Boussole ancienne
Carnets de voyage. Ici, les récits de nos pérégrinations.

Russie.

Drapeau Russie

01 au 04 et le 06 juin 2010

Saint-Pétersbourg


La ville qui a changé de nom trois fois au cours du siècle dernier; Saint-Pétersbourg, Pétrograd, Léningrad puis de nouveau Saint-Pétersbourg, sans compter Péter dans le langage populaire! Elle a aussi dû être reconstruite partiellement, ayant subi un siège de 900 jours durant la dernière guerre mondiale. Nous y sommes arrivés le matin après une nuit de bus encore sans sommeil, l'état de la route entre Narva et Saint-Pétersbourg étant épouvantable (mais il y a des travaux en cours). Le temps de nous installer chez notre hôtesse, une dame très sympathique répondant au nom typiquement russe de Galina Nicolaevna, dont l'appartement est situé à une rue derrière la Nevski Prospect et nous partons visiter la ville.
On commence bien sûr par la descente de la Nevski Prospect (avenue), qui est "les Champs Elysées" de Péter. La circulation est très dense et on a intérêt à respecter les feux aux passages piétons et à emprunter les tunnels quand il y en a pour traverser car la majorité des automobilistes se prennent pour des rallymen, la limitation de vitesse en ville semble ne pas exister ici non plus. Que fait la Militsia (la Police)? De très beaux immeubles bordent cette avenue, il y en a quand même qui mériteraient un ravalement sinon une restauration. Dès qu'on dévie dans une rue, on tombe sur un palais, une église, un jardin ou un monument.

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L'église du Saint-Sauveur sur le Sang Versé.

Et au bout de cette avenue, l'immense ensemble de l'Amirauté avec sa flèche dorée et sur la droite l'Ermitage avec ses très caractéristiques couleurs vert clair, blanc et or. Derrière coule la Néva, dont l'estuaire forme des îles qui sont autant de nids pour des palais, des églises et des musées, le tout relié par des ponts. La ville est aussi traversée par deux rivières, la Moïka et la Fontanka et plusieurs canaux. On commence la visite de la Forteresse Pierre-et-Paul avec la somptueuse cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul qui sert de nécropole aux tsars de Russie et à leur famille. Une chapelle est réservée aux derniers des Romanov, tragiquement tués en 1918. Puis on continue par une partie de l'île Vassilievski qui regorge de palais et de musées.

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Vue de Saint-Pétersbourg depuis l'île Vassilievski.

Le lendemain est une journée complète consacrée à l'Ermitage. Là aussi tout est grandiose. La richesse des salles du palais mais aussi et surtout celle des collections: les peintures des plus grands maîtres des écoles italienne, flamande, allemande, française, anglaise et espagnole. Des chefs d'oeuvre par dizaines, une collection d'impressionistes français inouïe et des Van Gogh et des Picasso.

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L'Ermitage.

Mais il y a aussi d'autres pièces d'exception comme du mobilier, de l'argenterie, de la vaisselle, des armes sans compter les antiquités égyptiennes, grecques, et romaines. On ne peut tout voir, il paraît qu'en restant une minute devant chaque objet exposé, ce qui ne représente qu'une infime partie du fonds du palais musée, il faudrait cinq mois pleins.


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Peterhof


Ensuite nous prenons le métro puis une "marchroutka" (minibus-taxi collectif) pour aller à Peterhof, fondé comme Saint-Pétersbourg par Pierre le Grand, et qui fut le palais de résidence d'été des tsars, au bord du golfe de Finlande. Il y a quelques stations du métro de Saint-Pétersbourg qui sont des monuments qui valent le coup d'oeil. Ca aide de lire le cyrillique pour se déplacer en métro et en minibus collectif. J'en profite d'ailleurs pour adresser un petit bonjour à mes amies et amis du cours de russe de l'UP ainsi qu'à Eléna, notre si appréciée professeur. Si mon russe n'est pas très académique, il est suffisant pour comprendre et me faire comprendre pour les actes de tous les jours et voyager, je n'ai eu aucun prolème de communication car il semble qu'ici l'anglais ne soit pas aussi répandu que dans les pays que nous avons visité jusqu'ici, même parmi les jeunes. Pour en revenir à Peterhof, c'est un enchantement tellement le parc est splendide en plus d'être immense. Le palais en lui-même est très beau mais on commence à avoir l'habitude des ors et du luxe alors plus rien ne nous étonne. Si, les fontaines du parc!

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Les fontaines de Peterhof.

Innombrables et rafraîchissants, disséminés dans tout le parc et donnant une impression de calme au lieu malgré la fréquentation touristique. En quittant le palais et le parc, on peut encore aller voir la cathédrale Saint-Pierre et Paul, décidément il n'y en a que pour eux, qui ne se trouve qu'à quelques encablures du château. Puis nous rentrons bien fatigués à Peter dans une marchroutka qui a fait son temps mais qui roule encore, on se demande par quel miracle. Et le chauffeur qui se prend pour Fangio, avec le portable en plus!


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Saint-Pétersbourg


Comme nous sommes ici en pleine période des "nuits blanches" on ne pouvait rater l'occasion de sortir voir les péterbourgeois faire la fête et assister à l'ouverture des ponts sur la Néva pour laisser passer les gros bateaux. Que les russes boivent beaucoup, ce n'est pas une légende, on a pu le vérifier tout le long de la Nevski Prospect et sur les quais de la Néva: les poubelles débordent de bouteilles vides et les personnes, en majorité des jeunes, filles et garçons, se déplacent avec une bouteille à la main. Et on n'est que dans la nuit de jeudi à vendredi, qu'est-ce que ça va être le week-end? C'est impressionnant de voir le pont se lever pour laisser passer des cargos chargés de fret et descendre la Néva vers la mer, alors que c'était la route si encombrée de voitures quelques minutes auparavant.

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Pont levé sur la Néva.

Nous allons encore voir quelques curiosités de Saint-Pétersbourg dont le croiseur Aurore qui se rendit célèbre pendant la Révolution d'Octobre avant de prendre le train pour Petrozavodsk et faire notre excursion en bateau sur l'île de Kiji. Ce sera le point le plus septentrional de notre tour du monde.

Pour terminer sur notre séjour à Saint-Pétersbourg, nous nous devons de saluer la gentillesse et l'efficacité de Galina qui nous a très aimablement reçu et renseigné sur St. Pétersbourg, répondu à toutes nos questions et qui nous a confectionné toute la gamme des petits-déjeuners russes tous plus succulents les uns que les autres.


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05 juin 2010

Peterzavodsk, Karélie-Ile de Kiji


L'expédition à Petrozavodsk en Karélie pour rejoindre l'île de Kiji nous laisse augurer de ce que sera le voyage dans le Transsibérien dans quelques jours. Nous prenons le train couchettes à 17h20 qui va à Mourmansk. Le train à peine démarré, c'est un pique-nique général qui s'organise dans notre wagon, les autres aussi d'ailleurs; les saucissons, les oignons, les cornichons, les pirojkis(pâtés à la viande) sont de la fête, il y a même du poisson fumé, le tout abondament arrosé de bière et de thé. Puis tout le monde fait son lit avec les draps distribués par la Provodnitsa (responsable du wagon) qui nous propose gentiment du thé. Comme nous arrivons à Petrozavodsk à 0h30, nous nous contentons de rester assis et de regarder les paysages de Karélie défiler. Des forêts, des forêts et encore des forêts avec quelques lacs et marais. Nous ne nous arrêtons que dans deux villes et ceux qui ne dorment pas descendent sur le quai pour se dégourdir les jambes, fumer, et refaire le plein de provisions et surtout de bière auprès de vendeuses qui proposent leur marchandises tout le long du train. Il y a aussi des hommes qui vendent le produit de leur pêche sous forme de poissons fumés dont des anguilles de belle taille et qui trouvent preneur. On arrive enfin à notre hôtel dont l'accueil et le petit-déj. sont très décevants et nous voilà en route pour le port où nous prenons le bateau pour l'île de Kiji sur le lac Onéga, qui nous semble être le bout du monde.

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L'église de la Transfiguration du Christ sur l'île de Kiji.

Nous avons une guide, Natacha, qui est installée sur l'île pour la saison touristique et qui nous fait visiter les constructions exclusivement en bois, dont l'église de la Transfiguration du Christ avec ses 24 clochers en bulbe, dont les tuiles sont aussi entièrement en bois de tremble, le seul qui résiste aux intempéries. Puis la chapelle de l'Archange St. Michel dont elle nous fait carillonner les cloches par Alexis, un charpentier-menuisier qui travaille à l'entretien des constructions du site protégé. le moulin, la ferme habitation, le banya (le sauna) et elle nous raconte la vie quotidienne des 50 habitants de l'île en hiver ( qui dure huit mois, avec des températures à -40°C) et qui sont ravitaillés alors par hélicoptère. Il n'est pas rare de voir de la neige en juin. Au moment où j'écris cet article, il tombe des grêlons, heureusement nous sommes à l'abri en attendant l'heure de notre train qui nous ramènera cette nuit à Saint-Pétersbourg.


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07 juin 2010

Novgorod


Nous voici arrivés en train à Novgorod, trés ancienne ville russe qui a gardé des monuments et des églises de sa période de rayonnement artistique et culturel sur cette région. Le Kremlin (la forteresse), le coeur de l'ancienne cité, est fermé par des remparts et contient nombre de monuments et surtout d'églises datant du XIIIème siècle. Le tout est très bien entretenu et entouré d'un parc immense. Un côté de cette fortification donne sur le fleuve Volkov dont les berges ont été aménagées pour servir de plage aux habitants de Novgorod ( et des environs).

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Novgorod.

Après le pont qui traverse le fleuve se trouve l'ancienne place du Marché qui a la particularité d'être entourée d'églises relativement petites construites les unes à côté des autres: il y en a sept sur moins de deux hectares, plus trois autres plus grandes dans un rayon de 500 mètres. On trouve aussi quelques vestiges de la période soviétique, qui valent leur pesant de bronze, d'acier et de béton, notamment des statues de Lénine incontournable, des monuments à la gloire des combattants de la 2ème guerre patriotique (celle contre les allemands, la 1ère c'était contre notre Napoléon)
Ce soir nous reprenons un train de nuit pour Moscou. Il est de plus en plus difficile de tenir ce journal de voyage en temps réel, les connexions sont lentes et je n'arrive pas à suivre pour charger les photos, il va falloir patienter.

Dans ce train qui nous emmène à Moscou, je peux mettre à jour mon article et taguer mes photos de Novgorod, il y a une prise 220 V dans le compartiment et on a droit à une collation avec le billet de 2ème classe couchette. Je profite donc du temps à passer avant de nous coucher pour relater une petite anecdote qui nous est arrivée hier à Saint-Péter.
En fin de matinée nous remontions la Nevski Prospect en revenant du croiseur Aurore lorsque à la hauteur du pont Antchikov j'ai entendu deux jeunes femmes demander désespérément en anglais à un policier où se trouvait la Vladimirski Prospect. Celui-ci, assez âgé et qui semblait ne rien comprendre leur indiquait de rebrousser chemin sur l'avenue. Or il se trouve que nous logions Stremiannaya ulitsa, qui est parralèle à la Nevski Prospect et perpendiculaire à la Vladimirski Prospect que nous prenions pour aller à la station de métro Vladimirskaya et Dostoïevskaya. En bon samaritain, je leur demande où elles veulent exactement aller. Elles sont surprises de trouver quelqu'un qui leur parle en anglais et confirment qu'elles cherchent la Vladimirski Prospect. Je leur dis que je connais et sur le coup elles me demandent de les y conduire. Je dis OK, pas de problème, c'est à deux pas d'ici. Du coup, elles me sautent au cou et me demandent de ne pas les lâcher tant qu'on n'est pas sur cette Vladimirski Prospect, que c'est très important pour elles et qu'elles sont pressées d'y arriver. Tout cela sous le regard de Chantal qui en rigolait et des passants étonnés qui se demandaient ce qui se passait. Pendant ce temps un cameraman et un preneur de son se sont approchés et ont suivi notre conversation. Ca a fait tilt et je leur ai demandé si c'était pour un show télévisé. Elles nous ont dit que oui, que c'était important pour elles de gagner, et qu'elles étaient américaines et ne parlaient pas un mot de russe ni ne le lisaient. On avait compris que c'était un genre de Pékin-Express que nous avions regardé en France. Tout cela presque en courant, elles avaient aussi leur barda sur le dos et nous nos sacs de jour, les techniciens télé sur nos talons avec leur matos. Quand on a tourné le coin de la Nevski P. et que je leur ai montré la plaque en cyrillique "Vladimirski Prospect" en leur disant qu'on était arrivés, elles m'ont sauté au cou et embrassé, tout cela sous la caméra et la perche-micro. Puis un gars de leur équipe s'est approché et nous a demandé de signer un papier que j'ai compris être une autorisation de diffusion, de droit à l'image. J'ai demandé le nom de l'émission, il a dit qu'il ne pouvait pas le dire mais que c'était pour une chaîne de voyage. Voilà comment on passera à la télé dans une émission de voyage pendant Notre tour... Voilà, j'ai pensé que cela méritait d'être raconté.



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08,09 et 10 juin 2010

Moscou


Inadmissible! J'ai failli décrocher le téléphone rouge pour appeler Vladimir Poutine. On m'a fermé la Place Rouge, soi-disant pour un concert de Rod Stewart en plus! Finalement j'y ai renoncé, ne voulant pas créer d'incident diplomatique que notre hyperprésident aurait été obligé de traiter dans l'heure.
Trêve de plaisanterie, on aura quand même fait le tour de deux Kremlins en deux jours, celui de Novgorod et celui de Moscou. Bon, ce dernier est plus grand et nous aura fait plus mal aux pieds. Mais d'abord on s'est installés chez Tatiana Alexandrovna, dans ce qui devait être autrefois un appartement communautaire car toutes les portes ont une serrure rajoutée. Après le petit-déj. elle nous a expliqué comment aller au Kremlin et nous a donné un plan de la ville et du métro qui est plus complexe que celui de Péter. C'est dommage que la Place Rouge ait été fermée car nous y sommes arrivés à pied et assez tôt. Nous avons descendu la rue Tverskaya qui est une rue très commerçante et à la circulation automobile très intense. Nous avons donc commencé à faire le tour des remparts et des tours du Kremlin après avoir traversé le Goum, que j'ai connu beaucoup moins beau et moins achalandé il y a vingt cinq ans. Cela nous a permis de visiter le quartier de Kitaï Gorod, le quartier le plus ancien de la ville où on trouve des églises du XIVème siècle et des palais et des monastères de la même époque. En passant sur un pont de la Moscova on a pu avoir une vue panoramique sur Moscou.

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Le Kremlin de Moscou.

Puis l'incontournable visite du Kremlin avec son lot de cathédrales et leurs murs d'icônes et de fresques. Cette fois nous avons pris le temps de visiter le Palais des Armures qui est en fait la caverne d'Ali Baba de la Russie du temps des tsars. On y trouve des objets de culte en or sertis de pierres précieuses les plus invraisemblables, de la vaisselle d'or et d'argent à foison, les fameux oeufs de Fabergé qui avait inventé les Kinder-surprises avant l'heure, des armes et des habits d'apparat, et les symboles du pouvoir des tsars, des couronnes et des trônes en or et pierres précieuses et pour terminer des carrosses richement décorés. En sortant de là, on se dit que notre notion du luxe est un poil en dessous de ce qu'était le simple tout-venant de la vie quotidienne des tsars. Après le Kremlin, on a assisté à la relève de la garde, toujours très prisée des touristes. Puis nous avons traversé le jardin d'Alexandre et la Place de la Révolution, très animée, avant de regagner notre logis en passant par l'inévitable Parc Pouchkine.

Nous sommes allés ce matin au Monastère de Novodiévitchi en prenant cette fois le métro pour ménager nos pauvres jambes. c'est vrai que le métro de Moscou est beau par rapport à ce qu'on est habitué de voir, chaque station a une décoration et un thème historique ou artistique différent. Le monastère nous a ravis car c'est un havre de paix et de tranquilité en dehors de la frénésie de la ville, bien qu'il soit situé non loin du centre. Il y a un musée magnifique qui renferme une collection d'icônes anciennes unique, mais aussi des objets de culte et des habits sacerdotaux. Le monastère de nonnes est toujours en activité ainsi que les églises, la cathédrale de la Vierge de Smolensk étant en rénovation intérieure.

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Le Monastère de Novodiévitchi.

Les jardins du monastère qui a eu une histoire assez mouvementée, Napoléon a voulu le détruire mais les nonnes ont pu éteindre les mèches des barils de poudre destinés à tout faire sauter, renferment les tombes de quelques héros de la guerre de 1812. Un petit lac se trouve à côté du monastère lui apportant sûrement un peu de fraîcheur durant les chaleurs estivales que nous n'avons pas goûté, car il s'est mis à pleuvoir de nouveau. On a terminé la journée par une promenade dans la rue Arbat puis un détour pour voir la maison Art-Nouveau de Maxime Gorki. On va maintenant aller dîner dans un café avec "wi-fi" pour charger cet article et des photos si possible. Demain en milieu d'après-midi, nous attaquerons le voyage transsibérien avec une halte prévue à Novossibirsk après deux nuits en wagon-couchettes.


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10 au 15 juin 2010

Au long du Transsibérien


On a enfin pris le train qui va nous emmener au lac Baïkal en traversant l'Oural et une partie de la Sibérie. On a eu chaud car notre logeuse Tatiana a eu toutes les peines du monde à avoir un taxi en milieu d'après-midi et les rues de Moscou étaient si encombrées que j'avoue avoir eu peur de rater notre train à la gare de Iaroslav. Finalement, nous sommes arrivés alors que l'enregistrement des voyageurs avait déjà commencé.

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L'embarquement pour le Transsibérien.

Le nom "Transsibérien" s'applique non pas au train mais à la ligne de chemin de fer qui traverse la Russie de Moscou à Vladivostok au bord de l'océan Pacifique. Les trains qui font cette ligne ont un nom différent selon leur itinéraire et leur horaire. Le nôtre s'appelle le Sibiriak et nous marquerons un stop à Novossibirsk après deux jours et deux nuits dans ce train. Nous nous installons rapidement, rangeons les sacs sous la couchette de Chantal qui dormira en bas et faisons connaissance avec Léonid et son fils Cyrille qui partageront notre compartiment jusqu'à Novossibirsk. Au début, le paysage ne change guère, des forêts de bouleau à perte de vue avec de temps en temps un hameau de maisons en bois. Nous ne nous arrêtons pendant ces 2 jours qu'entre 15 et 25 mn dans une dizaine de villes en tout et pour tout pour changer de loco ou pour d'autres raisons dont je n'ai pas l'explication. C'est l'occasion de descendre du train pour se dégourdir les jambes et se ravitailler auprès des vendeuses ambulantes qui ont envahi le quai avec des marchandises plus ou moins variées. On connaît maintenant la procédure, la provodnitsa de notre wagon nous prévient quand il faut remonter dans le train, ce que tout le monde fait docilement.

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Les vendeuses ambulantes sur le quai du Transsibérien.

Puis le décor se vallonne, les forêts de bouleau alternent avec des forêts de sapins et il semble que l'on s'élève un peu. On attaque les premières collines des monts de l'Oural, c'est toujours très vert et très boisé. C'est dans la 2ème nuit qu'on entre en Sibérie. Au matin, il y a un lever de soleil grandiose, le relief est beaucoup plus plat, il y a encore des forêts mais plus clairsemées, des marais et des villages avec des maisons appelées ici des isbas, dont les couleurs prédominantes sont le bleu turquoise et le vert émeraude. Toutes ces maisons ou isbas en bois ont en commun d'avoir leur toit en plaques de fibro-ciment ondulées. Certaines ont les montants de fenêtres et de portes sculptés dans le bois ce qui leur donne leur cachet unique si caractéristique. On traverse quelques grands fleuves à la largeur impressionnante et de temps en temps on aperçoit un petit troupeau de vaches ou de chevaux en pâture. Notre voisin du compartiment d'à côté, Feodor, qui est allé chercher sa petite fille à Moscou pour les vacances scolaires qui durent ici trois mois, me dit que beaucoup de paysans abandonnent la terre et l'élevage à cause de la crise. Je ne le rassure pas en disant qu'en Europe c'est pareil. Ce qui est vraiment dommage c'est qu'on ne puisse pas prendre de photos de l'extérieur à partir du wagon. Celui-ci étant climatisé, toutes les fenêtres à double vitrage sont verrouillées et les essais faits ne sont hélas pas concluants.

Nous arrivons en début de soirée à Novossibirsk, ville nouvelle de Sibérie qui vient de fêter quand même ses 115 ans et qui revendique le titre de capitale de la Sibérie. Il y a ici près de 2 millions d'habitants, le fleuve Ob qui taverse la ville, une ligne de métro qui la parcourt du nord au sud (plus une petite bretelle est-ouest) et surtout des rues et des avenues larges comme la Place Rouge, les embouteillages en moins. Ici, ce n'est pas la place qui manque et les constructions de buildings pas toujours du meilleur goût qui vont bon train.

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L'Ob à Novossibirsk.

On en fait le tour en passant sur l'inévitable Place Lénine avec sa statue monumentale et allégorique à la gloire des combattants et des ouvriers du communisme, le théatre gigantesque avec un dôme argenté, la chapelle St.Nicolas qui est réputée marquer le centre géographique de la Russie. Et comme il nous reste encore du temps à passer avant de reprendre ce soir le train pour Irkoutsk, nous faisons une petite virée en bateau sur l'Ob.

A la gare centrale de Novossibirsk nous avons l'heureuse surprise de voir que c'est le train "Rossia" qui nous emmènera à Irkoutsk. C'est le train de référence des chemins de fer russes bien qu'il n'aille pas plus vite que ceux que nous avons pris jusqu'ici. Nous faisons la connaissance de Ludmilla qui retourne à Vladivostok après être allée en vacances chez ses parents à Iekaterinbourg (Sverdlovsk). Et aussi de Manfred et Gunther, deux touristes retraités allemands qui vont aussi jusqu'à Pékin, en faisant des stops au lac Baïkal et en Mongolie. Il y a des chances que nos routes se croisent les prochaines semaines. Une autre voisine, belge, elle, nous fait part de la manière dont elle s'est fait arnaquer par une agence d'Anvers pour obtenir son visa russe qui lui est revenu à 760 €. Les paysages n'ont pas beaucoup changé bien que nous ayons dépassé le Km 4098 à Krasnoïarsk. Toujours aussi vert avec des forêts plus ou moins denses, des marais et des collines. Il y a maintenant des fleurs dans les prairies et au bord de la voie, et les isbas (maisons) exclusivement en bois sont plus petites. Nous traversons l'Ienisseï, fleuve à la largeur impressionnante.

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Arrêt ravitaillement, devant le Rossia, notre train pour Irkoutsk.

La vie à bord du train est rythmée par le défilé matinal aux toilettes, puis celui pour chercher l'eau du premier thé de la journée au samovar à l'autre bout du couloir, le passage de la provodnitsa pour distribuer la bouteille d'eau et le blister du petit-déjeuner à ceux qui ont un billet avec "service", puis la même chose une heure après pour le déjeuner! Il y a moins d'arrêts que dans la première partie du trajet, moins de grandes villes, donc il faut prévoir son ravitaillement ou passer par la case "wagon-restaurant" où on peut manger mais où on paye même sa tranche de pain. Ce wagon-restaurant plaît d'ailleurs à Chantal qui lui trouve un petit air d'Orient-Express. La provodnitsa passe donner un rapide coup de balai sur le tapis du compartiment et s'occupe aussi du nettoyage des toilettes, du couloir et de vider la poubelle qui se remplit vite avec les bouteilles et les restes et déchets des agapes des voyageurs. Sinon, on passe l'essentiel de son temps à voir défiler le paysage, à discuter dans le couloir du wagon si on a un interlocuteur avec lequel on arrive à communiquer, à lire et aussi à dormir ou au moins à sommeiller, tellement le balancement des boogies vous endort.

Si en général le paysage verdoyant et le relief sont plaisants, force est de constater que la préservation de l'environnement ainsi que l'amélioration et l'entretien du cadre de vie ne semblent pas être les priorités premières des habitants de cette région. C'est hélas visible tout le long de la voie ferrée du Transsibérien dès qu'il y a des habitations ou des constructions industrielles avec présence humaine et c'est bien dommage. Km 5171, après 30 h de train-couchettes, arrivée à Irkoutsk, capitale de la Sibérie orientale. On file rapidement à la gare routière pour attraper le bus pour Listvianka et voir enfin le lac Baïkal. L'épopée du Transsibérien s'arrête là pour nous puisque nous poursuivrons plus tard notre route au sud par le Transmongolien.


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15 au 23 juin 2010

Au lac Baïkal


Le moins que l'on puisse dire c'est que le lac Baïkal mérite de figurer dans les merveilles naturelles du monde tant par ses dimensions, 636 km de long du nord au sud, 60 km de large d'est en ouest et une profondeur maxi de 1637 m, qui en font la plus grande réserve d'eau douce du monde, que par la beauté de sa couleur bleue intense et son eau cristalline. De plus, nous avons la chance de le découvrir par un soleil radieux qui fait scintiller son eau (très froide) et nous offre un arrière-plan de rêve avec au loin les monts Kamar Daban encore enneigées.

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Le bleu du lac Baîkal et les Monts Kabar Daban.

Dès la pose de nos lourds bagages dans notre gîte, nous partons explorer le village de Listvianka, son port, son église en bois ainsi que ses maisons traditionnelles, son marché et sa "plage" sur la rive du lac. On aura aussi goûté de l'omoul, un poisson du lac Baïkal, sorte de grande truite que l'on déguste fumée ou cuite à la vapeur. Le lendemain, on ne résiste pas à l'envie de faire un tour en bateau sur le lac. Le capitaine de notre bateau, Vassili, se fait un plaisir de nous expliquer les particularités du lac Baïkal et le mode de vie des habitants de Listvianka d'où il est originaire. On a la chance de profiter d'une interprète très sympa en la personne d'une femme Yacoute qui est professeur de français à Irkoutsk, qui est à Listvianka pour un congrès linguistique et qui s'offrait aussi un petit tour sur le lac Baïkal. On a aussi visité le Musée du Baïkal où on a pu voir deux spécimens de phoque Nerpa dans un aquarium géant. Puis nous partons faire une bonne ballade dans le parc naturel qui surplombe le lac Baïkal et nous permet d'avoir des points de vues superbes sur le lac, le fleuve Angara qui s'en échappe et les montagnes alentour. Ces journées ont été bien remplies et demain après-midi nous reprenons un bus pour Irkoutsk d'où nous repartirons pour l'île d'Olkhon, plus au nord sur le lac Baïkal dont nous allons encore profiter pendant trois jours avant de revenir à Irkoutsk pour finir notre voyage en Russie.


Sur l'île d'Olkhon


Un week-end prolongé sur l'île d'Olkhon se mérite. Nous l'avons compris quand nous nous sommes entassés à 14 dans un minibus à Irkoutsk, en route pour l'île d'Olkhon. Je sais maintenant d'où vient l'expression "les montagnes russes", c'est la définition du relief de la première partie de cette route de 350 km, la deuxième étant pire puisqu'il n'y a plus qu'une piste caillouteuse du même tonneau jusqu'au ferry, et pas de route goudronnée sur l'île. Nos nerfs étaient soumis à rude épreuve, la fonction de la ligne blanche continue ne semble pas être enseignée dans le manuel du code de la route russe. C'est pourquoi la route est jalonnée de stèles funéraires et de couronnes, Chantal a arrêté le compte à 20. Il y avait par moment 6 portables en activité dans notre véhicule, y compris celui du chauffeur, et pour ceux qui connaissent la discrétion des russes, ils peuvent s'imaginer la cacophonie qui régnait là. Chapeau pour l'efficacité de leur réseau, au fin fond de nulle part, les portables marchent toujours. Nos opérateurs devraient s'en inspirer. Et que penser des tarifs de nos forfaits quand j'ai vu l'utilisation incroyable que les russes font de leurs portables, car beaucoup en ont même deux? La traversée en ferry s'est faite rapidement pour nous, notre chauffeur connaissant les gens du bateau, les voyageurs individuels doivent encore attendre dans la longue file des estivants du week-end, l'île étant un lieu de villégiature pour les habitants d'Irkoutsk.

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Le ferry pour l' île d'Olkhon.

Nous découvrons enfin l'île dont j'avais eu connaissance par des récits sur internet. Effectivement, c'est une belle île de collines qui compte quelques villages d'isbas traditionnelles, de pêcheries, très peu de voitures. La vie y est très différente du rythme trépident de la grande ville; elle doit être très fruste, surtout les mois d'hiver qui sont ici très longs. En janvier, le lac Baïkal est gelé sur 1,50m de profondeur. Certaines maisons n'ont pas l'eau courante, une distribution se fait le soir par camion-citerne. Bien sûr, l'atout de l'île est d'être située sur le lac Baïkal. Certains l'ont bien compris et le tourisme se développe à vitesse grand V, des gîtes se construisant dans toutes les propriétés, car en juillet-août tout est complet. L'attrait de l'île est donc de dégager pour le moment un calme et une sérénité propice au repos tout en bénéficiant du cadre grandiose du lac.
Les habitants de l'île sont principalement des Bouriates, une forte minorité de la république de Bouriatie dont le lac Baïkal fait partie. C'est un ancien peuple issu du brassage des indigènes chamanistes avec des nomades mongols, dont une majorité s'est convertie au boudhisme tibétain. Leur culture a résisté tant bien que mal à l'assimilation par la Russie et on assiste à un renouveau de cette culture depuis la chute du régime communiste. On trouve des traces des rites boudhiste et chamaniste un peu partout dès qu'on se promène dans la nature: poteaux et arbres ornés de mantras, petits stupas de pierres, on a même assisté à des offrandes de pièces de monnaie et de prières du minibus qui nous emmenait d'Irkoutsk à l'île d'Olkhon lorsque l'on passait devant un lieu sacré.

Après avoir rapidement pris possession de notre logis, nous sommes allés explorer le village de Khoujir,ce qui ne nous a pris qu'une paire d'heures avec un détour sur la "plage". Le lendemain fut consacré à une excursion vers l'extrême nord de l'île, au cap Khoboy. Superbe journée, superbes paysages qui nous ont largement payés des secousses endurées sur les pistes, on se serait cru sur un Paris-Dakar, la vitesse en moins. Le déjeuner préparé par le chauffeur était succulent, une soupe de poisson omoul que nous avons fort appréciée.

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Au Cap Khoboy sur l'île d'Olkhon.

A chaque halte, c'était vraiment un enchantement tant le paysage avec le lac en arrière-plan est fantastique. Le jour suivant, nous avons fait un petit trek par les sentiers et les pistes qui bordent la côte ouest de l'île. Nous avons traversé des forêts de mélèzes, de cèdres, de pins et de sapins, des hameaux, rencontré des troupeaux de vaches et de chevaux paissant en liberté. Nous n'avons croisé que quelques minibus qui faisaient la même excursion que celle que nous avions faite la veille.

Le troisième jour était un jour de détente et de repos. Nous sommes allés sur la plage à Khoujir mais n'y sommes pas restés longtemps, un vent très frais nous a fait écourter notre bain de soleil, bien qu'il y eut un ciel bleu magnifique et un soleil resplendissant.

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A l'île d'Olkhon, elle est bonne, l'eau du Baïkal.

Je dois avouer que je n'ai pas eu le courage de me baigner dans l'eau du lac Baïkal à 12°C, ce qui restera un rêve inachevé. Pour me rattraper, j'ai quand même pris un "banya" russe, bain de vapeur entrecoupé de douches d'eau froide (il n'y a plus de neige pour s'y rouler, heureusement!) et des flagellations avec des branches de bouleau, pour activer la circulation, très bon pour la santé, disent-ils. On en sort très fatigué sur le moment, je me suis endormi comme une souche, mais en pleine forme le lendemain, prêt pour le voyage de retour vers Irkoutsk. Chantal n'a pas voulu sacrifier à ce rite russo-sibérien, disant ne pas être maso! Notre séjour ici sur l'île d'Olkhon nous a ravi, notre hôtesse Ania nous a fait de bons petits plats de la cuisine bouriate et ne nous a pas ménagé son sourire.


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Irkoutsk


Le retour de l'île d'Olkhon à Irkoutsk a été aussi épique que l'aller, avec la chaleur en plus. Notre hôtesse Nadia est aux petits soins pour nous et son appartement est super confortable, situé en plein centre. Nous avons passé les deux jours et demi suivants à visiter Irkoutsk, "capitale" de la Sibérie orientale. C'est une belle ville qui a une histoire chargée. Elle connut son essor grâce d'abord au commerce des fourrures et de l'ivoire sibérien échangés contre du thé et de la soie, mais surtout après l'installation des "Décembristes" ayant purgé leur peine de déportation et d'exil qui vinrent y développer une vie sociale et culturelle unique en Sibérie. Les "décembristes" étaient un groupe de jeunes officiers qui voulaient moderniser la Russie tsariste et dont le putsch échoua en décembre 1825, bien avant les bolcheviques. Le tsar Nicolas Ier les fit condamner aux travaux forcés et à la déportation en Sibérie. Là aussi, bien avant le goulag de Staline. Les femmes et les fiancées de certains de ces jeunes officiers issus de la noblesse les suivirent dans leur exil et furent à l'origine du développement culturel et artistique de cette région et principalement d'Irkoutsk. On y trouve de très belles demeures, d'églises bien sûr, de vieilles isbas en rondins, de musées et de monuments. Aujourd'hui c'est aussi une ville universitaire avec une jeunesse qui anime la vie de la cité.

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Vieille isba d'Irkoutsk.

Le deuxième jour de notre arrivée ici il a fait 37°C, une chaleur accablante et le soir on a eu droit à un orage qui nous a lavés et rincés car bien sûr on était partis en short, chemisette et sandales. Ce dernier matin, nous sommes allés de l'autre côté du fleuve Angara pour visiter le Monastère Znamenski où se trouvent les tombes de quelques Décembristes, d'explorateurs de la Sibérie et un sarcophage d'or imposant contenant les reliques de St.Innocent, missionnaire sibérien. En revenant, nous sommes passés faire quelques provisions pour notre voyage vers la Mongolie où nous allons changer complètement de civilisation. Nous allons de nouveau passer deux nuits dans le train pour Oulan-Bator avant de découvrir la vie nomade dans la steppe et le désert de Gobi. Puis nous retrouverons enfin notre amie Guimei qui nous attend avec impatience à Pékin.


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24 juin 2010

Dans le Transmongolien


Ce trajet vers la Mongolie et Oulan-Bator aurait pu être extrêmement agréable s'il n'avait été gâché par le zèle trop poussé des services de douane russes qui nous ont fait "patienter" de 13h à 19h en gare de Naouchki avant de nous libérer en nous rendant nos passeports après une fouille en règle du wagon des voyageurs vers la Mongolie, mais pas des bagages de quiconque. Y avait-il une logique dans tout ça, ou simplement une manifestation de la mauvaise humeur de la chef douanière. Le préposé à la fouille s'en souviendra, il était tout cramoisi de grimper par une chaleur torride dans chaque compartiment pour soulever la literie, de s'accroupir pour soulever le tapis du couloir du wagon, de vérifier sous les plaques du plafond, et jusque dans les caches des néons. Ce qui fait que l'attente de 2h à la douane mongole de Soukhe-Bator nous a paru presque supportable, avec le changement de loco.

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Du Transmongolien, la petite gare de Zargustai, Km 5868 de Moscou.

Les paysages que nous avons vus défiler étaient magnifiques et donnaient une idée de la Mongolie avec des pâturages vallonés, des troupeaux de chevaux et des villages ou hameaux de yourtes que l'on appelle ici des "ger". Nous avons été ravis car nous avons pu faire connaissance avec de jeunes étudiants mongols qui partageaient notre compartiment et qui rentraient d'Irkoutsk dans leur famille pour les vacances d'été. Il y avait aussi dans le wagon une équipe de médecins allemands et russes super sympas qui venaient de faire un symposium à Irkoutsk et allaient le réitérer à Oulan-Bator, et trois routards suisses du Valais. Tout ce beau beau monde communiquait en anglais, en russe, en mongol, en français et en allemand transformant ce wagon en véritable tour de Babel.

Il serait dommage de quitter la Russie sur une mauvaise impression tant nous y avons vu des choses inoubliables, le lac Baïkal évidemment, et St. Pétersbourg qui nous a plu à tous deux mieux que Moscou, trop grand, trop pollué et trop livré aux automobilistes, mais surtout fait des rencontres très intéressantes, notamment nos hôtesses Gallina à St. Pétersbourg et Nadia à Irkoutsk qui nous ont appris beaucoup sur leur ville, mais aussi sur les russes, la Russie et la vie qu'on y mène. Nous n'avons jamais eu de quelconque problème avec la population ni avec les autorités, même durant nos sorties nocturnes. Nous avons été souvent aidés spontanément dès que nous consultions la carte dans la rue ou dans le métro. Bien sûr nous avons aussi rencontré des employés revêches et peu coopératifs, mais cela fait partie du jeu, on s'en accomode ou on s'adresse à d'autres personnes. Le fait de parler un peu le russe nous a bien sûr aidés et de lire le cyrillique est indispensable pour s'orienter dans la rue et le métro; le mode de vie occidental semble s'être imposé avec ses qualités mais ce sont surtout ses défauts que nous touristes avons tendance à relever. Le mot le plus populaire en russie est "bolchoï", qui veut dire grand! Le plus grand pays, cela ils l'ont, la plus grande voiture, maison, datcha etc...Cela m'a rappelé les USA et surtout le Texas! Les russes sont très chaleureux dans les contacts humains, très communicatifs et très commerçants aussi. Ils ont vite fait de repérer le touriste et les prix s'envolent. Je suis sûr d'avoir payé l'omoul fumé sur le marché de Listvianka au moins 30% plus cher que les autochtones. Ainsi, le capitaine d'un petit bateau sur le lac Baïkal n'a pas hésité à me demander 2500 roubles pour un tour en bateau que j'ai eu pour 350 roubles auprès d'un de ses collègues moins rapace. Je lui ai quand même dit que nous étions des touristes, mais pas américains. Les clichés ont du mal à s'effacer. Cela dit, la Russie est quand même un pays cher pour le touriste moyen comparé aux états baltes ou à la Pologne; et cela vaut surtout pour St.Pétersbourg et Moscou. Le budget visites musées et monuments est conséquent et pour le moment c'est le seul pays où on a vu certains tarifs plus élevés pour les étrangers. Autant dire que le budget initial est explosé pour ce pays! Mais pas de regrets, comme d'habitude on ne s'est privé de rien sans verser dans le luxe. Si nous y retournons un jour, ce sera à St.Pétersbourg et/ou au lac Baïkal.


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A suivre dans les Carnets Mongolie