Archive pour 7 août 2005

Langue vivante

dimanche 7 août 2005 | Pilule Rouge

Mon détecteur SETI (Skyblog Extinction Terminale d'Intelligence) a relevé une tentative de communication humanoïde dans un commentaire. Un message venu d'un autre monde, tel Voyager 1 perdu au fin fond de la blogosphère avec sa pittoresque plaque cuivrée. Le pauvre ne sait pas qu'il met le pied (ou le tentacule) en territoire hostile.

"moi franchmen tou se ki on di ke pop the music c de la merde b1 sa se voi grav kil on po de gou c po parce ke lé parol son limité ke cash la chanson é pourite non o moin on peu laprendr plu facilemen é voila koi moi franchmen la chanson é bien tro bien pi voila moi é ma copine jessica on la chante tou lten b1 voila é tou se ki non po de gou b1 jpeu rien fèr pour eu a par ke si sa leur plai pa b1 ils on ka le fèr eu mm com on di on né jamé mieu servi ke par soi mm alor voila prené en dla graine pi voila ciao"

Il semble bien que cet idiome ne soit pas extra-terrien mais plutôt dérivé d'une antique langue mésopotamienne dont le savoir a été dissous par le temps. On notera la ponctuation absente et une ressemblance des signes avec nos caractères latins, avec un soupçon de chiffres arabes. Cependant le sens du message demeure caché. Tous les chercheurs mis sur le coup espèrent une révélation mystique qui guidera les pas de l'humanité pour les siècles à venir.

Pourtant, en cet âge-là, il est réputé que l'on savait parler. Les langues étaient vivantes, nomades et s'enrichissaient mutuellement au contact les unes des autres. Des langues qui, du Mont-Saint-Michel jusqu'à la Contrescarpe, portent leur histoire à travers des accents où l'on sent la musique et le parfum des herbes, le fromage de chèvre et le pain de froment.

Choc des cultures

Bien plus tard, au 19e siècle, on pressent déjà l'arrivée d'un mode de communication révolutionnaire : le blog. Son précurseur, Nicolas Vassiliévitch Gogol lance sa pierre de rosette dans la mare littéraire russe, gangrénée par le génie persistant de Pouchkine; personnage qui aimait bien prendre des cafés sur la Place Rouge avec Natacha lorsque celle-ci était vide (la place, pas Natacha).

Cosaque

C'est ainsi que prend naissance "Le blog d'un fou", témoignage de son temps, vendu pour trois khoms, une monnaie cosaque locale. L'histoire est celle d'un homme qui plonge dans la folie. Une vision à la fois comique et pathétique de la condition humaine. Le succès est immédiat pour cette oeuvre qui s'échange sous le manteau, à le nez et à la barbe des cosaques. La tradition en cette époque troublée est alors de lancer d'un trait "Lâche tes khoms!" pour se procurer un exemplaire de la fabuleuse nouvelle de Gogol.