[ …………………………………………………………….. TITRE ]
La lune rivalise d'éclat avec les néons, illuminant généreusement la rue principale du quartier [………………………….. nom du quartier ] de [……………………………. nom de la ville ]. Des flots de musique s'échappent des hauts-parleurs, se mêlant aux chants et aux cris de la population. Parmi les danseurs en sueur, une petite fille se trémousse, tourne sur elle-même, tapant des pieds, balançant la tête, ondulant des bras. Il semble que rien ne peut l'arrêter. Elle danse les yeux fermés, pénétrée par le rythme des tambours. Seul cet instant compte. Demain ? Hier ? Ce sont des mots abstraits, par leur sens, par leur contenu. Danser, se laisser emporter par la musique, quoi de plus sublime ? Ne rien voir, ne rien entendre d'autre que cette musique qui l'emporte au paroxysme du bonheur !
Quoi ? Qui ose perturber un tel instant de perfection ? Cloé entend. Elle entend des murmures, des chuchotements autour d'elle. - Pauvre Cloé ! Elle ne peut pas nous voir, dit une voix. - Elle ne le veut pas, murmure une autre voix. - Laissons-la se reposer, intervient une troisième voix. Des voix anonymes, des voix étrangères. Cloé devine l'effervescence qui règne dans sa chambre. Allongée sur son lit, elle a les yeux résolument fixés au plafond. Ne rien voir d'autre que ce plafond et la vie qu'elle y dessine de ses yeux fiévreux. Le plafond est blanc comme une page vierge. Cloé peut y imprimer tout ce qu'elle veut au gré de sa volonté.
Une Cloé jeune et belle y danse au son des [ ………………………….. nom d’un instrument de musique ] de son enfance. C'était il y a très, très longtemps.
Cloé tousse. Elle a l'impression d'avoir un camion de mille tonnes sur la poitrine. Elle étouffe. Jeanne sonne. Une odeur de médicaments inonde la chambre. Cloé ferme les yeux pour ne pas voir l'infirmière lui enfoncer la seringue dans le bras. Elle serre les dents. Elle quitte son corps, monte, monte vers le plafond.
Cloé est sur un podium. Des applaudissements retentissent. Cloé vient d'être sacrée Miss Elégance de […………………………… nom de la ville ]. Ses vingt ans radieux lui confèrent une auréole de gaieté et de joie de vivre inégalables. Ses yeux parcourent la foule. Le vertige la prend. On lui lance des fleurs qui viennent atterrir à ses pieds. Les flashes crépitent, l'éblouissent. Demain, Cloé fera la une de tous les journaux de la place. Elle ferme les yeux de plaisir. Une couronne de brillants scintille dans ses cheveux noirs. Cloé la retire et la regarde. Ses amies viennent la féliciter. Quelle satisfaction tout de même ! Surtout après avoir raté ses examens. Cloé n'est pas du tout affectée par ses mauvais résultats. « Après tout, il n'y a pas que cela dans la vie ! » se dit-elle. - Les choses sérieuses, c'est pour plus tard. Je veux profiter de la vie avant que les années ne ternissent ma beauté. Il n'y a rien de plus triste que la vieillesse, dit Cloé en éclatant de rire quand Léa, son amie, lui reproche son enthousiasme démesuré pour les fêtes. - On est ici avant tout pour étudier. - C'est vrai, mais on est jeune et on doit s'amuser aussi, ne l'oublie pas ! la reprend Cloé en éclatant de ce rire qui fait fondre les cœurs les plus endurcis.
C'était il y a cinq ans. […] |