Origine de propriété :
Fief de ma branche maternelle, le Colombier se
situe dans le vieux Pauillac, sis rue de Grassi non loin de l’Eglise St Martin,
à l’intersection des rue Traversière, rue Corneille et du 20 rue St Laurent où
débouchait le chai du Colombier.
La propriété a été acquise comptant par mon
arrière arrière grand père Ernest (père de Jean Maurice) en septembre 1883 pour
la somme de 140.000 francs de l’époque. Ernest était un florissant avitailleur
de navires dans le port de Pauillac au moment ou celui ci pris un essor
considérable à partir du milieu du XIXème siècle. Le Colombier était auparavant
la propriété de Mélanie Marie Escarraguel veuve en première noce de Laurent
DESSE ; les frères DESSE possédaient d’autres propriétés dans la commune à
l’époque.
L’ensemble de la propriété était constitué de
différentes parcelles de vignes à la sortie Ouest de Pauillac séparées des
bâtiments d’exploitation et d’habitation qui étaient en ville. Ernest l’a
ensuite constitué en dot dans le contrat de mariage de son fils Jean Maurice en
1902. Néanmoins en juillet 1920 à la suite du décès de son épouse (Marguerite
DESSE la mère de Jean Maurice) Ernest décide de faire donation de tous ses
biens et ceux de sa défunte épouse à ses deux enfants (Jean Maurice et
Marguerite ADDE-PAUL) en vue de partage anticipé. A ce titre l’autre domaine de
la Garosse tombera dans son escarcelle.
En avril 1941, après bien des vicissitudes
économiques (crises du Mildiou à partir de 1860, du phylloxera à partir de
1880, de la crise mondiale de 1929 et des deux guerres mondiales 14-18 et
39-45) le Colombier fut cédé. Mr JUGLA acquit les vignes extra muros, Philippe
de ROTHSCHILD acquit la maison de maître et ses bâtiments d’exploitation intra muros ;
il y installa d’ailleurs sa maison de négoce « la Bergerie » renommée
« La Baronnie ».
Deux vues du
Colombier : en 1906 côté Sud avec sa cour et son parc.
De nos jours côté
Nord donnant rue de Grassi, locaux de la maison de négoce Rothschild.
Les vendanges au château :
Début 1900, arrière-grand-père maternel Jean Maurice ADDE en chapeau rejoint par la troupe des vendangeurs.
Au centre plaque d’identification fixée aux attelages.
Début 1900, sous le contrôle d’Ernest ADDE en canotier de dos (père de Jean Maurice) les bœufs rentrent la vendange dans les chaix jouxtant la cour nord arrière.
La vie quotidienne au domaine avec six photos prises dans le parc et la cour lors de réunions de famille :
Ci-dessus en haut à gauche vers 1900 puis à droite en 1918
Ci-dessous en bas à gauche vers 1913 les cousins PAUL de Toulon avec leurs cousins pauillacais.
En bas à droite début 1900 Ernest, son épouse Marguerite DESSE, et sa fille Marguerite, soeur de Jean Maurice.
vers 1908
Les gouvernantes s’occupant des deux derniers enfants de Jean Maurice :
à gauche Louis & Marguerite, à droite Louis & René.
Quelques figures familiales de Pauillac et Lesparre :
à gauche l’Abbé RENTIER cousin des ADDE, au centre Ernest ADDE l’homme d’affaire avisé et propriétaire de domaines ; à droite Marie ADDE de Lesparre cousine des ADDE de Pauillac.
Anecdote de ma grand-tante, fille de
Jean Maurice, concernant l’Abbé qui était prêtre retraité et auxiliaire du curé
de Pauillac : «chaque dimanche après la grand’messe il venait déjeuner en
famille au Colombier. Il venait souvent après les vêpres et passer la soirée en
famille. Il lisait son bréviaire dans les allées du parc et avait de fréquentes
conversations religieuses avec Isabelle Contal surnommée Tante Bébelle. Un jour
dans le parc il dit aux trois enfants de Jean Maurice (Marguerite René et
Louis) : tout est mystère, la beauté de cette rose, le grain de blé
confié à la terre qui devient le blé qui nourrit les hommes, les divers
éclairages du soleil de son lever à son coucher, le poussin perçant son œuf,
l’enfant qui vient de naître, tous les êtres qui inévitablement meurent, tout
est mystère. Une force nous domine et nous prouve l’existence de Dieu comme la
notion d’éternité qui nous dépasse »
Anecdote de ma grand-tante, sur Marie ADDE cousine germaine d’Ernest : Marie était une femme très pieuse ; elle était une personnalité de Lesparre où elle habitait. Sur le cliché elle rejoint sa voiture avant de rentrer à Lesparre ; elle emporte dans son panier des pâtisseries de la cuisinière Marie HONTON et des lilas du parc du Colombier».
Le cochet et valet de chambre Jean HONTON au centre entouré de
deux clichés de son épouse Marie HONTON d’Hagetmau dans le Gers
Anecdote de ma grand-tante sur Marie
HONTON: «arrivée en 1880 au Colombier, Marie était la cuisinière d’Ernest et
Marguerite les parents de Jean Maurice. Excellente cuisinière elle avait une
spécialité de foie gras frais du Gers »
Le 28 octobre 2004 au
Colombier : Une après-midi extraordinaire :
Détails d’ornementations murales des façades extérieures
Un matin d’octobre je me rends à
Pauillac pour m’imprégner une énième fois de la vue nostalgique des bâtiments
du Colombier. Je me décide à demander aux propriétaires la visite des lieux
quand je croise par hasard ma future guide de l’après midi ; Mme R.
s’apprête à prendre son service lorsque je lui demande s’il est possible de visiter
l’ancienne demeure familiale, sise dans l’enceinte de la prestigieuse maison de
négoce pauillacaise La Baronnie- Baron Philippe de Rothschild. Le ciel est avec
moi : la Direction me confirme le rendez vous pour l’après midi.
Le flan Sud à gauche, une partie du parc au centre et les
chaix côté angle Est avec la fin de la rue de Grassi
Je suis ému par cet imprévu. Je
craignais d’essuyer un refus et j’en fait l’énorme surprise à ma mère qui a
quelques souvenirs du lieu et de son grand-père. Mme R. m’explique que le
Colombier est resté en l’état depuis l’acquisition par le baron Philippe ;
seul le mobilier a quitté les lieux : les peintures, les appliques
murales, les revêtements du sol et la disposition des pièces demeurent
inchangés depuis l’acquisition de 1941 ; la maison de maître sert
simplement à certaines réunions ponctuelles. Cela me ravit car je sais
désormais que nous allons retrouver ce lieu mythique « en l’état »,
comme si Louise & Jean Maurice venaient de quitter la place la veille.
Les façades Est et Sud dans une lumière blonde et dorée qui
va si bien au moellon calcaire.
La porte s’ouvre, et c’est soudain la vérité des lieux. Nous sommes
plongés plus de 60 années en arrière ; le temps s’est arrêté, le silence
est religieux, le calme règne partout. Le mythe du Colombier devient
perceptible et surtout préhensible ; nous pouvons nous accaparer les lieux
fugitivement ; quel bonheur !. Avec la plus grande gentillesse, Mme R. qui
a compris notre souhait de pèlerinage, nous ouvre toutes les portes jusqu’au
second étage ; nous ne pouvons rêver mieux.
Le hall d’entrée distribuant les principales pièces du bas.
Le sol est marbré bi couleurs.
Du point de vu du généalogiste
amateur que je suis, c’est un aboutissement lorsque l’on peut se figurer le lieu
de vie de ses proches. Quelle sensation étrange de pénétrer dans cette
propriété presque intacte, préservée ; cette même demeure qui m’a tant été
relatée par ma mère et ma grand mère ; c’est une mythe familiale qui
s’entrouvre pour quelques heures ; mes parents et moi y accédons tel dans
un sanctuaire ; j’ai cette impression que la vie y était encore il y a
très peu de temps ; le lieu me parle tellement.
Les moulures du
plafond du salon, un peu de mobilier d’époque tels le coffre fort mural et un
placard vitré encastré.
J’ai longuement étudié la vie de
mon arrière grand père, de sa femme Louise et leurs trois enfants ; ma
mère semble partager ma surprise, ma joie et mon émoi. Je sens l’âme des lieux,
je m’en imprègne, ce n’est pas descriptible réellement, tout est en ressenti. Avec
un peu d’imagination, Louise & Jean Maurice, Marguerite René et Louis mon
grand père pourraient surgir d’une pièce ou l’autre.
Rampe d’escalier verte avec pommeau de verre, moulure de plafond en feuilles d’acanthe, corniche à sculpture.