Carnets de Campagne 14-18 (suite)Commandant Jean Maurice ADDE |
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Photo : collection personnelle François
Darriet. Brigadier Jacques MAUREL, proche de JM.Adde car girondin comme lui, originaire du Verdon, pointe du Médoc. Il a 4 enfants dont 1 fils. Photo : collection personnelle François
Darriet. Officier subalterne Raymond ADDE du corps de santé peu avant guerre. Photo : collection personnelle François Darriet. Lieutenant Colonel Raymond ADDE lors de la seconde guerre mondiale. Médecin militaire, né en 1886 décédé en 1963,cousin de Jean Maurice ADDE. Photo : collection personnelle François Darriet. Photo : collection personnelle
François Darriet. Louise LEBEGUE au début du siècle. Photo : collection
personnelle François Darriet. Raymond ADDE Lieutenant au Corps de Santé peu après
guerre source http://www.military-photos.com/marchand.htm Ci-dessus Colonel Marchand
avant guerre. Ci-dessous Commandant Marchand vers 1900 de retour du Soudan
après l épisode de Fachoda. (°1863 +1934) source http://www.military-photos.com/marchand.htm Colonel puis Général
Emile-Alexis Mazillier: chef du 7 régiment colonial, puis chef de la 6 brigade
coloniale (II), puis chef de la 2 division coloniale (II), puis chef du 20
corps "de fer" (IV), puis chef du 1 corps colonial (IV). Photo : collection personnelle François
Darriet. Photos reçues par
JM.Adde le 19 mars 1917 : devant sa cagna sous un rocher dans les
grottes (« creutes ») se trouvent les Commandants de Compagnies du
3ème Bataillon, photo du bas de gauche à droite : capitaine
VESSERON, Capitaine PAGES (barbu), Lieutenant GAVINI, Capitaine OLIER et
Commandant ADDE Chef du 3ème Bataillon. Source :
L’Illustration Keystone. Citation du Sergent-Chef DUPONT qui sera nommé ultérieurement Adjudant. A noter la médaille militaire. Photo : collection personnelle François
Darriet. Le Vaguemestre LANDOUARD
près du PC de Calonne. A l’époque il était célibataire. Le 27 juillet 1917
sera affecté au 9ème Zouaves. Photo : collection personnelle François
Darriet. Le Médocain Maurel du Verdon en Gironde Photo : collection personnelle François
Darriet. Dixit JM.Adde « mon fidèle » François DAMESTOY. Ce sous-officier fabriquait des petits objets de métal avec les douilles d’obus récupérées ; il en fabriqua pour les trois enfants de JM.Adde. En échange JM.Adde lui offrira une boîte à outils de Saint Etienne. Photo : collection personnelle François
Darriet. Lieutenant COCHARD. Photo : collection personnelle François
Darriet. Cérémonie de remise de la Croix de la Légion d’Honneur le 8 juin 1917 à Goviller. Le Colonel CANTAU s‘apprête à frapper les épaules de JM.ADDE puis lui remet sa « Croix » dans l’ordre de Chevalier. Photo : collection personnelle François
Darriet. Source : Histoire et Collections AThers. Croix de la Légion d’Honneur dans l’ordre d’Officier (avec rosette sur ruban). Photo : collection personnelle François
Darriet. Photo peu avant 1914 : Jean Maurice avec ses enfants (Marguerite, René et Louis), sa femme Louise LEBEGUE et ses parents (Ernest ADDE et Marguerite DESSE). Photo : collection personnelle François
Darriet. René, Louise Jean Maurice et « Guiguite »
adolescente ; notez la vareuse la Croix de la Légion d’Honneur dans
l’ordre de Chevalier et la Croix de guerre avec palme de bronze. Photo : collection personnelle François
Darriet. Sous-Lieutenant PERIE
142ème RTI 3ème Btn, 2ème Cie. Source Internet Avion allemand 14-18 de type «aviatik». Source : Histoire et Collections AThers. Type allemand de mortier de tranchée léger «minenwerfer»ou « crapouillaud ». Médaille militaire. Photo : collection personnelle François
Darriet. Lieutenant COCHARD. |
Chapitre quatre
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contained in this site 1917 5 JANVIER Départ de Pauillac avec Mme Maurel et Louise ; excellent dîner chez les Moreau. 6 JANVIER Arrivée à Paris à 8 heures, Palais d’Orsay ; courses
Gare de l’Est départ midi arrivée Toul
7 h 1/2. Maurel nous attend. Le Bataillon a quitté Chaouilley pour Colombey les Belles. Nous faisons nos 17 kilomètres
en voiture avec le cheval de Cassagne qui ne veut rien savoir. Voyage
pénible, arrivée à Colombey à 10 h 1/2. Installation médiocre. 7 JANVIER Pluie et neige. Le
Bataillon travaille en forêt pour la DES (NDR : Direction
des Etapes et Services) Colonel Carlet très rigolo type Cantau
(NDR : Cantau est le Colonel du Régiment !). 8 au 11 JANVIER Neige, pluie, impossible
de sortir avec ces dames
(NDR : Louise et Mme Maurel ?) à part à 2 heures un jour. 12 JANVIER Visite du Général Delétoille
de la DES, il m’annonce que nous allons partir. A 8 h 1/2 du soir un
message de l’EM de Revigny me donne l’ordre de mouvement pour le 14
pour me rendre à Chaouilley. 13 JANVIER Préparatifs de départ. 14 JANVIER Voyage dur par neige
glacée. Je quitte le Bataillon et passe par le plus court pour aller à Praye. Ces dames
viennent en voiture avec Maurel et Dubourg. Je suis très inquiet à
leur sujet en les voyant pas arriver avant 5 heures du soir. 15 JANVIER Froid, glace, impossible
de circuler mais promenade dans la neige à Etreval
et retour. 16 JANVIER Petite ballade jusqu’à un bois dans la neige, obligés rentrer. 17 JANVIER Excursion à Sion ; sur le sommet il y a 0,50 mètres de
neige. Vue merveilleuse. 18 JANVIER Départ pour la gare de Praye à 11 heures. Séparation. Rentrée à Chaouilley plutôt triste. J’envoie Dubourg
promener à Sion et je reste tout mon après midi à écrire. 19 JANVIER Réveil à 1 heure du
matin. Départ pour la gare de Vézelise
à 2 heures par des routes glacées. Embarquement en chemin de fer. J’apprends
que nous allons vers Château Thierry (Aisne). Voyage très froid en 2nde
classe avec de la paille dans le wagon pour nous tenir chaud. Nous roulons
toute la journée. 20 JANVIER Arrivée en gare de Dormans à 2 heures du matin ; débarquement
très pénible en pleine voie. A 7 heures nous partons pour Monthurel à 15 kilomètres. Etape très dure à cause
du verglas. En passant je vais avec Maurel le colo à La Chapelle sous Condé. Installation très
médiocre à Monthurel. 21 JANVIER Départ à 6 heures pour Vauchamps, 22 kilomètres. Dure étape dans la neige,
nombreux lièvres ; on ramasse un lapin qui vient de se prendre au
collet. Arrivée à Vauchamps vers midi. Installation
chez une épicière. Fillette très gentille 14 ans, me rappelle beaucoup
« Guiguitte ». 22 JANVIER Visite au colo à Montmirail ; bourg dans le genre de Pauillac.
Rentré pour déjeuner à Vauchamps. 23 JANVIER Déjeuner à Montmirail
chez le Commandant Parizot. Bridge avec Belly, Carrère et
Parizot. 24 JANVIER Déjeuner chez Belly
à Montmirail avec Mme Belly.
Bridge chez Parizot avec Carreau et le Docteur Legros.
Nous recevons ordre de partir le 26 en autos ; les voitures et chevaux
partent le 25 en avance. 25 JANVIER Déjeuner chez Parizot
avec ses propriétaires Mmes Boutroux.
La mère Croix de Guerre avec Palme et Médaille des Epidémies. Femme très
éprouvée par la Guerre : un fils tué Enseigne à bord du
« Bonnet », gendre tué dans le Zouaves, elle même perd un œil d’une
ophtalmie purulente contractée en soignant des blessés, l’autre œil très
malade ; son mari médecin engagé et sur le front. 26 JANVIER Les ordres sont
modifiés, nous partons à pied, 20 kilomètres et allons cantonner à Saint Eugène chez le garde
champêtre. Plutôt médiocre comme installation. 27 JANVIER Départ à pied pour Le Charmel, 15 kilomètres ; arrivée à
midi ; déjeuner sommaire encore chez
un garde champêtre. A 2 heures embarquement en autos pour
Saint Thibaut. Voyage en voiture découverte par moins 10 degrés et un vent
violent ; je n’ai jamais autant souffert du froid. ; arrivée à Saint Thibault vers 5 heures du soir. Impossible de loger
mon monde. Dortoir pour les officiers dans la salle d’école, les hommes
pêle-mêle avec les Territoriaux du 301ème. Je loge chez le maire, mangeons dans la
cuisine. 28 JANVIER Froid terrible. Eau
glacée dans la chambre. Visite au colo à Mont
Notre Dame ; j’ai ordre de partir le lendemain. 29 JANVIER Départ à 8 heures pour Bourg et Comin à cheval ; nombreuses glissades. J’ai
eu quelques vertiges en me levant ce matin. Un Colonel de Coutard, qui
me donne comme bivouac des grottes sur les pentes d’un coteau au Nord de
Bourg et Comin. Visite des grottes, tout est à installer ; arrivée du
Bataillon vers 2 heures. Installation. Ce secteur a été tenu par le 18ème
Corps d’Armée pendant 18 mois ; secteur calme à ne pas croire qu’on
est en guerre à 1 kilomètre des Boches. En bas du coteau je visite des cagnas
modèles avec jardins, kiosque à musique, etc, on voit véritablement le
secteur calme et ce qu’on reproduit les photos des journaux illustrés.
Nous ne sommes pas habitués à des secteurs de ce genre où nous n’y resterons
pas ou nous allons le gâter rapidement. 30 JANVIER J’ai eu des vertiges terribles depuis 2 heures du matin ; cela m’inquiète beaucoup. Ma cagna est assez confortable sous une immense pierre plate formant voûte. 31 JANVIER Mes Compagnies
travaillent à la confection d’une route pour atteindre le sommet de Madagascar. Je plains les chevaux
qui auront à tramer les munitions et les pièces là haut. Je me suis purgé ce
matin, j’ai encore eu des vertiges terribles cette nuit. J’ai demandé au Docteur
Bouchau ce que je pouvais avoir il me répond qu’évasivement parlant de
congestion cérébrale, de lésions au cerveau, de mort subite dans ces
maladies. Je suis plutôt effrayé de mon sort et me demande ce que je vais
faire. 01 FEVRIER 1917 La purge hier m’a fait
grand effet, mais cette nuit j’ai encore eu mes vertiges horribles.
N’étant nullement tranquille je me décide à écrire au Docteur Legros,
médecin Chef, demandant des remèdes. A 2 heures j’ai une lettre de Louise
me disant que Raymond est Fismes ;
juste Maurel vient d’y partir, trop tôt pour que je lui dise de la
chercher. 2 FEVRIER Mes vertiges
continuent ; je ne pourrais me tenir debout ce matin, je commence à être
très inquiet ; le Dr Legros va venir me voir mais quand ? je sors
un peu à pied. Le froid continue, terrible ; nous avons –15 toutes les
nuits et –7 ou –8 toute la journée. Heureusement nos cavernes sont chaudes.
J’envoie Landouard à Fismes à la recherche de Raymond ; il me rapporte un mot de lui me
disant qu’il viendra déjeuner demain. J’en suis ravi. (NDR : Raymond est
son cousin Raymond ADDE) 3 FEVRIER Mes vertiges ont un peu
diminué, je n’en ai eu un qu’au lit et pas depuis que je suis debout. Raymond est venu déjeuner, il est resté jusqu’à 4
heures. J’ai passé un bon moment à causer avec lui. Je lui ai expliqué mon
cas il me fait une ordonnance. 4 FEVRIER Je n’ai pas eu de
vertige cette nuit, je vais décidément mieux. A 2 heures je pars pour Longueval voir le
Médecin Chef qui m’ausculte sur toutes les coutures, très très
à fond et qui me déclare que mes vertiges viennent de l’estomac et de mes
oreilles, mais qu’il n’y a rien au cerveau ni lésions, ni congestion ni
danger de mort subite que Bouchau est un fou dangereux. Vraiment je me
sens bigrement réconforté et un peu plus d’aplomb en revenant de Longueval.
Le colo m’y annonce que nous changerons encore de place demain, nous sommes prêtés au Corps Colonial
et je vais à Jumigny
avec 9 et 10 (NDR : avec la 9ème et la 10ème
Compagnie). Réunion des Capitaines de Compagnies ce soir pour les ordres. 5 FEVRIER Ce matin
déménagement ; nous déjeunons à 10 heures, départ à cheval à 11 heures
avec Maurel. Je passe par Pargnan
voir le Général Guérin Commandant la 15ème DIC (NDR :
Division Infanterie Coloniale) qui me renvoie à son Général de Brigade. Je
continue sur Jumigny,
les routes sont glissantes comme des miroirs, il y fait un froid de canard environ
–8 ou –10. A l’entrée de Jumigny Dubourg me conduit aux grottes que
nous devons occuper. J’y aurai une installation presque confortable. Une
carrière immense où on peut loger deux régiments est à côté mais rien pour
mes officiers de la 9ème (la 10ème est à Moulins).
J’indique à Bouchau qu’il logera avec les officiers de la 9ème.
Vers 2 heures je vais à Paissy
voir le Brigadier (NDR le Général de Brigade de la Coloniale). Je reçois mes
ordres mais j’ai des vertiges terribles. En revenant je redoute de ne pouvoir
arriver à ma cagna. Enfin j’y parviens et j’en suis bien heureux ; à
peine arrivé Bouchau vient me demander si je maintiens qu’il doit
coucher avec les officiers de la 9ème. Il voudrait partager
ma chambre ; je refuse. Il me demande alors de passer à la popote de la
9ème ; je lui répons « avec grand plaisir » ;
nous en voici débarrassés. Maurel, Dubourg et moi en sommes
ravis. La soirée se passe avec des vertiges terribles ; Landouard est
allé à Fismes me chercher des cachets ordonnés par Legros et rentre à
10 heures du soir. 6 FEVRIER J’ai encore eu des
vertiges cette nuit et ce matin je marchais comme un
gaga ; après midi cela recommence ; j’en suis fatigué. A part cela
journée sans incidents. 7 FEVRIER Encore des vertiges toute la nuit et le matin. Je me décide à un régime sévère. Plus de vin ni alcool, je réduis considérablement mon nombre de cigarettes, je mange très peu le soir. Je n’ai pas pu sortir à cause de mes vertiges. 8 FEVRIER Je me sens un peu
mieux ; après midi je vais jusqu’à Paissy
avec Maurel ; aller par un boyau mais
au retour nous passons à travers champs et nous sommes salués par les
Boches qui nous voient certainement très bien sur le haut plateau. 9 FEVRIER Je ne suis pas guéri
encore mais je me vois obligé d’écrire à la maison que j’ai été
souffrant ; cela m’ennui cependant je ne peux pas le leur laisser
ignorer, dans le cas où il m’arriverait quelque chose. Je suis très inquiet
sur l’état de Louise et je me tourmente beaucoup pour elle. 10 FEVRIER Décidément je vais de
mieux en mieux, à part au lit je n’ai de vertiges dans le jour que lorsque je
regarde les avions boches, qui sont cause que les éclats de schrapnells
voltigent bien souvent autour de nous. Journée sans incidents. 11 FEVRIER Je suis toujours ennuyé pour
Louise qui est très préoccupée
de la mise en pension des enfants et de sa santé. Ce que je lui ai écrit va
l’inquiéter encore davantage. Mes vertiges continuent mais moins forts. Nous
avons eu vaccination et le Dr Legros m’ordonne de continuer mes cachets. 12 FEVRIER Après midi visite d’un
officier de l’Etat Major de la 10ème
Division Coloniale aux ordres de qui je
passe. 13 FEVRIER Repos pour le Bataillon.
Visite au Colonel Commandant l’Infanterie de la 10ème
DIC à Paissy. Puis vers le soir je vais à Pargnan à l’EM prendre les ordres. Le Général
Marchand vient dans la salle. Il est très bien et m’accueille fort
aimablement. J’ai une lettre de Louise me
disant qu’il y a apparition, ouf, j’en suis ravi, je craignais sérieusement
qu’il me survienne un accident et de la laisser enceinte, je respire et mes
vertiges continuent à s’atténuer. 14 FEVRIER Je vais à 6 heures ½ au Nord de Vassogne mettre mes hommes au
travail. Il y a un funiculaire construit pour monter les munitions ;
c’est épatant. Mes hommes font un barrage pour tanks, fossé de 4 mètres
sur 2 de profond. 15 FEVRIER Journées de visites, Raymond m’arrive à midi ½, il déjeune puis nous
allons voit mes ouvriers. Il m’a fait bien plaisir à revoir. Je suis tout
chagrin de le voir s’éloigner dans Jumigny.
Je remonte à ma Creute de Champagne ( ?) à peine arrivé survient le Général
Marchand qui revient des 1 ères lignes. Il s’assoit chez moi et me
demande du thé. Pendant qu’on le prépare il m’interroge sur ma palme et comment
je l’ai gagné (NDR : Jean Maurice a reçu la Croix de Guerre avec Palme
de bronze pour citation à l’ordre de l’Armée le 30 décembre 1914). Je lui
raconte Givenchy. Il me demande ma citation et après l’avoir lue me
félicite ; je lui réponds « Mon Général je suis très flatté d’être
félicité par le Général Marchand et je vous en remercie ». Visite
aux grottes ; je lui signale tous les inconvénients, aération, sorties
défectueuses, prisonniers, etc. 16 FEVRIER Je vais avec mes
Capitaines de Compagnies reconnaître les positions que nous devrions occuper
en cas d’alerte. Pendant que nous sommes dans les tranchées les Boches
marmitent avec du 105 fusant. Pas de casse. Rentrés fourbus. 17 FEVRIER Visite au Colonel
commandant l’Infanterie Divisionnaire 10 à Paissy. J’ai toujours des vertiges mais surtout
la nuit. 18 FEVRIER Vaccination. Le Dr
Legros m’ordonne une solution de stranthium pour suivre les cachets. 19 FEVRIER Visite aux Colonels
du S secteur et de l’ID10. J’apprends qu’il va y avoir des propositions
pour la Croix. J’écris au Commandant Royet de me recommander au
Général. 20 FEVRIER Je sais que je suis
proposé avec Pilavoine l’ivrogne qui a 6 mois de grade d’officier et Vallée
arrivé de l’arrière il y a 3 mois mais ils ont tous deux beaucoup d’annuités. 21 FEVRIER Gaillard
vient déjeuner avec nous. Visite aux grottes. 22 FEVRIER Je vais à Longueval voir le colo, en route je rencontre Berbier
qui est Commandant au 135 T Regt routier (NDR : Territorial je
présume). En arrivant à Longueval j’apprends que le Général Claret de la
Touche est dégommé ;
c’est la guigne, si seulement il avait reçu l’ordre 8 jours plus tard
(NDR : JMA s’inquiète pour sa Légion d’Honneur). 23 FEVRIER Journée sans incidents
mais plus je réfléchis à ma chance d’être maintenu plus je vois que je dois
en faire mon deuil ; c’est vraiment malheureux de voir qu’il n ‘y a
que les années de casernes qui comptent et pas les services rendus pendant la
guerre. 24 FEVRIER J’apprends que c’est le Général
Maziller un colonial qui prend le commandant du
Corps d’Armée. J’écris de suite au Colonel Bouché, ma
lettre part par un Capitaine du 309 qui doit la mettre à la poste à
Paris. 25 FEVRIER Visite aux travaux de
mes Compagnies sur le plateau de Paissy,
mais quelques balles sifflent et notamment une pas loin devant être destinée
au groupe que nous formions. Inutile d’insister. 26 FEVRIER Pendant que je suis dans
les grottes on vient me chercher pour assister à une séance de cinéma
offerte par un Capitaine du 18ème T. C’est très curieux
cette séance de cinéma à 1000 mètres des Boches. 27 FEVRIER Visite à Longueval avec Maurel. Le colo nous raconte
des histoires extraordinaires. J’apprends que je suis
le 10ème du Corps d’Armée dans l’ordre des propositions ;
aurais je une chance de passer. Cela me donne quelque espoir mais je n’y
crois guère. 28 FEVRIER Visite aux travaux avec Maurel.
En nous rendant les marmites tombent sur l’endroit où nous devons passer.
Nous prenons le boyau mais j’ai vu le moment où nous serions obligés de faire
demi tour. Cependant j’ai bien fait de persévérer, je fais bâtir le travail
et le Général vient sur ces
entrefaites. Il me félicite. 1er MARS 1917 Je reste aux grottes où
j’ai des visites d’officiers de l’Armée etc. Le Général est retourné aux
travaux. 2 MARS Je vais à Pargnan voir Parizot et complimenter Carrère
de son 2ème galon (NDR : je présume que le Docteur
Carrère était Sous-Lieutenant et que ce galon est celui de Lieutenant). Nous
faisons un tour de bridge. En rentrant il y a de la marmite mais j’arrive
sans anicroche. 3 mars C’est le tour du 1er
Bataillon qui vient me voir et visiter mes grottes ; on fait un
nouveau bridge. Déjeuner avec Gaillard : agneau et bécasses. 4 MARS Messe dans la grotte.
Départ à cheval pour Longueval,
messe avec Monseigneur Ruch. Vu le colo et le Dr Legros qui me donne
un nouveau régime. A 11 heures déjeuner à la ferme
Pinçon avec Berbier. A 2 heures départ pour les
grottes ; à 3 h1/2 arrivée du colo aux grottes. Réception des Capitaines
qui réclament pour les distributions. A l’arrivée du colo une schrapnell
éclate tout prêt. Bête. 5 MARS Ordres au rapport pour
la distribution des vivres du 3ème Bataillon. Je prescris qu’un
Capitaine assistera chaque jour aux pesées, c’est la pierre dans la mare.
Grande émotion. 6 MARS Ballade à Pargnan. Bridge. Les Boches s’amusent à arroser
mon plateau de Paissy avec des schrapnells. 7 MARS Visite de Frois
qui a l’air très ému et contrarié de mes ordres de contrôle. Neige. 8 MARS Je vais à Longueval ; très bien accueilli par le colo qui
voudrait bien revenir sur sa décision. Cinq obus sur les environs de
Longueval. 9 MARS Sale temps froid, neige
etc on ne sort pas. 10 MARS Le colo m’envoie une
note pour m’annoncer que je suis maintenu aux propositions du Corps d’Armée
avec le n°3 ; serait ce vrai ? je n’ose y
croire ; attendons patiemment sans nous leurrer d’un doux espoir. 11 MARS Messe dans la grotte.
Vers 1 heure au moment où je m’apprête à partir pour Longueval les Boches commencent un furieux
bombardement avec du 150 sur une batterie d’auto canon de la ferme de Cuissy ; ils en ont tiré
au moins 200 et j’ai dû rester, la route étant trop bien barrée. Vers 8
heures du soir combat furieux vers Berry au Bar. 12 MARS Matinée assez calme. Je
souffre de maux de tête terribles depuis 4 jours et me décide à aller à Longueval. Départ à 1 heure, vu Legros qui ne
change pas mon traitement après auscultation chez le colo. Le colo radieux se
félicite de m’avoir proposé mais ne me félicité nullement ; c’est très
curieux il n’y a que lui qui aura eu du mérite… si cela réussit. En retour
quelques schrapnells sur la route que nous devions suivre mais j’ai pris un
chemin de traverse. Ce soir vers 7 heures bombardement et combat terrible
vers Paissy ; j’ignore encore ce qui se sera passé. 13 au 24 MARS Nous continuons notre
séjour aux Creutes de Champagne. Pendant cette période je suis allé à Fismes voir Raymond (NDR : son cousin
Raymond Adde de Lesparre-Médoc en Gironde), rencontré Montauban à Baslieux. Les Boches ont commencé leur retraite
stratégique, l’avance franco-anglaise est formidable, nous nous
attendons chaque jour à être appelés à marcher. Tout le secteur se garnit de
pièces de tous calibres ; les Boches nous arroses assez copieusement. Je
n’ai eu que quelques accidents notamment au Sergent Major Dupont et à
l’Adjudant Darriet (NDR : étant aussi un Darriet par mon père je
vais tâcher de savoir s’il y a un lien avec ma branche paternel, ce qui
serait assez incroyable !). Le colo m’annonce de la part du Général
Mazillé que j’étais maintenu j’ai donc bon espoir. La 12ème
Compagnie devient CM du Bataillon ( ?). 25 MARS Nuit agitée. Les Boches marmitent
dur et nous répondons ferme. Depuis notre pavillon devant la grotte nous
assistons au bombardement sur nos
batteries à 300 mètres de nous dans la vallée. Aujourd’hui j’ai appris que Dupont
et un caporal avaient leur citation. Puis avec le rapport l’ordre de
mouvement pour aller le 28 à Madagascar avec 9ème et 10ème
tandis que 11ème et 13ème iront à Longueval. 26 MARS Je suis allé en avant de Vassogne prendre congé du Commandant
Boste du Génie, pas de marmitage mais en retour 4 éclatements très près
sur le plateau ; j’étais dans le boyau. Après déjeuner tirs de barrage
très violents de part et d’autres ; un dépôt de torpilles saute devant
nous à Oulche. 27 MARS Ce matin à 8 heures
départ avec Maurel pour Madagascar,
où il y a du chichi pour l’installation de mes 2 Compagnies. Tout s’arrange
après de longs palabres. Rentrée à midi sans accidents. A 2 heures départ
pour la ferme Bellevue
voir le Général Marchand
qui est en conférence et que je ne puis voir. Quelques obus dans l’air mais
rien pour nous heureusement. Cependant mon caoutchouc beige fait une
douloureuse connaissance avec les fils de fer barbelés ( ?). 28 MARS Réveil à 2 heures ½.
Pendant que Damestoy charge les bagages un colonial lui soulage 120
francs qui étaient dans son portefeuille. Voyage dans la nuit à cheval
jusqu’à Madagascar ; arrivée à 5 heures ½. Installation, je tremble pour
mes pauvres chevaux. Nous sommes sérieusement semés pendant plusieurs
heures ; le brave Etchegaray a le pied traversé par un éclat
d’obus. Il s’était couché en entendant arriver l’obus et un éclat a pénétré
par la semelle sortant par le coup de pied ; c’est effrayant ce qu’il y
a de canons d’arrivés ici. Un 380 est braqué sur ma cagna ; c’est plein
de promesses pour l’avenir. 29 MARS Ce matin reconnaissance
du secteur de défense en cas d’alerte. Maurel et moi nous sommes
promenés dans la boue sans incidents. Marmitage de Madagascar et ce soir
conférence avec le Colonel du 153. En retour appelé chez Commandant
de la Giraudière, il m’apprend qu’il va partir en permission et que je
suis désigné pour le remplacer. Je n’avais certes pas besoin de ce
travail supplémentaire. 30 MARS Visite du secteur avec le
Commandant de la Giraudière, c’est un sacré chantier qu’on me donne. La journée
a été relativement calme. 31 MARS Je suis entré en
fonctions ce matin à 7 heures. Les demandes pleuvent et les refus se
succèdent ; après midi visite de cagnas avec le Colonel Olieu de
l’Artillerie Lourde. Installation de cuisine pour ma popote. Nos
batteries commencent leur repérage et le potin commence. Les Boches
ripostent, j’ai bien manqué me faire attraper en revenant à mon PC près de la ferme Comin. Un de mes conducteurs
a la cuisse traversée par un éclat d’obus. 1er AVRIL 1917 Temps froid. Pendant un
moment il neige à gros flocons ; rien de particulier. Les Boches tirent
pas mal , de notre côté on est assez calme ; les canons et munitions
arrivent en foule. 2 AVRIL Vrai temps de semaine
sainte. Les Boches tiraillent un peu partout dans le secteur. Je reçois
des unités du 3ème Corps d’Armée ; le 18ème
Corps d’Armée est dans la région c’est formidable ce qu’il y a de
troupes par ici. Au moment où j’écris ces lignes une marmite vient d’éclater
fantastiquement au dessus de ma grotte. 3 AVRIL Les Boches deviennent
bien méchants, ils marmitent un peu partout. Hier le Lieutenant
Wattebled de la 6ème a été tué, aujourd’hui la 9ème
a eu un tué et 4 blessés grièvement. Il serait temps que nous commencions
à les arroser cela les calmerait peut être. J’ai eu la visite d’Aima
qui m’a fait lire un entrefilet de l’Officiel, qui m’a un peu refroidi. Un
député demande au ministre pourquoi il a rayé du tableau de la Légion d’Honneur
un officier de la Territoriale qui n’avait pas 32 anuités. Je n’en ai que 28,
je commence à trembler pour mon ruban. 4 AVRIL Vers 9 heures je vais
voir le Colonel Olieu, puis je descends à Mortmare où je vois les effets d’un obus dans une
cagna ; quatre cadavres sont là, il y a eu onze blessés. Je rentre et
tout se passe sans incidents jusqu’à 5 heures ½ . Un chef d’Escadron
d’Artillerie vient me voir avec ses deux Lieutenants parler de grottes et ils
repartent. Ayant froid aux pieds, au lieu de me remettre à écrire face à la
fenêtre, je vais me chauffer les pieds au fond de ma cagna, tournant presque
le dos à la fenêtre. Je lisais « les Ronds de Cuir » de
Courteline, quand tout a coup sans avoir rien entendu je me sens violemment
frappé à la figure ; je me
retourne, vois un gros bloc de pierre qui me tombe dessus. Je pare
tant bien que mal et vois que tout s’effondrait autour de moi ; je fonce
au milieu des éboulements et je passe. Je reviens voir mes secrétaires,
ils étaient à la soupe, puis je vais à ma cuisine tout est effondré sur
mes malheureux Damestoy, Lartigue et Hausseguy. Je veux essayer de
les dégager mais je me vois inondé de sang. Je pars me faire panser. Ferme Comin tout est effondré mais je ne puis aider.
Un médecin d ‘Artillerie me soigne à 500 mètres de mon PC. Je vais
ensuite faire refaire mon pansement par Bouchaud qui va
m’évacuer. Je passe toutes les
consignes à Vesseron pour le Bataillon ; je veux téléphoner au Colonel,
impossible. Je vais voir le Colonel de Coutard et enfin escorté de Maurel
et Landouard je pars à Bourg et Comin.
En route un officier d’Artillerie qui devait m’emporter se sépare de nous,
les marmites se mettent à pleuvoir, on se débande, je n’ai jamais revu
l’officier d’Artillerie. A bourg nous attendons jusqu’à 9 heures pour avoir
une auto sanitaire ; arrivés à Fismes
après un voyage horrible de 2 heures ; on nous renvoie sur Courlandon. A l’HOE (NDR : ? Hôpital…),
inscription, visite, déshabillage, tondeuse, salle d’opérations, transport au
lit sous la neige, coucher 2 heures du matin. On m’annonce un train pour le
lendemain. 5 AVRIL Je ne suis pas du voyage. Je reste au lit. Grands blessés autour de moi. Trépanés, délire etc. 6 AVRIL Visite de Hardoy
qui me porte un mot du Colonel qui a reçu la lettre que je lui ai envoyée par
cycliste de l’HOE. 7 AVRIL Visite de Maurel,
puis de Gaillard, Dr Legros et Cochard. 8 AVRIL A 1 heure du matin on me
prévient qu’il va y avoir un tram. A 5 heures ½ on me fait lever et nous
finissons par partir à 3 heures après midi. Adieux au Commandant Jouffroy,
au Capitaine Rabourdin du groupe de Vessins, au Lieutenant
Autore, au Capitaine Richard du 129 T (NDR : 129ème
Régiment Territorial) et à l’Aspirant Toureu du 156 (NDR : ces
officiers sont certainement ses voisins de chambrée). On remet la Médaille
Militaire à mon voisin de lit, un médecin auxiliaire trépané deux fois. Cela
ressemble beaucoup au viatique. Voyage plutôt lent. Je couche chez le médecin
chef du train, bridge. 9 AVRIL Réveil en gare d’Amiens,
déjeuner dans le fourgon avec les médecins ; arrivée à 2 heures à Rang-du-Fliers (NDR : Dpt 62 Pas de Calais),
à 2 heures ½ Berck Plage.
Hospitalisé au 75 chez Calot. Visite des médecins, on n’est pas mal. 10 AVRIL Mauvais temps ; à
la salle d’opérations le médecin me sort un petit éclat de verre. Je peux
sortir une heure. 11 AVRIL Tempête épouvantable. Je
vais mieux. 12 AVRIL Rien à signaler, je vais
me promener à Berck et faire des achats. 13 AVRIL Promenade vers Bellevue
avec le Capitaine Pailhard Turenne ; je reçois enfin des lettres. 14 AVRIL Le médecin me fait une vraie intervention pour m’enlever derrière l’oreille un morceau de verre plus grand que l’ongle du pouce. Beaucoup souffert. 15 au 23 AVRIL Vie d’hôpital. Divers
coups de bistouri pour toujours me sortir du verre de la tête. 24 AVRIL Les journaux de Paris
annoncent qu’une promotion de la Légion d’Honneur pour la Réserve te la
Territoriale a paru à l’Officiel. Je vais voir le
pharmacien qui reçoit l’Officiel. Il n’aura son numéro que le lendemain. Je
suis un peu nerveux. 25 AVRIL Après déjeuner, je suis
dans la salle à manger jouant au bridge avec le Capitaine Laurent
l’aviateur Berovolo, les Lieutenants Mairet et ( ?), je tourne le
dos à la porte lorsque j’entends la voix de Mme Casset notre infirmière
major me dire « Commandant, vous êtes
chevalier de la Légion d’Honneur ». Emotion, félicitations et nous
continuons la partie. J’avais demandé trois sans atout et
je‘l’ai manqué. Ce que c’est que l ‘émotion. Télégrammes à la famille.
Je me sens vraiment heureux. 26 AVRIL Dépêches sur dépêches. 27 AVRIL Dito, dito. 3 MAI 1917 Visite des
convalescences. Je suis proposé pour 20 jours, on m’en accorde 30. Départ à
20h45. A Rang du Fliers,
je rencontre Schoof dans le train. 4 MAI Arrivée à Paris ; à
l’hôtel je trouve une superbe Croix offerte par mon petit Etat-Major.
Surprise vraiment bien agréable. Vers 11 heures je vais demander à Mr Logre de m’accrocher ma croix. Déjeuner chez Mr Logre.
Je ne sais si c’est l’émotion mais je crois avoir trop bu à déjeuner et je me
sens un peu gris. 5 MAI Arrivée à Bordeaux.
Compliments, félicitations etc. Bonheur de se retrouver. 6 MAI Anniversaire de notre
mariage ; quel bonheur d’être réunis. 7 MAI au 18 JUIN 1917 Bonheur complet.
Prolongation de 15 jours. Dr Godet. 18 JUIN Départ pour le front. 19 JUIN Journée à Paris ;
visite à Mr de Clermont
etc. 20 JUIN Raté correspondance
Toul ; coucher Nancy. 21 JUIN Arrivée Vézilise (NDR : 20 kilomètres au Sud de
Nancy) ; séjour à Vitrey.
Re-re-félicitations. 22 JUIN Visite à Lapeyre etc. Pèlerinage à Sion. 23 JUIN Grand dîner. Petite
malice à Bouchaud. 24 JUIN Ballade avec les Maurel. 25 JUIN Dito. Rentré du colo. 26 JUIN Dito. Ballade
quelconque. 27 JUIN Dito. Le colo veut me remettre ma croix demain. 28 JUIN Revue de Bataillon à l’entrée de Goviller, au pied du Mont d’Anon
que nous appelions le « Chenelu ». Temps merveilleux. Cérémonie qui m’émotionne beaucoup au moment où le colo me
frappe de l’épée ma pensée va vers ma chère Louise et mes parents qui seraient si heureux
d’être là. Défilé très réussi. Déjeuner chez le colo. A 5 heures champagne
avec mes officiers du Bataillon. 29 JUIN Nous recevons nos ordres
de départ pour le 1er. 30 JUIN Préparatif de départ. 1er JUILLET 1917 Cantonnement à Xeuilley ; très bien, dommage que nous n’ayons pas
été logés là pour le repos. 2 JUILLET Cantonnement à Velaine en Haye. Visite au Colo à Gondreville à 9 heures du soir. 3 JUILLET Départ à 4 heures.
Cantonnement au camp du Ravin à Saint Jean. 4 JUILLET Reconnaissance du
secteur, passage des consignes par le Commandant Plessier du 95ème
T (NDR : 95ème Régiment Territorial). 5 JUILLET Nuit blanche. Relevée.
Je suis un peu inquiet de ma responsabilité ayant des hommes déshabitués du
combat et beaucoup que je ne connais pas. Puis je dois tenir un secteur avec
des hommes qui ne savent pas lancer des grenades ; mes
fusilliers-mitrailleurs sont au camp d’instruction et enfin des mitrailleurs
qui n’ont jamais tiré avec leurs mitrailleuses. Russe prisonnier. 6 JUILLET Visite du secteur de Souchez ; au retour nous sommes salués près
du village. 7 JUILLET Visite de toute ma 1ère
ligne, si les Boches ne nous tirent pas c’est qu’ils ne
veulent pas, nous passons des 50 mètres à découvert. Le soir à 10
heures fausse alerte au gaz. 8 JUILLET Journée calme. Visite au
secteur. 9 JUILLET A 6 heures ½ un coup de
téléphone m’annonce l’arrivée du Général avec le Colonel Paulmier et
Cantau. En cinq minutes je suis prêt juste à temps. Le Général Goubeau
commande la 153ème Division d’Infanterie et le Colonel
Paulmier la 306ème Brigade. Visite du secteur, je me paie le
luxe de les faire passer par la 1ère ligne au grand désespoir d’un
Capitaine d ‘Etat-Major de la Division qui n’en mène pas large et
marcherait à 4 pattes s’il osait. Les autres se tiennent bien. En rentrant
je cause avec le Général et il se trouve qu’il était Lieutenant il y a 17 ans
et est venu à Pauillac à la maison en attendant la mission Foureau Lamy
(NDR :?). Il se rappelle très bien les chrysanthèmes et ma mère. Il me
charge de lui présenter ses hommages. 10 JUILLET Lapeyre et
Périé viennent voir le secteur et prendre les consignes. A 3 heures du
matin, alerte sérieuse sur le 69 à ma gauche. Le 41 T mon
voisin immédiat a de la casse (NDR : le 41 et le 69 sont les Régiments à
proximité et le dernier un Territorial). Je n’ai rien mais ensuite vient une
grosse alerte au gaz ; la vague passe devant mes lignes, dans le ravin,
sans nous toucher. 11 JUILLET Lapeyre
arrive pour déjeuner, nous faisons la tournée du secteur, l’observatoire
08 où j’ai mis Coudy a été très sérieusement marmité. La relève se
fait sans incidents. Je pars à minuit ½. 12 JUILLET Levé à 8 heures ½ je
vais chez le colo à 10 heures ; il est allé au secteur, c’est épatant.
Il revient à 11 heures ½ ; après midi sieste, puis visite au Colonel
Paulmier qui m’invite à déjeuner pour le lendemain. 13 JUILLET Déjeuner avec le colo Cantau
au PC du Colonel Paulmier. Très bien déjeuner malgré que le soit vendredi
13. 14 JUILLET Visite le matin au PC du
colo, où j’apprends que le matin à 3 heures les Boches ont fait un coup de
main sur la Compagnie Belly ; il y a eu des prisonniers de faits,
plusieurs morts notamment l’Adjudant Crouzillac. Il y aurait 11
disparus mais il doit y avoir des morts sous un abri. Je me rase toute la
journée et j’ai le cafard. J’apprends que Guiguite
(NDR : diminutif de Marguerite
la fille de Jean Maurice) a été opérée le 11 et cela contribue
certainement à me donner le cafard encore plus fort. 15 JUILLET Journée de repos ;
à 7 heures du soir je pars pour Limey
reprendre le Capitaine du secteur. 16 JUILLET A 4 heures du matin dans
le PA (NDR : Poste Avancé) de Souchez
un Boche est fait prisonnier par le Soldat Labachot de la 11ème
Compagnie. Il donne les renseignements connus , faim, mauvais
traitements. Journée calme mais à 9 heures 20 le soir, bombardement effrayant
sur Souchez et Neuville. Déclenchement des barrages. Pétard monstre pendant 1
heure ½. Les Boches s’arrêtent à 10 heures ½. Je continue jusqu’à 11 heure ½.
Il ne sont pas sortis. 17 JUILLET Marmitage en règle sur
tout le secteur. J’ai eu 2 tués et 3 blessés dans le nuit. 18 au 31 JUILLET Chaque jour les Boches
règlent leurs tirs le matin sur l’église de
Limey. Puis dans la journée quelques séries d’obus sur
le village. La nuit se sont des passages d’avions Boches et Français quand
il fait beau, coup d’œil curieux par les fusées et projecteurs. Je ne dors
pas ou presque pas à cause des alertes au gaz possibles. Le 25 à minuit le poste
d’écoute de la Cigogne télégraphie de nous attendre à une attaque qui ne
se produit d’ailleurs pas mais qui me fait passer la nuit entière debout. Je
suis enfin relevé le 31 ; j’étais vanné et j’aspire après ce repos à
Bapaume comme après le Messie. 1er AOUT 1917 La pluie à outrance,
repos complet, visite au colo. 2 AOUT Pluie, je dors et je
bats une royale flemme. 3 AOUT Dito. 4 au 7 AOUT Le temps s’améliore.
Promenade à cheval avec Maurel. Visites au Colo. 8 AOUT Je relève le soir sans
incidents ; arrivée à Limey
à cheval. 9 AOUT Très mal dormi ; on
tire à droite et à gauche. Plans et encore plans à faire. C’est mon
anniversaire, espérons que ce sera le dernier que le passe à la guerre. 10 AOUT Nui blanche ; à
partir d’une heure du matin crapouillotage infernal sur ma gauche (NDR :
le crapouillot est un mortier qui peut être léger, moyen ou lourd ; les
allemand l’appelle « minenwerfer »). Téléphones toute la
nuit ; enfin à 4 heures ½ on peut s’allonger. Visites au secteur ;
les Boches tirent un peu plus que de coutume sur le village. 11 et 12 AOUT La nuit a été meilleure
amis vers 9 heures Perruquon le cycliste de la 11ème
vient me porter les pièces, je plaisante avec lui ; il repart, 5 minutes
après on vient m’annoncer qu’il est grièvement blessé. Je vais au PS
(NDR : Poste de Secours) le pauvre diable à la cuisse droite fracturée,
le mollet gauche emporté, le bras percé et la tête abîmée ; sans son
casque il eut été tué. Je suis ému et lui annonce que je ne puis rien faire
pour lui panser ses blessures mais que je le propose pour la Médaille
Militaire. 13 AOUT Nuit bonne. Dans la
journée, je reçois un mot de Gaillard me disant que le 3ème
Bataillon va être dissous. A 5 heures m’arrive Cochard me
demandant de la part du colo de faire ma demande de permutation pour le 2ème
Bataillon avec Lapeyre. Je ne veux rein savoir et je déclare vouloir
suivre mon sort. Je suis très perplexe ; le soir arrive Belly, il
est question que ceux qui n’ont pas la limite d’age d’active vont y être
versés. Je suis de plus en plus perplexe. Nuit de réflexion. 14 AOUT Je me décide à 6 heures
40 du matin à demander à Lapeyre. Il accepte de permuter. Je lui
envoie ma demande à signer. Puis je la transmets au colo. Journée d’anxiété
et d’alternatives de bon espoir et de regrets. 15 AOUT Orages terribles. Le
colo m’annonce que le Général a signé ma permutation. Le sort en est jeté, je reste au 142. 16 AOUT Les Boches arrosent dur
sur notre secteur et Limey
en particulier. Nuit agitée par les coups de main sur le secteur voisin. 17 AOUT A 9 heures m’arrivent les
officiers du 95 venant relever. Puis les Hussards avec Capitaine
Desmoutis ; un personnage peu sympathique qui se plaint amèrement
d’avoir sali ses bottes dans le boyau. 18 AOUT Journée très
marmitée ; une centaine d’obus sur Limey ; le soir relève par le
95 et les Hussards. Départ à une heure du matin. 19 AOUT Couché à 3 heures au camp du ravin de Saint Jean. Dislocation du
Bataillon. Versement du matériel. J’ai gros mal au cœur de voir dissoudre ce
bon Bataillon. Toute la journée je suis assailli de demandes
par des hommes voulant passer avec moi au 2ème Bataillon. 20 AOUT Nous continuons à vivre
en popote au 3ème Bataillon. Visite au colo à Noviant. 21 AOUT Je passe au 2ème
Bataillon et le soir nous partons pour Noviant aux près. Installation relativement
très bonne ; arrivée à 9 heures du soir. 22 AOUT Organisation à Noviant où nous devons séjourner 15 jours avant de
relever le 1er Bataillon qui est entré en secteur la nuit
du 21 au 22. 23 au 27 AOUT Séjour à Noviant, promenade à cheval. Vie calme. 28 AOUT Vers 11 heures ¼ alors
que rien ne nous le faisait pressentir les obus de 130 commencent à
dégringoler sur notre quartier de Noviant.
Un enfonce un mûr de ma maison, un autre démolit le mûr du jardin derrière
chez le colo. Pas de blessés. 29 AOUT Vers 10 heures, nouveaux
obus de 130, l’un tombe à 3 mètres de la tente de Maurel, déchiquète
les arbres autour et pas un éclat ne touche sa tente, c’est extraordinaire.
Le soir j’apprends que le sans fil Boche donne dans le communiqué que le bombardement
de Noviant
est fait en représailles de nos tirs sur Thiaucourt. Le soir je couche dans
la salle à manger, ma chambre n’ayant que les tuiles et le plafond comme
protection ; c’est un peu maigre. Dans la chambre du Dr Legros un
éclat d’obus qui a éclaté dans la chambre voisine. 30 AOUT A 8 heures ½ du matin le
marmitage recommence en plein sur le quartier où je suis. Des hommes de la
7ème (NDR : 7ème Compagnie) sont blessés dans la
maison à côté de la mienne. La jument de Lapeyre est touchée, à côté de « Rainette »
qui s’abat dans l ‘écurie mais se relève sans mal. 31 AOUT Deux marmitages l’un à 8
heures ½ l’autre à 5 heures du soir. Dans le 1er la jument de Maurel
a une jambe coupée, dans la nouvelle écurie où on a placé nos chevaux
pour les mieux garantir ; au 2ème marmitage le Lieutenant
Debard est touché gravement en allant faire placer ses hommes à l’abri.
Notre bridge est plutôt brusquement interrompu par une marmite qui démolit la
cuisine. 1er SEPTEMBRE 1917 Nouveau marmitage ;
le Lieutenant Pilavoine est amoché légèrement. 2 SEPTEMBRE Maurel
part pour le 52ème T d’Etapes à Varangeville
(NDR : 52ème Régiment Territorial ; semble la nouvelle
affectation de Maurel qui quitte le 142ème RTI). J’ai plutôt le
cœur gros de le voir s’en aller, c’est un ami qui s’en va et moi je reste.
Toux ceux des officiers qui partent du Régiment vont dans les Etapes et moi
j’ai demandé à rester !! Le 2ème Bataillon ne vaut pas un pet
de lapin, que j’ai donc été bête de prendre cette décision ; après
midi je vais avec Périé au PC de
Carrières et ensuite à Minorville
voir Debard, Pilavoine et les soldats blessés ces deux derniers jours. 3 SEPTEMBRE A 4 heures ½ réveil en
fanfare par des crapouillots, les barrages etc. Vers 6 heures alerte au gaz.
Enfin vers 9 heures je pars au PC de P ; je prends les consignes. Tout
se passe. Rentrée vers midi. 4 SEPTEMBRE La matinée je me prépare
à entrer en secteur ; visites au colo qui attend le moment de son
départ. Nous convenons que Aima viendra me remplacer et que je
descendrai le 7. Visite de secteur avec Parisot et Périé. Prise des
consignes. Relève s’effectue sans incidents. 5 SEPTEMBRE Nuit calme. Parisot
part à 9 heures. Tournée en secteur ; à 1 heure je pars avec Périé
au PC de Carrières.
Route marmitée dur. Conférence avec Commandant Mellier ;
charmant. Vers 5 heures Cochard et Gaillard viennent m’annoncer que
par ordre du Général je dois rester en secteur et commander le Régiment
depuis ici. Grosse désillusion. 6 SEPTEMBRE Crapouillotage dans la
nuit. Vers 10 heures Aima arrive, je lui passe les consignes et je
conviens avec lui qu’il viendra le lendemain. Crapouillotage dans l’après
midi, je fais des représailles. 7 SEPTEMBRE Aima vient vers 10 heures,
je prends son cheval et vais à Noviant ;
je déjeune avec le colo qui est tout réjoui à l’idée de partir le lendemain.
Je reviens vers 4 heures assez triste. Pas mal de bruit dans la soirée. 8 SEPTEMBRE Je vais déjeuner à Noviant et entrer en fonction de Colonel. Déjeuner
très gai. Rentrée vers 4 heures. Reçois visite du Commandant Mellier et
Capitaine de Margerie. Orage terrible. 9 SEPTEMBRE Patrouille et embuscade
par les chasseurs devant P1. Visite du secteur avec Aima, étude de la
réorganisation du centre. 10 SEPTEMBRE Patrouille du 2ème
BCP (NDR : Bataillon de Chasseurs à Pied) ; journée assez
calme, tirs indirects de nos mitrailleuses. 11 SEPTEMBRE Enquête sur CMP70 ( ?), rapport sur Lieutenant
Tesseyre qui je l’apprends ensuite se trouve beau frère du Préfet du
Finistère. Ce soir patrouilles et embuscades des Gaulois d’Arnould du
69. 12 SEPTEMBRE Visite du secteur avec Capitaine
Picard Claudel, étude des travaux centre P1 ; monté sur les
parapets des tranchées de 1ère ligne ; heureusement que
nous avons la brume. 13 SEPTEMBRE Journée calme ;
quelques obus sur centre P ; représailles immédiates ; à 10 heures
½ du soir au moment de me coucher arrive le message « Rome =
Chicago » ; c’est l’alerte pour notre émission de gaz. Ordres
et ca ( ?). 14 SEPTEMBRE A 1 heure du matin
arrivent les mitrailleurs du 69 ; à 2 heures alerte par
message ; vous pouvez envoyer chercher les effets à 2 heures 30. A 2
heures ½ l’émission commence puis la canonnade dure très durement. Vers 3
heures ½ on me signale qu’on sent les gaz. Nous voyons passer la vague ;
tout s’est bien passé, pas d’accident chez nous. Vers 6 heures on se couche.
A 14 heures Périé revient de la conférence et rapporte des détails
intéressants sur l’effet de nos gaz. 15 SEPTEMBRE Journée assez calme des
Boches mais bombardement très violent des nôtres ; soirée calme. 16 SEPTEMBRE 1917 Picard Claudel
revient ; j’envoie Aima voir P3 avec lui. Puis vers 11 heures je
pars à cheval à Noviant
où je reste jusqu’à mon départ en permission le 20. CopyrightÓ
darrietadde-f.darriet 2004 -Merci de demander l’autorisation
avant d’utiliser tout document issu de ce site. CopyrightÓ darrietadde-f.darriet 2004 -Please ask before
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présence de Jean Maurice ADDE auprès du Corps Expéditionnaire Américain en France : Les jours qui suivirent son
départ en permission changèrent le destin du Chef de Bataillon Jean Maurice
ADDE dans le conflit. Par son activité professionnelle au sein de la
Compagnie Maritime des Chargeurs Réunis, et son rôle de Vice-Consul
d’Angleterre à Pauillac, il sera détaché par l’Etat Major français à la
Mission Militaire Française auprès de l’Armée américaine afin de préparer l’arrivée
des forces américaines en France. En effet depuis avril 1917, où le congrès
américain vota l’entrée en guerre des USA en Europe, un Corps Expéditionnaire
Américain fut mis en place sous l’égide du Général Joseph Pershing (AEF
–American Expeditionary Forces) et
envoyé progressivement dès août 1917 dans les ports des côtes Ouest de la France.
Jean Maurice sera affecté à la base américaine n°7 de La Rochelle (annexe de
la Base US n°2 de Bordeaux) auprès de la Mission Française Régionale de La Rochelle. ================================================ CopyrightÓ
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