André BRETON ne croyait pas aux descriptions :
AU XVIIIème siècle déjà, MARMONTEL écrivait :
Ce qui n'arrive à personne, dans aucune situation, c'est de décrire pour décrire et de conclure que la description n'est guère qu'une pièce rapportée du récit, avec une intention d'instruire ou de persuader, et qu'elle n'a donc pas d'existence autonome. Il existe pourtant, indéniablement, des « textes » descriptifs, ou à dominante descriptive, qui se suffisent à eux-mêmes : portraits ( La BRUYÈRE, J. RENARD... ), rubriques nécrologiques, notices descriptives... En littérature, après la poésie descriptive en vogue au XVIIIème siècle, on peut considérer que beaucoup de « nouveaux romans » du XXème siècle sont, en fait, de vastes descriptions ( A. RESNAIS, C. SIMON, M. BUTOR ). Mais il est vrai que la description s'intègre le plus souvent dans des textes pluriséquentiels, et sous forme de séquence dominée. Bref, il existe bien un type de séquence descriptive non réductible à un autre type. S'il est vrai qu'on ne décrit pas pour décrire, cela signifie que tout texte, toute séquence descriptive comporte une orientation argumentative, c'est-à-dire qu'elle n'est pas seulement un ornement, mais résulte de la logique de son insertion dans un texte déterminé ( à dominante narrative, expositive, argumentative... ) ou dans un contexte plus vaste encore 1. C'est cette orientation qui confère à la description un ordre spécifique et fait qu'elle n'est pas un « inventaire dressé dans un ordre quelconque », comme le lui reprochait Paul VALÉRY. C'est pour la description dans un récit que la notion ( qui dépasse cependant la problématique descriptive ) de « second plan » ou d'arrière-plan présente un intérêt didactique évident, à condition cependant de ne pas confondre « second » et secondaire. La description d'actions ( DA ) peut être considérée comme une variante de la description. Le compte-rendu du déroulement ( ou le script ) d'une excursion scolaire sans incidents particulièrement notables ( sans irruption d'un désordre, ou d'une « déséquilibration » - qui justifierait un récit circonstancié ) ne constitue pas en lui-même un récit, mais une simple relation ( description ) d'événements successifs qui correspond au schéma intégré de la séquence descriptive. Jean-Michel ADAM va jusqu'à inclure ans la DA les notices, guides, consignes, règlements, horoscopes, bulletins météo : dans la mesure où ce sont, le plus souvent, des discours programmateurs, nous les considérons plutôt comme des séquences instructionnelles ( voir la séquence injonctive ). Par contre, un plan de texte instructionnel peut, dans certains cas, découvrir une description ( par exemple, un portrait dont les parties seraient introduites par un impératif : imaginez, observez, etc. ), ou encore, une apparente DA 2 peut constituer un véritable portrait inanimé. Cela confirme que l'hétérogénéité textuelle n'est pas seulement dans la juxtaposition ou l'enchaînement des séquences, mais également dans le fait qu'une séquence n'est elle-même pas toujours « pure », et peut en cacher une autre.
NOTES
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