 |
Concevoir des environnements
d'apprentissage efficaces |
 |
Modèles du compagnonnage cognitif |
Sue
E. BERRYMAN
ILT
Papers
University of Columbia
New-York
1991
|
document
original libre de droits
traduit de l'anglais
par G. FRITSCH |
Trop souvent, les écoles - pas seulement les écoles
élémentaires et secondaires, mais les universités, les cours
d'alphabétisation pour adultes et les sessions de formation en
entreprise - ne profitent pas de ce que l'on sait de la façon
dont on apprend le plus efficacement. Pour concevoir des
apprentissages scolaires efficaces, il nous faut repenser les
hypothèses qui sous-tendent les études conventionnelles.
En prenant appui sur la science cognitive comme base
conceptuelle pour la discussion, cet article passe en revue les
raisons pour lesquelles la plupart des situations
d'apprentissage scolaires sont inefficaces; il présente des
modèles cognitifs de l'acte d'apprendre qui esquissent à quoi
pourraient ressembler des situations d'apprentissage efficaces.
 |
Cinq hypothèses sur l'acte
d'apprendre - toutes fausses
|
Ce qui rend tant de situations d'apprentissage
scolaires si peu efficaces, c'est qu'elles sont fondées sur des
hypothèses erronées au sujet de l'acte d'apprendre.
1. On transfère de façon prévisible
les apprentissages d'une situation à une autre
La finalité du système éducatif est de préparer les
élèves à fonctionner efficacement dans des cadres non
scolaires. Pourtant, dans des travaux approfondis qui couvrent
plusieurs décennies, on prouve que les individus ne
transfèrent pas de façon prévisible leur savoir à de
nouvelles situations où ce transfert devrait pourtant se
produire :
 |
du savoir scolaire à la
pratique quotidienne
|
 |
de la pratique quotidienne
aux pratiques scolaires
|
 |
à l'école, d'une discipline
à l'autre |
2. Les élèves sont des récepteurs
passifs de la connaissance, des récipients dans lesquels on
verse la connaissance
Cette hypothèse résulte de l'idée que le but de
l'éducation est la transmission de la connaissance et de la
culture d'une génération à l'autre - hypothèse qui encourage
un mode d'enseignement magistral, où le professeur est un «
contrôleur » de l'apprentissage.
Laisser le contrôle de l'apprentissage dans les mains du
professeur empêche le développement, chez l'élève, des
compétences de gestion cognitive, notamment la fixation des
buts, la planification des stratégies, le contrôle,
l'évaluation et la correction - toutes compétences décisives
pour un apprentissage efficace. Les élèves ne développent
aucune confiance dans leur propre capacité d'apprendre, dans
leurs capacités de produire du sens et leurs occasions
d'apprendre à partir de l'expérience sont fortement limitées.
Autre conséquence de cette manière passive d'apprendre :
puisque les élèves ne sont pas impliqués dans l'acte
d'apprendre, ils adoptent une attitude d'attente passive et
investissent une attention et une participation minimales dans
l'apprentissage. Cet attentisme se transforme souvent en
problèmes de discipline et de contrôle du groupe. De plus,
l'apprentissage passif accorde beaucoup d'importance à la
reproduction des « bonnes réponses » aux questions des
professeurs, souvent sans qu'il soit besoin d'un véritable
apprentissage. Par conséquent, cet apprentissage passif
favorise un « vernis de réussite » - des changements dans le
discours, pas dans le comportement.
3. Apprendre consiste à renforcer les
liens entre stimuli et réponses appropriées
L'enseignement fondé sur cette hypothèse résulte d'une
théorie béhavioriste de l'apprentissage et se traduit dans un
programme d'étude constitué de questions isolées, de
sous-tâches, de sous-compétences, sans lien qui permette de
comprendre le contexte auquel elles se rattachent. Cette
approche ne tient pas compte du fait que les êtres humains sont
essentiellement des animaux qui produisent du sens et qui
résolvent des problèmes. l'enseignement fragmenté et hors
contexte ne mobilise pas cette propriété puissante des êtres
humains. Comme le dit FARNHAM-DIGGORY ( 1990 ) « les programmes
scolaires d'aujourd'hui n'auraient pas été mieux conçus si
l'on avait voulu empêcher le fonctionnement du système naturel
d'apprentissage chez les enfants ».
4. Les élèves sont des pages blanches
sur lesquelles s'écrit la connaissance
Pourtant, à l'évidence, les élèves apportent dans chaque
situation des idées et des concepts qu'ils ont acquis ailleurs.
En dehors d'une validation par l'école, les élèves ont
tendance à revenir à leurs anciennes idées lorsqu'ils sont
confrontés à des situations non scolaires.
5. Les compétences et les savoirs,
pour être transférables à de nouvelles situations, devraient
être acquis indépendamment de tout contexte
Le contexte, pourtant, est primordial pour comprendre et donc
pour apprendre. Il donne, en fait, du sens à l'étude. C'est
ainsi que les enfants brésiliens qui travaillent comme
marchands ambulants résolvent beaucoup plus facilement des
problèmes fortement contextualisés que ceux qui se présentent
hors de tout contexte ( CARRAHER et al., 1985 ).
Étant donné que la pratique scolaire se fonde sur ces
hypothèses erronées, il n'est pas étonnant de ne pouvoir
relever aucun transfert prévisible vers des situations
nouvelles. Les savoirs et les savoir-faire mal appris ou mal
compris ne pourront pas être transférés convenablement.
 |
Concevoir des environnements
d'apprentissage efficaces
|
Pour concevoir des environnements d'apprentissage plus
efficaces, les cognitivistes se sont inspirés d'une vaste
collection de savoirs et d'expériences, notamment les travaux
des pédagogues du 19ème et du 20ème siècle, les analyses
concernant tant la façon d'apprendre dans le système du
compagnonnage que les processus d'apprentissage très rapides
des jeunes enfants, et la recherche en science cognitive.
 |
Précurseurs
|
|
John DEWEY, s'appuyant sur des idées de Francis
PARKER, a créé une école-laboratoire où était mis
en oeuvre un programme d'études qui allait des
expériences pratiques ( s'occuper d'un jardin ) aux
matières conventionnelles ( la botanique ) puis aux
études intégrées ( la place de la botanique dans les
sciences naturelles ).
|
 |
L'enfant, un apprenant spectaculaire
|
|
L'analyse des conditions dans lesquelles les jeunes
enfants apprennent de manière étonnante ont fourni des
indices pour concevoir des environnements
d'apprentissage efficaces ( PEA, 1989 )
|
|
|
On apprend dans un contexte. Pendants leurs cinq
premières années les enfants apprennent en étant
immergés dans des activités significatives et
continues; ils reçoivent une rétroaction ( feed-back )
immédiate sur le succès de leurs actions.
|
|
|
Les parents et les amis servent de modèles dans un
apprentissage par imitation et fournissent aux enfants
la structure de leurs expériences ainsi que les
rapprochements entre elles.
|
|
|
L'apprentissage est fonctionnel. Les concepts et les
outils sont acquis en tant qu'outils de résolution de
problèmes.
|
|
|
La nécessité d'apprendre et le but de
l'apprentissage sont souvent explicitement énoncés.
|
 |
L'acte d'apprendre dans le compagnonnage
traditionnel
|
|
Une autre source d'idées concernant les
environnements d'apprentissage efficaces consiste à
examiner la façon dont les individus apprennent dans le
système du compagnonnage traditionnel. Alors que les
programmes scolaires tendent à être des explicitations
de la pratique, le compagnonnage organise les occasions
de mettre en pratique ( LAVE et al., 1988 ).
JORDAN ( 1987 ) a identifié plusieurs
caractéristiques de l'acte d'apprendre dans le
compagnonnage traditionnel, dont :
|
|
|
Le travail est la force motrice. La maîtrise
progressive des tâches par les apprentis est évaluée
non pas comme une étape vers un but éloigné et
symbolique ( un diplôme par exemple ) mais pour sa
valeur immédiate de travail accompli.
|
|
|
Les apprentis débutent par des compétences
relativement simples où les erreurs sont moins
coûteuses.
|
|
|
L'apprentissage est centré sur la performance
physique. Il implique la capacité de « faire »
plutôt que celle de parler de quelque chose.
|
|
|
Les normes de la performance sont incluses dans
l'environnement de travail. Ce qui constitue
l'exécution experte d'une tâche est évident et les
jugements sur la compétence de l'apprenant apparaissent
naturellement et sans interruption dans le contexte de
travail. C'est à l'apprenti qu'il « appartient » de
passer à l'acquisition de la compétence suivante.
|
|
|
Les professeurs et l'enseignement sont en grande
partie invisibles. Dans le compagnonnage - de même que
dans l'entraînement informel à un job sur les
lieux de travail américains , l'acte d'apprendre
semble peu soumis à l'enseignement. Tout l'enseignement
reçu par un apprenti ne provient pas d'un enseignement
magistral mais d'un ouvrier au travail que l'apprenti
observe.
|
|
En bref, les apprentis sont initiés à la pratique
d'une communauté d'experts dans laquelle le «
professeur » s'implique continûment et est un maître
de la technique à apprendre. Sa performance constitue
la norme pour l'apprenti.
|
 |
Expériences actuelles
|
|
Il apparaît clairement que les systèmes de
compagnonnage traditionnels ne peuvent se transférer à
une société moderne dans laquelle bien des
compétences, mathématiques, juridiques ou qui
relèvent de l'usinage piloté par ordinateur, ne sont
au mieux que partiellement visibles. C'est pourquoi les
cognitivistes ont mené nombre d'expériences sur les
situations d'apprentissage efficaces, les programmes
adéquats pour l'appropriation des pratiques actuelles
moins évidentes. Ces efforts couvrent un grand nombre
de sujets - mathématiques, physique, lecture,
écriture, et décoration d'intérieur. |
 |
Modèles de compagnonnage cognitif
|
Tout cela - les innovations du 19ème siècle, l'étude des
systèmes traditionnels de compagnonnage et des façons
d'apprendre spectaculaires des jeunes enfants, les tentatives
actuelles des cognitivistes pour créer différentes sortes
d'environnements d'apprentissage et un vaste corpus de
recherches en science cognitive - débouche sur une base solide
pour la conception d'environnements d'apprentissage efficaces.
COLLINS, BROWN et NEWMAN ( 1989 ) ont proposé un modèle « de
compagnonnage cognitif » qui intègre les principaux éléments
de ce type d'environnements.
Environnements d'apprentissage idéaux
Le modèle de COLLINS, BROWN et NEWMAN comporte quatre
modules - contenu, méthodes, séquence et sociologie. Bien des
aspects de ce modèle ne sont pas nouveaux, mais ensemble, ils
définissent une situation d'apprentissage efficace, avec des
salles et des rôles très différents pour les enseignants et
les élèves.
 |
CONTENU
|
|
L'école se concentre presque exclusivement sur les
concepts, les faits et les savoir-faire d'une matière.
Pour fonctionner efficacement dans n'importe quel cadre,
les élèves ont également besoin de trois autres types
de contenus
|
|
1. |
Les trucs et astuces du métier - stratégies de
résolution de problèmes que les experts apprennent de
l'expérience.
|
|
2. |
Des stratégies de gestion cognitive - définition
d'objectifs, planification de stratégies, contrôle,
évaluation, correction.
|
|
3. |
Des stratégies d'apprentissage - savoir comment
apprendre, c'est-à-dire explorer de nouveaux champs,
augmenter son savoir dans un domaine familier,
reconfigurer le savoir qu'on possède déjà.
|
 |
MÉTHODES
|
|
L'enseignement de la méthodologie devrait donner aux
élèves l'occasion d'observer, de s'impliquer dans,
d'inventer ou de découvrir des stratégies expertes en
contexte. Le modèle de COLLINS, BROWN et NEWMAN
comporte une variété de méthodes qui encouragent
systématiquement la recherche et l'autonomie chez
l'élève.
Les professeurs entraînent - ils prodiguent des
conseils, fournissent des rétroactions ( feed-back ) et
des rappels - offrent un étayage - ils soutiennent les
élèves dans leurs tâches - puis se mettent en retrait
- ils transmettent progressivement le contrôle de
l'apprentissage à l'élève.
|
 |
SÉQUENCE
|
|
L'apprentissage devrait être organisé de telle
manière que l'élève construise les multiples
compétences requises dans la performance experte et
découvre les conditions dans lesquelles elles sont
mises en oeuvre. Cela nécessite une séquence de
tâches de plus en plus complexes, des situations de
résolution de problèmes de plus en plus diverses et
l'organisation de l'apprentissage pour que les élèves
développent le sens de l'ensemble avant de s'attacher
aux détails.
|
 |
Sociologie
|
|
Un environnement d'apprentissage devrait reproduire
les caractéristiques technologiques, sociales, de temps
et de motivation de situations réelles où ce qu'on
apprend doit être utilisé. C'est seulement par la
rencontre du savoir d'un domaine en contexte que la
plupart des élèves apprendront quand, où et comment
le savoir s'applique à d'autres situations. Par
exemple, dans la réalité, les gens doivent travailler
ensemble; ce modèle exige que les élèves travaillent
ensemble pour résoudre des problèmes et pour effectuer
des tâches. |
Un exemple de compagnonnage cognitif
Il y a des exemples de ce compagnonnage dans des cours et des
projets de lycées, conçus par des professeurs de lycée.
Les élèves du lycée de Conval à Petersborough, New
Hampshire, ont construit et fait courir une voiture à énergie
solaire dans le cadre d'un projet de sciences appliquées. Ce
projet a mis en évidence chacun des quatre modules du modèle
de compagnonnage cognitif. Il s'est déroulé sur plus de neuf
mois, temps exceptionnellement long pour une école, mais
réaliste pour des tâches authentiques. Le projet a exigé des
élèves l'acquisition et l'utilisation d'une grande variété
de compétences couvrant un grand nombre de disciplines
théoriques et pratiques, la physique et les mathématiques, la
technologie du solaire, l'hydraulique, l'électronique, le
dessin, la fabrication de maquettes, le travail du métal et la
soudure.
Les élèves ont également dû acquérir des compétences
commerciales pour gérer les subventions ainsi que des
compétences en anglais, en journalisme et en arts graphiques
pour une tentative de relations publiques. A la surprise des
élèves, il leur a fallu également acquérir des compétences
dans le domaine du commandement, de la gestion, des relations
interpersonnelles pour que le travail soit distribué
rationnellement de sorte que le projet ne cesse de progresser.
Comment les principes du compagnonnage
cognitif s'accordent-elles aux politiques et aux programmes en
cours ?
Comment ces principes s'appliquent-ils aux discussions
concernant (1) l'intégration de la formation académique et
professionnelle, (2) le compagnonnage par le travail, (3)
l'enseignement technique ( « tech prep ») et les programmes 2
+ 2, (4) l'enseignement coopératif.
 |
Modèles pour intégrer la formation scolaire
et professionnelle ( GRUBB & PLIHAL, 1990 )
|
|
Les principes curriculaires ( quoi ) et pédagogiques
( comment ) du compagnonnage cognitif ne valent pas
seulement pour les principes d'intégration. Ils
définissent en fait de manière rigoureuse à quoi
ressemble un environnement d'apprentissage intégrant le
professionnel et l'académique.
Le meilleur de l'enseignement professionnel reflète
plusieurs des principes pédagogiques du compagnonnage
cognitif ; le meilleur de l'enseignement académique,
ses principes de contenus. De la sorte, le compagnonnage
cognitif peut fonctionner comme modèle pour intégrer
la formation académique et professionnelle - modèle
concernant le contenu de l'enseignement et la manière
d'enseigner.
La bonne formation professionnelle est plus apte que
l'enseignement académique à utiliser certaines des
méthodes du compagnonnage cognitif ( celles du
modelage, de l'entraînement ), de l'apprentissage
contextualisé et coopératif.
Cependant elle est généralement plus faible sur le
versant du contenu - savoirs académiques, compétences
cognitives de haut niveau. Les principes du
compagnonnage cognitif préservent et intègrent le
meilleur de la formation scolaire et professionnelle
dans un modèle simple qu'on peut utiliser soit pour
enseigner des matières académiques comme les
mathématiques ou des matières professionnelles, la
décoration d'intérieur par exemple.
On rencontre à présent des éléments propres au
compagnonnage cognitif dans les programmes intégrés,
mais ces éléments y sont souvent implicites ou
accidentels ; ils sont rarement le résultat d'une
conception explicite et ils ne sont pas
systématiquement trouvés.
|
 |
Le compagnonnage en entreprise
|
|
Au moins deux facteurs ont déclenché l'intérêt
pour le système de l'apprentissage. L'un est l'absence
d'un système national qui permette de faire passer les
jeunes de l'école à l'entreprise. L'autre est le
constat que la plupart des programmes scolaires - et
même certains programmes de formation professionnelle -
sont déconnectés des besoins des entreprises.
Mais le compagnonnage doit-il être fondé sur un
poste de travail ? Une des hypothèses est que le
meilleur moyen de faire passer les jeunes en entreprise
est de les y placer. Une autre veut que si les écoles
sont des lieux inadéquats pour apprendre un métier,
les entreprises doivent être des lieux plus adéquats -
ce qui semble vraisemblable, mais relève d'une erreur
de logique. En fait, comme en témoigne l'analyse de la
formation informelle sur le tas et des plans
d'investissement dans la formation conçus par les
employeurs, les entreprises ne sont pas des lieux
adéquats d'apprentissage pour les jeunes ou les moins
formés ( SCRIBNER & SACHS, 1990 ; TAN, 1989 ). Tant
que l'apprentissage d'un métier ne sera pas
délibérément orienté sur l'acte d'apprendre, il
présentera des points faibles et se révèlera, de
manière préoccupante, inefficace.
Une stratégie de compagnonnage cognitif, dans
l'environnement scolaire, devrait assurer des
acquisitions puissantes en rapport avec les besoins des
entreprises. Les principes du compagnonnage cognitif ont
été dérivés des programmes scolaires. Des travaux
récents montrent qu'il est compatible avec
l'acquisition des habiletés spécifiques à une
entreprise moderne ( BERRYMAN, 1970 ; SCANS, 1991 ;
STRAZZ et al., 1990 ).
|
 |
Enseignement technique ( « tech prep » ) et
programme 2 + 2
|
|
Dans la loi fédérale, l'enseignement technique
représente un curriculum de 4 années, qui débute les
deux dernières années du lycée et aboutissent, les
deux années suivantes, à un diplôme dans un domaine
technique lié à un emploi - d'où la dénomination «
2 + 2 ». Les cours supposent une intégration des
contenus académiques et professionnels, intégration
verticale sur les quatre années, du lycée aux
établissements d'enseignement supérieur. Les relations
entre ces programmes et le compagnonnage cognitif sont
les mêmes que celles qui ont été évoquées
précédemment en ce qui concerne les modèles
d'intégration de l'enseignement académique et
professionnel.
|
 |
Enseignement coopératif
|
|
L'enseignement coopératif est un effort scolaire
pour faciliter l'apprendre au travail. Le formateur
scolaire fait le nécessaire pour trouver un emploi aux
élèves, élabore un plan de formation qui détaille ce
que chacun doit apprendre sur son lieu de travail, et
suit la formation à l'occasion de visites en
entreprise. Les tuteurs en entreprise évaluent les
performances des élèves en terme d'objectifs de
formation ( STERN, 1990 ). Théoriquement, les principes
du compagnonnage cognitif ont pu être intégrés dans
des programmes coopératifs. En réalité, cependant,
ces programmes doivent tenir compte de l'entreprise
telle qu'elle est, en adaptant les plans de formation
aux compétences pédagogiques inégales des tuteurs et
à leur possibilité inégale ( et souvent limitée ) de
changer le travail afin de favoriser la formation.
|
 |
En dernière analyse, quelle est l'efficacité
du compagnonnage cognitif ?
|
|
Nous n'en savons encore rien, en particulier si la
question est de savoir s'il est efficace dans des
situations d'apprentissage relevant du travail
quotidien, par opposition à celles pratiquées « en
laboratoire ». Cependant, les principes en sont
exceptionnellement bien fondés. Les stratégies mises
en oeuvre dans le compagnonnage cognitif ajoutent
aux apprentissages traditionnels une stratégie
éprouvée, interculturelle pour acquérir efficacement
des compétences observables de visu. Elles apportent
également, en les intégrant, les principes et les
conclusions d'une communauté de penseurs et de
chercheurs sérieux, de John Dewey aux cognitivistes
d'aujourd'hui.
Cependant, très peu de situations d'apprentissage
reflètent les principes du compagnonnage cognitif.
Élargir celles qui existent et en créer de nouvelles
suppose que l'on s'occupe des questions du cadre
réglementaire, institutionnel, curriculaire,
pédagogique, de l'évaluation et de la formation
professionnelles. Le modèle lui-même changera quand
nous l'aurons expérimenté dans le monde réel mais
douloureux de l'enseigner et de l'apprendre. |
REFERENCES
BERRYMAN, S.E. Skills, Schools,
and Signals. Teachers College, Columbia University, New
York: Institute on Education and the Economy, 1990.
CARRAHER, T.N., D.W. CARRAHER, and
A.D. SCHLIEMANN. Mathematics in the Streets and in
Schools. British Journal of Developmental Psychology,
1985, 3, pp. 21-29.
COLLINS, A., J.S. BROWN, and S.
NEWMAN. Cognitive Apprenticeship : Teaching the Craft of
Reading, Writing, and Mathematics, in L.B. Resnick (Ed.),
Knowing, Learning and Instruction : Essays in Honor of
Robert Glaser. Hillsdale, NJ: Erlbaum, 1989.
FARNHAM-DIGGORY, S. Schooling.
Cambridge : Harvard University Press, 1990.
GRUBB, W.N. and J. PLIHAL, The
Cunning Hand, the Cultured Mind : Models for Integrating
Vocational and Academic Education. Berkeley, CA :
National Center for Research in Vocational Education,
Unpublished paper, 1990.
JORDAN, B. Modes of Teaching and
Learning : Questions Raised by the Training of Traditional
Birth Attendants. Report No. IRL87-0004. Palo Alto, CA :
Institute for Research on Learning, 1987.
LAVE, J., S. SMITH, and M. BUTLER.
Problem Solving as an Everyday Practice, in Learning
Mathematical Problem Solving. Report No. IRL88-0006.
Palo Alto, CA: Institute for Research on Learning, 1988.
PEA, R. D. Socializing the
Knowledge Transfer Problem. Report No IRL89-0009. Palo Alto,
CA : Institute for Research on Learning, 1989, SCANS (Secretary
of Labor's Commission on Achieving Necessary Skills). Report
to be issued in June, 1991. Washington, DC : U.S. Department
of Labor.
SCRIBNER, S. and P. SACHS. A Study
of On-the-Job Training. Teachers College, Columbia
University, New York : Institute on Education and the
Economy, 1990.
STERN, D. Combining School and
Work: Options in High Schools and Two-Year Colleges.
Berkeley, CA: National Center for Research in vocational
Education. Unpublished paper, 1990.
STASZ, C., D. McARTHUR, M. LEWIS, and
K. RAMSEY. Teaching and Learning Generic Skills for the
Workplace, R-4004-NCRVE/UCB. University of California,
Berkeley, CA: National Center for Research in Vocational
Education. Unpublished paper, 1990.
TAN, H. Private Sector Training in
the United States : Who Gets It and Why. Teachers
College, Columbia University, New York : Institute on
Education and the Economy, 1989.

|