Voilà, sur les conseils avisés d'un fidèle lecteur, j'ai fractionné les carnets de Chine car les pages mettaient trop longtemps à s'afficher, les articles étant trop longs et trop lourds avec les photos. J'espère que cela conviendra mieux au lecteur assidu comme au lecteur occasionnel. D'ailleurs j'avais déjà été obligé de le faire plus tôt sur le blog où les articles sont limités à 200000 caractères.
Suzhou, la Venise de la Chine
Un jour de congé pour l'anniversaire de la fondation de Bluestar Chine et j'en reprends un autre pour avoir un grand grand week-end de quatre jours, direction Suzhou en passant par Shanghai. Un vol de soir saut de puce d'une heure quinze de Nanchang à Shanghai, la nuit à l'hôtel et le TGV le lendemain pour Suzhou, la ville qui se pare du nom de Venise de la Chine...Bon, avec la lagune, les palais, les vaporettos, les gondoles et les gondoliers, et les cathédrales en moins. Mais il y a les temples et les pagodes, et des canaux étroits! La mer est aussi plus loin. Et on y trouve facilement de vrais expressos, ce qui me la rend tout de suite plus attractive. Trêve de plaisanterie, la ville vaut surtout par la beauté de ses jardins réputés à juste titre pour les plus beaux de la Chine. Il y a la vieille ville parcourue par des canaux qu'enjambent des ponts en pierre millénaire, des rues dont les pavés sont polis depuis des siècles par les pas des promeneurs, un quartier de maisons basses traditionnelles encore préservé du béton.
Pont sur un canal à Suzhou.
Durant deux jours, nous avons parcouru les ruelles, longé les canaux de la vieille ville, visité des temples, des pagodes, les anciens remparts mais on s'est surtout promenés dans quelques jardins de toute beauté qui vous délassent du stress de la ville. Cerise sur le gâteau, il a fait beau et il n'y avait pas la horde de touristes habituelle. Mais Suzhou est aussi connue comme la capitale de la soie de Chine et nous avons pu visiter une manufacture de soie où nous avons pu voir le processus de fabrication de la soie depuis le dévidement des cocons jusqu'au tissu final. Ou on nous a aussi confirmé que les cocons une fois débarrassés de leur fil de soie se mangeaient frits et étaient très appréciés pour leurs qualités nutritives et même avaient des vertus médicinales. J'en déduis que dans le vers à soie, c'est comme dans le cochon: tout est bon! Mais on se contente des Dim Sum de Suzhou et des raviolis chinois pour nos repas. Dommage que les vieilles rues et les quais interdits aux voitures ne le soient aussi aussi aux motos et aux scooters électriques. Sans eux, la promenade serait beaucoup plus agréable. On va reprendre le TGV pour la prochaine étape, Hangzhou.
Hangzhou
En descendant du train à la gare de Hangzhou on a d'abord été frappés par l'immense foule de voyageurs qui fréquente le lieu, on se croirait dans une ruche tellement ça va, ça vient, ça bourdonne. On prend tout de suite le billet de retour vers Shanghai pour le lendemain soir. C'est le week-end et beaucoup de shanghaiens viennent le passer près du lac de l'Ouest à Hangzhou. Autant dire que les trains vont être complets mais nous avons les billets. Nous délaissons la ville pour un hôtel près du lac à l'écart des bruits de la ville. L'endroit est très bucolique, en plein dans la verdure, exempt de la pollution habituelle. Hangzhou ne vaut que par le lac de l'Ouest car tous les monuments intéressants se trouvent tout autour et ce coin de nature est son principal atout. Tout de suite on visite la pagode Leifeng et heureuse surprise, on n'a même pas a monter des escaliers, il y a un escalator à l'exterieur et un ascenseur à l'intérieur, le luxe , comme quoi tout arrive! De là-haut, on a une vue imprenable sur le lac et la ville au loin. Puis nous entreprenons une marche autour du lac sur une promenade superbement aménagée. Nous empruntons la digue qui coupe une partie du lac en deux. Il y a des bateaux de toutes taille pour promener les touristes qui sont friands de ces mini-croisières si on en juge par les files d'attente devant les pontons. Mais il y en a aussi qui s'adonnent aux sports nautiques avec de petits bateaux à voile, au kayak, au canoë ou à la rame.
Le lac de l'Ouest à Hangzhou.
Les paysages sont très beaux, avec des ponts en pierre, des statues, des monuments disseminés ici et là. Beaucoup de ces monuments ont trait à l'histoire et aux légendes de la Chine ancienne. C'est sur un îlot du lac que nous choisissons un restaurant réputé pour dîner d'un succulent "poulet mendiant", poulet cuit dans des feuilles de lotus, spécialité de Hangzhou. Lever de bonne heure le lendemain malgré la fatigue de la marche de la veille pour visiter le site de Feilaifeng, situé dans les bois et sur les premiers contreforts bordant le lac. Le site est fantastique et nous rappelle les grottes de Datong, avec des bouddhas et des divinités tailles dans la roche il y a plus de mille ans et qui sont admirablement conservés. Tout près, le temple Lingyinsi reçoit des centaines de fidèles qui viennent vénérer un Bouddha de 6 mètres et les 500 Arhats dorés qui lui tiennent compagnie. De là on prend un télésiège qui nous emporte au sommet du Pic de Feilaifeng pour un panorama sur le lac, la ville de Hanzhou et les montagnes environnantes. On termine par la visite du village de Longjing qui produit un des quatre thés nobles de Chine. Et retour en TGV sur Shanghai pour un vol tardif vers Nanchang. Demain, boulot.
Sortie au lac Zhe Lin pour la fête de la mi-automne
Encore un week-end rallongé d'un jour. (J'en connais qui vont être jaloux!).On fête la mi-automne du calendrier chinois. C'est une fête très populaire que l'on fête en famille et au cours de laquelle on mange des gâteaux préparés pour cet évènement, les "Moon cakes", Gâteaux de Lune. Les magasins regorgent de ces gâteaux et les boîtes plus belles les unes que les autres sont empilées jusqu'au plafond. Pour être francs, nous préférons le contenant au contenu, car ici la tradition est de mélanger le salé et le sucré, ce que nous apprécions s'agissant des plats, mais dans les gâteaux... La direction de l'usine en a offert une boîte à chaque français, et j'ai partagé la mienne entre les collègues de travail chinois, à leur grande joie! On fait une excursion d'une journée au lac Zhe Lin et on emmène nos collègues de travail chinois. Ils sont jeunes et n'ont ni permis ni voiture, c'est donc une bonne occasion pour eux de sortir de l'univers du travail. Ils sont tous logés dans des apparts situés dans l'enceinte de l'usine et ont très peu l'occasion de sortir.
Sortie au lac Zhe Lin à la fête de la mi-automne.
C'est une belle journée dans la nature qui enchante tout le monde. Nous traversons les îles, chacune est dédiée à une attraction différente: spectacles de
danse, de chants, singes en liberté, fosse aux crocodiles, cage avec de superbes tigres, des serpents, des promenades en poneys pour les enfants, des bassins
de pisciculture, des aires de repos et de jeux, des jardins, il y a même une île "secrète" avec une exposition pour l'éducation sexuelle!
Le repas est un moment de détente où nos amis nous font apprécier leurs qualités vocales en nous interprétant des chansons du répertoire traditionnel chinois.
Ils s'en donnent à coeur joie pour prendre des photos, il semble que c'est le sport national. Je leur ai prêté mon compact, la batterie n'a pas suffi jusqu'au soir
tellement ils ont utilisé le zoom.
La nature est belle et c'est très agréable de se promener dans ces îles que nous accostons en bateau. C'est avec une saine fatigue que le soir venu nous prenons
le chemin du retour, on reprend le travail dans deux jours.
Mais je prépare déjà notre voyage au Laos pendant les congés de la Fête Nationale chinoise
dans quinze jours, je ne veux pas rester bloqué à Nanchang pendant cette semaine-là, je vais même y rajouter une autre semaine pour visiter l'ancien royaume
du million d'éléphants.
Le Yunnan, Kunming et Shi Lin
Après notre périple au Laos, on arrive à Kunming capitale de la province chinoise du Yunnan. C'est une grande ville moderne et on y retrouve un rythme de vie beaucoup plus trépident qu'au Laos. La ville et cette partie de la province se trouve sur un plateau à près de 2000m d'altitude. On n'y avait pas fait attention mais on s'en est rendu compte quand on a grimpé les escaliers qui mènent au sommet de la colline où se trouve le Temple d'Or, un très beau temple tout en bronze datant du XVIIème siècle. On était passablement essoufflés en arrivant en haut mais la vue sur Kunming et les montagnes tout autour en valait la peine. Le parc qui occupe la colline est comme d'habitude en Chine, magnifique, et est le lieu de promenade privilégié des habitants qui viennent y faire leurs exercices de gymnastique et d'arts martiaux.
Le Temple d'Or à Kunming.
On visite encore le temple Yuantong où se déroule une cérémonie bouddhiste et dont une partie est en rénovation. C'est assez surprenant d'entendre à
l'extérieur du temple les psalmodies des fidèles et des bonzes pendant que nous les touristes nous visitons les temples et le monastère annexes. L'autre
lieu où convergent les habitants de Kunming est le parc du lac Emeraude. En plus du lac et des jardins on y touve des attractions pour distraire les
promeneurs mais c'est surtout un spectacle à ciel ouvert où les amateurs de musique, de chants et de danses viennent s'adonner à leur passion devant un
public bon enfant.
Mais la perle de Kunming se trouve à près de 80km de là, à Shi Lin, littéralement la Forêt de Pierres. Ce sont des pics karstiques qui hérissent les bois
et les collines environnantes sur plusieurs milliers d'hectares. Des sentiers permettent de se promener au milieu de ces pitons, avec quelquefois des
passages très étroits où j'ai eu du mal à passer, n'ayant pas la sveltesse des chinois.
Shi Lin,la Forêt de Pierres.
Ce lieu me rappelle Bryce Canyon, aux USA, les couleurs en moins. Mais il est magique, surtout par beau temps comme on a eu la chance de le voir. On peut y voir des vestiges marins fossilisés dans les roches calcaires grises. Cela fait drôle d'imaginer la mer à 2000m d'altitude! Certaines roches ont reçu des noms en rapport avec leur forme plus ou moins évidente: l'éléphant, le tigre, la face, etc...Il y a de quoi s'y promener pendant des heures et s'y perdre même si c'est superbement aménagé. L'endroit est d'ailleurs très réputé et fréquenté, on y est allés de bonne heure, les premières photos sont assez brumeuses. Mais les meilleures choses ayant une fin, il nous faut maintenant reprendre l'avion vers Nanchang pour y retrouver notre petit nid. Je reprends le travail lundi.
Retour dans le Yunnan, Lijiang et les monts du Dragon de Jade.
Eh bien voilà, encore des vacances à prendre, donc direction le Yunnan qu'on avait entrevu à notre retour du Laos. Tous les guides en disent le plus grand bien et le climat y est encore plaisant. Vols Nanchang - Kunming puis Lijiang où nous arrivons en fin d'après-midi. On aurait mieux fait de prendre nos sacs à dos car traîner la valise à roulettes sur les pavés de la vieille ville n'est pas de tout repos. Enfin on arrive à notre hôtel après avoir acquitté un droit d'entrée de 80 RMB par personne pour avoir le droit d'arpenter les ruelles piétonnes de l'ancienne ville. Mais cela en vaut largement la peine car nous trouvons cet endroit charmant pour ne pas dire magnifique. C'est la ville traditionnelle chinoise la plus belle qu'il nous a été donnée de voir jusqu'à présent et pourtant nous en avons déjà vues! Elle est située à 2400m d'altitude et nous bénéficions d'un temps avec une luminosité et un ciel bleu qui nous change de la brume hivernale de Nanchang. On se lance sans tarder à la découverte de la vieille ville avec ses maisons en pierre et en bois sculptés et peintes en rouge.
Lijiang.
Il y a bien sûr des touristes chinois mais ce n'est heureusement pas la haute saison. La vieille ville est parcourue de canaux qu'enjambent des ponts en pierre de plusieurs siècles, cela nous rappelle Suzhou mais en plus grand et mieux tenu. Une boutique occupe le rez-de-chaussée de chaque maison alors que l'étage est dévolu au logement familial. Les commerces ouvrent directement sur la rue et sont fermées le soir avec des volets en bois dont certains sont des oeuvres d'art et qui sont démontés chaque jour. La ville est dominée par la cime de la montagne du Dragon de Jade dont le sommet enneigé culmine à près de 5500m. Le deuxième jour nous nous contentons de grimper la Colline du Lion et de monter les étages de la pagode Wanggu d'où nous avons une vue superbe sur les toits de la vieille ville et les monts du Dragon de Jade. Auparavent on a visité la résidence des Mu, une sorte de mini Cité Interdite dont les jardins et les pavillons grimpent aussi sur la Colline du Lion. Le marché de la vieille ville est haut en couleurs et en odeurs de tous les produits du Yunnan et les femmes font leur marché avec une hotte sur le dos, certaines en costume traditionnel de la minorité Naxi qui est la plus importante ici. Nous goûtons à l'excellente cuisine locale bien moins épicée que celle du Jiangxi et écoutons la musique traditionnelle Naxi qui est jouée et chantée dans les restos et bars de la ville. Il y a des animations de danses folkloriques sur la place principale. On remarque quand même que s'il y a des touristes chinois, il n'y a pas beaucoup d'étrangers, est-ce la période ou parce que le Yunnan n'est pas encore une destination très courue?
Le Yunnan, Baisha et les monts du Dragon de Jade.
On consacre une journée entière à la nature en allant se rapprocher de la montagne du Dragon de Jade, dans le parc protégé du même nom. On monte en télésiège à 3800m à la prairie des yacks qui sont descendus pour l'hiver. Il y fait frais mais heureusement il n'y a pas beaucoup de vent; le spectacle est superbe, on respire l'air pur à pleins poumons et on goûte au lait de yack pour nous réchauffer. On visite un monastère tibétain avant de redescendre admirer la couleur bleue des lacs alimentés par l'eau des glaciers.
Les monts du Dragon de Jade.
On est à 3000m d'altitude et on ne ressent aucun mal de tête, les deux jours à Lijiang auraient-ils suffi à nous acclimater? On profite du retour vers Lijiang pour s'arrêter à Baisha, un village Naxi authentique où la vie des paysans s'écoule hors de l'agitation moderne, même s'ils reçoivent des visiteurs de passage. Nous faisons la rencontre du célèbre docteur Ho, spécialiste de la médecine traditionnelle chinoise par les plantes et dont la renommée a dépassé les frontières de la Chine, plusieurs chaînes de TV étrangères lui ont consacré des reportages. Il nous reçoit comme si nous nous connaissions depuis toujours et nous fait même la surprise de parler quelques mots de français. A 88 ans, c'est un personnage pittoresque et très attachant, on regretterait presque d'être en bonne santé pour avoir besoin de ses services. La porte de son "cabinet" est ouverte sur la rue et je l'ai vu faire la préparation de ses remèdes et calligraphier son ordonnance au pinceau, à l'ancienne, pour ses patients. On visite encore quelques temples et monastères dans les environs avant d'asssiter à un spectacle de danses et de chants folkloriques Naxi.
Le parc de l'étang du Dragon Noir.
Le dernier jour à Lijiang on va se promener au parc de l'étang du Dragon Noir qui est superbe avec les couleurs de l'automne et dont les eaux alimentées par des sources sont si pures qu'elles sont très appréciées des locaux qui viennent y faire le plein de bouteilles en plastique et d'autres contenants. Le parc est d'autant plus beau qu'il bénéficie de la vue sur la montagne du Dragon de Jade en toile de fond. Il y a là le Musée de la culture Dongba, la religion des Naxis, un mélange de chamanisme et de bouddhisme encore très vivant et dont la pratique a même tendance à se développer. Il fait beau et on prend plaisir à écouter de la musique Naxi tout en regardant les promeneurs déambuler dans le parc. mais il nous faut prendre le train pour Dali, qui se trouve à 170km plus au sud, au bord du grand lac Erhai.
Le Yunnan, Dali et le lac Erhai.
On arrive à Dali après 2h de train en fin d'après-midi. Le taxi nous dépose dans la vieille ville et nous devons trouver notre hôtel, ce qui n'est pas facile car il y a très peu d'anglophiles ici. Enfin on le trouve par hasard et nous sommes agréablement surpris par la qualité de l'accueil et surtout de la chambre. Le YinFeng hotel à moins de 20€ la chambre double tout confort est à recommander. La vieille ville fortifiée de Dali est enserrée entre la chaîne des monts Cangshan à l'ouest et le lac Erhai à l'est. C'est une ville au passé historique très riche dans l'histoire de la Chine du sud et de la minorité Bai qui est majoritaire dans la région. C'est aussi un lieu très prisé des touristes chinois, on s'en rend très vite compte. On fait le tour des remparts et des portes fortifiées qui donnent le cachet ancien à la cité. Les rues s'animent le matin à l'ouverture des boutiques comme c'était déjà le cas à Lijiang. Mais le symbole de Dali se trouve à l'extérieur des murs, au pied des montagnes Cangshan qui culminent à plus de 4000m. Ce sont les Trois Pagodes du temple Chongsheng.
Les Trois Pagodes du temple Chongsheng.
La visite du temple est un passage obligé pour tout visiteur de Dali qui se respecte et nous ne dérogeons pas à la règle. D'autant que nous pouvons admirer l'organisation à la chinoise pour amener les touristes, moyennant 25 RMB en plus des 121 ? RMB pour prix de l'entrée du site, au plus près du temple en voiture électrique. C'est une ronde sans fin de ces voiturettes qui crachent leur cargaison de touristes tant il y a des amateurs pour honorer ce lieu et dont on peut mesurer la ferveur à la fumée dégagée par les brûle-encens situés devant le temple principal. Le parc est comme toujours magnifique et un soleil éclatant étant de la partie, nous ne regrettons pas notre après-midi.
Puis nous allons faire le tour du lac Erhai. On traverse des villages Bai, on visite des maisons de cette ethnie dont les traditions sont toujours vivaces et qui sont surtout perpétuées par les femmes. Là, on est sorti des sentiers battus du tourisme de masse et on peut apprécier la dure vie de ces paysans et pêcheurs qui peuplent les rives du lac. On remarque que les femmes sont affectées aux travaux les plus durs, que ce soit sur les chantiers de construction ou dans les champs.
Pêche au cormoran sur le lac Erhai.
Nous succombons quand même à une attraction organisée sur le lac pour les touristes, à savoir une démonstration de pêche au cormoran. Après tout je me suis dit qu'il valait mieux préserver cette manière de pêcher artisanale plutôt que la pêche avec des filets. Cela nous a permis de faire un tour de bateau (à rames, manoeuvrées par une femme) sur le lac ce qui n'était pas désagréable par le beau temps que l'on avait. Le paysage avec les montagnes Cangshan en arrière-plan était magnifique. En reprenant la route qui longe le lac, on a encore pu visiter des temples et des villages avant de revenir pour notre dernière nuit à Dali et de prendre un vol pour Jinghong, dans l'extrême sud du Yunnan.
Le Yunnan, Jinghong et le Xishuangbanna.
On est tout près de la Birmanie et du Laos et on s'en aperçoit tout de suite en arrivant à Jinghong, dernière grande ville chinoise avant la frontière. Il fait un temps chaud et ensoleillé ce qui ne gâte rien, il est vrai que nous sommes en région tropicale et que nous sommes descendus à 500m d'altitude. En plus de la végétation, l'architecture des bâtiments et des maisons ressemble beaucoup à ce que nous avons vus récemment au Laos et autrefois en Thaïlande. Notre premier contact est pour aller voir le Mékong qui traverse la ville, puis on se promène le nez au vent dans les rues animées du centre-ville. Mais l'intérêt de la région ne se situe pas dans l'agglomération mais à l'extérieur, dans les campagnes et sur les plateaux qui forment le Xishuangbanna, nom de cette région du sud du Yunnan. On va à la rencontre de plusieurs minorités qui vivent autour de Jinghong dans les montagnes environnantes. Ayant quitté les Bai à Dali, on trouve ici les Dai qui forment la majorité de la population locale avec leurs us et coutumes, leurs langues et leurs particularités vestimentaires surtout visibles chez les femmes. Contrairement au reste du Yunnan, le Xishuangbanna est favorisé sur le plan agraire puisqu'il est riche de la culture de la canne à sucre, du riz, des plantations d'hévéas, de bananeraies et surtout des meilleurs thés de Chine. On a pu ainsi découvrir un village Bulang où les maisons nouvellement construites grâce aux revenus de la culture du thé côtoient les maisons traditionnelles en bois.
Femme Akhe du village d'Acton au Xishuangbanna.
La visite du seul village Akhe existant où vivent encore environ 1500 membres de cette ethnie nous a particulièrement touchés tant on a senti qu'ils représentaient ce qu'on est bien obligés d'appeler une race en voie d'extinction. D'autres villages, principalement Dai, sont plus animés et plus prospères grâce à la culture du thé dont nous avons visité une fabrique artisanale où ils sont en train de conditionner la récolte qui vient d'être faite. On a ainsi pu déguster différents thés de la même manière que l'on procède avec les grands crus de vin chez nous (y compris pour les prix!). Dans les montagnes de Nannuoshan nous avons pu apprécier le meilleur thé Pu'er chez un producteur Akha (ne pas confondre avec les Akhe) et dont nous avons vus des arbres à thé de plusieurs siècles poussant à 1700m d'altitude. Malheureusement un brouillard épais nous a privé d'une vue sur la vallée qui doit être magnifique par beau temps. Dans un autre village Dai on a pu assister au processus de fabrication du papier brut à partir de la pulpe d'écorce d' un arbre local, papier qui est utilisé pour emballer les galettes de thé ainsi que par les bonzes calligraphistes pour les écritures sacrées des temples. On termine par un autre village Dai spécialisé dans le tissage du chanvre pour les costumes traditionnels très colorés. Chaque famille y a son métier à tisser et les femmes, jeunes et moins jeunes, y passent le plus clair de leur temps. Enfin, encore quelques temples à voir sur la route de retour vers Jinhong et il est déjà temps de repartir pour Nanchang reprendre le travail lundi. Comme souvent, on a un sentiment de frustration d'avoir fait des découvertes et de ne pas pouvoir les explorer à fond comme on le voudrait mais le Yunnan est grand comme les trois quarts de la France et compte plus de 25 minorités reconnues. On en gardera quand même un très bon souvenir grâce à la beauté de ses paysages, son climat très doux et la gentillesse de ses habitants. On va repartir chargés de thés, de jambon du Yunnan qui est super bon et de quelques pièces de tissu brodés aux couleurs chatoyantes.
Bluestar Christmas Party à Pékin.
Encore un voyage à Pékin pour assister à une fête de Noël à l'invitation de la compagnie Bluestar. Et je dois dire qu'on est pas déçus: le lieu choisi pour cet évènement est le Shangri-La Hotel situé dans la tour du China World Summit Wing qui est encore l'édifice le plus haut de Pékin (330m). De notre chambre du 66ème étage, on a une vue incomparable sur les toits de Pékin, avec la Cité Interdite et le stupa blanc du parc de Beihai en toile de fond. Grandiose, encore plus beau la nuit avec toutes les lumières sur Jianguomenwai Dajie et Xichangan Jie. La "chambre" occupe une surface plus grande que notre appart à Nanchang et tout n'est que luxe et volupté. Il y a même une machine à café Nespresso avec des capsules dans la chambre. Douche et baignoire séparées, on se prend un bain en regardant la télé incorporée dans le grand miroir de la sdb.
Bluestar Christmas Party à Pékin.
On comprend la raison de tant d'attentions lors du dîner gastronomique auquel nous prenons part le soir même. Le PDG chinois de l'entreprise
est décoré de la Croix d'Officier de la Légion d'Honneur par Mme l'ambassadrice de France en Chine. Il y a bien sûr des animations, des chanteurs
et chanteuses, un magicien, une loterie pour égayer la soirée, toutes choses dont les chinois sont friands.
Où on se rend compte que l'on s'habitue bien et vite au luxe!
Ce week-end restera dans les annales de notre mémoire. Notre amie Guimei nous rejoint et nous en profitons les deux jours suivants pour nous
promener dans Pékin malgré le froid de saison, il fait -6°C et faire quelques emplettes. Enfin, les meilleures choses ayant une fin, nous
reprenons un vol pour Nanchang et la routine quotidienne.
Le Sichuan, Chengdu, Leshan et Emei Shan
Chengdu
Voici venu le Nouvel An chinois appelé ici Spring Festival. C'est la plus grande fête traditionnelle chinoise et tout le monde l'attendait avec
impatience.
Il va y avoir plus de 300 millions de Chinois qui vont se déplacer sur deux semaines, car il y en a qui anticipent. Chacun retourne dans sa famille
pour cette célébration, avec le maximum de cadeaux selon ses moyens. En fait de printemps, la première neige vient de tomber la veille de notre départ. On n'a
pas voulu rester à Nanchang aussi on en profite pour faire un tour au
Sichuan, "Quatre Rivières", une des grandes et des plus peuplées provinces de la Chine, direction la capitale, Chengdu, agglomération de plus de 10M
d'habitants. Autant dire que les
gares et les aéroports sont bondés.
Chengdu est aussi une ville au passé historique et culturel très riche, au développement économique
très dynamique. Par chance, la ville moderne n'a pas trop souffert du terrible tremblement de terre du 5/12 (en fait le 12/05/2008), les chinois écrivant les
dates à l'envers des nôtres. Ce sont les vieilles demeures des vieux quartiers qui n'ont pas résisté au 5/12. Comme on en a maintenant l'habitude, on y
visite des temples, des musées, des parcs, et les quartiers rénovés à l'ancienne.
Le temple taoïste Qing Yang Gong.
Pour ma part, je ne m'en lasse pas même si à force on retrouve à peu près les mêmes monuments et les temples avec leurs statues dorées. Après tout, on a déjà
vécu le même syndrome en visitant les cathédrales des capitales d'Europe. Dommage que le temps hivernal, brumeux, froid et humide nous ai rattrapé, rendant les
promenades en ville moins attrayantes. Mais cela ne semble
pas avoir découragé les chinois qui ont envahi les rues dès le lendemain du Nouvel An. Inutile de dire que le sommeil a été court, les pétards et les feux
d'artifice ayant duré une bonne partie de la nuit.
Ce qu'on a surtout pas voulu rater, c'est la visite de la Base de Reproduction des
Pandas Géants qui se trouve à une quinzaine de km de la ville. En effet, le Sichuan est le pays des pandas géants, c'est là que vivent encore en liberté les
derniers spécimens de cette espèce en voie de disparition et dont l'image sert d'étendard à la World Wide Fund for Nature (littéralement, « Fonds mondial
pour la nature »).
Panda géant.
Ce fut un vrai plaisir de les voir évoluer dans un enclos qui reconstitue aussi bien que possible le cadre naturel de leur habitat d'origine. Si les pandas adultes sont assez indolents et se montrent paresseux une fois leur repas de feuilles de bambou avalé, les bébés pandas sont facétieux et joueurs pour le plus grand bonheur des visiteurs. Dans le centre médical de la Base on apprend grâce à un film documentaire très bien fait pourquoi l'espèce est menacée et pas seulement par les hommes mais parce que la nature n'est pas toujours bien faite. En tous les cas, suite à cette visite, il a fallu caser deux peluches dans notre valise.
Leshan
Deux heures de voiture plus tard, nous voici à Leshan, petite ville de 1000000 habitants comparée à Chengdu. Sauf qu'ils sont tous dans la rue et surtout sur les bords de la rivière Min He, en route pour le pélerinage au Grand Bouddha. C'est un Bouddha assis de 71m taillé dans la falaise surplombant la rivière Min He, unique au monde après la destruction de ceux de Bâmiyân en Afghanistan. Il faut dire que la statue est impressionnante et magnifique dans son décor naturel. Le site du Grand Bouddha occupe une colline au confluent des trois rivières Min, Dadu et Qingyi, il est truffé de grottes et des temples et monastères y ont été bâtis au cours des siècles. Il semble que toute la Chine s'y soit donné rendez-vous. Heureusement j'ai anticipé l'affluence et nous y sommes allés à la première heure, nous avons donc croisé le gros de la foule des touristes sur notre chemin de retour.
Le Grand Bouddha.
La visite du lieu n'est pas de tout repos. Après avoir fait la queue pour les billets d'entrée au site, il faut escalader deux collines pour une visite complète, se faufiler dans des passages très étroits, grimper et descendre des centaines de marches, le tout au milieu d'un flot ininterrompu de touristes chinois assez bruyants. Mais le jeu en vaut la chandelle, on peut aussi voir de charmants pavillons traditionnels, des pagodes, des grottes où vécurent des moines ermites et des temples où officient encore des moines au milieu de fervents fidèles. La végétation luxuriante malgré la saison et l'absence de pollution ajoute une touche écologique qui n'est pas pour nous déplaire. On prend aussi le bateau pour jouir d'une vue d'ensemble impressionnante du Grand Bouddha flanqué de deux guerriers eux aussi taillés dans la roche. A la sortie, pour le retour vers notre hôtel, on emprunte la promenade le long de la rivière Min He, transformée en une immense kermesse à ciel ouvert où l'on peut voir des danses folkloriques, des pièces d'opéra chinois, des jeux et les étals de cuisine de rue pour nourrir la foule des touristes. Pour conclure sur Leshan, je dois signaler que je n'ai jamais eu une connection Internet aussi rapide que celle de notre Jingsheng Hotel: moins de 10 secondes pour charger une photo de 4-5Mo, je n'en crois pas mes yeux et pourtant... Même avec le câble en France je n'ai jamais atteint cette vitesse. Les photos sont chargées plus vite que je peux les légender, elles seront accessibles dès que j'aurai chargé cet article.
Emei Shan
Comme on en était pas loin, je me suis dit qu'on pourrait faire un tour sur le mont Emei, une des quatre montagnes sacrées du bouddhisme chinois. Mal nous en a pris, au final ce fut une expédition assez pénible pour ne pas voir grand chose. Au départ, un jeu de piste pour trouver le bus pour Emei-ville, puis deux autres trajets en bus pour arriver à l'entrée du site, suivis d'une marche d'1km pour monter dans un premier autobus qui nous a emmené à mi-hauteur de la montagne. Là, changement pour un minibus équipé de chaînes car à partir de ce niveau, il y avait une épaisse couche de neige, neige qui continuait d'ailleurs de tomber; à l'arrivée sur le parking, marche acrobatique d'environ 1,5 km par des sentiers et des escaliers gelés pour arriver au départ de la télécabine qui nous a monté sur 500m de dénivelé au sommet après avoir fait presque une heure de queue pour acheter les billets. Et pour terminer, encore une centaine de mètres de grimpette pour avoir le privilège de ne pas voir le haut de la statue du Bouddha d'Or à quatre faces. La neige ne tombait plus mais le "Sommet d'Or" était nappé dans un épais brouillard, on a même eu du mal à trouver l'entrée des temples. Où l'on s'aperçoit que le froid et la neige ne rebutent pas les bataillons de touristes chinois, on nous avait prévenus que l'endroit était très fréquenté. Heureusement on a étrenné nos caleçons longs, ce qui a rendu les -10°C plus supportables. Il faut dire que le sommet se situe à 3077m d'altitude .
Le Sommet d'Or d'Emei Shan dans le brouillard.
Certes, le paysage doit être sublime par temps dégagé, mais ce n'était pas notre jour de chance. Mais le pire était à venir, car on a dû rater
un épisode du trajet de retour, notre minibus a fait du porte à porte dans tous les villages environnants avant que le chauffeur daigne enfin nous déposer à
notre point de départ, la nuit étant venue. Bien sûr, plus de bus régulier pour retourner à Leshan. Finalement, on a trouvé un particulier qui nous a ramené
à notre hôtel à Leshan moyennant 35 fois le prix du bus régulier, mais on n'avait pas le choix. En conclusion, voilà un bol d'air frais dont on se souviendra.
Le lendemain, retour en bus à Chengdu où on prend le temps de se promener et de goûter la cuisine du Sichuan, encore plus épicée que celle du Jiangxi.
Retour à Nanchang pour le boulot, avec le démarrage de mes ateliers en perspective après la trève du Spring Festival, mes collègues chinois seront gonflés à bloc,
du moins je l'espère.
Le Heilongjiang, Harbin
Je sais qu'il y en a qui vont m'envier, mais on peut s'offrir un week-end prolongé, alors on file au nord, à Harbin exactement, dans la province du Heilongjiang, en Mandchourie. C'est une belle ville réputée pour son festival de la Neige et de la Glace et qui se flatte d'être le Moscou de l'Orient, ou même le Paris de l'Orient, pas moins! C'est vrai qu'on y trouve des bâtiments de style de l'architecture russe neo-classique et la superbe cathédrale Ste Sophie toute en brique. Le soir, les lumières donnent un cachet particulier aux grandes avenues et rues de la ville. Il faut dire qu'il fait -20°C quand on arrive en fin d'après-midi, et le froid mordant ne nous incite pas à flâner trop longtemps dehors. On gagne notre hôtel pour s'équiper en conséquence, caleçon long, grosses chaussures, bonnet et gants avant d'aller sur le parvis de la cathédrale Ste Sophie.
La cathédrale Ste Sophie.
La Place Liansheng sur laquelle se dresse la cathédrale est très belle et entourée par les boutiques de luxe que l'on a l'habitude de voir sur les avenues des grandes capitales. Mais il paraît qu'il y a des millions de touristes qui viennent ici. Comme eux, ce pourquoi nous sommes venus, c'est pour voir les éphémères sculptures et constructions de glace uniques au monde à cette échelle. Le festival se termine la semaine prochaine et les bulldozers entreront en action pour détruire ces chefs d'oeuvre. En attendant, on reste ébahis devant ce spectacle de personnages, de monuments et de palais taillés dans la glace par des artistes qui sont pour la plupart anonymes.
Le Festival de la Glace.
C'est le soir que le spectacle est féerique, avec les lumièrers qui scintillent dans et sur la glace. On remarque une très forte participation
d'artistes russes qui sont venus en voisins, de même que de nombreux touristes, la Sibérie n'étant pas loin. On a aussi droit à un show
patriotique qui nous raconte une histoire que nos chasseurs alpins ne renieraient pas, le tout en sons et lumières, avec en prime une chute de neige
artificielle.
Comme d'habitude, on a encore le temps de visiter un temple et une pagode et même le Polarland, un aquarium spécialisé dans
la faune aquatique polaire. Le temps qui nous reste est dévolu à la visite du quartier russe où on a l'opportunité de se ravitailler en charcuterie
d'origine russe qui se rapproche plus de nos standards européens que les saucisses chinoises que l'on trouve habituellement. La congélation se fait
sur le rebord de la fenêtre de notre chambre d'hôtel. On termine notre séjour par un déjeuner dans un restaurant russe, hélas sans les violons.
Mais les meilleures choses ayant une fin, il nous faut boucler notre valise pour retourner à
Nanchang par un vol du soir et pour moi de reprendre le boulot dès le lendemain.
Nanchang
Voici venir la "Fête du nettoyage des tombes", l'équivalent de notre Toussaint, avec trois jours de congés à la clé, l'occasion de prendre un week-end prolongé. On décide de partir de Nanchang et d'aller passer cinq jours sur l'île de Taïwan, pour visiter une autre Chine. Ce n'était pas prévu dans mon itinéraire initial mais l'occasion faisant le larron...J'ai donc rajouté une page Taïwan à nos carnets de voyages
Xiamen
On a passé le week end du 1er Mai dans l'ancienne Concession française de Shanghai. Trois jours à se promener dans les rues bordées de platanes et à
retrouver le goût du pain français grâce aux boulangers-pâtissiers formés à la française. Que du bonheur, entre les flâneries, les visites de villas et de manoirs
Art déco et le shopping, d'autant qu'on logeait dans une superbe villa située dans un parc splendide et surtout au calme, loin de la foule des touristes habituels.
Je n'ai pas fait d'article mais j'ai rajouté les photos dans l'album "Shanghai".
Trois jours de travail et nous voilà repartis pour 4 jours. Je dois en effet prendre deux jours de congés par mois et j'ai décidé de les cumuler pour aller à
Xiamen, à 650 km au sud-est de Nanchang, sur les bords de la Mer de Chine Méridionale. 1h de vol de nuit et nous y sommes.
Xiamen est sur une île reliée
au continant par trois grands ponts et un tunnel et fait face à
l'île de Quemoy, qui est administrée par Taïwan. C'est une ville qui s'est développée économiquement très rapidement et le troisième port de commerce de Chine.
Ce fut aussi un repaire de pirates et un des premiers ports ouvert aux étrangers au XIXème siècle. Xiamen fut rebelle à l'autorité centrale de l'Empire du Milieu
et le berceau de sociétés secrètes, les Triades, à la réputation sulfureuse. On a visité le fort de Hulishan construit pour asseoir l'autorité de la dynastie
des Qing, le temple très fréquenté de Nanputuo et marché sur le sable de la plage longeant Huandao Lu, face à l'île de Gulang Yu.
Statue de Zheng Chenggong sur l'île de Gulang Yu.
Malheureusement, il s'est mis à pleuvoir assez fort et cela a contrarié notre projet de faire trempette (au moins les pieds!) dans les eaux de la Mer de
Chine Méridionale.
Le lendemain, embarquement matinal sur le ferry desservant l'île de Gulang Yu, la principale attraction touristique de Xiamen. On s'en rend compte lorsqu'on
est compacté sur le ferry à ne plus pouvoir bouger, et il n'est que 8h du matin. Aussitôt débarqués, on se lance à l'assaut des rues et ruelles de l'île, avec
en point de mire le Pic du Soleil, le point culminant de l'île. Encore des collines à gravir et des centaines de marches à monter et à descendre mais on n'en
a cure. Il faut dire que l'endroit a un charme particulier avec ses maisons de style baroque et Art
déco, datant de la période où l'île était une concession étrangère. On visite encore des parcs, des temples et des musées, sans oublier de faire un détour vers la
plage où le beau temps aidant, on peut enfin se tremper les pieds. Le parc Zheng Chenggong est particulièrement beau avec une immense statue en granite du
héros surplombant la mer du haut d'un imposant rocher et faisant face à la ville de Xiamen.
Revenus sur le continent, on peut encore se balader dans la rue commerçante et piétonne de Zhongshan Lu où on peut trouver tout ce qui se vend et s'achète et
même plus. On rentre à notre hôtel assez fourbus et avec des couleurs grâce au soleil qui était de la partie.
On est sortis de Xiamen pour les Monts Boping pour voir les Tulou, les forteresses d'argile, habitat très particulier de la minorité Hakka qui habite dans ces
montagnes et qui vit principalement de la culture de leur thé wulong dont la renommée dépasse les frontières de la province du Fujian.
Un tulou.
Ces bâtiments imposants peuvent être circulaires ou carrés, à plusieurs étages et peuvent abriter plus de 500 personnes, les familles vivant en communauté.
Les épais murs
extérieurs sont en argile et garnis de fenêtres et de meurtrières en hauteur, les galeries intérieures sur plusieurs niveaux sont en bois, souvent ouvragés et
les chambres sont désservies par des escaliers également en bois. Les rez-de-chaussée aujourd'hui transformés en ateliers et boutiques, servaient autrefois
de zone de stockage des récoltes, et les cuisines et la basse-cour occupaient la cour intérieure, qui fait office de place du village. Chaque tulou et donc
chaque communauté a ses propres divinités auxquelles elle voue un culte sur les autels installés à cet effet.
Sur le chemin du retour, on profite des paysages des monts Boping avec les cultures de thé en terrasse et les bananeraies qui bordent la route dans la plaine.
La dernière matinée, on la passe à se promener sur les bords des lacs et dans les parcs qui agrémentent le centre de Xiamen, à un jet de pierre de notre hôtel.
On reprend un vol pour Nanchang en début d'après-midi, il me faut être au boulot demain.
Week end pluvieux dans les Monts Sanqingshan
On part en voiture pour les monts Sanqingshan, à l'extrême est du Jiangxi. Le trajet de 300 km se fait sous des trombes d'eau car ici on est en pleine saison des pluies et cela dure depuis 3 mois. L'année dernière on était passé au travers, il parait que c'était une année de sécheresse. Il y a même des inondations catastrophiques et meurtrières dans le nord de la province. Toujours est-il qu'on arrive dans la petite ville de Yushan au pied des montagnes avec notre prof de chinois et une étudiante de français. Le temps de poser nos affaires à l'hôtel et on va se chauffer les jambes dans un parc naturel sur une petite montagne, Tian Liang, qui surplombe le lac Sanqingshan Hu. Le plat de résistance est pour le lendemain, les Monts Sanqingshan, à une cinquantaine de km de Yushan.
Parc National des Monts Sanqingshan.
On y arrive tôt le matin pour prendre un télésiège qui nous fait traverser deux vallées avant de nous déposer à 1500m d'altitude au pied des pics de Sanqingshan. C'est un Parc National grandiose, superbement aménagé, mais c'est une banalité de le dire tant les chinois sont passés maîtres dans l'art d'accomoder la nature, quelques fois même avec excès, mais là c'est grandiose. Les paysages rappellent les estampes caractéristiques chinoises avec leur lots de montagnes et de pics émergeant de la brume, de cyprès et de pins parasols. L'érosion a façonné cette montagne de granite comme de la dentelle, les roches ont des formes qui ont été baptisées suivant l'imagination débordante des premiers explorateurs de ces merveilles. Ce qu'on avait pas prévu c'est qu'il a fallu grimper des centaines de marches (voir peut-être 2000) car il faut passer d'un pic à l'autre entre 1500m et 1800m. Comme les dénivelés s'additionnent, ça a fait très mal aux mollets et aux cuisses, avec un orage monstrueux au milieu de l'après-midi qui nous a laissé trempés comme sous la douche. Heureusement il ne faisait pas froid, à peine raffraîchissant. Mais on ne regrette rien, les paysages magnifiques nous ont amplement récompansés des désagréments subis et des courbatures du lendemain. C'est tard le soir après quatre heures de route que nous sommes revenus dans notre logis à Nanchang, fatigués mais sans regrets. Je prépare déjà le prochain voyage qui doit nous emmener visiter les Trois Gorges du Yangtze Kiang à l'occasion du Dragon Boat Festival dans quinze jours.
Sur le Yangtze Kiang
Trois heures de train pour arriver à Wu Chang,ville qui est groupée avec Wuhan, puis quatre heures de bus pour rejoindre Yichang, porte d'entrée (ou de sortie) des Trois Gorges du Yangtze, où nous dormons à l'hôtel des Trois Gorges. Nous on va remonter le fleuve jusqu'à Chongqing. On va d'abord visiter le Barrage des Trois Gorges, actuellement le plus grand barrage hydraulique du monde, ouvrage gigantesque et controversé qui a défrayé la chronique et qui est le cauchemar des écologistes. On y accède par une route spéciale qui n'est ouverte qu'aux détenteurs d'un permis (dont les agences de voyage!), la crainte d'un attentat justifiant les check points de sécurité et les nombreux postes de garde jalonnant la route qui y mène.
Le Barrage des Trois Gorges.
Bonne surprise, c'est par des escalators extérieurs que l'on monte au Belvédère qui surplombe le barrage et les non moins remarquables écluses qui le jouxtent.
L'ensemble est impressionnant et le musée qui retrace l'histoire de sa construction est remarquable. Le barrage n'est pas tout à fait terminé, bien qu'en service,
il y a encore des annexes en cours de construction.
Nous rejoignons ensuite la petite ville de Zi Gui pour prendre le funiculaire et descendre à l'embarcadère où nous attend notre bateau, la Perle du Yangtze, rien de moins,
et où nous prenons possession de notre cabine assez confortable avant de déjeuner. Mais déjà le bateau a levé l'ancre et nous passons les gorges de Xi Ling. Comme
le niveau de la retenue d'eau est plus haut qu'à l'origine, les gorges sont plus larges et ma foi moins impressionnantes. Le spectacle des falaises abruptes
est cependant très beau. Il y a une circulation de bateaux importante sur ce ce fleuve qui est une artère économique et de communication de la Chine Centrale
vers les grandes villes jusqu'à Shanghai.
En remontant le Yangtze.
Au milieu de l'après-midi, nous changeons pour un bateau à plus faible tirant d'eau et nous allons remonter un bras du Yangtze, le Shen Nong Xi, un parc naturel plus sauvage et surtout moins fréquenté, sinon par des barques de pêcheurs dont on peut imaginer la vie très dure à manier les rames pour gagner leur vie. Là, le paysage est plus naturel, il n'y a pas le bétonnage qui défigure par endroits les rives du grand fleuve.
Pêcheurs sur le Shen Nong Xi stream.
Là, les gorges sont vraiment étroites, les à-pics vertigineux, on craint qu'une roche ne se détache de la paroi. Ici aussi, l'imaginaire des hommes a donné
des noms à des paysages naturels: Gorge du Perroquet, Roche de l'Eléphant... L'autoroute Chengdu-Shanghai en construction enjambe ce bras du fleuve et ne laisse
pas augurer un avenir serein pour cette nature encore sauvage. Il y a même un cercueil vieux de plusieurs centaines d'années suspendu dans l'anfractuosité des
rochers bien au-dessus du niveau de l'eau; comment a-t'il été hissé là-haut? mystère!
C'est après le retour vers notre bateau et le dîner à bord que nous franchissons les gorges de Wu au crépuscule et que nous nous arrêtons pour la nuit au
port de Wu Shan.
Le lendemain, à l'aube, nous franchissons les Gorges de Qutang, les dernières de notre croisière, avant de jeter l'ancre au port de Bai Di, la cité
de l'Empereur Blanc. Nous rejoignons l'île de Bai Di Cheng sur un pont et sous une galerie couverte, et nous grimpons les 300 marches (il y en avait 1000
avant la construction du barrage) conduisant à l'ancienne cité
de l'Empereur Blanc d'où l'on a une vue superbe sur l'entrée des Trois Gorges du Yangtze. C'est d'ailleurs ce paysage qui figure sur le billet de 10 yuans.
L'entrée des Trois Gorges du Yangtze.
Un jeune étudiant nous sert de guide en anglais et nous nous fait visiter les lieux en nous contant avec force détails l'histoire des Trois Royaumes, de l'Empereur Blanc et des sarcophages de bois du Musée des cercueils suspendus. On apprend aussi que le Yantze peut atteindre la hauteur de 175m, record actuel, et que nous naviguons en ce moment à 140m. On reprend la navigation sur le fleuve jusqu'à la ville de Wanzhou que nous atteignons dans l'après-midi. On quitte définitivement le bateau. Puis c'est après un dîner spécial de la cuisine de Wanzhou, encore plus épicée que celle de Nanchang, que nous rejoignons en bus la grande mégalopole de Chongqing où nous passons la nuit. Le lendemain, retour à Nanchang par un vol en fin de matinée et fin de notre voyage dans le Hubei et la Région Autonome de Chongqing.
Qingdao
Mes deux jours de congés mensuels à prendre accolés à un week end et nous voilà partis pour Qingdao, port et ville balnéaire située au nord de Shanghai, sur la mer Jaune. On arrive en fin de matinée mais nous ne verrons pas le sommet des buildings du nouveau Qingdao, cachés par la brume. On s'installe dans notre hôtel, le Shangri La, chambre et service somptueux, on a décidé de ne rien se refuser. Qingdao est à la Chine ce que Kronenbourg est à l'Alsace, la référence pour la bière qui est brassée ici depuis que les allemands qui y avaient une concession ont construit et ouvert la première brasserie de Chine, il y a un peu plus de cent ans. La bière de Qingdao, Tsingtao suivant l'appellation d'origine allemande, est réputée et consommée dans tout le pays et au-delà. Il y a au mois d'août une Fête de la Bière qui certes ne fait pas d'ombre à la Fête de la Bière de Munich mais qui attire pas mal de monde, et quand on sait ce que cela signifie en Chine...Qingdao fut le site qui abrita les sports nautiques lors des Jeux de Pékin en 2008 et c'est aussi un grand port de commerce et de plaisance.
La Brasserie Tsingtao.
La ville en elle même est très belle et on y retrouve des quartiers aux allures germaniques, héritage de l'ancienne occupation allemande qui n'a pourtant duré qu'une trentaine d'années, relayée par autant d'années d'occupation japonaise. Au gré de la promenade dans les rues de la vieille ville, on retrouve les styles d'architecture allemand, voir bavarois qui nous rappellent la vieille Europe. Bien sûr, comme c'est les vacances, il y a encore plus de touristes chinois en goguette. Les plages qui bordent la ville sont envahies, mais il y a très peu de baigneurs, la plupart se contentant de se mouiller les pieds ou de gratter les rochers à la recherche de coquillages.
Qingdao Bay.
Les plages sont aussi des lieux de prédilection pour faire les photos de mariage de même que les parvis
des églises catholique ou protestante, l'essentiel étant d'être photographiés devant un lieu connu, et étranger de préférence, Photoshop
fera le reste. Après les inévitables temples, pavillons et parcs, on monte même à la tour de TV pour la vue panoramique, mais malheureusement
embrumée de la ville.
A quelques 40kms de la ville il y a le Parc Naturel des Montagnes de Laoshan où nous passons une journée à grimper des marches de granit,
décidément les chinois ne connaissent pas les sentiers forestiers de montagne. On s'était pourtant juré de ne plus grimper les escaliers dans les
montagnes mais on doit sacrifier à ce qui est paraît-il un incontournable pour celui qui vient ici.
Laoshan.
La vue depuis les sommets est magnifique malgré qu'elle soit estompée par les brumes de chaleur et le massif montagneux est agrémentée de sites historiques tels que temples et pavillons avec chacun leur histoire propre. L'endroit est par ailleurs très réputé si l'on en juge par le nombre de touristes qui le visitent. On a encore les mollets tétanisés à la fin de cette journée de randonnée dans la nature qui est ma foi fort belle. On traverse au retour des villages de pêcheurs sur la côte rocheuse. On va reprendre demain midi un vol pour Nanchang après un dernier tour sur une des plages de Qingdao.
Sur l'île de Hainan
Encore un long week end que nous allons passer à l'extrême sud de la Chine, sur l'île de Hainan. Cette île, surnommée "La Queue du Dragon" marquait et marque toujours la limite sud de l'empire du milieu, est aussi appelée "l'Ile des cocotiers". C'est une île au climat tropical, avec des paysages de montagnes, de forêts et de plages de sable fin. Le tourisme s'y développe à grande vitesse et nous évitons Sanya, au sud de l'île, ville balnéaire nouvelle qui est le lieu de villégiature des chinois "nouveaux riches" et des touristes russes argentés. On préfère Haikou au nord de l'île qui est plus calme et plus authentique et qui a une histoire millénaire.
Au Temple Wu Gong sur l'île de Hainan.
Hainan était le lieu d'exil des personnes importantes, politiques ou lettrés, qui avaient eu l'heure de déplaire au pouvoir impérial. La visite de la ville nous réserve quelques beaux monuments tels la tombe de Hai Rui, un ministre incorruptible et soucieux du bien-être du peuple (rare même de nos jours), en disgrâce sous les Ming, ou le temple dédié aux cinq lettrés bannis ici pour avoir critiqué le gouvernement autocratique de l'empereur. Les rues de la vieille ville recèlent encore des maisons à l'architecture coloniale datant du début du siècle dernier. Le Parc du peuple est l'endroit très fréquenté le week end, où les gens viennent pour se divertir en groupe, chanter, danser, faire du sport ou simplement se promener. On a pu y assister à un opéra chinois.
Opéra chinois au Parc du Peuple.
On s'est promené sur les plages de sable fin qui s'étendent à l'ouest de Haikou et je me suis baigné dans la Mer de Chine du Sud sans craindre et entendre
les jet skis comme à Sanya. En plus du lot habituel de temples, de parcs et de musées, on a eu l'occasion de voir des fauves dans une réserve dans la jungle
(nos amis chinois ont dû faire une razzia dans une savane africaine, vu le nombre de lions et de lionnes dans cette réserve) et on a encore gravi 222m de
marches pour atteindre le sommet d'un volcan (éteint) et jeter un oeil dans le cratère envahi par une végétation tropicale luxuriante.
Haikou.
Comme rien n'est parfait, la météo n'est pas au beau fixe. Il fait très chaud et il y a une humidité
maximum qui fait que nous sommes trempés après dix minutes au-dehors. Nous sommes en pleine saison des pluies et si nous avons évité les typhons, nous avons
essuyé
une bonne averse quotidienne en milieu d'après-midi, l'une nous servant de douche après la baignade dans la mer. Mais on ne se plaint pas, cela aurait pu
être pire et nous n'avons pas eu le désagrément d'un retard ou de l'annulation de notre vol de retour à Nanchang.
Au boulot, les prochains jours vont
être chargés, on doit entrer dans la phase de démarrage des unités.
Dernières news de Nanchang
Mon contrat se terminant à la fin de ce mois de septembre, on m'a proposé de le rallonger jusqu'à fin juin 2013. Après mûre réflexion, j'ai accepté de le reconduire jusqu'au 31 décembre 2012. A la suite de quoi, nous reprendrons notre boucle autour du monde. Mon travail et mon contrat devant s'achever juste à la période propice pour repartir, la saison de la mousson sera remplacée par la saison sèche en Asie alors qu'actuellement Bangkok en Thaïlande est de nouveau sous la menace des inondations. J'ai dejà démarré un atelier au printemps, je viens de démarrer le deuxième et en ai fait le test run avec succès, il est réceptionné et le produit fini est qualifié pour les clients.
L'équipe (pléthorique) de démarrage de l'atelier des émulsions
Pour le troisième atelier, plus complexe, le démarrage est retardé, il y a eu beaucoup de problèmes liés au matériel et leur résolution va prendre un
certain temps car soit les fournisseurs se font tirer l'oreille pour remplacer le matériel défectueux, soit les délais sont très longs. J'espère
encore pouvoir surmonter ces difficultés d'ici la fin de l'année et démarrer cette unité avant de partir.
Mais de toutes façons les procédures sont écrites
et validées, le personnel formé, les essais dynamiques possibles effectués, ils seront capables de démarrer sans moi, au besoin il y a des collègues
qui restent, d'autres unités n'étant encore pas prêtes. Quoi qu'il en soit, ce fut une expérience très enrichissante sur le plan humain tout d'abord et sur le plan
professionnel ensuite bien que sur ce point de vue je n'en ai plus vraiment besoin.
Il faut bien dire aussi qu'en plus de l'avantage financier non négligeable,
ce stop-over professionnel nous aura permis de vivre la Chine de l'intérieur et de la parcourir en long, en large et en travers comme peu de chinois et encore
moins de touristes ont pu
le faire, sans compter qu'on y avait notre base arrière de Nanchang bien pratique pour la visiter ainsi que les pays limitrophes comme le Vietnam, le Cambodge et le Laos et
aussi Taiwan, Hong Kong et Macao, pour lesquels les chinois continentaux ont besoin d'un permis de voyager et les touristes d'un visa pour rentrer
en Chine.
C'est pourqoi on va profiter des vacances de la Fête Nationale pour effectuer un voyage dans le Xinjiang, le nord-ouest de la Chine, dans les
traces de l'ancienne Route de la Soie empruntée il y a bien longtemps par Marco Polo. C'est en voyant des photos de cette région peu fréquentée aujourd'hui
que j'ai eu envie d'en connaître plus sur cette contrée et les peuples qui y vivent. J'espère que mon attente ne sera pas déçue.
Du Gansu au Xinjiang, sur la Route de la Soie
Jiayuguan, Gansu
On arrive dans la soirée à Jiayuguan, province du Gansu, après deux vols avec escale à Xi'an et deux retards cumulés de deux heures sans explications. Jiayuguan est une ville très industrialisée avec des aciéries et des centrales électriques, mais elle est surtout connue pour le fort qui contrôlait le passage entre les montagnes qui l'entourent. C'était la frontière de l'ouest de l'Empire du Milieu, au-delà étaient les "barbares". La Grande Muraille s'arrête là. Le fort de Jiayu Pass était une défense stratégique de premier plan pour barrer la route aux envahisseurs potentiels successifs, Huns, Mongols, Tartares...On peut visiter la résidence du général qui commandait la forteresse, un temple dédié à Guandi, dieu de la guerre et même le théatre pour divertir la garnison.
Le fort de Jiayu Pass.
Le fort situé dans un cadre magnifique et dont la restauration est encore en cours attire beaucoup de touristes. On peut se promener sur les remparts et
jouir d'une vue superbe sur les Montagnes de Qilian aux sommets enneigés d'un côté et sur les Montagnes Noires de l'autre. Des spectacles de cirque sont donnés
dans la cour de la forteresse et on peut même survoler le site en ULM. Donc Chantal a fait son baptême de l'air en ULM suivi d'un tour à dos de chameau, deux
expériences nouvelles dans la même matinée, qui l'eut cru? Pour ma part, je préfère attendre que le L de Ultra Léger Motorisé devienne le L de Lourd,
question de confiance...
Depuis les remparts de chaque côté du fort, on peut suivre les vestiges de la Grande Muraille d'origine qui grimpent sur les contreforts des deux montagnes
qui délimitent le "Corridor de Hexi" et qui devaient rendre le fort imprenable. Le Musée de la Grande Muraille attenant retrace l'histoire de cette construction
monumentale qui a duré plusieurs siècles.
La Grande Muraille surplombant Jiayu Pass.
Les vestiges de la dernière tour de guet qui surplombe la falaise de la rivière Laotai au nord de la ville marquent le point le plus à l'ouest de la Grande Muraille qui a été terminée sous la dynastie des Ming au XVIème siècle. Là commence le désert de Gobi qui s'étend jusqu'en Mongolie. On a de la chance, le temps est magnifique, plein soleil et ciel d'azur, mais pas trop chaud, idéal pour visiter la région. Après un temple monastère à flanc de montagne, on peut aussi voir les représentations en statue de pierre des célébrités qui ont emprunté cette partie de la Route de la Soie, dont Marco Polo. Au sud, à une vingtaine de kilomètres de Jiayuguan, on a mis au jour des tombes sous tumulus des époques des dynasties Wen et Jin, entièrement faites d'assemblage de briques et décorées de peitures merveilleusement conservées. Enfin, pour finir, on se promène dans le Parc du Lac de l'Est où les plans d'eau et la verdure doivent apporter une fraîcheur très appréciée durant les caniculaires mois d'été. On se prépare à quitter Jiayuguan après l'incontournable traditionel tour au marché de nuit toujours très haut en couleurs et en odeurs!
Dunhuang, Gansu
Un vol saut de puce de 45 minutes plus tard, nous voilà à Dunhuang, en bordure du désert de Gobi. Dunhuang est une grande oasis qui était une étape importante
pour les caravanes sur
la Route de la Soie. On y trouve des cultures maraîchères et surtout du raisin en abondance. Et en ce moment c'est le temps des vendanges.
L'attraction principale est le site des Grottes de Mogao
situé à une vingtaine de km au sud de la ville. C'est un ensemble de plus de 500 grottes creusées dans les parois des Mingsha Shan, les Montagnes des "Sables chantants"
par des moines
bouddhistes entre le IV et XIVème siècle. Ces grottes abritent des statues et des fresques superbement conservées, sûrement grâce au climat sec du désert.
Dans une pagode en bois de 9 étages on peut admirer une statue du Bouddha de 36m. Le site a été aménagé pour les touristes et seuls une trentaine de grottes sont
ouvertes au public. Malheureusement, les photos sont interdites et d'ailleurs les grottes sont dans le noir, des guides locaux éclairent les statues et les fresques
à la lampe de poche tout en débitant leur commentaires en chinois exclusivement.
On a pu vérifier une fois de plus qu'il n'est pas judicieux de faire du
tourisme pendant les périodes de vacances, soit cette semaine de congés de la Fête Nationale, car il semblerait que les chinois ont aussi la bougeotte et se
déplacent en masse. Les queues aux guichets des tickets sont impressionnantes et il faut prendre son mal en patience. Les transports et les hôtels sont blindés,
les restaurants pris d'assaut et il faut même jouer des coudes pour avoir une place à une table au marché de nuit. Les prix aussi s'envolent et on paye le prix
d'un repas dans une gargote en plein air pour celui dans un restau de bonne réputation. Les taxis ne sont pas en reste et vous demandent sans complexe le double
du prix d'une course
en temps normal, refusant d'enclencher le compteur. J'ai l'impression qu'ils ont très bien et très rapidement intégré la loi du marché, l'offre et la demande ils
connaissent...
L'autre lieu qui draine les touristes est le Lac du Croissant de Lune. C'est une oasis minuscule enchâssée entre les dunes de Mingsha, les "Sables chantants" et
qui se situe à peine à 5km du centre ville.
Le Lac du Croissant de Lune.
Pour l'admirer dans son intégralité, nous nous sommes infligé la montée de la Dune de Mingsha, dénivelé de 250m SVP, (la dune du Pilat ne fait que 117m,
cela donne une idée de notre performance) avec quelques centaines d'autres courageux.
Nous avons même dédaigné les guêtres orange fluo que la plupart avaient enfilé sur leurs chaussures et l'avons gravi pieds nus enfoncés dans le sable fin
jusqu'aux chevilles. On regrettera que le soleil n'était pas de la partie et ne s'est montré que très parcimonieusement ce matin-là. Mais la vue de là-haut,
en surplombant le Lac du Croissant de Lune,
nous a récompensé de nos efforts. La descente est presque aussi sportive que la montée car la pente est raide et il s'agit de ne pas glisser dans le sable
fin et de dévaler jusqu'en bas. Ce qui est sûr, c'est qu'on ne refera pas l'ascension dans la foulée...
Au pied de la dune, des centaines, OUI...des centaines de chameaux sont à la disposition des touristes pour une promenade
dans les dunes. Autant dire que c'est une noria incessante de camelidés qui tourne en rond avec leur cavaliers et leur guide. On peut aussi survoler les dunes
en ULM ou en faire le tour en quad.
Pour notre part on a tenté d'échapper à la foule en allant passer une journée dans le désert de Gobi. Super pour les
paysages mais raté pour la tranquilité car là aussi il y a du monde et il faut faire avec et être patient pour pouvoir prendre une vue sans une personne
faisant le V des deux mains (? c'est une manie systématique quel que soit le monument en question, je l'ai vu faire même près des tombes) devant le sujet
que vous voulez photographier. On a pu quand même profiter de l'immensité du désert, voir les étonnantes concrétions rocheuses de Yadan façonnées par
l'érosion et quelques vestiges datant de deux millénaires. Dans la vieille ville de Dunhuang cohabitent de vieilles maisons traditionnelles avec des décors
pour le tournage des films historiques chinois, le tout entouré par des fortifications et des tours de guet plus vrais que nature.
Comme nous n'avons
pas pu avoir de billet de train pour Tulufan(Turpan), il n'y a pas d'aéroport là-bas, nous allons découvrir le bus-couchette pour changer de province et quitter le Gansu pour le Xinjiang.
Tulufan (Turfan ou Turpan), Région Autonome du Xinjiang
Le voyage en bus-couchettes, c'est fait! A tout prendre, je préfère de loin les couchettes molles en train. Dans le bus, les couchettes superposées et inclinées d'1m60
sont alignées sur 3 rangées, soit 48 places et leur largeur n'excède pas 60cm. Le voyage a duré 11h, avec un check-point de police pour le contrôle des
passeports à l'entrée dans la Région Autonome du Xinjiang, et encore des contrôles tous les 100km d'autoroute. On est arrivés à 6h du matin à Tulufan, par
chance il y avait un taxi à l'arrêt du bus. On a eu toutes les peines du monde à réveiller la réceptioniste de l'hôtel qui dormait derrière le comptoir sur
un lit de camp. De plus, pas un mot d'anglais mais elle a quand même fini par nous donner la clé de la chambre que j'avais réservé par internet.
Le Xinjiang est le Far-West de la Chine. Xinjiang se traduit d'ailleurs par "Nouvelle frontière". La dépression de Turfan ou Tulufan se situe a 150m sous le
niveau de la mer. C'est la ville la plus chaude
et la moins arrosée de Chine. La ville elle-même se situe à 80m sous le niveau de la mer. C'est malgré tout une oasis fertile grâce a un réseau ingénieux d'irrigation,
les karez, des puits reliés entre eux par des canaux souterrains creusés autrefois par les hommes et entretenus et améliorés au cours des siècles au prix d'un travail
harrassant. La culture principale est le raisin, il y en a plus de cent variétés. On en fait du vin mais surtout des raisins secs qui alimentent toute la
Chine et au-delà. Au dessus de presque chaque maison traditionnelle en terre cuite il y a une pièce en briques ajourées pour sécher le raisin. La vigne
est omniprésente même en ville et des passages et même des rues sont recouvertes par un treillis de vigne grimpante qui forme un tunnel procurant l'ombre et la fraîcheur
bienvenue sous ce climat aride. Le melon de Tulufan jouit aussi d'une belle renommée. Tulufan était aussi une étape très connue sur la Route de la Soie Nord
et a une histoire deux fois millénaire, les ruines des anciennes cités de Jiaohe et de Gaochang en témoignent. C'est par là que le bouddhisme fut introduit en
Chine, les ouïghours de Tulufan ne s'étant convertis à l'Islam qu'au XIVème siècle.
Le minaret d'Emin.
Un des symboles de Tulufan est le minaret d'Emin, un préfet musulman fidèle à la dynastie des Qing au XVIIIème siècle. L'histoire de Tulufan et du Xinjiang
en général est très tourmentée, la région ayant connu les invasions d'Alexandre le Grand à Tamerlan en passant par Attila et Gengis Khan, et les révoltes ouïghoures
jusqu'aux luttes récentes du XXème siècle des seigneurs de la guerre. L'architecture régionale s'inspire plus du style arabe que chinois, de même que le style
vestimentaire de la population d'origine ouïghoure. La langue et l'écriture ouïghoure cohabitent avec le chinois et beaucoup d'ouïghours ne parlent et n'écrivent
que leur langue, d'origine turque. A Tulufan, il y a une très forte majorité ouïghoure et c'est la langue que l'on entend dans la rue.
Ici, c'est la viande de mouton sous toutes ses formes qui prédomine, avec les pâtes et le pain en forme de galette ronde
cuit au four et les épices d'orient, piment, coriandre, gingembre, curry. On trouve les brochettes (kebabs) à tous les coins de rue et les fruits de saison,
raisins, melons, pastèques, pêches, abricots et bien sûr tous les fruits secs.
On est sorti de la ville pour visiter Tuyuk, un village ouïghour à une
trentaine de km à l'est de Tulufan, dans la chaîne des
Montagnes Flamboyantes qui doivent leur nom au calcaire ocre qui se teinte de couleurs feu aux rayons du soleil. Devant ou dans la cour de chaque maison, à l'ombre,
on peut voir un grand lit en bois couvert de tapis sur lequel les gens de la maisonnée, jeunes et vieux, se reposent quand ils en ont envie ou quand la
chaleur les pousse à l'indolence. Les grottes de Bezeklik n'abritent plus que quelques fragments de fresques bouddhique, les "archéologues" du début du siècle
dernier s'étant chargés de les piller. De même, les momies de la nécropole d'Astana, dernière demeure des familles royales de Gaochang, ont été transférées
des caveaux souterrains au musée de Tulufan. Ici, les mosquées remplacent les temples et on se rend vite compte de la différence de culture et de tradition
des Ouïghours et des chinois Han. Au marché, ou plutôt au bazar suivant la dénomination locale, on admire la dextérité des fabricants de nouilles à la
farine de blé, nouilles appelées lamian en chinois, et on ne se
prive pas d'y goûter. En général, la vie est bien moins chère ici qu'ailleurs en Chine, pour ce que nous en avons vu. On mange très bien à deux pour 25 RMB,
soit 3 €, les fruits sont moitié moins chers qu'à Nanchang. Finalement, la seule chose qui nous gêne est la poussière, partout présente, et qui déssèche
les muqueuses. Qu'est-ce que ça doit être lorsque le vent se lève? Mais cela ne nous empêche pas de consacrer notre dernière journée à Tulufan à flâner
dans les rues de la ville et dans le bazar transformé le soir en un immense restaurant a ciel ouvert d'où montent les fumées et les odeurs d'épices des
marchands de kebabs.
Wulumuqi (Urumqi), Région Autonome du Xinjiang
Deux cents kilomètres d'autoroute bordée par les cimes enneigées des Tian Shan (Montagnes Célestes) et trois heures de bus plus tard, nous voilà à Wulumuqi (Urumqi). C'est la capitale administrative, industrielle et économique de la Région Autonome du Xinjiang. Urumqi, qui veut dire "Beaux pâturages" en mongol, est une ville relativement récente sans un grand passé historique. Contrairement à toutes les autres villes de la région, c'est une ville à majorité chinoise Han et qui compte près de 2 millions d'habitants. Wulumuqi se classe quand même dans le Guinness des Records comme la ville la plus continentale du monde car la mer la plus proche est à plus de 2500 km.
Le Musée Régional du Xinjiang.
La visite du Musée Régional du Xinjiang est intéressante pour montrer les spécificités culturelles des différentes ethnies qui peuplent la région qui est quand même grande comme trois fois la France et les momies trouvées dans les tombes éparpillées dans les sites désertiques du Xinjiang. Au Grand Bazar d'Erdaoqiao et autour, lieu très touristique au sud de la ville, on retrouve tout ce que ces différentes minorités produisent comme artisanat avec une prédominance de style turc, et tous les fruits secs et épices possibles et en quantité industrielle. On décide de s'évader de la ville pour aller au Tian Chi (Lac du Ciel), dans les dans les Tian Shan (Montagnes Célestes).
Le lac Tian Chi.
Que la montagne est belle quand il fait beau et qu'il n'y a pas la foule des touristes. Le lac Tian Chi est situé à 2000m et est alimenté par les glaciers des Tian Shan dont le plus haut sommet, le Bogda Feng, culmine à 5445 m. Ici c'est le pays des Kazakhs, minorité semi-nomade qui vit chichement de l'élevage de petits troupeaux de chèvres et de moutons qu'ils font paître sur les flancs des Tian Shan. Il y a quelques villages qui essaient de profiter de la manne du tourisme en ouvrant des chambres d'hôtes sous les yourtes traditionnelles. Les touristes chinois en sont férus. Le décor est splendide et se prête à toutes les formes de trekking. Le bord du lac n'est pas bétonné comme souvent, ni même pour une fois trop aménagé. On profite vraiment de la nature sauvage, de la forêt de pins et des pics enneigés, malheureusement que pour une journée car il faut retourner à Wulumuqi pour prendre un vol demain matin pour Kashgar.
Kashi (Kashgar), Région Autonome du Xinjiang
Kashgar, "la Caverne de jade" en langue ouïgoure, située à 1200 m d'altitude, est la ville-oasis carrefour entre la Chine et les pays d'Asie Centrale sur la Route de la Soie. C'était aussi la porte d'entrée ou de sortie, c'est selon, du terrible désert de Taklamakan. Les caravanes des Routes de la Soie nord et sud s'y rejoignaient, c'est ici qu'on échangeait les produits rares et les montures, chevaux contre chameaux. Le coeur de la ville est la Mosquée d'Id Kah sur la place du même nom. C'est la plus grande mosquée de Chine, elle peut accueillir près de 8000 fidèles à la prière du vendredi. Elle date de 1442 mais fut restaurée plusieurs fois.
La Mosquée d'Id Kah.
Arrivés le vendredi, on a pu voir des milliers d'hommes converger vers la mosquée pour la prière, et il y en avait qui priaient dans les rues adjacentes
sur les tapis déroulés dans la poussière. De chaque côté de la place et de la mosquée s'étirent les rues de la vieille ville, ou plutôt ce qui en reste, qui
abritent
le Bazar. Car malheureusement, les vieilles maisons ouïgoures typiques avec les balcons et les vérandas en bois ouvragés disparaissent rapidement, remplacées
par des clones en briques neuves. Toute la vieille
ville n'est qu'un immense chantier dans un nuage de poussière permanent. C'est le prix à payer pour la modernité, mais en y perdant son âme, les voyageurs n'
y trouveront pas forcément leur compte. La ville abrite aussi les tombes de plusieurs dignitaires et lettrés musulmans, dont celui d'Abakh Hoja, un
religieux qui gouverna la région au XVIIème siècle. Le mausolée d'Abakh Hoja comme celui de Yusup Has Haji est caractéristique du style des édifices religieux
d'Asie Centrale, comme ceux qu'on trouve à Tachkent ou à Samarcande, avec des tuiles et des carreaux en faïence bleues et blanches.
Pour le moment, le
Bazar de Kashgar est le coeur animé de la ville avec ses échoppes regroupées par corporations et ses restaurants gargotes d'où montent la fumée des brochettes
d'agneau ou de chèvre et l'odeur du pain cuit au four.
Dans une rue du Bazar.
Les commerçants et artisans vous hèlent sur le pas de leur porte pour que vous veniez voir leur marchandise. Tout ici nous rappelle plus Istanbul que Pékin, on est vraiment à la croisée de deux mondes. D'ailleurs les hôtels ne désemplissent pas de touristes chinois qui viennent ici pour voir les "barbares" comme des curiosités locales avec leurs us et coutumes si différentes de celles l'Empire du Milieu. Car à Kashgar aussi la grande majorité de la population est ouïghoure et la religion visible est l'Islam. Dans la rue on entend plus parler ouïghour que chinois et les enseignes et les panneaux des noms de rue sont écrits dans les deux langues car les uns ne lisent pas l'écriture des autres et vice versa. C'est un problème avec les chauffeurs de taxi ouïghours pour la plupart et complètement perdus quand on leur présente une carte officielle en chinois et anglais. Nulle part on n'aura vu autant d'étals de boucherie et de barbecues. Ici, végétariens s'abstenir, car on mange du mouton à toutes les sauces et jusqu'à l'os qu'on rogne, on a pu le constater. Ce qui est étonnant aussi, c'est la quantité de fruits et légumes que l'on trouve sur les marchés et les tonnes de fruits secs de toute sorte, sans parler des épices. Après avoir arpenté les bazars et les rues de la vieille ville, visité des tombeaux et des marchés, vu l'immense statue de pierre de Mao sur la Place du Peuple, on goûte au repos au Parc du lac de L'Est pour préparer notre expédition du lendemain au lac Karakul, aux confins du Xinjiang et de la Chine de l'ouest.
De Kashgar au lac Karakul par la KKH, Région Autonome du Xinjiang
La Karakoram Highway, longue de 1300 km, relie la Chine au Pakistan à travers la chaîne des Karakoram par la Khunjerab Pass à 4693 m. C'est "l'Autoroute des Nuages", la plus haute du monde, construite en 20 ans par les deux pays et qui a coûté plus de 1000 vies humaines. Elle suit beaucoup le tracé de l'ancienne Route de la Soie. Nous l'empruntons sur 200 km, de Kashgar au lac Karakul situé à 3600 m d'altitude mais elle continue jusqu'au Pakistan en traversant la chaîne du Pamir, le "Toit du Monde". Elle est toujours dangereuse à cause des éboulements de rochers et des glissements de terrain. On s'aperçoit que d'autoroute, la voie n'en a que le nom, ce serait à peine une simple nationale chez nous, mais c'est à son importance stratégique et commerciale qu'elle doit son nom. Autant dire que les paysages sont grandioses, surtout à la lumière de l'aube. Dès que l'on pénètre dans les gorges de la rivière Ghez, on est sous le charme des falaises abruptes dominées par les sommets enneigés tout autour. Et pendant les trois heures du trajet, on fait des rencontres, des bergers Kirghizes avec leurs moutons, des ânes qui paissent au bord de la route, indifférents au traffic des camions, et même des chameaux sauvages qui vous regardent passer placidement.
Au lac Karakul.
La vue du lac Karakul est magique. Il est dominé par le Mustagh Ata "Père des Montagnes de Glace" qui culmine à 7546 m et se reflète dans ses eaux limpides. On est les seuls touristes, ce qui ne gâte rien, la saison étant terminée et le temps beau mais frisquet, ce qui ne se voit pas sur les photos. On entreprend une randonnée autour du lac quand des Kirghizes d'un village voisin nous invitent à une fête de mariage. Tout le village est mobilisé pour l'occasion, les jeunes dansent avec les mariés tandis que les parents préparent le repas, un yack et un mouton ayant fait les frais de l'évènement. On a tout loisir d'assister au processus de préparation du banquet.
Le marché aux bestiaux du dimanche.
Sur la route du retour, le spectacle est tout aussi splendide avec le soleil éclairant les versants de la montagne. En s'approchant de Kashgar, on croise les gens qui reviennent du marché ou des travaux des champs, on essuie une tempête de sable soufflant du désert du Taklamakan tout proche et qui balaie la route, obligeant le chauffeur à ralentir, à mettre les warnings et les essuie-glaces en route. Heureusement on traverse la zone rapidement et on arrive juste avant la fermeture du marché aux bestiaux qui a lieu tous les dimanches et qui draine tous les éleveurs alentour. C'est là que se vendent et s'achètent les bêtes, moutons, chèvres, vaches, taureaux, yacks, et chameaux (mais pas de cochons), selon un rituel immuable, l'affaire se concluant par une poignée de mains et une main sur le coeur, les billets ayant changé de mains entre-temps. On retourne enfin à notre hôtel après un dîner traditionnel OuÏghour, lamian (nouilles) et brochettes d'agneau. Il faut refaire la valise pour retourner à Wulumqi, seule destination de vol depuis Kashgar.
Retour à Wulumuqi, Région Autonome du Xinjiang
Nous voilà de retour à Wulumuqi pour une après-midi à se promener, le vol pour Nanchang n'étant programmé que pour le lendemain. On monte au promontoire du Parc Hongshan qui surplombe la ville et d'où on jouit d'une vue panoramique jusqu'aux sommets enneigés des montagnes Tian Shan. Les vacances se terminent, hélas.
Adieu Nanchang
Les meilleures choses ayant une fin, nous voilà proches de notre départ de Nanchang et de la Chine, pour reprendre notre tour du monde que nous avions mis entre parenthèses pendant les deux années et demie que j'ai passées à travailler ici. J'ai renouvelé encore mon contrat pour un mois jusqu'au 31 janvier 2013, je voulais absolument me donner une chance de finir le boulot et finalement dans la dernière semaine j'ai enfin pu démarrer cet atelier, même si ce n'est pas dans les conditions optimales, il reste des ajustements à peaufiner et un gros problème mécanique à résoudre qui prendra quelque temps. J'en suis d'autant plus satisfait que tout s'est déroulé sans incident alors que c'est l'atelier et le procédé réputé le plus "dangereux" de la plateforme Bluestar Silicones aval. Pendant les deux ans et demi de mon travail, je n'ai eu à déplorer aucun incident ni accident sur les trois ateliers dont je me suis occupé depuis la construction jusqu'à la mise en route, aidé en cela par mes responsables hiérarchiques français. Ceux qui ont travaillé en Chine savent ce que cela représente en termes d'investissement personnel en matière de sécurité.
Avec l'équipe des responsables du WS9.
On fait nos adieux aux collègues et on boucle les malles qu'on va expédier en France. Où l'on se rend compte de ce que
l'on peut amasser en deux ans et demie de vie sédentaire,(396kg). C'est avec un pincement au coeur que nous quittons notre petit appartement coquet. On va
passer quelques jours à Tang Gu dire au revoir à notre amie Guimei et à sa famille avant de nous envoler pour l'Inde et reprendre notre aventure
sac au dos.
Au diable l'avarice, pour notre dernière nuit en Chine, on s'offre une Premier Deluxe Suite ( telle quelle dans les catégories de
réservation ) dans un palace 5 étoiles, le Hilton en l'occurence. Qui sait ce que l'avenir nous réserve!