Carnets de Campagne 14-18 (suite)

Commandant Jean Maurice ADDE

 

Photo : collection personnelle François Darriet.

 

Brigadier Jacques MAUREL, proche de JM.Adde car girondin comme lui, originaire du Verdon, pointe du Médoc. Il a 4 enfants dont 1 fils.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photo : collection personnelle François Darriet.

 

Officier subalterne Raymond ADDE du corps de santé peu avant guerre.

 

Photo : collection personnelle François Darriet.

 

Lieutenant Colonel Raymond ADDE lors de la seconde guerre mondiale. Médecin militaire, né en 1886 décédé en 1963,cousin de Jean Maurice ADDE.

Photo : collection personnelle François Darriet.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photo : collection personnelle François Darriet.

 

Louise LEBEGUE au début du siècle.

 

Photo : collection personnelle François Darriet.

 

Raymond ADDE Lieutenant au Corps de Santé peu après guerre

 

 

source http://www.military-photos.com/marchand.htm

 

Ci-dessus Colonel Marchand avant guerre. Ci-dessous Commandant Marchand vers 1900 de retour du Soudan après l épisode de Fachoda. (°1863 +1934)

source http://www.military-photos.com/marchand.htm

 

 

 

Colonel puis Général Emile-Alexis Mazillier: chef du 7 régiment colonial, puis chef de la 6 brigade coloniale (II), puis chef de la 2 division coloniale (II), puis chef du 20 corps "de fer" (IV), puis chef du 1 corps colonial (IV).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photo : collection personnelle François Darriet.

 

Photos reçues par JM.Adde le 19 mars 1917 : devant sa cagna sous un rocher dans les grottes (« creutes ») se trouvent les Commandants de Compagnies du 3ème Bataillon, photo du bas de gauche à droite : capitaine VESSERON, Capitaine PAGES (barbu), Lieutenant GAVINI, Capitaine OLIER et Commandant ADDE Chef du 3ème Bataillon.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Source : L’Illustration Keystone.

 

Citation du Sergent-Chef DUPONT qui sera nommé ultérieurement Adjudant. A noter la médaille militaire.

 

 

 

 

 

Photo : collection personnelle François Darriet.

 

Le Vaguemestre LANDOUARD près du PC de Calonne. A l’époque il était célibataire. Le 27 juillet 1917 sera affecté au 9ème Zouaves.

 

 

Photo : collection personnelle François Darriet.

 

Le Médocain Maurel du Verdon en Gironde

 

 

Photo : collection personnelle François Darriet.

 

Dixit JM.Adde « mon fidèle » François DAMESTOY. Ce sous-officier fabriquait des petits objets de métal avec les douilles d’obus récupérées ; il en fabriqua pour les trois enfants de JM.Adde. En échange JM.Adde lui offrira une boîte à outils de Saint Etienne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photo : collection personnelle François Darriet.

 

Lieutenant COCHARD.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photo : collection personnelle François Darriet.

 

Cérémonie de remise de la Croix de la Légion d’Honneur le 8 juin 1917 à Goviller. Le Colonel CANTAU s‘apprête à frapper les épaules de JM.ADDE puis lui remet sa « Croix » dans l’ordre de Chevalier.

Photo : collection personnelle François Darriet.

Source : Histoire et Collections AThers.

 

Croix de la Légion d’Honneur dans l’ordre d’Officier (avec rosette sur ruban).

Photo : collection personnelle François Darriet.

 

Photo peu avant 1914 : Jean Maurice avec ses enfants (Marguerite, René et Louis), sa femme Louise LEBEGUE et ses parents (Ernest ADDE et Marguerite DESSE).

 

 

Photo : collection personnelle François Darriet.

 

René, Louise Jean Maurice et « Guiguite » adolescente ; notez la vareuse la Croix de la Légion d’Honneur dans l’ordre de Chevalier et la Croix de guerre avec palme de bronze.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photo : collection personnelle François Darriet.

 

Sous-Lieutenant PERIE 142ème RTI 3ème Btn, 2ème Cie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Source Internet

 

Avion allemand 14-18 de type «aviatik».

 

 

 

 

 

Source : Histoire et Collections AThers.

 

Type allemand de mortier de tranchée léger «minenwerfer»ou « crapouillaud ».

 

 

 

 

 

Médaille militaire.

 

 

Photo : collection personnelle François Darriet.

 

Lieutenant COCHARD.

 

 

 

Chapitre quatre

CopyrightÓ darrietadde-f.darriet 2004 -Merci de demander l’autorisation avant d’utiliser tout document issu de ce site.

CopyrightÓ darrietadde-f.darriet 2004 -Please ask before using any element contained in this site

 

1917

 

 

 5 JANVIER

Départ de Pauillac avec Mme Maurel et Louise ; excellent dîner chez les Moreau.

 

 6 JANVIER

Arrivée à Paris à 8 heures, Palais d’Orsay ; courses Gare de l’Est départ midi arrivée Toul 7 h 1/2. Maurel nous attend. Le Bataillon a quitté Chaouilley pour Colombey les Belles. Nous faisons nos 17 kilomètres en voiture avec le cheval de Cassagne qui ne veut rien savoir. Voyage pénible, arrivée à Colombey à 10 h 1/2. Installation médiocre.

 

 7 JANVIER

Pluie et neige. Le Bataillon travaille en forêt pour la DES (NDR :  Direction des Etapes et Services) Colonel Carlet très rigolo type Cantau (NDR : Cantau est le Colonel du Régiment !).

 

 8 au 11 JANVIER

Neige, pluie, impossible de sortir avec ces dames (NDR : Louise et Mme Maurel ?) à part à 2 heures un jour.

 

 12 JANVIER

Visite du Général Delétoille de la DES, il m’annonce que nous allons partir. A 8 h 1/2 du soir un message de l’EM de Revigny me donne l’ordre de mouvement pour le 14 pour me rendre à Chaouilley.

 

 13 JANVIER

Préparatifs de départ.

 

 14 JANVIER

Voyage dur par neige glacée. Je quitte le Bataillon et passe par le plus court pour aller à Praye. Ces dames viennent en voiture avec Maurel et Dubourg. Je suis très inquiet à leur sujet en les voyant pas arriver avant 5 heures du soir.

 

 15 JANVIER

Froid, glace, impossible de circuler mais promenade dans la neige à Etreval  et retour.

 

 16 JANVIER

Petite ballade jusqu’à un bois dans la neige, obligés rentrer.

 

 17 JANVIER

Excursion à Sion ; sur le sommet il y a 0,50 mètres de neige. Vue merveilleuse.

 

 18 JANVIER

Départ pour la gare de Praye à 11 heures. Séparation. Rentrée à Chaouilley plutôt triste. J’envoie Dubourg promener à Sion et je reste tout mon après midi à écrire.

 

 19 JANVIER

Réveil à 1 heure du matin. Départ pour la gare de Vézelise à 2 heures par des routes glacées. Embarquement en chemin de fer. J’apprends que nous allons vers Château Thierry (Aisne). Voyage très froid en 2nde classe avec de la paille dans le wagon pour nous tenir chaud. Nous roulons toute la journée.

 

 20 JANVIER

Arrivée en gare de Dormans à 2 heures du matin ; débarquement très pénible en pleine voie. A 7 heures nous partons pour Monthurel à 15 kilomètres. Etape très dure à cause du verglas. En passant je vais avec Maurel le colo à La Chapelle sous Condé. Installation très médiocre à Monthurel.

 

 21 JANVIER

Départ à 6 heures pour Vauchamps, 22 kilomètres. Dure étape dans la neige, nombreux lièvres ; on ramasse un lapin qui vient de se prendre au collet. Arrivée à Vauchamps vers midi. Installation chez une épicière. Fillette très gentille 14 ans, me rappelle beaucoup « Guiguitte ».

 

 22 JANVIER

Visite au colo à Montmirail ; bourg dans le genre de Pauillac. Rentré pour déjeuner à Vauchamps.

 

 23 JANVIER

Déjeuner à Montmirail chez le Commandant Parizot. Bridge avec Belly, Carrère et Parizot.

 

 24 JANVIER

Déjeuner chez Belly à Montmirail avec Mme Belly. Bridge chez Parizot avec Carreau et le Docteur Legros. Nous recevons ordre de partir le 26 en autos ; les voitures et chevaux partent le 25 en avance.

 

25 JANVIER

Déjeuner chez Parizot avec ses propriétaires Mmes Boutroux. La mère Croix de Guerre avec Palme et Médaille des Epidémies. Femme très éprouvée par la Guerre : un fils tué Enseigne à bord du « Bonnet », gendre tué dans le Zouaves, elle même perd un œil d’une ophtalmie purulente contractée en soignant des blessés, l’autre œil très malade ; son mari médecin engagé et sur le front.

 

 26 JANVIER

Les ordres sont modifiés, nous partons à pied, 20 kilomètres et allons cantonner à Saint Eugène chez le garde champêtre. Plutôt médiocre comme installation.

 

 27 JANVIER

Départ à pied pour Le Charmel, 15 kilomètres ; arrivée à midi ; déjeuner sommaire encore chez un garde champêtre. A 2 heures embarquement en autos pour Saint Thibaut. Voyage en voiture découverte par moins 10 degrés et un vent violent ; je n’ai jamais autant souffert du froid. ; arrivée à Saint Thibault vers 5 heures du soir. Impossible de loger mon monde. Dortoir pour les officiers dans la salle d’école, les hommes pêle-mêle avec les Territoriaux du 301ème. Je loge chez le maire, mangeons dans la cuisine.

 

 28 JANVIER

Froid terrible. Eau glacée dans la chambre. Visite au colo à Mont Notre Dame ; j’ai ordre de partir le lendemain.

 

 29 JANVIER

Départ à 8 heures pour Bourg et Comin à cheval ; nombreuses glissades. J’ai eu quelques vertiges en me levant ce matin. Un Colonel de Coutard, qui me donne comme bivouac des grottes sur les pentes d’un coteau au Nord de Bourg et Comin. Visite des grottes, tout est à installer ; arrivée du Bataillon vers 2 heures. Installation. Ce secteur a été tenu par le 18ème Corps d’Armée pendant 18 mois ; secteur calme à ne pas croire qu’on est en guerre à 1 kilomètre des Boches. En bas du coteau je visite des cagnas modèles avec jardins, kiosque à musique, etc, on voit véritablement le secteur calme et ce qu’on reproduit les photos des journaux illustrés. Nous ne sommes pas habitués à des secteurs de ce genre où nous n’y resterons pas ou nous allons le gâter rapidement.

 

 30 JANVIER

J’ai eu des vertiges terribles depuis 2 heures du matin ; cela m’inquiète beaucoup. Ma cagna est assez confortable sous une immense pierre plate formant voûte.

 

 31 JANVIER

Mes Compagnies travaillent à la confection d’une route pour atteindre le sommet de Madagascar. Je plains les chevaux qui auront à tramer les munitions et les pièces là haut. Je me suis purgé ce matin, j’ai encore eu des vertiges terribles cette nuit. J’ai demandé au Docteur Bouchau ce que je pouvais avoir il me répond qu’évasivement parlant de congestion cérébrale, de lésions au cerveau, de mort subite dans ces maladies. Je suis plutôt effrayé de mon sort et me demande ce que je vais faire.

 01 FEVRIER 1917

La purge hier m’a fait grand effet, mais cette nuit j’ai encore eu mes vertiges horribles. N’étant nullement tranquille je me décide à écrire au Docteur Legros, médecin Chef, demandant des remèdes. A 2 heures j’ai une lettre de Louise me disant que Raymond est Fismes ; juste Maurel vient d’y partir, trop tôt pour que je lui dise de la chercher.

 

 2 FEVRIER

Mes vertiges continuent ; je ne pourrais me tenir debout ce matin, je commence à être très inquiet ; le Dr Legros va venir me voir mais quand ? je sors un peu à pied. Le froid continue, terrible ; nous avons –15 toutes les nuits et –7 ou –8 toute la journée. Heureusement nos cavernes sont chaudes. J’envoie Landouard à Fismes à la recherche de Raymond ; il me rapporte un mot de lui me disant qu’il viendra déjeuner demain. J’en suis ravi. (NDR : Raymond est son cousin Raymond ADDE)

 

 3 FEVRIER

Mes vertiges ont un peu diminué, je n’en ai eu un qu’au lit et pas depuis que je suis debout. Raymond est venu déjeuner, il est resté jusqu’à 4 heures. J’ai passé un bon moment à causer avec lui. Je lui ai expliqué mon cas il me fait une ordonnance.

 

 4 FEVRIER

Je n’ai pas eu de vertige cette nuit, je vais décidément mieux. A 2 heures je pars pour Longueval voir le Médecin Chef qui m’ausculte sur toutes les coutures, très très à fond et qui me déclare que mes vertiges viennent de l’estomac et de mes oreilles, mais qu’il n’y a rien au cerveau ni lésions, ni congestion ni danger de mort subite que Bouchau est un fou dangereux. Vraiment je me sens bigrement réconforté et un peu plus d’aplomb en revenant de Longueval. Le colo m’y annonce que nous changerons encore de place demain, nous sommes prêtés au Corps Colonial et je vais à Jumigny avec 9 et 10 (NDR : avec la 9ème et la 10ème Compagnie). Réunion des Capitaines de Compagnies ce soir pour les ordres.

 

 5 FEVRIER

Ce matin déménagement ; nous déjeunons à 10 heures, départ à cheval à 11 heures avec Maurel. Je passe par Pargnan voir le Général Guérin Commandant la 15ème DIC (NDR : Division Infanterie Coloniale) qui me renvoie à son Général de Brigade. Je continue sur Jumigny, les routes sont glissantes comme des miroirs, il y fait un froid de canard environ –8 ou –10. A l’entrée de Jumigny Dubourg me conduit aux grottes que nous devons occuper. J’y aurai une installation presque confortable. Une carrière immense où on peut loger deux régiments est à côté mais rien pour mes officiers de la 9ème (la 10ème est à Moulins). J’indique à Bouchau qu’il logera avec les officiers de la 9ème. Vers 2 heures je vais à Paissy voir le Brigadier (NDR le Général de Brigade de la Coloniale). Je reçois mes ordres mais j’ai des vertiges terribles. En revenant je redoute de ne pouvoir arriver à ma cagna. Enfin j’y parviens et j’en suis bien heureux ; à peine arrivé Bouchau vient me demander si je maintiens qu’il doit coucher avec les officiers de la 9ème. Il voudrait partager ma chambre ; je refuse. Il me demande alors de passer à la popote de la 9ème ; je lui répons « avec grand plaisir » ; nous en voici débarrassés. Maurel, Dubourg et moi en sommes ravis. La soirée se passe avec des vertiges terribles ; Landouard est allé à Fismes me chercher des cachets ordonnés par Legros et rentre à 10 heures du soir.

 

 6 FEVRIER

J’ai encore eu des vertiges cette nuit et ce matin je marchais comme un gaga ; après midi cela recommence ; j’en suis fatigué. A part cela journée sans incidents.

 

 7 FEVRIER

Encore des vertiges toute la nuit et le matin. Je me décide à un régime sévère. Plus de vin ni alcool, je réduis considérablement mon nombre de cigarettes, je mange très peu le soir. Je n’ai pas pu sortir à cause de mes vertiges.

 

 8 FEVRIER

Je me sens un peu mieux ; après midi je vais jusqu’à Paissy avec Maurel ; aller par un boyau mais au retour nous passons à travers champs et nous sommes salués par les Boches qui nous voient certainement très bien sur le haut plateau.

 

 9 FEVRIER

Je ne suis pas guéri encore mais je me vois obligé d’écrire à la maison que j’ai été souffrant ; cela m’ennui cependant je ne peux pas le leur laisser ignorer, dans le cas où il m’arriverait quelque chose. Je suis très inquiet sur l’état de Louise et je me tourmente beaucoup pour elle.

 

 10 FEVRIER

Décidément je vais de mieux en mieux, à part au lit je n’ai de vertiges dans le jour que lorsque je regarde les avions boches, qui sont cause que les éclats de schrapnells voltigent bien souvent autour de nous. Journée sans incidents.

 

 11 FEVRIER

Je suis toujours ennuyé pour Louise qui est très préoccupée de la mise en pension des enfants et de sa santé. Ce que je lui ai écrit va l’inquiéter encore davantage. Mes vertiges continuent mais moins forts. Nous avons eu vaccination et le Dr Legros m’ordonne de continuer mes cachets.

 

 12 FEVRIER

Après midi visite d’un officier de l’Etat Major de la 10ème Division Coloniale aux ordres de qui je passe.

 

 13 FEVRIER

Repos pour le Bataillon. Visite au Colonel Commandant l’Infanterie de la 10ème DIC à Paissy. Puis vers le soir je vais à Pargnan à l’EM prendre les ordres. Le Général Marchand vient dans la salle. Il est très bien et m’accueille fort aimablement. J’ai une lettre de Louise me disant qu’il y a apparition, ouf, j’en suis ravi, je craignais sérieusement qu’il me survienne un accident et de la laisser enceinte, je respire et mes vertiges continuent à s’atténuer.

 

 14 FEVRIER

Je vais à 6 heures ½ au Nord de Vassogne mettre mes hommes au travail. Il y a un funiculaire construit pour monter les munitions ; c’est épatant. Mes hommes font un barrage pour tanks, fossé de 4 mètres sur 2 de profond.

 

 15 FEVRIER

Journées de visites, Raymond m’arrive à midi ½, il déjeune puis nous allons voit mes ouvriers. Il m’a fait bien plaisir à revoir. Je suis tout chagrin de le voir s’éloigner dans Jumigny. Je remonte à ma Creute de Champagne ( ?) à peine arrivé survient le Général Marchand qui revient des 1 ères lignes. Il s’assoit chez moi et me demande du thé. Pendant qu’on le prépare il m’interroge sur ma palme et comment je l’ai gagné (NDR : Jean Maurice a reçu la Croix de Guerre avec Palme de bronze pour citation à l’ordre de l’Armée le 30 décembre 1914). Je lui raconte Givenchy. Il me demande ma citation et après l’avoir lue me félicite ; je lui réponds « Mon Général je suis très flatté d’être félicité par le Général Marchand et je vous en remercie ». Visite aux grottes ; je lui signale tous les inconvénients, aération, sorties défectueuses, prisonniers, etc.

 

 16 FEVRIER

Je vais avec mes Capitaines de Compagnies reconnaître les positions que nous devrions occuper en cas d’alerte. Pendant que nous sommes dans les tranchées les Boches marmitent avec du 105 fusant. Pas de casse. Rentrés fourbus.

 

 17 FEVRIER

Visite au Colonel commandant l’Infanterie Divisionnaire 10 à Paissy. J’ai toujours des vertiges mais surtout la nuit.

 

 18 FEVRIER

Vaccination. Le Dr Legros m’ordonne une solution de stranthium pour suivre les cachets.

 

 19 FEVRIER

Visite aux Colonels du S secteur et de l’ID10. J’apprends qu’il va y avoir des propositions pour la Croix. J’écris au Commandant Royet de me recommander au Général.

 

 20 FEVRIER

Je sais que je suis proposé avec Pilavoine l’ivrogne qui a 6 mois de grade d’officier et Vallée arrivé de l’arrière il y a 3 mois mais ils ont tous deux beaucoup d’annuités.

 

 21 FEVRIER

Gaillard vient déjeuner avec nous. Visite aux grottes.

 

 22 FEVRIER

Je vais à Longueval voir le colo, en route je rencontre Berbier qui est Commandant au 135 T Regt routier (NDR : Territorial je présume). En arrivant à Longueval j’apprends que le Général Claret de la Touche est dégommé ; c’est la guigne, si seulement il avait reçu l’ordre 8 jours plus tard (NDR : JMA s’inquiète pour sa Légion d’Honneur).

 

 23 FEVRIER

Journée sans incidents mais plus je réfléchis à ma chance d’être maintenu plus je vois que je dois en faire mon deuil ; c’est vraiment malheureux de voir qu’il n ‘y a que les années de casernes qui comptent et pas les services rendus pendant la guerre.

 

 24 FEVRIER

J’apprends que c’est le Général Maziller un colonial qui prend le commandant du Corps d’Armée. J’écris de suite au Colonel Bouché, ma lettre part par un Capitaine du 309 qui doit la mettre à la poste à Paris.

 

 25 FEVRIER

Visite aux travaux de mes Compagnies sur le plateau de Paissy, mais quelques balles sifflent et notamment une pas loin devant être destinée au groupe que nous formions. Inutile d’insister.

 

 26 FEVRIER

Pendant que je suis dans les grottes on vient me chercher pour assister à une séance de cinéma offerte par un Capitaine du 18ème T. C’est très curieux cette séance de cinéma à 1000 mètres des Boches.

 

 27 FEVRIER

Visite à Longueval avec Maurel. Le colo nous raconte des histoires extraordinaires. J’apprends que je suis le 10ème du Corps d’Armée dans l’ordre des propositions ; aurais je une chance de passer. Cela me donne quelque espoir mais je n’y crois guère.

 

 28 FEVRIER

Visite aux travaux avec Maurel. En nous rendant les marmites tombent sur l’endroit où nous devons passer. Nous prenons le boyau mais j’ai vu le moment où nous serions obligés de faire demi tour. Cependant j’ai bien fait de persévérer, je fais bâtir le travail et le Général vient sur ces entrefaites. Il me félicite.

 1er MARS 1917

Je reste aux grottes où j’ai des visites d’officiers de l’Armée etc. Le Général est retourné aux travaux.

 

 2 MARS

Je vais à Pargnan voir Parizot et complimenter Carrère de son 2ème galon (NDR : je présume que le Docteur Carrère était Sous-Lieutenant et que ce galon est celui de Lieutenant). Nous faisons un tour de bridge. En rentrant il y a de la marmite mais j’arrive sans anicroche.

 

 3 mars

C’est le tour du 1er Bataillon qui vient me voir et visiter mes grottes ; on fait un nouveau bridge. Déjeuner avec Gaillard : agneau et bécasses.

 

 4 MARS

Messe dans la grotte. Départ à cheval pour Longueval, messe avec Monseigneur Ruch. Vu le colo et le Dr Legros qui me donne un nouveau régime. A 11 heures déjeuner à la ferme Pinçon avec Berbier. A 2 heures départ pour les grottes ; à 3 h1/2 arrivée du colo aux grottes. Réception des Capitaines qui réclament pour les distributions. A l’arrivée du colo une schrapnell éclate tout prêt. Bête.

 

 5 MARS

Ordres au rapport pour la distribution des vivres du 3ème Bataillon. Je prescris qu’un Capitaine assistera chaque jour aux pesées, c’est la pierre dans la mare. Grande émotion.

 

 6 MARS

Ballade à Pargnan. Bridge. Les Boches s’amusent à arroser mon plateau de Paissy avec des schrapnells.

 

 7 MARS

Visite de Frois qui a l’air très ému et contrarié de mes ordres de contrôle. Neige.

 

 8 MARS

Je vais à Longueval ; très bien accueilli par le colo qui voudrait bien revenir sur sa décision. Cinq obus sur les environs de Longueval.

 

 9 MARS

Sale temps froid, neige etc on ne sort pas.

 

 10 MARS

Le colo m’envoie une note pour m’annoncer que je suis maintenu aux propositions du Corps d’Armée avec le n°3 ; serait ce vrai ? je n’ose y croire ; attendons patiemment sans nous leurrer d’un doux espoir.

 

 11 MARS

Messe dans la grotte. Vers 1 heure au moment où je m’apprête à partir pour Longueval les Boches commencent un furieux bombardement avec du 150 sur une batterie d’auto canon de la ferme de Cuissy ; ils en ont tiré au moins 200 et j’ai dû rester, la route étant trop bien barrée. Vers 8 heures du soir combat furieux vers Berry au Bar.

 

 12 MARS

Matinée assez calme. Je souffre de maux de tête terribles depuis 4 jours et me décide à aller à Longueval. Départ à 1 heure, vu Legros qui ne change pas mon traitement après auscultation chez le colo. Le colo radieux se félicite de m’avoir proposé mais ne me félicité nullement ; c’est très curieux il n’y a que lui qui aura eu du mérite… si cela réussit. En retour quelques schrapnells sur la route que nous devions suivre mais j’ai pris un chemin de traverse. Ce soir vers 7 heures bombardement et combat terrible vers Paissy ; j’ignore encore ce qui se sera passé.

 

 13 au 24 MARS

Nous continuons notre séjour aux Creutes de Champagne. Pendant cette période je suis allé à Fismes voir Raymond (NDR : son cousin Raymond Adde de Lesparre-Médoc en Gironde), rencontré Montauban à Baslieux. Les Boches ont commencé leur retraite stratégique, l’avance franco-anglaise est formidable, nous nous attendons chaque jour à être appelés à marcher. Tout le secteur se garnit de pièces de tous calibres ; les Boches nous arroses assez copieusement. Je n’ai eu que quelques accidents notamment au Sergent Major Dupont et à l’Adjudant Darriet (NDR : étant aussi un Darriet par mon père je vais tâcher de savoir s’il y a un lien avec ma branche paternel, ce qui serait assez incroyable !). Le colo m’annonce de la part du Général Mazillé que j’étais maintenu j’ai donc bon espoir. La 12ème Compagnie devient CM du Bataillon ( ?).

 

 25 MARS

Nuit agitée. Les Boches marmitent dur et nous répondons ferme. Depuis notre pavillon devant la grotte nous assistons au bombardement  sur nos batteries à 300 mètres de nous dans la vallée. Aujourd’hui j’ai appris que Dupont et un caporal avaient leur citation. Puis avec le rapport l’ordre de mouvement pour aller le 28 à Madagascar avec 9ème et 10ème tandis que 11ème et 13ème iront à Longueval.

 

 26 MARS

Je suis allé en avant de Vassogne prendre congé du Commandant Boste du Génie, pas de marmitage mais en retour 4 éclatements très près sur le plateau ; j’étais dans le boyau. Après déjeuner tirs de barrage très violents de part et d’autres ; un dépôt de torpilles saute devant nous à Oulche.

 

 27 MARS

Ce matin à 8 heures départ avec Maurel pour Madagascar, où il y a du chichi pour l’installation de mes 2 Compagnies. Tout s’arrange après de longs palabres. Rentrée à midi sans accidents. A 2 heures départ pour la ferme Bellevue voir le Général Marchand qui est en conférence et que je ne puis voir. Quelques obus dans l’air mais rien pour nous heureusement. Cependant mon caoutchouc beige fait une douloureuse connaissance avec les fils de fer barbelés ( ?).

 

 28 MARS

Réveil à 2 heures ½. Pendant que Damestoy charge les bagages un colonial lui soulage 120 francs qui étaient dans son portefeuille. Voyage dans la nuit à cheval jusqu’à Madagascar ; arrivée à 5 heures ½. Installation, je tremble pour mes pauvres chevaux. Nous sommes sérieusement semés pendant plusieurs heures ; le brave Etchegaray a le pied traversé par un éclat d’obus. Il s’était couché en entendant arriver l’obus et un éclat a pénétré par la semelle sortant par le coup de pied ; c’est effrayant ce qu’il y a de canons d’arrivés ici. Un 380 est braqué sur ma cagna ; c’est plein de promesses pour l’avenir.

 

 29 MARS

Ce matin reconnaissance du secteur de défense en cas d’alerte. Maurel et moi nous sommes promenés dans la boue sans incidents. Marmitage de Madagascar et ce soir conférence avec le Colonel du 153. En retour appelé chez Commandant de la Giraudière, il m’apprend qu’il va partir en permission et que je suis désigné pour le remplacer. Je n’avais certes pas besoin de ce travail supplémentaire.

 

 30 MARS

Visite du secteur avec le Commandant de la Giraudière, c’est un sacré chantier qu’on me donne. La journée a été relativement calme.

 31 MARS

Je suis entré en fonctions ce matin à 7 heures. Les demandes pleuvent et les refus se succèdent ; après midi visite de cagnas avec le Colonel Olieu de l’Artillerie Lourde. Installation de cuisine pour ma popote. Nos batteries commencent leur repérage et le potin commence. Les Boches ripostent, j’ai bien manqué me faire attraper en revenant à mon PC près de la ferme Comin. Un de mes conducteurs a la cuisse traversée par un éclat d’obus.

 1er AVRIL 1917

Temps froid. Pendant un moment il neige à gros flocons ; rien de particulier. Les Boches tirent pas mal , de notre côté on est assez calme ; les canons et munitions arrivent en foule.

 

 2 AVRIL

Vrai temps de semaine sainte. Les Boches tiraillent un peu partout dans le secteur. Je reçois des unités du 3ème Corps d’Armée ; le 18ème Corps d’Armée est dans la région c’est formidable ce qu’il y a de troupes par ici. Au moment où j’écris ces lignes une marmite vient d’éclater fantastiquement au dessus de ma grotte.

 

 3 AVRIL

Les Boches deviennent bien méchants, ils marmitent un peu partout. Hier le Lieutenant Wattebled de la 6ème a été tué, aujourd’hui la 9ème a eu un tué et 4 blessés grièvement. Il serait temps que nous commencions à les arroser cela les calmerait peut être. J’ai eu la visite d’Aima qui m’a fait lire un entrefilet de l’Officiel, qui m’a un peu refroidi. Un député demande au ministre pourquoi il a rayé du tableau de la Légion d’Honneur un officier de la Territoriale qui n’avait pas 32 anuités. Je n’en ai que 28, je commence à trembler pour mon ruban.

 

 4 AVRIL

Vers 9 heures je vais voir le Colonel Olieu, puis je descends à Mortmare où je vois les effets d’un obus dans une cagna ; quatre cadavres sont là, il y a eu onze blessés. Je rentre et tout se passe sans incidents jusqu’à 5 heures ½ . Un chef d’Escadron d’Artillerie vient me voir avec ses deux Lieutenants parler de grottes et ils repartent. Ayant froid aux pieds, au lieu de me remettre à écrire face à la fenêtre, je vais me chauffer les pieds au fond de ma cagna, tournant presque le dos à la fenêtre. Je lisais « les Ronds de Cuir » de Courteline, quand tout a coup sans avoir rien entendu je me sens violemment frappé à la figure ; je me  retourne, vois un gros bloc de pierre qui me tombe dessus. Je pare tant bien que mal et vois que tout s’effondrait autour de moi ; je fonce au milieu des éboulements et je passe. Je reviens voir mes secrétaires, ils étaient à la soupe, puis je vais à ma cuisine tout est effondré sur mes malheureux Damestoy, Lartigue et Hausseguy. Je veux essayer de les dégager mais je me vois inondé de sang. Je pars me faire panser. Ferme Comin tout est effondré mais je ne puis aider. Un médecin d ‘Artillerie me soigne à 500 mètres de mon PC. Je vais ensuite faire refaire mon pansement par Bouchaud qui va m’évacuer.  Je passe toutes les consignes à Vesseron pour le Bataillon ; je veux téléphoner au Colonel, impossible. Je vais voir le Colonel de Coutard et enfin escorté de Maurel et Landouard je pars à Bourg et Comin. En route un officier d’Artillerie qui devait m’emporter se sépare de nous, les marmites se mettent à pleuvoir, on se débande, je n’ai jamais revu l’officier d’Artillerie. A bourg nous attendons jusqu’à 9 heures pour avoir une auto sanitaire ; arrivés à Fismes après un voyage horrible de 2 heures ; on nous renvoie sur Courlandon. A l’HOE (NDR : ? Hôpital…), inscription, visite, déshabillage, tondeuse, salle d’opérations, transport au lit sous la neige, coucher 2 heures du matin. On m’annonce un train pour le lendemain.

 

 5 AVRIL

Je ne suis pas du voyage. Je reste au lit. Grands blessés autour de moi. Trépanés, délire etc.

 

 6 AVRIL

Visite de Hardoy qui me porte un mot du Colonel qui a reçu la lettre que je lui ai envoyée par cycliste de l’HOE.

 

 7 AVRIL

 

Visite de Maurel, puis de Gaillard, Dr Legros et Cochard.

 

 8 AVRIL

A 1 heure du matin on me prévient qu’il va y avoir un tram. A 5 heures ½ on me fait lever et nous finissons par partir à 3 heures après midi. Adieux au Commandant Jouffroy, au Capitaine Rabourdin du groupe de Vessins, au Lieutenant Autore, au Capitaine Richard du 129 T (NDR : 129ème Régiment Territorial) et à l’Aspirant Toureu du 156 (NDR : ces officiers sont certainement ses voisins de chambrée). On remet la Médaille Militaire à mon voisin de lit, un médecin auxiliaire trépané deux fois. Cela ressemble beaucoup au viatique. Voyage plutôt lent. Je couche chez le médecin chef du train, bridge.

 

 9 AVRIL

Réveil en gare d’Amiens, déjeuner dans le fourgon avec les médecins ; arrivée à 2 heures à Rang-du-Fliers (NDR : Dpt 62 Pas de Calais), à 2 heures ½ Berck Plage. Hospitalisé au 75 chez Calot. Visite des médecins, on n’est pas mal.

 

 10 AVRIL

Mauvais temps ; à la salle d’opérations le médecin me sort un petit éclat de verre. Je peux sortir une heure.

 

 11 AVRIL

Tempête épouvantable. Je vais mieux.

 

 12 AVRIL

Rien à signaler, je vais me promener à Berck et faire des achats.

 

 13 AVRIL

Promenade vers Bellevue avec le Capitaine Pailhard Turenne ; je reçois enfin des lettres.

 

 14 AVRIL

Le médecin me fait une vraie intervention pour m’enlever derrière l’oreille un morceau de verre plus grand que l’ongle du pouce. Beaucoup souffert.

 

 15 au 23 AVRIL

Vie d’hôpital. Divers coups de bistouri pour toujours me sortir du verre de la tête.

 

 24 AVRIL

Les journaux de Paris annoncent qu’une promotion de la Légion d’Honneur pour la Réserve te la Territoriale a paru à l’Officiel. Je vais voir le pharmacien qui reçoit l’Officiel. Il n’aura son numéro que le lendemain. Je suis un peu nerveux.

 

 25 AVRIL

Après déjeuner, je suis dans la salle à manger jouant au bridge avec le Capitaine Laurent l’aviateur Berovolo, les Lieutenants Mairet et ( ?), je tourne le dos à la porte lorsque j’entends la voix de Mme Casset notre infirmière major me dire « Commandant, vous êtes chevalier de la Légion d’Honneur ». Emotion, félicitations et nous continuons la partie. J’avais demandé trois sans atout et je‘l’ai manqué. Ce que c’est que l ‘émotion. Télégrammes à la famille. Je me sens vraiment heureux.

 

 26 AVRIL

Dépêches sur dépêches.

 

 27 AVRIL

Dito, dito.

 3 MAI 1917

Visite des convalescences. Je suis proposé pour 20 jours, on m’en accorde 30. Départ à 20h45. A Rang du Fliers, je rencontre Schoof dans le train.

 

 4 MAI

Arrivée à Paris ; à l’hôtel je trouve une superbe Croix offerte par mon petit Etat-Major. Surprise vraiment bien agréable. Vers 11 heures je vais demander à Mr Logre de m’accrocher ma croix. Déjeuner chez Mr Logre. Je ne sais si c’est l’émotion mais je crois avoir trop bu à déjeuner et je me sens un peu gris.

 

 5 MAI

Arrivée à Bordeaux. Compliments, félicitations etc. Bonheur de se retrouver.

 

 6 MAI

Anniversaire de notre mariage ; quel bonheur d’être réunis.

 

 7 MAI au 18 JUIN 1917

Bonheur complet. Prolongation de 15 jours. Dr Godet.

 

 18 JUIN

Départ pour le front.

 

 19 JUIN

Journée à Paris ; visite à Mr de Clermont etc.

 

 20 JUIN

Raté correspondance Toul ; coucher Nancy.

 

 21 JUIN

Arrivée Vézilise (NDR : 20 kilomètres au Sud de Nancy) ; séjour à Vitrey. Re-re-félicitations.

 

 22 JUIN

Visite à Lapeyre etc. Pèlerinage à Sion.

 

 23 JUIN

Grand dîner. Petite malice à Bouchaud.

 

 24 JUIN

Ballade avec les Maurel.

 

 25 JUIN

Dito. Rentré du colo.

 

 26 JUIN

Dito. Ballade quelconque.

 

 27 JUIN

Dito. Le colo veut me remettre ma croix demain.

 

 28 JUIN

Revue de Bataillon à l’entrée de Goviller, au pied du Mont d’Anon que nous appelions le « Chenelu ». Temps merveilleux. Cérémonie qui m’émotionne beaucoup au moment où le colo me frappe de l’épée ma pensée va vers ma chère Louise et mes parents qui seraient si heureux d’être là. Défilé très réussi. Déjeuner chez le colo. A 5 heures champagne avec mes officiers du Bataillon.

 

 29 JUIN

Nous recevons nos ordres de départ pour le 1er.

 

 30 JUIN

Préparatif de départ.

 1er JUILLET 1917

Cantonnement à Xeuilley ; très bien, dommage que nous n’ayons pas été logés là pour le repos.

 

 2 JUILLET

Cantonnement à Velaine en Haye. Visite au Colo à Gondreville à 9 heures du soir.

 

 3 JUILLET

Départ à 4 heures. Cantonnement au camp du Ravin à Saint Jean.

 

 4 JUILLET

Reconnaissance du secteur, passage des consignes par le Commandant Plessier du 95ème T (NDR : 95ème Régiment Territorial).

 

 5 JUILLET

Nuit blanche. Relevée. Je suis un peu inquiet de ma responsabilité ayant des hommes déshabitués du combat et beaucoup que je ne connais pas. Puis je dois tenir un secteur avec des hommes qui ne savent pas lancer des grenades ; mes fusilliers-mitrailleurs sont au camp d’instruction et enfin des mitrailleurs qui n’ont jamais tiré avec leurs mitrailleuses. Russe prisonnier.

 

 6 JUILLET

Visite du secteur de Souchez ; au retour nous sommes salués près du village.

 

 7 JUILLET

Visite de toute ma 1ère ligne, si les Boches ne nous tirent pas c’est qu’ils ne veulent pas, nous passons des 50 mètres à découvert. Le soir à 10 heures fausse alerte au gaz.

 

 8 JUILLET

Journée calme. Visite au secteur.

 

 9 JUILLET

A 6 heures ½ un coup de téléphone m’annonce l’arrivée du Général avec le Colonel Paulmier et Cantau. En cinq minutes je suis prêt juste à temps. Le Général Goubeau commande la 153ème Division d’Infanterie et le Colonel Paulmier la 306ème Brigade. Visite du secteur, je me paie le luxe de les faire passer par la 1ère ligne au grand désespoir d’un Capitaine d ‘Etat-Major de la Division qui n’en mène pas large et marcherait à 4 pattes s’il osait. Les autres se tiennent bien. En rentrant je cause avec le Général et il se trouve qu’il était Lieutenant il y a 17 ans et est venu à Pauillac à la maison en attendant la mission Foureau Lamy (NDR :?). Il se rappelle très bien les chrysanthèmes et ma mère. Il me charge de lui présenter ses hommages.

 

 10 JUILLET

Lapeyre et Périé viennent voir le secteur et prendre les consignes. A 3 heures du matin, alerte sérieuse sur le 69 à ma gauche. Le 41 T mon voisin immédiat a de la casse (NDR : le 41 et le 69 sont les Régiments à proximité et le dernier un Territorial). Je n’ai rien mais ensuite vient une grosse alerte au gaz ; la vague passe devant mes lignes, dans le ravin, sans nous toucher.

 

 11 JUILLET

Lapeyre arrive pour déjeuner, nous faisons la tournée du secteur, l’observatoire 08 où j’ai mis Coudy a été très sérieusement marmité. La relève se fait sans incidents. Je pars à minuit ½.

 

 12 JUILLET

Levé à 8 heures ½ je vais chez le colo à 10 heures ; il est allé au secteur, c’est épatant. Il revient à 11 heures ½ ; après midi sieste, puis visite au Colonel Paulmier qui m’invite à déjeuner pour le lendemain.

 

 13 JUILLET

Déjeuner avec le colo Cantau au PC du Colonel Paulmier. Très bien déjeuner malgré que le soit vendredi 13.

 

 14 JUILLET

Visite le matin au PC du colo, où j’apprends que le matin à 3 heures les Boches ont fait un coup de main sur la Compagnie Belly ; il y a eu des prisonniers de faits, plusieurs morts notamment l’Adjudant Crouzillac. Il y aurait 11 disparus mais il doit y avoir des morts sous un abri. Je me rase toute la journée et j’ai le cafard. J’apprends que Guiguite (NDR : diminutif de Marguerite  la fille de Jean Maurice) a été opérée le 11 et cela contribue certainement à me donner le cafard encore plus fort.

 

 15 JUILLET

Journée de repos ; à 7 heures du soir je pars pour Limey reprendre le Capitaine du secteur.

 

 16 JUILLET

A 4 heures du matin dans le PA (NDR : Poste Avancé) de Souchez un Boche est fait prisonnier par le Soldat Labachot de la 11ème Compagnie. Il donne les renseignements connus , faim, mauvais traitements. Journée calme mais à 9 heures 20 le soir, bombardement effrayant sur Souchez et Neuville. Déclenchement des barrages. Pétard monstre pendant 1 heure ½. Les Boches s’arrêtent à 10 heures ½. Je continue jusqu’à 11 heure ½. Il ne sont pas sortis.

 

17 JUILLET

Marmitage en règle sur tout le secteur. J’ai eu 2 tués et 3 blessés dans le nuit.

 

 18 au 31 JUILLET

Chaque jour les Boches règlent leurs tirs  le matin sur l’église de Limey. Puis dans la journée quelques séries d’obus sur le village. La nuit se sont des passages d’avions Boches et Français quand il fait beau, coup d’œil curieux par les fusées et projecteurs. Je ne dors pas ou presque pas à cause des alertes au gaz possibles. Le 25 à minuit le poste d’écoute de la Cigogne télégraphie de nous attendre à une attaque qui ne se produit d’ailleurs pas mais qui me fait passer la nuit entière debout. Je suis enfin relevé le 31 ; j’étais vanné et j’aspire après ce repos à Bapaume comme après le Messie.

 1er AOUT 1917

La pluie à outrance, repos complet, visite au colo.

 

 2 AOUT

Pluie, je dors et je bats une royale flemme.

 

 3 AOUT

Dito.

 

 4 au 7 AOUT

Le temps s’améliore. Promenade à cheval avec Maurel. Visites au Colo.

 

 8 AOUT

Je relève le soir sans incidents ; arrivée à Limey à cheval.

 

 9 AOUT

Très mal dormi ; on tire à droite et à gauche. Plans et encore plans à faire. C’est mon anniversaire, espérons que ce sera le dernier que le passe à la guerre.

 

 10 AOUT

Nui blanche ; à partir d’une heure du matin crapouillotage infernal sur ma gauche (NDR : le crapouillot est un mortier qui peut être léger, moyen ou lourd ; les allemand l’appelle « minenwerfer »). Téléphones toute la nuit ; enfin à 4 heures ½ on peut s’allonger. Visites au secteur ; les Boches tirent un peu plus que de coutume sur le village.

 

 11 et 12 AOUT

La nuit a été meilleure amis vers 9 heures Perruquon le cycliste de la 11ème vient me porter les pièces, je plaisante avec lui ; il repart, 5 minutes après on vient m’annoncer qu’il est grièvement blessé. Je vais au PS (NDR : Poste de Secours) le pauvre diable à la cuisse droite fracturée, le mollet gauche emporté, le bras percé et la tête abîmée ; sans son casque il eut été tué. Je suis ému et lui annonce que je ne puis rien faire pour lui panser ses blessures mais que je le propose pour la Médaille Militaire.

 

 13 AOUT

Nuit bonne. Dans la journée, je reçois un mot de Gaillard me disant que le 3ème Bataillon va être dissous. A 5 heures m’arrive Cochard me demandant de la part du colo de faire ma demande de permutation pour le 2ème Bataillon avec Lapeyre. Je ne veux rein savoir et je déclare vouloir suivre mon sort. Je suis très perplexe ; le soir arrive Belly, il est question que ceux qui n’ont pas la limite d’age d’active vont y être versés. Je suis de plus en plus perplexe. Nuit de réflexion.

 

 14 AOUT

Je me décide à 6 heures 40 du matin à demander à Lapeyre. Il accepte de permuter. Je lui envoie ma demande à signer. Puis je la transmets au colo. Journée d’anxiété et d’alternatives de bon espoir et de regrets.

 

 15 AOUT

Orages terribles. Le colo m’annonce que le Général a signé ma permutation. Le sort en est jeté, je reste au 142.

 

 

 

 16 AOUT

Les Boches arrosent dur sur notre secteur et Limey en particulier. Nuit agitée par les coups de main sur le secteur voisin.

 

 17 AOUT

A 9 heures m’arrivent les officiers du 95 venant relever. Puis les Hussards avec Capitaine Desmoutis ; un personnage peu sympathique qui se plaint amèrement d’avoir sali ses bottes dans le boyau.

 

 18 AOUT

Journée très marmitée ; une centaine d’obus sur Limey ; le soir relève par le 95 et les Hussards. Départ à une heure du matin.

 

 19 AOUT

Couché à 3 heures au camp du ravin de Saint Jean. Dislocation du Bataillon. Versement du matériel. J’ai gros mal au cœur de voir dissoudre ce bon Bataillon. Toute la journée je suis assailli de demandes par des hommes voulant passer avec moi au 2ème Bataillon.

 

 20 AOUT

Nous continuons à vivre en popote au 3ème Bataillon. Visite au colo à Noviant.

 

 21 AOUT

Je passe au 2ème Bataillon et le soir nous partons pour Noviant aux près. Installation relativement très bonne ; arrivée à 9 heures du soir.

 

 22 AOUT

Organisation à Noviant où nous devons séjourner 15 jours avant de relever le 1er Bataillon qui est entré en secteur la nuit du 21 au 22.

 

 23 au 27 AOUT

Séjour à Noviant, promenade à cheval. Vie calme.

 

 28 AOUT

Vers 11 heures ¼ alors que rien ne nous le faisait pressentir les obus de 130 commencent à dégringoler sur notre quartier de Noviant. Un enfonce un mûr de ma maison, un autre démolit le mûr du jardin derrière chez le colo. Pas de blessés.

 

 29 AOUT

Vers 10 heures, nouveaux obus de 130, l’un tombe à 3 mètres de la tente de Maurel, déchiquète les arbres autour et pas un éclat ne touche sa tente, c’est extraordinaire. Le soir j’apprends que le sans fil Boche donne dans le communiqué que le bombardement de Noviant est fait en représailles de nos tirs sur Thiaucourt. Le soir je couche dans la salle à manger, ma chambre n’ayant que les tuiles et le plafond comme protection ; c’est un peu maigre. Dans la chambre du Dr Legros un éclat d’obus qui a éclaté dans la chambre voisine.

 

 30 AOUT

A 8 heures ½ du matin le marmitage recommence en plein sur le quartier où je suis. Des hommes de la 7ème (NDR : 7ème Compagnie) sont blessés dans la maison à côté de la mienne. La jument de Lapeyre est touchée, à côté de « Rainette » qui s’abat dans l ‘écurie mais se relève sans mal.

 

 31 AOUT

Deux marmitages l’un à 8 heures ½ l’autre à 5 heures du soir. Dans le 1er la jument de Maurel a une jambe coupée, dans la nouvelle écurie où on a placé nos chevaux pour les mieux garantir ; au 2ème marmitage le Lieutenant Debard est touché gravement en allant faire placer ses hommes à l’abri. Notre bridge est plutôt brusquement interrompu par une marmite qui démolit la cuisine.

 1er SEPTEMBRE 1917

Nouveau marmitage ; le Lieutenant Pilavoine est amoché légèrement.

 

 2 SEPTEMBRE

Maurel part pour le 52ème T d’Etapes à Varangeville (NDR : 52ème Régiment Territorial ; semble la nouvelle affectation de Maurel qui quitte le 142ème RTI). J’ai plutôt le cœur gros de le voir s’en aller, c’est un ami qui s’en va et moi je reste. Toux ceux des officiers qui partent du Régiment vont dans les Etapes et moi j’ai demandé à rester !! Le 2ème Bataillon ne vaut pas un pet de lapin, que j’ai donc été bête de prendre cette décision ; après midi je vais avec Périé au PC de Carrières et ensuite à Minorville voir Debard, Pilavoine et les soldats blessés ces deux derniers jours.

 

 3 SEPTEMBRE

A 4 heures ½ réveil en fanfare par des crapouillots, les barrages etc. Vers 6 heures alerte au gaz. Enfin vers 9 heures je pars au PC de P ; je prends les consignes. Tout se passe. Rentrée vers midi.

 

 4 SEPTEMBRE

La matinée je me prépare à entrer en secteur ; visites au colo qui attend le moment de son départ. Nous convenons que Aima viendra me remplacer et que je descendrai le 7. Visite de secteur avec Parisot et Périé. Prise des consignes. Relève s’effectue sans incidents.

 

 5 SEPTEMBRE

Nuit calme. Parisot part à 9 heures. Tournée en secteur ; à 1 heure je pars avec Périé au PC de Carrières. Route marmitée dur. Conférence avec Commandant Mellier ; charmant. Vers 5 heures Cochard et Gaillard viennent m’annoncer que par ordre du Général je dois rester en secteur et commander le Régiment depuis ici. Grosse désillusion.

 

 6 SEPTEMBRE

Crapouillotage dans la nuit. Vers 10 heures Aima arrive, je lui passe les consignes et je conviens avec lui qu’il viendra le lendemain. Crapouillotage dans l’après midi, je fais des représailles.

 

 7 SEPTEMBRE

Aima vient vers 10 heures, je prends son cheval et vais à Noviant ; je déjeune avec le colo qui est tout réjoui à l’idée de partir le lendemain. Je reviens vers 4 heures assez triste. Pas mal de bruit dans la soirée.

 

 8 SEPTEMBRE

Je vais déjeuner à Noviant et entrer en fonction de Colonel. Déjeuner très gai. Rentrée vers 4 heures. Reçois visite du Commandant Mellier et Capitaine de Margerie. Orage terrible.

 

 9 SEPTEMBRE

Patrouille et embuscade par les chasseurs devant P1. Visite du secteur avec Aima, étude de la réorganisation du centre.

 

 10 SEPTEMBRE

Patrouille du 2ème BCP (NDR : Bataillon de Chasseurs à Pied) ; journée assez calme, tirs indirects de nos mitrailleuses.

 

 11 SEPTEMBRE

 Enquête sur CMP70 ( ?), rapport sur Lieutenant Tesseyre qui je l’apprends ensuite se trouve beau frère du Préfet du Finistère. Ce soir patrouilles et embuscades des Gaulois d’Arnould du 69.

 

 12 SEPTEMBRE

Visite du secteur avec Capitaine Picard Claudel, étude des travaux centre P1 ; monté sur les parapets des tranchées de 1ère ligne ; heureusement que nous avons la brume.

 

 13 SEPTEMBRE

Journée calme ; quelques obus sur centre P ; représailles immédiates ; à 10 heures ½ du soir au moment de me coucher arrive le message « Rome = Chicago » ; c’est l’alerte pour notre émission de gaz. Ordres et ca ( ?).

 

 14 SEPTEMBRE

A 1 heure du matin arrivent les mitrailleurs du 69 ; à 2 heures alerte par message ; vous pouvez envoyer chercher les effets à 2 heures 30. A 2 heures ½ l’émission commence puis la canonnade dure très durement. Vers 3 heures ½ on me signale qu’on sent les gaz. Nous voyons passer la vague ; tout s’est bien passé, pas d’accident chez nous. Vers 6 heures on se couche. A 14 heures Périé revient de la conférence et rapporte des détails intéressants sur l’effet de nos gaz.

 

 15 SEPTEMBRE

Journée assez calme des Boches mais bombardement très violent des nôtres ; soirée calme.

 

 16 SEPTEMBRE 1917

Picard Claudel revient ; j’envoie Aima voir P3 avec lui. Puis vers 11 heures je pars à cheval à Noviant où je reste jusqu’à mon départ en permission le 20.

CopyrightÓ darrietadde-f.darriet 2004 -Merci de demander l’autorisation avant d’utiliser tout document issu de ce site.

CopyrightÓ darrietadde-f.darriet 2004 -Please ask before using any element contained in this site

FIN DU CARNET TROISIEME

Rendez vous dans le chapitre «1918» : La présence de Jean Maurice ADDE auprès du Corps Expéditionnaire Américain en France :

Les jours qui suivirent son départ en permission changèrent le destin du Chef de Bataillon Jean Maurice ADDE dans le conflit. Par son activité professionnelle au sein de la Compagnie Maritime des Chargeurs Réunis, et son rôle de Vice-Consul d’Angleterre à Pauillac, il sera détaché par l’Etat Major français à la Mission Militaire Française auprès de l’Armée américaine afin de préparer l’arrivée des forces américaines en France. En effet depuis avril 1917, où le congrès américain vota l’entrée en guerre des USA en Europe, un Corps Expéditionnaire Américain fut mis en place sous l’égide du Général Joseph Pershing (AEF –American Expeditionary  Forces) et envoyé progressivement dès août 1917 dans les ports des côtes Ouest de la France. Jean Maurice sera affecté à la base américaine n°7 de La Rochelle (annexe de la Base US n°2 de Bordeaux) auprès de la Mission Française Régionale de La Rochelle.

 

================================================

CopyrightÓ darrietadde-f.darriet 2004 -Merci de demander l’autorisation avant d’utiliser tout document issu de ce site.

CopyrightÓ darrietadde-f.darriet 2004 -Please ask before using any element contained in this site

AccueilHome