Le coin du littéraire
Salon d'accueil des auteurs et lecteurs
S'il vous plaît connectez vous ou Enregistrement'.
Date et heure en ce moment : lundi, 6 mai 2024, 11:37
Accueil  Chercher  Aide  Connexion  Enregistrement'  Membres

Nouveau message Répondre
Le coin du littéraire :: Grand Sage, si tu me contais... :: Un peu de psy ? Pourquoi pas. Mais pas forcément celle qu'on pense. :: Le transfert en thérapie.  ::
agnesandersen
Administrator
Image
Image

Messages: 164
Le transfert en thérapie. (dimanche, 9 novembre 2008, 11:29) citation  
Dans l’évolution d’une thérapie, il existe une étape particulièrement délicate : celle du transfert.
Un transfert est « une concentration de sentiments qu’une personne fait sur une autre ».
Des transferts, nous en faisons tous, continuellement.
Mais, au cours de la thérapie, c’est là que tout peut mener au dépassement du problème du patient* et donc à l’amélioration de son état ou que les choses vont s’aggraver jusqu’à tourner à la catastrophe.
Tout dépend du comportement du thérapeute et de sa capacité à bien se situer en tant que professionnel.
Car, que se passe-t-il dans ce transfert bien particulier ?
Le patient finit toujours par souhaiter une relation privilégiée avec son thérapeute.
C’est un passage nécessaire à son évolution positive, sa transformation. Logiquement, le patient est profondément touché de rencontrer enfin quelqu’un qui l’écoute et il risque de s’imaginer très vite que cette écoute (payante, ne l’oublions pas !) est une forme d’amour que le thérapeute lui témoigne.
Mais il s’agit plus d’empathie ou de compassion. Pas l’amour que le patient espère.
Au moment du transfert, le patient devient même tellement dépendant qu’il peut tomber passionnément amoureux du thérapeute, surtout s’il est de l’autre XXXe.
C’est là que tout se joue.
Car c’est là que le thérapeute doit garder ses distances et se situer sans ambiguïté en professionnel en ignorant le jeu de séduction du patient.
Ce comportement du thérapeute, son refus de dépasser les normes, de transgresser son rôle de soignant, d’abuser de son pouvoir de guérison va « re-situer » le patient dans son problème et lui permettre de le dépasser en prenant conscience des limites que le thérapeute impose. Et que souvent, personne ne lui avait données auparavant.
Cette notion de limites, d’interdits, lui permet de se structurer au niveau psychologique, de comprendre l’origine de son problème, de grandir en affectivité et d’aller vers la guérison.
Cette étape très importante et très douloureuse pour le patient est inévitable. Un thérapeute professionnel doit légalement être en mesure de la maîtriser, de la gérer.
En clair, cela signifie que s’il entre dans le jeu de la séduction de son patient, l’encourage et finit par y céder jusqu’à la relation XXXualisée, il commet une faute professionnelle grave qui peut le conduire tout droit en prison.
En effet, si tel est le cas, en entraînant son patient dans une relation amoureuse qui ne peut aboutir, il abuse de lui et ne fait qu’aggraver son problème au lieu de le régler.
En même temps, il révèle ses propres problèmes et son incapacité à faire de la thérapie.

Il est donc doublement coupable puisqu’il n’a pas respecté son contrat de guérison. Car, n’oublions pas que le patient vient pour guérir et qu’il paye pour guérir. Il est donc en droit d’attendre de guérir et cela quel que soit son comportement que le thérapeute est censé gérer.
Malheureusement, beaucoup de thérapeutes que je qualifie d’inconscients ne connaissent pas cette notion de transfert, une des bases de la psychanalyse. Ils tombent dans le piège de la séduction de leur patient qui en ressort encore plus déséquilibré.
Quant au thérapeute, il ne fait que manifester son mal être et le reporter sur le patient dont il finit par faire son bouc émissaire.
Les rôles s’inversent. On entre alors dans une relation faussée, sans issue et surtout malhonnête où le thérapeute profite, même inconsciemment, de la souffrance et de la fragilité de son patient pour assouvir ses propres besoins.
C’est en plus de sa part un dénigrement total de toutes ses obligations professionnelles, un abus de confiance, un manque de respect de son patient qu’il traite alors comme un objet.
On est bien loin de la « relation soignante » et « sacrée » définie par l’enseignement d’Hippocrate !

Si, en tant que patient, nous avons vécu ce genre d’expérience, c’est que nous avons eu à faire à un thérapeute malhonnête et probablement sans aucune formation en psychologie.
Faire de la thérapie ne s’improvise pas. Cela demande des bases et des connaissances théoriques solides, sérieuses et toujours remises à jour.
Alors, renseignons-nous avant de commencer une thérapie.
Et, si nous en sommes au transfert et que notre thérapeute semble ne pas s’en apercevoir, qu’il refuse le copinage et nos invitations, qu’il espace les rendez-vous, c’est que nous sommes entre bonnes mains. En prenant du recul, il nous laisse le temps d’en prendre nous-mêmes, de dépasser notre transfert et de grandir pour guérir.
C’est douloureux, certes, mais c’est le prix de la guérison. Car, grâce à ça, nous comprendrons qu’un thérapeute n’est et ne peut rien être d’autre qu’un thérapeute. Qu’il ne peut se comporter autrement que comme un thérapeute. Et que nous payons pour ça !

*Quand je parle de « thérapeute » et « patient », il s’agit autant d’hommes que de femmes.



Ip enregistré Statut: déconnecté Profil 
Ordre des réponses: Première réponse en dernier :: Première réponse en premier
Shinichi
Moderator
Image
Image

Messages: 106
RE: Le transfert en thérapie. (mercredi, 12 novembre 2008, 00:18) citation  
J'aurais envie, là tout de suite, d'émettre une petite exception (une toute petite...)
Je ne suis pas un professionnel, mais j'ai fait ce que je pouvais quand il fallait que je le fasse. Et je dois dire qu'en une occasion, un rapprochement a été bénéfique.
Ce que je dis là ne doit pas être pris comme exemple, c'était un cas particulier, en un lieu et un temps bien précis.
Un lieu où, bien qu'entourée de soignants, elle n'a jamais su se confier comme elle l'a fait avec moi. Un temps pendant lequel elle était troublée, sauf avec moi. La confiance nous reliait et elle n'avait pu trouver cela nulle part ailleurs. Par la suite, un des fameux éducateurs m'a sorti une pique que je n'oublierai jamais: "chacun son taf..." Peut-être qu'il avait raison. Mais j'étais présent.
Nous nous sommes perdus de vue par la suite, mais j'arrive à prendre furtivement de ses nouvelles. Elle va bien, elle poursuit sa vie. Ce qui n'aurait pas été certain à l'époque...
Je n'ai rien respecté, ni règlement ni serment, mais si c'était à refaire je le referai. Je n'ai aucun regrets par rapport à cette histoire. (En y repensant, je regrette seulement la réaction de l'éducateur...)

Mais bon, comme je l'ai dit, ce n'est pas une situation professionnelle, ni une généralité, et encore moins un modèle à suivre. Pas sans un mental...

Ip enregistré Statut: déconnecté Profil Site Web 
agnesandersen
Administrator
Image
Image

Messages: 164
RE: Le transfert en thérapie. (mercredi, 12 novembre 2008, 18:17) citation  
merci pour ton témoignage Shinichi.
Je pense que tu as vécu une belle expérience. Fondée sur le partage et l'humanité.
C'est vrai que certains thérapeutes peuvent en manquer. Il a alors été bénéfique pour cette personne que tu sois là à ce moment-là.
Mais, si je peux te poser la question :
cette personne a-t-elle fait un transfert sur toi ?
Et si oui, comment l'as-tu vécu ?

Ip enregistré Statut: déconnecté Profil 
Shinichi
Moderator
Image
Image

Messages: 106
RE: Le transfert en thérapie. (jeudi, 13 novembre 2008, 15:27) citation  
Pour te répondre franchement, oui, elle a fait un transfert (bien que dans la situation, le terme n'est peut-être pas correct - nous étions deux patients dans une institution, et j'offrais mon aide...) et si j'ai eu une aventure avec elle, c'est peut-être cela même qui l'a aidée. Ayant eu des troubles dans son enfance (je ne développerai pas, seules nos mémoires connaissent les faits), le fait qu'elle retrouve une confiance en la gente masculine a été un véritable changement. Elle m'a dit que je l'avais libérée, et elle est partie. C'est paradoxalement mon meilleur souvenir, puisque cela voulait dire qu'elle allait mieux, et qu'elle pouvait s'en sortir sans moi...

Ip enregistré Statut: déconnecté Profil Site Web 
agnesandersen
Administrator
Image
Image

Messages: 164
RE: Le transfert en thérapie. (dimanche, 16 novembre 2008, 10:57) citation  
Shinichi, je trouve que ton expérience ressemble plus à une belle histoire qu'à un rapport thérapeutique.
Penses-tu l'écrire un jour ?

Ip enregistré Statut: déconnecté Profil 
Shinichi
Moderator
Image
Image

Messages: 106
RE: Le transfert en thérapie. (dimanche, 16 novembre 2008, 12:27) citation  
Oh que oui Agnès, c'est même déjà fait !

Ip enregistré Statut: déconnecté Profil Site Web 
agnesandersen
Administrator
Image
Image

Messages: 164
RE: Le transfert en thérapie. (samedi, 22 novembre 2008, 08:36) citation  
si j'osais, je te demanderais bien de nous mettre un extrait !
Je peux ?
Merci

Ip enregistré Statut: déconnecté Profil 
Shinichi
Moderator
Image
Image

Messages: 106
RE: Le transfert en thérapie. (samedi, 22 novembre 2008, 15:10) citation  
Euh... D'accord !

www.expressions-de-vie.com/poemes/30.%20Pas%20toi.pdf
"Point marquant: ce qu’elle appelait un petit problème. Cette fois, j’ai mis du temps avant de comprendre. Pourtant, j’aurais dû le remarquer. Certains gestes réflexes, ou des paroles qui fâchent. J’aurais dû me douter qu’elle avait vécu ça. Comme si j’étais maintenant habitué. Et ton côté fataliste m’affirma que c’était la raison pour laquelle nous nous étions rencontrés. Je crois qu’à chaque fois que je suis confronté à ce genre de problème, je revois les précédents en boucle.
Elle s'est éclipsée peu de temps après, à cause de ça. Elle ne voulait pas m’en faire subir les conséquences. Je pouvais le comprendre, pour l’avoir déjà vécu. Ce n’est pas grave, j’attendrai. Mais elle savait que je restais là pour elle.
Je tiens toujours mes promesses…"

Puis...

www.expressions-de-vie.com/poemes/35.%20Amour.pdf
"Elle était revenue vers moi, progressivement. J’avais donc eu le loisir de lui faire découvrir une autre vision des rapports humains. Tout est parti du jour où elle m’a demandé un poème. J’ai pensé à elle, et j’ai développé sur toutes les histoires que j’ai connues mais qui apposaient un mur à ma passion. A cause de la distance, on d’un passé douloureux.
Je l’avais libérée de son passé. Et ce jour-là, elle m’a dit que j’étais l’homme de sa vie. Je sais que c’est une phrase qu’on dit sur le moment, mais cela a chamboulé ma vision des choses. Tous les malheurs du monde ne vaudront jamais ce que je venais d’entendre !"

Ip enregistré Statut: déconnecté Profil Site Web 
fred13
Newbie
Image
Pas d'avatar


Messages: 19
RE: Le transfert en thérapie. (lundi, 8 décembre 2008, 13:43) citation  
hihihi bonjour agnès, moi aussi j'ai fais un transfert mais c'était avec mon ours en peluche lol et en plus c'est vrai


F.Marcou
Ip enregistré Statut: déconnecté Profil 
Gabriella
Newbie
Image
Image
L'avenir appartient à ceux qui savent lire entre les lignes
Messages: 1
RE: Le transfert en thérapie. (mercredi, 22 février 2017, 13:52) citation  
Effectivement, le transfert en thérapie existe ainsi que dans toute relation d'aide. C'est à dire que dès que vous êtes aidé, vous faites un transfert. C'est la raison pour laquelle, il serait nécessaire que beaucoup de professionnels se sensibilisent à cette question, notamment dans toutes les pratiques de développement personnel, le paramédical et dans le domaine du conseil comme la voyance aussi où l'on trouve vraiment beaucoup de gens très peu professionnels et qui peuvent faire de gros dégâts. Votre forum est sympathique, c'est un lieu d'expression très utile surtout avec l'écriture.

Ip enregistré Statut: déconnecté Profil Site Web 
agnesandersen
Administrator
Image
Image

Messages: 164
RE: Le transfert en thérapie. (vendredi, 24 février 2017, 13:32) citation  
Merci pour votre commentaire, Gabriella.
J'ai justement écrit cet article dans ce but. Trop de 'soi-disant" thérapeutes ignorent cette notion et ainsi, finissent par rendre les malades qu'ils prétendent vouloir guérir encore plus malades qu'avant.
La notion de transfert s'étudie en cours de psychologie et qui n'a pas cette formation de base, bien souvent, ne la connait pas.
Il est très facile alors de tomber dans le piège.
Pourtant, même Hippocrate abordait ce problème dans son serment :
"Dans quelque maison que j'entre, j'y entrerai pour l'utilité des malades, me préservant... et surtout de la séduction des femmes et des garçons, libres ou esclaves".
D'autant plus quand cette séduction est inconsciente, on imagine les conséquences désastreuses d'une telle pratique !
Dans un autre domaine, je vous donne le lien de notre nouveau site car celui-ci n'est plus actif.
https://www.editionsbataille.fr/questions/
Si vous le souhaitez, nous ouvrirons une rubrique psychologie pour poursuivre cette conversation.

Ip enregistré Statut: déconnecté Profil 
Nouveau message Répondre

Software PBLang 4.60 © 2002-2003 by Martin Senftleben
Image