Origine de propriété :
Demeure natale de René LEBEGUE
& sa sœur Louise
LEBEGUE mon arrière grand mère maternelle, l’épouse de Jean Maurice,
Montbrun était à l’origine une chartreuse. Il a été transformé par un architecte
réputé de Bordeaux : MINVIELE. Le château était situé dans le hameau
d’Issan commune de Cantenac à côté du château Vincent, autre propriété de la
famille JADOUIN, à proximité du château Palmer, dans l’appellation Margaux.
La propriété a été constituée par le grand-père
de Louise : Jules JADOUIN. Membre d’une famille marquante de Cantenac et
Margaux qui avait acquis de nombreuses terres à la charnière des XVIII° et XIX°
siècles, il se lança dans le négoce autour de 1828. Il se distingua en
reconstituant l’ancien domaine noble d’Angludet, qui avait été démembré à la
fin du XVIII° siècle. En 1874 sa fille Marthe–Julie épousa Louis
Jules LEBEGUE, un négociant en vins charentais originaire de Mansle (16) qui
était venu en Bordelais pour acheter des vins et des vignobles pour sa famille
qui avait crée une maison de négoce à Londres. Jules LEBEGUE travailla avec son
beau-père. Il poursuivait son action tant dans la reconstruction du domaine d’Angludet
qu’à la tête de la société de négoce qui passa progressivement sous le nom de
Lebègue ; la firme de Londres tant devenue l’une des principales maisons
du vin du monde, avec le monopole pour l’empire britannique du prestigieux
domaine bourguignon de la Romanée-Conti. Le frère de Jules, Paul, gérait directement
de Londres la «Wine Shipping Company» ; Jean Louis
«Paul» se maria vers 1860 à une Anglaise, Catherine, et demeuraient
ensemble à Londres au 23 Collingham
Road dans le quartier de Kensington South.
L’ensemble de la propriété de Montbrun était
constitué de différentes parcelles de vignes proches des bâtiments ou
attenantes ; de vastes locaux d’exploitation et chais jouxtaient le
château et s’appuyaient sur ses flanc Est et Sud. En 1930 une partie des
bureaux et chaix furent détruits par un incendie et reconstruit avec de vastes
terrasses sur les toits.
Mon arrière-grand-oncle René
LEBEGUE tint le château jusqu’à sa destruction il y 50 ans.
En hiver 1953 intervint la catastrophe. Les
températures étaient sibériennes en France et la région Sud-Ouest ne fût pas
épargnée ; on frôla le –15 degrés à plusieurs reprises dans le Médoc. Un
soir de février la chaudière qui tournait à plein depuis quelques jours prit
feu puis embrasa les pièces une à une. Outre les pompiers locaux de Margaux,
ceux de Castelnau puis de Bordeaux furent appelés mais l’incendie était si
soutenu que tout fut ravagé en cinq heures. Adieu Montbrun !
Cinq vues de la
propriété :
ci-dessus façade
Nord côté gauche et façade Nord côté droit.
ci-dessous vue
Ouest, entrée Nord par le côté, vue Sud.
La vie au domaine :
Le mariage de mes arrières grands parents
maternels Louise LEBEGUE et Jean Maurice ADDE pris place à Montbrun le 5 mai
1902 ; les faire-part sont datés du 20 avril 1902. Le 6 mai à 10 heures
prenait place une distribution de fleurs et la bénédiction nuptiales commençait
à 11 heures à l’église de Cantenac ; un lunch était offert au château
après la cérémonie religieuse :
Nous les retrouvons pour quelques clichés dans le parc :
A gauche : Louis Jules Lebègue- Jean Maurice Adde- Jacques Lebègue- Louise sur le banc et son frère René assis.
Au centre : les deux familles Adde & Lebègue avec les proches et les témoins. A droite le couple de mariés.
Sur cette entête de papier la maison Lebègue mentionne bien l’implantation de ses locaux au Château Montbrun. Jules Lebègue est à gauche et son fils René à droite dans une élégante tenue d’hiver. Il sera maire de Cantenac une vingtaine d’années
René
Lebègue fût Maire de Cantenac de 1919 à 1930 ; ci-dessous le procès verbal
de délibération de la Mairie daté de mai 1919, il a 44 ans lors de son premier
mandat. Nous le retrouvons plus bas sur deux clichés relatifs à l’inauguration
du monument aux morts de Cantenac.
Ci-dessus dans les années vingt René LEBEGUE fait un discours pour l’inauguration
du monument au morts 1914-1918 de Cantenac
La nuit du 9 février
1953, le drame familial :
Peu après minuit alors qu’il dormait dans sa chambre du premier étage, René LEBEGUE fut réveillé en sursaut par les sonneries de service qui résonnaient toutes en même temps. Dans l’affolement général la femme de chambre Mme NOLIS arriva à son tour dans les appartements en criant au feu puis retourna auprès de son mari Jules pour lui demander d’évacuer bien qu’étant alité pour maladie. Seuls habitants du château les deux couples quittèrent précipitamment la demeure lorsque le feu commença à se répandre par une pièce du deuxième étage qui se situait au dessus de l’installation de chauffage. Les planchers et le toit commencèrent à s’effondrer créant un immense appel d’air qui faillit coûter la vie au contre maître de chai Mr MEYRE ainsi qu’à Jules, puis finit d’attiser l’immense brasier. Les pompiers des casernes de Margaux, Castelnau et Bordeaux arrivèrent dans la nuit et de mardi et jusqu’à 10 heures le lendemain matin continuaient à éteindre les derniers foyers. Cette nuit fut particulièrement froide ; les pompiers s’étant mis en poste à 100 mètre du sinistre, l’eau des lances à incendie gelait dans les tuyaux avant d’arriver. A 4h30 du matin le sort en était jeté ; le lendemain matin, de cette superbe demeure de plus de vingt pièces richement meublées il ne restait que deux murs et un petit bâtiment attenant au château. Malgré l’immense douleur qui frappa la famille LEBEGUE il faut reconnaître qu’aucune victime n’a été déplorée. De cet évènement je garde religieusement un double magnum factice d’époque, un verre à pied sorti «torsadé» du brasier ainsi qu’un gros morceau de pâte de verre issu de la fusion de plusieurs bouteilles fondues entre elles par la chaleur dégagée !
Au dessus la presse locale de l’époque évoque la malheureuse nuit où la famille LEBEGUE perdit son fief cantenacais. Le contre maître de chai Mr MEYRE témoigne. Les deux derniers clichés montrent les vestiges de la splendeur passée : toujours debout, la grille d’entrée et son portail donnent une perspective sur les arbres et la végétation envahissante (voir cliché similaire pris à l’époque en haut de page). Pour des raisons de sécurité les pans de murs restant ont été abattus ; par la suite la parc a été planté de ceps de vignes. En bas à droite bloc de verre résultat de la fonte de bouteilles entre elles dans l’enfer de l’incendie.