Boussole ancienne
Carnets de voyage. Ici, les récits de nos pérégrinations.

Malaisie.

Drapeau Malaisie
Du 26 avril au 13 mai 2013

Kuala Lumpur


Deux heures de vol, une heure de queue à l'immigration à cause des vols arrivant en même temps, une heure de taxi et nous voici à Kuala Lumpur, capitale de la Malaisie. Même chaleur et atmosphère encore plus moite qu'à Bangkok. La ville nous surprend par sa modernité, bien qu'on ait tout vu et entendu sur les tours Pétronas dans des documentaires. Car il n'y a pas qu'elles, d'autres gratte-ciels occupent le paysage mais sans le défigurer et la ville est très verte avec des parcs et des rues ombragées par des arbres séculaires. L'envers du décor comme dans toutes les grandes métropoles modernes, c'est les embouteillages monstres aux heures de pointe, il vaut mieux ne pas avoir à utiliser de taxi entre 16h et 18h.

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Une vue de Kuala Lumpur.

C'est vrai que la ville n'est pas vieille, fondée par les colonisateurs anglais au XIXème siècle. Il est difficile d'y trouver un bâtiment vieux de plus de 150 ans. Mais ce qui est le plus étonnant pour nous européens, c'est de voir les trois principales communautés chinoise, indienne et malaise vivre en apparente harmonie malgré les importantes différences de culture et de religion. Bien sûr il y a des spécificités pour chacun de ces groupes mais il nous semble que voilà un melting pot réussi. Cette mixité se retrouve aussi dans l'architecture à travers les bâtiments et monuments qu'on trouve dans la ville, du style colonial anglais au style arabe, en passant par le style moghol indien et le style chinois traditionnel. Hélas, la construction de tours de verre et d'acier est en train d'effacer ces particularités. Il y a une riche activité culturelle à travers les nombreux musées, les galeries, les expositions et les cinemas (semaine du film français en cours). Pour notre part, nous allons prendre l'avion pour le Sarawak dans l'île de Bornéo.


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Kuching, au Sarawak, sur l'île de Bornéo.


Le Sarawak, sur l'île de Bornéo, est le plus grand état de la Fédération de Malaisie et Kuching (chat en malais) en est la capitale. C'est une ville moderne qui a gardé des traces de son passé colonial et de son passage sous l'autorité de la dynastie des "Rajahs blancs" au XIXème et XXème siècles. La plupart de ces souvenirs historiques se trouvent dans la vieille ville, qui s'étend au bord de la rivière Sarawak. On y retrouve aussi le brassage des communautés multi-ethniques propre à la Malaisie et qu'on perçoit dans les arts, l'artisanat, l'architecture, la cuisine et la vie quotidienne des habitants.

La riviere Sarawak.jpg

La rivière Sarawak.

Il n'y a qu'à voir la foule qui se presse sous les arcades du Grand Bazar ou au marché aux poissons le matin pour s'en rendre compte. Dans la rue, on entend parler le malais, le chinois et l'l'hindi et on n'a aucun mal à se faire comprendre en anglais.
Dans mon imaginaire, Bornéo était synonyme de jungle impénétrable, de fauves exotiques, de Dayaks chasseurs de têtes et de pirates sur des jonques. Tout a changé, des routes ont été tracées dans la jungle, beaucoup d'espèces animales sont en voie de disparition, les chasseurs de têtes se sont civilisés et sédentarisés, il parait qu'il y a encore des pirates mais qui opèrent en speed boats.
Après la visite de la ville, notre première sortie est pour voir les orang-outangs dans le centre de conservation de l'espèce dans la jungle, à une vingtaine de km de Kuching.

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Les orang-outangs de Bornéo.

L'espèce ne vit que sur les îles de Bornéo et de Sumatra et est menacée par la déforestation de la jungle, leur habitat naturel. Le centre de Semenggoh semble être efficace puisque la population y vivant en liberté est passée de 10 à 27 primates en quelques années. Le spectacle de ces orang-outangs évoluant à une hauteur vertigineuse dans les arbres et les lianes est impressionnant et réjouissant à la fois.


Dans la jungle, à la Iban Ngemah Ili longhouse


Mais l'expérience que nous avons voulu faire était de passer deux jours et une nuit dans la jungle dans une "longhouse" avec les indigènes d'une tribu qui y vit en permanence. Quatre heures de voiture et une heure de "longboat" pour remonter la rivière plus tard, nous y sommes avec notre guide. L'accueil est chaleureux et on prend contact avec l'environnement de la maison longue Ngemah Ili et de ses habitants qui y vivent en communauté sous l'autorité d'un chef de village. Ils font partie d'une tribu Iban qui vit dans la jungle de cueillette, de chasse et de pêche, de petite culture maraîchère et surtout de la plantation et de l'exploitation de poivriers et d'arbres à caoutchouc. L'accès à la longhouse n'est possible que par la rivière, ce qui explique son isolement.

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La Iban Ngemah Ili longhouse.

La vie est dure car les conditions sont très basiques même s'il y a une lente évolution. Le principal progrès est l'accès au bateau à moteur et au générateur d'électricité pour ceux qui en ont les moyens, mais le prix du carburant et son ravitaillement précaire sont encore des obstacles importants pour l'amélioration du niveau de vie. Cependant, ces indigènes restent obstinément attachés à leur mode de vie ancestral. Ils savent tirer tous les avantages de la forêt équatoriale qui les entoure, la flore et la faune n'ont pas de secrets pour eux. Ils sont en majorité chrétiens, ayant été évangélisés au siècle dernier, mais ont gardé un fond animiste, la position du chamane est toujours importante dans la communauté. Il y a une solidarité entre les générations et dans la société de la maison longue qu'on peut leur envier. On a eu droit à un spectacle de danse rituelle, à un combat de coqs (sans blessures des animaux), à une initiation au tir à la sarbacane. On sait qu'on est les touristes qu'on reçoit avec les honneurs mais c'est satisfaisant d'échanger avec les habitants du lieu et d'aider par notre contribution à élever leur confort sans dégrader leur environnement. Certes l'expérience a ses limites mais c'est aussi pour nous une leçon de vie, accoutumés qu'on est à la "vie facile". On a le temps de penser à tout cela sur le chemin du retour vers Kuching. On doit retourner à Kuala Lumpur sur la péninsule pour organiser la suite de notre voyage en Malaisie.


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Ile de Penang


On arrive à Georgetown sur l'île de Penang après quatre heures et demie d'autoroute vers le nord depuis Kuala Lumpur. Un grand pont relie l'île à la péninsule malaise. C'est jour d'élections, donc le trafic est fluide. Il y a des drapeaux, des banderoles et des affiches partout, comme d'ailleurs dans tout le pays, je n'ai jamais vu une telle débauche de moyens de propagande. Il y en avait même dans les villages au fin fond de la jungle, au Sarawak.Il fait chaud et on est vite en sueur, dès qu'on attaque la visite de la vieille ville, un condensé de l'architecture coloniale de l'époque victorienne mâtiné d'apports chinois et indiens. Comme dans toutes les grandes villes du sud-est asiatique, il y a les inévitables Chinatown et Little India, avec leurs temples, leurs mosquées et leurs restaurants bien spécifiques.

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Dans la vieille ville de Georgetown.

Beaucoup des maisons anciennes ont été restaurées ou sont en cours de rénovation ainsi que les vieux bâtiments publics et donnent un charme indéniable à ces quartiers très animés.
Une fois la visite de la ville terminée, on entreprend celle du pourtour de l'île, de ses plages et de ses forêts sur les collines. Il y a une végétation tropicale très dense, dans le Parc National de Penang la faune et la flore sont protégés. Notre séjour sur l'île de Penang serait parfait s'il y avait du soleil à la place d'une pluie quotidienne. Mais on ne peut pas tout avoir et nous avions eu de la chance avec le temps jusqu'ici.
Malgré le temps peu clément, on poursuit vers le nord pour aller sur l'île de Langkawi. On prend le ferry à Kuala Perlis, petite ville côtière sans grand intérêt, sinon que les hôtels y sont bien moins chers que sur l'île de Langkawi même. On débarque à Kuah, principal port de Langkawi après une heure de traversée depuis Kuala Perlis.

La plage de Pantai Cenang.jpg

La plage de Pantai Cenang.

Langkawi a pour principal attrait ses plages de sable blanc sur sa côte ouest, la possibilité d'y pratiquer les sports nautiques et surtout pour les insulaires et même les Thaïs qui y viennent en voisins, le fait que ce soit un port franc, où tous les magasins s'affichent "Duty free". On ne passe qu'une journée sur l'île, j'ai l'occasion de me baigner dans la mer d'Andaman sous la pluie, mais l'eau est toujours chaude. On reprend le bateau le soir pour rentrer sur Kuala Perlis, on est beaucoup moins encombrés que les locaux qui sont chargés de nombreux paquets.


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Les Cameron Highlands


Cap au sud, à l'intérieur de la péninsule malaise vers les Cameron Highlands, des montagnes moyennes entre 1300 et 2000m d'altitude. C'est la station climatique la plus prisée des malais, la T° n'y excède pas 21°C, donc la clim ne s'impose pas. Mais c'est très humide, la pluie tombe quasiment tous les jours, cela explique la prédominence de la couleur verte dans le paysage. C'est la région où on cultive des fraises et des fleurs sous serres, mais aussi surtout où on fait pousser du thé, les plantations recouvrent les collines à perte de vue.

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La Rafflesia, la plus grande fleur du monde.

C'est ici dans la jungle que l'on trouve une fleur rare, la Rafflesia, la plus grande fleur du monde, qui ne fleurit que 5 jours, après quoi elle noircit en se fanant. Une fois de plus, bien qu'on s'était juré de ne plus se lancer dans des expéditions physiques éprouvantes, on part quand même avec un guide à la recherche de cette fleur dans la jungle. On en trouve une encore en bon état après deux heuress de marche harassante dans la jungle, à escalader des collines, à traverser des torrents, à grimper sur des arbres déracinés. Au bout d'un quart d'heure, on était trempés de sueur et de l'humidité ambiante de la tête aux pieds, sans parler de la boue qui alourdissait nos chaussures rendant notre progression encore plus pénible. Pour faire bonne mesure, on fait encore une incursion dans la "forêt de mousse" qui coiffe le plus haut sommet des Cameron Highlands à 2000m. Après l'effort physique dans la jungle, il est reposant de se promener dans ce paysage de verdure avec vue sur les vallées et les sommets environnants envahis par les nuages. On termine quand même la journée chez un producteur de fraises par la dégustation de ces fruits et d'une glace bien méritée.


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Malacca


On repasse une journée à Kuala Lumpur avant de descendre vers Malacca. On passe par Putrajaya, ville nouvelle et capitale fédérale administrative du pays construite autour d'un lac artificiel. Tous les bâtiments modernes y sont gigantesques et abritent les ministères. Il ya aussi le Palais Royal et l'immense mosquée Masjid Putra.

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La mosquée Masjid Putra.

On continue vers Malacca, ancien port très actif dans le commerce entre l'Asie et l'Occident. En quatre siècles, la ville a connu les dominations portuguaise, hollandaise et anglaise jusqu'à l'indépendance du pays. Chaque colonisateur y a laissé son empreinte. Mais ce sont les immigrés chinois et indiens qui ont le plus marqué le caractère cosmopolite de Malacca au cours de ces siècles.

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Un trishaw dans Chinatown.

Les traditions propres à chaque communauté perdurent dans les quartiers historiques de Chinatown et de Little India. La vieille ville a gardé un charme indéniable grâce à ses maisons traditionnelles et ses monuments des différentes époques coloniales que ses habitants ont su préserver. Il y a un art de vivre très cool à Malacca, qui s'est développée aussi grâce à la manne du tourisme. La ville est très fréquentée tant par les visiteurs étrangers que par les malais eux-mêmes. Les soirs de week end, les rues de Chinatown se transforment en restaurants à ciel ouvert et sont bondés d'amateurs de cuisine de toutes les régions de Chine. Les camelots sont aussi de la fête et la vieille ville de Malacca devient un champ de foire. Ici, les trishaws, (tuk tuks ou cyclo-pousses) sont multicolores et décorés de façon extravagante, mais en plus ils sont équipés de sono digne d'un night-club.
Notre voyage en Malaisie se termine et on a trouvé un pays entre tradition et modernité, à la population multiraciale et multiculturelle. Mais pour nous, c'est la nature encore préservée qui nous a le plus marqué. Pourvu que le développement en cours du pays ne se fasse trop au détriment des populations aborigènes de la péninsule et des états de Sarawak et de Sabah sur l'île de Bornéo, et de l'environnement en général.


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