La mort de près : morceaux choisis

 

Ou quand la vie ne tient qu’à un fil …

NB : Les illustrations de cette page sont toutes issues de ma collection personnelle (Kodak de mon AGP) exceptées les sources Internet suivantes :

 carte Postale du Pont Fixe La Bassée du 12/12/14, le ravin de Marson du 28/10/15, et les 2 casquettes françaises & anglaises.

                                               

Les circonstances heureuses qui vous font vivre un événement majeur favorable porte plusieurs noms selon les croyances ou les religions : la chance, la veine, le destin, la bonne étoile, la fortune, la baraka … Qu’importe le mot finalement ; le constat est le même : pour se sortir de situations périlleuses comme celles rencontrées par mon arrière-grand-père Jean Maurice ADDE, ou les innombrables soldats de cette grande guerre, il en faut énormément.

 

D’ailleurs quand je vois les péripéties qu’il a rencontrées, je trouve la citation suivante criante de justesse :

« la différence entre un héros et un mort pour la France se résume souvent à quelques secondes »

 

Nous le verrons ci après ; elle s’applique parfaitement à Jean Maurice qui a toujours eu la chance d’avoir cette poignée de secondes en sa faveur avant que la mortelle blessure ne l’emporte.

 

Vous trouverez donc dans cette page des extraits des situations les plus périlleuses vécues par Jean Maurice pendant ses 4 années de Campagne. Dans ces circonstances tendues, inimaginables et difficiles, j’ai choisi d’introduire par un titre parfois un brin léger ces extraits de passages vécus et écrits par mon arrière-grand-père.

                                                          

 

v     2 sept 14       7h                               Tremblay les Gonesse (95)           Nord de Paris

Incroyable pensée  :

« A 7 heures des avions allemands nous survolent on leur tire dessus et j'ai le plaisir de tirer également un coup de fusil sur lui ; c'est la première fois que je vise un être humain, mais comme c'est un Allemand cela ne compte pas. »

 

v     10 oct 1914   midi                            Hersin Coupigny (62)         Artois

Premier feu courageux :

« A ces paroles solennelles j'éprouve un léger frisson et aussitôt je me lève pour prendre revolver et lorgnettes. Je suis prêt à aller au feu ; j'ai la joie de sentir que je ne ressens pas de crainte et je le dis bien franchement, aucun sentiment de peur ; c'était ce que je craignais, je ne l'ai pas eu. Par contre, j'ai l'émotion de songer à ma femme et mes enfants et intérieurement je me dis une chance d'être tué contre deux : blessure ou indemne, il y a de l'espoir allons y avec courage. »

 

v     12 oct 1914   midi                            Hersin Coupigny (62)         Artois

Un baptême éreintant + une balle perdue:

« Nous gravissons à peine la pente qui va à Mazingarbe qu'un obus explosif de gros calibre (une "marmite") éclate sur notre gauche au Colonel et à moi, à 50 mètres environ. J'en suis tout saisi et très ému ; une seconde marmite éclate presque aussitôt après à quelques mètres de la première. J'ai repris mon sang froid et me précipite vers une meule de paille pour me protéger contre les éclats qui pleuvent sans force, tout autour de nous, même assez longtemps après que la marmite a éclaté. Je suis à peine arrivé d'ailleurs à ma meule qu'une nouvelle salve plus près de nous éclate à nouveau ; nos hussards éclaireurs qui ont mis pied à terre se sauvent comme nous de meule en meule et même à un moment je vois parfaitement éclater une marmite sur la meule que venait de quitter le Maréchal des Logis et deux de ses hommes. Enfin, toujours prévenu par ce sifflement lugubre qui annonce le pétard, je cours toujours vers une nouvelle meule lorsque à un moment donné, avant que j'ai eu le temps d'atteindre un abri, une marmite éclate à 20 mètres à ma droite ; je sens à la jambe droite un léger choc, comme si je m'étais entravé à un fil de fer et je tombe la tête le première dans le sol ; je reste bien soigneusement allongé, attendant la deuxième explosion avec une grande perplexité ; enfin elle arrive et éclate à 15 mètres de moi ; je suis couvert de terre et pardessus tout mon être passe avec un ronflement effrayant toute cette décharge….tous m'ont vu tomber et m'ont cru blessé sérieusement…ils ont eu crainte et 52 marmites ne pouvaient que les effrayer. …je demande à notre petit groupe si personne n'aurait à boire, j'ai très soif ; un cycliste qui arrive m'offre un bonbon, ce sont des dragées ; alors tout souriant, j'en offre une au Colonel et nous célébrons notre baptême du feu…A 5 heures du soir, entre le Colonel et moi vient siffler une balle allemande ; nous nous regardons tous deux, nous ne sommes pas blessés, je lève mon quart et bois à sa santé ; il en fait de même, c'est touchant. »

v     19 oct 1914   10h30                        Noeux les Mines (62)          Artois

Marmitage :

« …je cause un moment avec un officier anglais et à ce moment les marmites à pleuvoir près de nous. Nous commençons à sentir la maison du Q.G qui tremble, les marmites se rapprochent, les vitres volent en éclats. Le téléphone nous donne ordre d'évacuer le maison qui est certainement repérée par les Allemands à la suite de renseignements d'espions. Nous nous précipitons, Général en tête, dans la souillarde, une marmite éclate plus près de nous ; tout voltige dans la maison. Quelqu'un dit "il y a une cave" ; on s'y précipite, il était temps. Cinq ou six marmites tombent sur nous, démolissant la maison au dessus de nos têtes ; la dernière marmite m'a donné une commotion cérébrale formidable ; j'avais la tête près de la voûte ; au même instant un officier d'artillerie : "encore un à la même place et nous sommes perdus". Heureusement pour nous celui qui vient après tombe 10 m plus loin mais malheureusement il a attrapé la 7ème qui a eu deux tués et 16 blessés dans le fossé le long de notre maison. Nous attendons 10 minutes, plus rien, nous sortons de notre cave au milieu des plâtres ; je suis fortement secoué par la tête mais j'ai mon sang froid. Je cours à ma jument, elle a reçu un petit éclat au cou, Maurel s'est abrité derrière elle, il n'a rien Dieu soit loué. Nous faisons la reconnaissance des blessés et je repars à cheval chercher les brancardiers. »

 

v     22 oct 1914   4h30                          Noeux les Mines (62)          Artois

Première boucherie :

« A 4h 1/2 du matin les Boches nous ont attaqués avec une violence inouï ; ils viennent à la baïonnette jusqu'à 30m de nos tranchées, nos hommes ont été admirables, ils ont observé une discipline merveilleuse. Ils ont laissé arriver les Boches à 30m sans tirer un coup de fusil, puis ils les ont tous fauchés ; c'est une véritable boucherie. Devant les tranchées il y a plus de 200 morts, nos Territoriaux ont fait des prisonniers, ils sont ravis. »

 

v     24 oct 1914   11h                             Noeux les Mines (62)          Artois

Quelques murs bien solides :

« Nous prenons le café quand les 150 Allemands commencent la danse ; un vient éclater juste derrière le mur mitoyen de notre cour ; nos vitres de la salle à manger volent en éclats, dans mon dos les bouteilles voltigent. Nous descendons à la cave et y sommes retenus près d'une heure et demie. Le bombardement est épouvantable ; enfin à 2h je puis sortir, nous avons des tués et des blessés c'est horrible à voir.»

                  

puis à partir de 21h :

« …à 9h du soir la fusillade commence avec violence ; je me lève pour venir au Q.G, les balles sifflent dans la rue, j'avoue que le trajet n'a rien d'agréable. A 11h je rentre me recoucher ; vers minuit les marmites retombent sur le village ; j'en compte 22 autour de nous dans un rayon de 100 mètres et je m'endors sans attendre la suite ; Martin en a compté 38.»

 

v     3 nov 1914    midi                            Noeux les Mines (62)          Artois

L’artillerie allemande devra s’entraîner :

« Les 77 crachent à qui mieux mieux. Dans la cour, devant moi, le cheval d'un médecin est tué ; à midi je pars, je suis repéré sur la route et les obus de 77 m'accompagnent pendant 2 kil. Rainette est presque ankylosée par 17 jours de repos à l'écurie, elle n'avance pas ; enfin, nous ne sommes touchés ni l'un, ni l'autre. »

v     21 nov 1914  midi                            Givenchy (62)                      Artois

Le sifflement des premières lignes :

«… le long de la route en approchant de Givenchy les balles sifflent. Après visite au Colonel venu voir la première ligne, les balles sifflent de plus en plus. A 8 heures du soir j'arrive avec mon peloton ; je couche dans une tranchée abri dans laquelle on ne peut entrer qu'à quatre pattes et où on ne peut se tenir debout ; c'est une existence de troglodyte qui commence. »

v     22 nov 1914  midi                            Givenchy (62)                      Artois

50 divisé par 2 = 25 :

« Nous sommes enclavés dans le 285 nos 1ères lignes sont à 80 mètres des tranchées allemandes ; les balles sifflent dures. L'une d'elles nous a manqué, elle est venue entre Lahutte et moi, dans le talus, or il y avait 50 centimètres entre nous deux. On se regarde et on change de place, en riant, non sans avoir dit tous les deux ensemble "merci".»

v     23 nov 1914  7h30                          Beuvry (62)              Artois

Les nerfs à vif :

« La nuit a beaucoup ressemblé à la première dans notre hutte ; à 4h 30 je pars pour Noeux en passant par Beuvry, mais jusqu'à ma sortie à 1 kil. ouest de Givenchy les balles sifflent dans tous les sens. Il fait très froid aussi on marche très vite. Arrivé vers 7h 30 à Beuvry, je prends un excellent chocolat, puis je vais me changer, quand passe dans la salle où nous sommes un petit garçon de 5 ans en chemise de nuit. Les larmes me montent aux yeux et je revois tous les miens, mes petits qui sont certainement comme celui là à cette heure ci. J'ai un moment de dépression morale épouvantable ; pendant tout le temps que je me change de linge et fais ma toilette ce n'est qu'une crise de larmes. Combien il aurait mieux valu que cet enfant ne paraisse pas ! son image va ma suivre pendant encore de longues journées. »

 

v     24 nov 1914  soir                             Beuvry (62)              Artois

Encore quelques mètres :

« …j'arrive enfin à 5h aux tranchées où j'apprends que ma Compagnie, complétée par le peloton de Bruay, est partie pour la première ligne depuis le matin. Le soir, tournée sous les balles et enfin rentrée dans ma nouvelle hutte ; on entre à quatre pattes et c'est à peine si on peut y rester assis par terre. Désagréable surprise lorsqu'avant de dormir je sors un instant pour… :  deux balles explosives viennent éclater à peine à 2 ou 3 mètres de ma tête ; je rentre vivement. Mais pendant 1h ce ne sont que des « dum dum » qui éclatent au dessus de nous ; cette turne est repérée, je la changerai. »

v     27 nov 1914  soir                             canal de La Bassée (62)      Artois

Le poteau salvateur :

« Toujours en 2ème ligne ; même musique, plus ou moins d'obus toute la journée. Le soir je suis en arrière de ma porte dans l'intérieur de ma cahute écoutant une violente canonnade et fusillade sur notre droite lorsqu'une balle traverse la cloison et vient se caler dans le poteau à 0,20m derrière ma tête ; j'ai eu de veine. Le combat s'arrête vers 9h, la nuit est assez calme. »

 

v     29 nov 1914  8h                               canal de La Bassée (62)      Artois

Il pleut du fer :

« Le Bataillon est relevé ce soir, quelle veine. L'opération se fait à 8h du soir sous une véritable grêle de balles ; un seul de mes hommes est touché, il a la jambe traversée. »

 

v     12 déc 1914   11h                             canal de La Bassée (62)      Artois

Insouciance britannique = risques insensés :

« A 11 heures deux officiers du Génie anglais viennent me chercher pour examiner et étudier les améliorations à apporter au secteur que je commande. Ces officiers ont un mépris de la mort incroyable. Ils font et me font faire par amour propre les plus grosses imprudences. Nous levant jusqu'à mi-corps au dessus de nos tranchées, d'où pluie de balles, allant jusqu'à pénétrer dans une ancienne tranchée abandonnée entre nos deux lignes, et me menant ainsi à 10 mètres des Allemands. Bien entendu à couvert et nous levant simplement de place en place comme des marionnettes pour voir, ce qui n'empêchait pas l'arrosage. Enfin à l'extrémité du secteur sur le canal je les abandonne et pas fâché. C'est un miracle que nous n'ayons pas été tués tous les trois 100 fois pour une. A ma gauche j'ai à 6 mètres de mes tranchées 4 cadavres Allemands dont 1 capitaine, impossible de les faire enterrer, les Boches qui sont à dix mètres plus loin nous le défendent avec leur mitrailleuse. »

 

v     12 déc 1914   fin d’après midi        Pontfixe- La Bassée (62)    Artois

Une journée bien miraculeuse :

« A Pontfixe je monte sur Rainette mais pas plus tôt partis les balles sifflent de partout, les obus tombent à 100 m derrière nous. Encore un miracle aucun de nous n'est touché. Rainette est folle il me faut 2 hommes à la bride et moi aux rênes pour la tenir. Nous sommes sur le bord du canal. »

v     15 déc 1914   10h                             Pontfixe- La Bassée (62)               Artois

100 m = distance de sécurité :

« A 7h30 nous sommes à 500 mètres ouest de Pontfixe. L'attaque est sérieuse. Vers 10 heures canonnade extraordinaire, c'est grandiose. Nous sommes abrités, les schrapnelles tombent à 100 mètres, on se sent en sécurité, on jouit du spectacle.»

 

v     21 déc 1914   toute la journée        Givenchy & La Bassée (62)           Artois

L’exploit d’une campagne :

« Je m'informe où est la 12ème, et file vers Givenchy ; les balles sifflent sérieusement sur la route en montant ; à hauteur de l'église, ou plutôt ce qui fut l'église, je trouve Cazalis, adjudant de Bataillon et me renseigne. ... je trouve Tapia précédant une bande d'Anglais baïonnette au canon hurlant "German, German !!". Je rattrape quelques Français de la 12ème qui étaient parmi eux ; nous rentrons.... mais nous sommes entravés à Ponfixe. Tapia est blessé sur la route. A l'usine je rassemble définitivement. Puis je reçois ordre de prendre le commandement du Bataillon. Je remonte la Compagnie sans encombre, sauf les balles. Je place la Compagnie dans une ferme ; ordre est donné de tenir jusqu'au bout en défendant la route. Je mets en liaison avec les Manchester's Rifles à droite. Pour, joindre les officiers il faut passer sur deux cadavres d'Anglais dans le boyau, brrr Puis j'établis ma 12ème dans la ferme. Gavini a disparu ; je vais dans le boyau à gauche où je trouve Darrabéhèrie, Pollidoux et Calmon. Je suis au centre du Bataillon ; Capitaine Ribes est blessé à la tête. A 2 heures commence une avalanche de marmites pendant 1h30. C'est effrayant mais on le supporte bien.

 

Guillaume Tell et le Lieutenant Boche :

A 3h30 attaque des boches. Ils sautent dans un bout de notre tranchée ; un Lieutenant qui était en tête nous tue 10 hommes puis il me vise avec un fusil, traverse le haut du devant de mon képi. Je prends un fusil à mon tour et je le tue sûrement en plein front, il est tombé à la renverse en levant les bras.

 

Un sang froid de fer :

Nous repoussons cette attaque mais les Manchester à ma droite fiche le camp. Pendant qu'à ma gauche une contre attaque anglaise merveilleuse se produit ; même des cavaliers se rendent aux tranchées. Je suis seul à droite ; j'envoie Calmon avec le fourrier Brunet et 4 hommes pour voir où sont les Anglais. Ils ne sont jamais revenus. Je prends la 9ème et la profile à droite de la route. Puis j'y mets des Scots Guards et reprends la 9ème. La nuit, incendie de la maison à côté‚ éclatement des cartouches, fusillade formidable. Gavini revient ; je l'embrasse, Roger blessé, renvoyé à l'arrière n'a jamais reparu et nombre d'autres.»

 

v     22 déc 1914  toute la journée                    Givenchy & La Bassée (62)           Artois

Solide comme un roc :

« A 7 heures attaque de tranchées par les Anglais, réussie mais à 9 heures ils reviennent repoussés. Je suis lâché à droite et à gauche je me trouve seul avec la 12ème en pointe, la 9ème‚ tant descendue. Je vais au Colonel anglais demander des renforts. A 11 heures j'avais une Compagnie puis à 1 heure deux mitrailleuses. Nous sommes sauvés mais l'avons paré belle. A 9 heures Bergeon vient me relever, je rentre, on me félicite. Rentrée au Préol vers 8 heures, Carty, simple soldat, vient me dire que j'ai fait l'admiration de tous mes hommes, qu'ils prétendent que je leur ai sauvé la vie. Dans ma 12ème j'ai 71 tués, blessés et un disparu. Dans le Bataillon il y en a en tout 154. ».

 

NB : cette aptitude à avoir brillamment fait face aux dangers et à maintenir les positions avec ses hommes vaudra à Jean Maurice sa Croix de Guerre avec Palme car citation à l’ordre de l’Armée. Plus tard, dans une lettre à sa femme Louise le 13 août 1917 Jean Maurice dira que son 3ème Bataillon du 142ème RTI aura été le seul Bataillon de Territorial a avoir été cité à l’ordre de l’Armée française).

v     27 janvier 1915        journée                      Calonne (62)             Artois

Une pluie de terre :

« …visite à la 1 ère ligne avec les Commandants de Compagnies. A l’extrême gauche nous sommes repérés, un percutant nous éclate à 5 mètres sur le bord de la tranchée, sommes couverts de terre. ».

 

v     23 février 1915        journée                      Calonne (62)             Artois

Un canardage en règle :

« Comme d’habitude fusillade, bombardement, quelques blessés, un tué. Nous l’avons enterré le 24 avec un prêtre brancardier. Je suis canardé le 23 par une mitrailleuse sur la place de la mort ( ?) ; miracle d’en être sorti. ».

 

v     26 mars 1915                       journée          Calonne (62)             Artois

Un balle calineuse :

« Le 26 en regardant avec un périscope pour repérer une mitrailleuse, elle me fait sauter l’instrument des mains, la balle m’a effleuré sans me toucher ».

v     11 avril 1915             10h30                        Calonne (62)             Artois

Un bon et quelques secondes :

«A 10 h ½ quelques obus sifflent ; ce sont des arrivées dans le quartier. Je sors et fait immédiatement rentrer des Hussards en criant lorsque j’entends un sifflement venant sur moi. D’un bond je rentre sous le blockhaus du poste de Commandement ; il était temps, l’obus éclate sur ma maison où nous mangeons. Je suis tout étourdi».

 

16h     bis repetitae :

«A 4 heures juste Lalanne vient me porter le rapport, une arrivée se fait entendre tout près. Je sors vite pour crier aux gens de rentrer suivi de Lalanne et d’or à peine dehors sifflement identique à ce matin. D’un bond nous sommes dedans l’obus éclate à 6 mètres de nous. Les vitres volent en éclats. Rude émotion. Je rends compte ; le Général ordonne de changer de Poste de Commandement».

              

v     12 avril 1915             16h                 rue du Temple à Calonne (62)      Artois

L’artillerie précise le tir :

«Tous les projectiles que nous recevons sont des 105, qui sont de fabrication très récentes, se brisant en mille éclats. Ils font peu de dégâts dans une maison, mais certainement en feraient beaucoup dans une troupe. A 4 heures du soir, nouveau bombardement : un obus à 10 mètres devant mon nouveau poste. Une vitre trouée».

 

v     11 mai 1915              nuit                 Calonne (62)             Artois

Encore une fraction de seconde et quelques centimètres :

«La nuit a été terrible une fois de plus j’ai bien failli y passer. Je regarde dans l’obscurité par dessus un mûr, une fusée boche part, vite je redescends une marche il était temps, une balle explosive éclate à l’emplacement où 1/10é de seconde plus tôt était ma tête.».

v     20 mai 1915             nuit                 Brasserie Brasme à Aix-Noulette (62)    Artois

Un toit solide :

«A 6 heures du soir bombardement soudain ; terrible, ma maison attrape 5 gros obus. J’ai 13 blessés y compris Vallée, mon brave petit docteur. Je le regrette beaucoup. Le soir 400 hommes de corvée qui travaillent toute la nuit.».

v     24 mai 1915  après midi                 Secteur « S » près Calonne (62)   Artois

Les loups ne veulent pas du 142ème RIT :

«Après déjeuner, visite du secteur S avec Gavini, Dupont et Crouzet. Par trois fois les obus nous empêchent d’arriver à la fosse aux loups. Gavini est un peu touché à la main. Nous rebroussons chemin, passons des tranchées, une route à découvert et arrivons à Noulette. Rue Zéfé ( ?) c’est épouvantable.».

 

v     25 mai 1915  midi                            Aix-Noulette (62)    Artois

La folle artillerie :

«L’artillerie a été formidable jusqu’à 11 heures mais de 1 heures à midi c’est effrayant, à devenir fou à Aix Noulette ; que ce doit être en 1ère ligne. A partir de 1 heure le défilé des blessés devant chez moi à la brasserie est épouvantable. Il continue toute la journée et toute la nuit. Ce sont surtout des zouaves et des tirailleurs algériens ».

v     28 mai 1915  après midi                 Brasserie Brasme à Aix Noulette (62)     Artois

Sans dessus dessous :

«après midi bombardement terrible sur Aix Noulette ; des obus en excellent acier nous font des ravages terribles, dans la brasserie où je loge un obus à traversé trois murs, fait une brèche de 10 mètres à la partie supérieure de mur et un trou de 2 mètres dans le pavé de la cour au pied de ce même mur. Des demi-muids qui étaient dans la cour ont été projetés, l’un par dessus la maison qui a 2 étages et un grenier et est venu tomber dans la rue en façade avec des poutrelles en fer. Un autre demi-muid est resté sur une toiture».

                                        

v     29 mai 1915  9h                               Brasserie Brasme à Aix Noulette (62)     Artois

Une sacrée brassée :

«Vers 9 heures je vis faire une ouverture à la cave, donnant sur la route, afin de pouvoir nous dégager en cas de nécessité. Je suis devant la porte avec Ribes lorsqu’un gros obus tombe sur la brasserie ; nous sommes enveloppés dans la poussière et la fumée ; je n’ai pas de mal mais dans la cour un malheureux vient d’être coupé en 4 morceaux, et la 5ème qui est sous mes ordres mais ne veut pas suivre mes instructions en restait dans les caves à 22 blessés. Je file dans ma cave et décide d’y rester, un moment après un nouvel obus tombe devant chez nous, défonce complètement la maison en face, tue encore un homme devant ma porte ; dans la cave je reçois une pierre dans le dos».

 

v     4 juin 1915    nuit                            Brasserie Brasme à Aix Noulette (62)     Artois

Ligne de vie ou un miracle de plus :

« Le Général me fait donner l’ordre de faire 2 nouvelles lignes de boyaux pour le 6 au matin, travail de nuit. Pendant que je trace la dernière ligne au Lieutenant Crouzat deux balles passent exactement entre nous. Miracle qu’aucun ne soit touché ».

 

v     6 juin 1915    9h                               Aix-Noulette (62)    Artois

La savonnerie arrose :

« Vers 9 heures je vais avec Bladier au PO ( NDR : Poste d’Observation) du Général de Division en sortant du boyau des corons, à 100 mètres derrière l’artillerie un 105 nous oblige à nous coucher sur la route ; les éclats tombent violemment tout autour de nous. Puis une grosse marmite au sud de la savonnerie nous couvre d’éclats et de terre ; pas de mal.».

 

v     7 juin 1915    20h30                        Aix-Noulette (62)    Artois

Suivis par les obus :

« A 8 h ½ après dîner, juste comme nous venons de passer sur la route, tombe un obus à la place que nous occupions cinq minutes plus tôt. Descente rapide à la cave. Nous étions sur le pas de la porte quand l’obus éclatait à 20 mètres de nous. Vers 9 heures un 105 tombe en plein sur notre maison.».

v     26 juin 1915  après-midi                Aix-Noulette (62)    Artois

Marmitage :

« Mais ce qui nous achève c’est le bombardement de 1h1/2 à 3 heures ; il nous est envoyé une cinquantaine de 210 qui ont fait des ravages terribles. J’ai à la 12ème (Compagnie) 1 mort et 6 blessés dont 4 grièvement. Plusieurs marmites ont éclaté autour de chez nous ; il y a de quoi beaucoup craindre. Je suis très déprimé ce soir...».

 

v     28 juin 1915  matin                         PC de la route d’Arras (62)           Artois

L’horreur des 1ères lignes coupe toutes envies :

« Je vais voir le Général Olleris au PC de la route d’Arras. Visite à notre ancienne 1ère ligne ; marmitage sévère, émotion terrible ; je marche sur des cadavres, je vois des mains crispées, des jambes et des pieds qui ressortent, c’est affreux, odeur infecte. Je suis bouleversé et en attrape la colique. Le soir à 10 heures, pendant que je suis au WC un obus siffle juste au dessus de moi et tombe à 20 mètres en avant sans éclater ; c’est de la veine. Mais il me coupe la colique et je ne suis pas long à plier bagages sans fermer la porte derrière moi.».

 

v     30 juin 1915  12h30                        Aix-Noulette (62)    Artois

Tout en vrac :

« Visite aux tranchées. Bombardement violent, cave. A midi ½ les obus éclatent autour de nous ; un d’entr’eux est entré dans notre ancienne salle à manger ; tout est en l’air. Veine de ne pas y être resté.».

 

v     7 octobre 1915         13h                 Wargemoulin-Beauséjour (51)      Champagne

3 mètres et un nouveau miracle :

« vers 1 heure de l’après midi  nous sommes bombardés par des 210 sur notre petit coin. C’est à jurer que le PC du Général est repéré. La 3ème marmite qui éclate tombe devant chez nous sur le bord de la route ; j’ai juste eu le temps de rentrer : 2 hommes sont tués devant mon abri à 3 mètres de moi. Je n’ai rien eu mais c’est miracle ; si j’avais suivi ma 1ère inspiration qui était de partir chez le colon pour sortir de la zone de tir je devais être infailliblement écrasé.».

 

v     12 octobre 1915       18h                 Wargemoulin (51)    Champagne

Une manipulation malheureuse :

« Vers 6 heures à peine la 11ème (Compagnie) est elle en place qu’un malheureux en montrant un détonateur d’obus à ses camarades le fait éclater, se tue ainsi que son voisin et en blesse 3 autres. Le détonateur me frôle la figure il était à 5 mètres de moi c’est de la veine de ne pas avoir été atteint.».

 

v     28 octobre 1915       18h                 Ravin de Beauséjour (51)   Champagne

sur les nerfs :

« Le ravin est encore très bombardé, n’arrose carrément le tour de ma cagna. Je suis très fatigué moralement par cette anxiété d’être entre la vie et la mort. Enfin vers 9 heures ils se calment.».

v     30 mars 1916           11h                 Esnes en Argonne (55)       Meuse

Arrosage & marmitage = leitmotiv schpountz :

« Matinée relativement calme mais à partir de 11 heure marmitage effroyable sur toute notre ligne ; 3 morts et 2 blessés à la 10ème Compagnie. Mon PC est arrosé tout autour par de 130 ; un obus devant la porte à 2 mètres. Je vais reconnaître des boyaux avec le Génie pendant le marmitage ; miracle d’en sortir.».

v     2 avril 1916              9h                   Esnes–Avocourt-Argonne (55)     Meuse

Jusqu’où sa chance ira ?:

 « Nuit bombardée sans interruption. Vers 9 heures je vais le colo en rentrant à mon PC ; une grosse marmite éclate à 20 mètres ; j’ai juste le temps de m’allonger, ensuite je saute dans le boyau et j’attends que la rafale finisse. Il en tombe une dizaine tout autour de moi.».

 

v     5 avril 1916              11h                 Esnes–Avocourt-Argonne (55)     Meuse

Increvable ! :

 « A 4 h 1/4 commence le plus violent marmitage avec obus de gros calibre qui se puisse voir, tout tombe dans un rayon de 150 mètres autour de mon PC. Je me réfugie dans ma sape en construction bien qu’elle ne soit pas encore fini d’étayer. Jamais je n’avais subi un bombardement pareil. Enfin à 6 h 1/2 cela se calme je suis rompu. Nous dînons avec des conserves, notre cuisine est en l’air, les obus en sont tombés à 5 mètres. A 8 heures je me couche et m’endors quant à 10 heures on me réveille, il y a alerte, je fais prendre les positions de combat à mon Bataillon et moi même me porte aux tranchées avancées de H à IK à l’Ouest de Esnes.».

 

v     16 avril 1916            3h                   Esnes–Avocourt-Argonne (55)     Meuse

Un pétard bien mouillé :

 « Vers 20h30 une grosse marmite tombe à toucher mon PC sans éclater ; c’est miraculeux que Etchegaray qui était dehors s’en soit sauvé ; elle est tombée à moins d’un mètre de lui. Tout notre PC a tremblé et elle n’a pas éclaté, qu’eut ce été si elle avait fonctionné.».

 

v     18 avril 1916             18h                 Côtes 304-Argonne (55)    Meuse

Krosse Kannonade !

 « A partir de 5 h 1/2 du matin bombardement jusqu’à 6 heures du soir. C’est à devenir fou. Lent le matin, et crescendo jusqu’au feu rapide le soir. Le matin j’ai manquer hériter.».

 

v     20 avril 1916            22h                 Côtes 304-Argonne (55)    Meuse

2ème pétard mouillé :

 « Le soir à 10 heures départ à cheval ; au moment du départ un 105 tombe à côté de nous sans éclater c’est une vraie veine. Arrivée à 1 heure du matin à Brocourt.».

 

v     5 au 10 décembre 1916      nuit     Maricourt (80)         Somme

Quand le ciel s’y met :

 « La nuit des avions s’amusent à nous survoler très bas et font marcher la mitrailleuse en tirant sur nos cagnas sans résultat d’ailleurs.».

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