Phnom Penh
L'arrivée à Phnom Penh est tardive vu le retard d'une heure du vol depuis Guangzhou (Canton). Les formalités de douane sont vite expédiées
et nous prenons notre premier tuk-tuk pour gagner notre hôtel en ville.
Le lendemain on commence la visite de la ville sous un chaud soleil ( 33°C ) de janvier! On a loué un tuk-tuk pour la journée et notre chauffeur
Sapheap connaît son affaire. Il faut dire qu'ici le code de la route est réduit à sa plus simple expression: très peu de feux en état de marche,
on se croise et on coupe la route à contre-sens sans que ça offusque quiconque; il y a beaucoup plus de motos et de tuk-tuk que de voitures
et la circulation est relativement fluide. Là aussi les laissés pour compte sont les piétons, il n'y a pratiquement pas de passages "cloutés".
On visite quelques temples bouddhistes qui ont été restaurés après les dévastations opérées sous le régime des Khmers rouges ainsi que le
sinistre camp 21, où les victimes de la barbarie se sont comptées par milliers. La visite du Palais royal et des jardins est bien plus
gaie.
Le Palais royal à Phnom Penh.
C'est un palais à taille humaine dont l'architecture rappelle ce que nous avons vu autrefois en Thaïlande. Les jardins sont magnifiques
avec des variétés de plantes très belles et agrémentés de stupas géants, et de petits pavillons et de temples disséminés tout autour de la
Pagode d'Argent. Une galerie couverte ornée de fresques en cours de restauration fait le tour de cette partie du parc.
On monte ensuite sur la petite colline du Wat (pagode) Phnom qui surplombe la ville où viennent prier les fidèles de Bouddha. Il y a aussi
ici des singes qui ont élu domicile sur cette colline et qui ne se montrent nullement gênés par les visiteurs. En chemin, on passe devant
l'ambassade de France qui fait plutôt blockhaus, le bâtiment de la Poste Centrale de style colonial et l'hôtel Manolis en piteux état qui
abrita André Malraux. Après la visite du Musée National des Beaux Arts qui nous laisse entrevoir ce que nous verrons à Angkor, nous passons
par le Marché Russe et le Marché Central où nous faisons quelques emplettes; la visite de Phnom Penh se termine par une promenade sur la
berge de la rivière Sap avant de regagner notre hôtel et préparer le voyage de demain vers Siem Reap.
De Phnom Penh à Siem Reap
5h30' de voiture de Phnom Penh pour aller à Siem Reap dans le nord-ouest du pays rejoindre les fameux sites des temples d'Angkor. Contrairement à ma crainte, la route est en bon état, refaite depuis peu, et la voiture climatisée. Le chauffeur peu loquace car ne parlant que très peu l'anglais, est par contre un adepte inconditionnel du tél. portable et du klaxon. Dès qu'on est sorti du centre de phnom Penh, le changement est radical. On se rend compte que la population ne vit pas dans l'opulence et que le confort des maisons est très sommaire.
Habitat cambodgien à la campagne.
La principale richesse des paysans semble être leur vache ou leur buffle que l'on peut voir paître devant les maisons sur pilotis dans les villages
que nous traversons. Des poules, des canards et quelquefois un cochon sont aussi là pour améliorer l'ordinaire. On voit aussi des enfants travailler
dans les champs ou garder le bétail. On peut penser que le niveau de vie est encore inférieur à celui du Vietnam, qui est déjà plus bas que celui de
la Chine. Et pourtant tout le monde est souriant et lorsqu'ils vous sollicitent pour vous vendre quelque chose, ce n'est jamais avec agressivité ou
insistance déplacée.
Après avoir longé le lac Tonle Sap, nous arrivons enfin à Siem Reap, une ville en plein boom touristique où les hôtels de toutes catégories poussent
comme des champignons; le temps de poser nos affaires à l'hôtel et nous prenons un tuk-tuk pour aller acheter nos billets pour les sites (forfait 3
jours) et assister à l'incontournable!,dixit le Routard, coucher de soleil depuis le temple-montagne de Phnom Bakhèng. On n'est pas payés de notre
peine car il y a foule et le coucher de soleil est gâché par la brume et les nuages, ce qui fait qu'on ne voit que la forêt et un bout du lac au loin.
Aux temples d'Angkor
Angkor, Angkor et encore...
Je sais , c'est facile mais je n'ai pas pu résister. Voilà un site qui mérite amplement son classement dans les nouvelles Merveilles du Monde. A ma connaissance il n'y a d'équivalent que les cités Aztèques du Mexique et les cités Mayas du Yucatan, que j'ai eu l'occasion de voir (au Mexique aussi), et du Guatemala. Et Angkor... (rebelote). Les temples (il paraît qu'il y en a 287) sont disséminés sur des dizaines de km carrés dans la jungle cambodgienne. Certes, tous n'ont pas bénéficié de la renommée d'Angkor Wat (pagode) et les travaux de restauration se poursuivent sur la plupart des sites qui ont souffert des guerres, des hommes et de la nature. Et malgré cela, il y a des sculptures, des bas-reliefs et des fresques gravées dans la pierre d'une extraordinaire beauté et qui ont survécu à l'épreuve du temps, on ne sait par quel miracle. Il faut souhaiter que tout cela reste préservé dans l'écrin naturel qui lui sied si bien. Pendant trois jours, nous avons découvert, arpenté, escaladé ces temples sacrés dédiés aux religions hindouiste et bouddhiste. On a largement amorti notre "pass de 3 jours" à 40$ et ce qu'on voit les vaut bien. En plus, nous avons bénéficié d'un temps superbe pendant les visites ce qui ne gâte rien.
Lever de soleil à Angkor Wat.
A Angkor Wat, chaque pierre, et il y en a des centaines de milliers, est une oeuvre d'art: sculptée, ciselée, gravée. L'architecture khmère est toute entière vouée à l'harmonie des formes et des proportions. Malgré l'immensité des bâtiments, on ne se sent pas écrasé par ces constructions de pierre. C'est valable pour tous les autres temples. Les bas-reliefs d'Angor Wat, les têtes à quatre faces des portes de la cité royale d'Angkor Thom et du temple Bayon ou la dentelle sculptée du temple de Banteay Srei racontent la vie de Bouddha ou la saga brahmanique de Rama et des divinités hindouistes Vishnou et Civa. Il faut un livre pour expliquer la symbolique véhiculée par le bouddhisme et le brahmanisme que l'on retrouve en arpentant les allées, les salles, et les galeries du Baphuon, du temple-montagne pyramide Ta Keo, du temple Ta Phrom envahi et disloqué par la jungle, de la ville disparue de Preah Khan et de son temple, des tours de Lolei et de Preah Kô et enfin du temple de Bakong qui est un concentré de l'art statuaire khmer angkorien. Nous avons beaucoup crapahuté et escaladé des marches (hautes) pour admirer ces chefs-d'oeuvre, pour certains vieux de plus de mille ans. J'ai été épargné par l'overdose puisque je me suis levé le quatrième jour à 5h du matin pour aller assister à la magie du lever de soleil derrière Angkor Wat. Je dois avouer que je n'étais pas seul et que beaucoup ont éprouvé l'envie de savourer ce moment. Voilà un endroit qui nous laissera un souvenir impérissable même si je sais qu'il y en aura d'autres.
A Siem Reap et autour
La ville de Siem Reap ne vit que par les sites des temples d'Angkor. Le tourisme de masse s'y développe à vitesse grand V d'autant que les voisins chinois déferlent en masse à l'occasion des vacances du Nouvel An. Il y a des tuk-tuk par milliers, c'est ici le moyen de locomotion le plus utilisé, on le loue avec le chauffeur pour la journée et c'est très pratique pour se déplacer en ville, vers les temples et même plus loin. On est allés passer une après-midi sur le lac Tonlé Sap, le plus grand lac d'Asie du sud-est, visiter le village flottant de Chong Khneas habité par des pêcheurs vietnamiens installés ici qui y vivent chichement, et y assister au coucher du soleil.
Le village flottant de Chong Khneas sur le lac Tonlé Sap.
Auparavant, nous avons fait notre BA en portant des fournitures scolaires achetées en ville à une école élémentaire pour enfants pauvres tenue par des volontaires d'une ONG étrangère. Puis on a visité l'association des Artisans d'Angkor qui forme des jeunes, essentiellement handicapés, aux métiers d'artisans travaillant à la fabrication des souvenirs khmers pour touristes: peinture sur soie, sculpture de la pierre et du bois, tissage, fabrication de bijoux, etc... On a poursuivi en allant déjeuner dans un restaurant qui est en fait une école hôtelière pour adolescents issus de familles défavorisées; cela permet de former des jeunes à un métier car ici l'état est quasi absent, il n'y a pas de structure de formation professionnelle. On se rend compte que l'avenir du Cambodge dépend essentiellement des ONG et des fondations privées. Nous avons aussi visité quelques temples et monastères en activité le long de la rivière Siem Reap, l'Ossuaire et le Mémorial des victimes du régime de Pol Pot, les marchés et même la campagne environnante avec les rizières aux couleurs vives et les champs de lotus fleuris. Nous partons demain dans la matinée pour Battambang, deuxième ville du pays, située du côté ouest du lac Tonlé Sap.
Battambang
Deux heures et demie de voiture, heureusement climatisée, et nous arrivons à Battambang, deuxième ville du pays mais qui ne paye pas de mine, nous nous en rendons compte rapidement. Beaucoup moins de touristes ici, il n'y a pas de curiosités archéologiques à voir, c'est une ville qui vit de l'agriculture très développée dans cette province. C'est aussi une ville où subsistent des vestiges de l'époque coloniale avec des immeubles a un seul étage, et qui mériteraient aussi un ravalement de façade. On visite quand même les pagodes, temples et monastères de la ville. Curieusement, il y a un grand nombre de bonzes qui vivent dans les monastères à côté des temples mais il y a très peu de fidèles à les fréquenter, contrairement à ceux que nous avons vus à Phnom Penh, Angkor ou Siem Reap. Bien qu'ils ne datent que du début du siècle dernier, la plupart sont en restauration et il y a du boulot, l'entretien ayant laissé à désirer, surtout dû à la période noire du régime des Khmers Rouges. Notre chauffeur de tuk-tuk croit que je suis bouddhiste et que je fais un reportage sur les pagodes, temples et monastères.
Bonze au monastère Wat Banan.
On a poursuivi par les temples et monastères à l'extérieur de la ville, où j'ai gravi les 368 marches du Wat Banan malgré un soleil de plomb,
heureusement j'avais à boire. Chantal s'est contentée de se faire masser au pied des marches par une paysanne locale, il paraît que ça lui a fait du bien.
Ensuite, on n'a pas eu le courage de monter les plus de 1000 marches pour aller au sommet de la falaise du Wat Sampeu. On y est montés avec une moto-dop.
C'est un lieu de pélerinage bouddhiste mais aussi un lieu de sinistre mémoire car les Khmers Rouges y ont massacré des milliers de leurs compatriotes
en les précipitant dans les grottes et du haut de la falaise. La vue porte loin de là-haut et le paysage de la plaine est magnifique.
Une expérience amusante a été de prendre le "Bamboo Train" qui nous a permis de visiter la campagne environnante de Battambang sur quelques kilomètres.
Le wagon-loco est constitué d'une plateforme en bambou sur des boggies modèles réduits et donc mobiles et la traction se fait avec un petit moteur à
essence. Un moyen pour les locaux de se faire un peu d'argent grâce aux touristes et à ceux-ci de sortir des sentiers battus et de voir l'arrière-cour
des villages et des maisons. Où l'on se rend compte que l'eau et l'électricité sont un luxe que beaucoup de villageois ne peuvent s'offrir ou que l'
état ne peut leur fournir du fait du manque d'infrastructures, et que nombre d'enfants sont occupés aux travaux des champs ou à garder le bétail
plutôt que de fréquenter l'école. J'en ai même vu qui faisaient fonctionner une briquetterie en alimentant le foyer avec des paniers de cosses de riz
plus grands et plus lourds qu'eux. Et pourtant malgré cette pauvreté apparente, les gens ne se départissent pas de leur accueil chaleureux et de leur
sourire. On va reprendre la route vers Phnom Penh en s'arrêtant à Kompong Chhnang, une petite ville au sud du lac Tonlé Sap.
De Battambang à Phnom Penh
En quittant Battambang, on s'enfonce dans le Cambodge profond! Plus de folklore, plus de touristes. On traverse des villages de pauvres paysans et artisans, des villes dont les habitants ne respirent pas l'opulence non plus, où il semble qu'il n'y ait pas de service de la voirie...On s'arrête à Kompong Chhnang, petite ville située au bord de l'extrémité sud du lac Tonlé Sap, pour ne pas revenir directement à Phnom Penh. Les habitants vivent de la pêche et de petits commerces de bric et de broc. Il y a une importante communauté de pêcheurs vietnamiens qui vivent là dans un village flottant installé sur le lac et qu'on visite en bateau pour voir que là aussi les conditions de vie sont très dures. Le marché est le centre nerveux de la ville et c'est un lieu haut en couleurs et surtout en odeurs auxquelles nous Européens, on a du mal à s'habituer.
Le marché de Kompong Chhnang.
On sort de la ville en tuk-tuk pour voir de plus près les paysans dans leur cadre de vie. On est reçus partout avec gentillesse et curiosité, ici
les touristes ne sont pas légion. Ce qui est triste, c'est qu'il y a beaucoup d'enfants qui travaillent à ramasser des fruits, du bois, dans les rizières
ou à garder quelques vaches maigres au lieu d'être à l'école.
Mais nous devons repartir pour Phnom Penh où nous visitons encore quelques temples, Chantal fait quelques emplettes au marché et nous nous rendons au Mémorial
de Choeung Ek où furent assassinés des milliers de victimes du régime de Pol Pot. Pour ne pas terminer sur une impression aussi terrible, nous allons
nous promener à l'est de la ville sur le bord du mythique fleuve Mékong. Nous quittons ce pays attachant mais cela devient commun de le dire car il nous semble
que c'est le cas de tous les pays d'Asie du sud-est, et il nous en reste encore à voir.
Pour terminer sur notre voyage au Cambodge, je dirai que ce n'était pas le moment le plus favorable d'y aller pendant les fêtes du Nouvel An
chinois car bien sûr des touristes chinois il y en avait à la pelle, ils sortent aussi de leur pays et le phénomène va aller en s'intensifiant.
De plus, les tarifs des billets d'avion s'en ressentent, on a dû payer le double d'un tarif en période hors congés chinois. Mais nous n'avions pas
le choix, c'était ça ou rester huit jours coincés à Nanchang. Finalement on ne regrette rien, on a eu un temps magnifique durant tout notre séjour
au Cambodge, avec une perte douloureuse de 30°C au retour, de 35-40°C à 5°C sous la pluie en débarquant à Nanchang.
Autant dire que la reprise du boulot a été laborieuse le lendemain, avec les images ensoleillées emmagasinées pendant douze jours.
A noter aussi que si la monnaie
officielle du Cambodge est le Riel, la monnaie utilisée partout est le dollar US que l'on peut retirer à tous les ATM, ou distributeurs
automatiques de billets (avec une commission de 4 US$ par tranche de 1000 US$, variable en fonction des banques) C'est bien pratique pour se
refaire un en-cours de devises pendant un long voyage, d'autant que la taxe d'aéroport à Phnom Penh et les visas se paient cash en US$.