim d’hommes et de machines était prêt à fondre sur leurs proies. Pour mettre à feu et à sang les territoires de l’est. Orne, Andon, Senga, et bien d’autres terres aux seigneuries prospères.






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