INTERPRETATION DE LA MUSIQUE DE LULLY
LA PRONONCIATION
Comment prononçait-on le
français et le latin à l'époque de Lully ?
Plutôt que de reprendre ce qui existe, je me contenterai de vous renvoyer vers
des sites où vous trouverez toutes les informations utiles et nécessaires.
Le français
Le dictionnaire de Sébastien de Brossard (1) est
une référence en la matière. Mais il faut aller visiter le site VIRGA et sa page : « Chantez-vous
français ? », consacré à la prononciaiton du français déclammé.
Le latin
Et si on prononçait à la gallicane ? Effet de mode ou retour ou sources ?
Depuis quelques années, les enregistrement de musique vocale en latin est faite en
utilisant la prononciation dite « à la gallicane ». Loin d'un effet de mode, elle est
comme comme l'interprétation sur instrument d'époques, un retour à l'interprétation
originelle, celle voulu par le compositeur.
Lors d'une émission sur France Musiques en 2004, Olivier Scheebeli, expliqua que cette
prononciation à subsisté en France sous une certaine forme, jusqu'à la fin du XIXème
siècle ! A cette époque, le Vatican, harmonisation la prononciation du latin d'église
en prenant comme référence l'italien.
De nombreux documents attestent de cette prononciation. Des
grammairiens, phonéticiens, pédagogues ou musiciens ont écrit sur ce thème, dès le
16° siècle.
Nous pouvons ainsi citer Sébastien de Brossard lui-même et son « Dictionnaire de la
Musique », le premier dictionnaire français sur le sujet (1). Dans cet ouvrage, Brossard
décrit en détail comment émettre chaque son du latin (et du français pour les chants
profanes), en donnant des exemples à l'aide de mots « françois ». Il est précis au
point d'indiquer, comme les phoniatres d'aujourd'hui, l'amplitude de l'ouverture des
lèvres, la position de la langue, etc
pour chaque lettre.
Cette prononciation à la française a perduré jusqu'à la fin du XIX° siècle. Des
enregistrements sur rouleau de cire ou 78 tours l'atteste.
Il reste des traces de cette prononciation dans la langue française d'aujourd'hui :
Comment prononcez-vous post-scriptum ? un pensum ? un modus vivendi ? un casus belli ? un
mémorandum ? un digit ?
REGLES DE PRONONCIATION
La prononciation du latin gallican suit des règles somme
toute assez simples : on prononce les mots, en général, comme on les prononcerait s'il
s'agissait de mots français. Mais le français connaît de nombreuses exceptions, c'est
bien connu.
* le 'u' est palatalisé (u français et non « ou »
italien), ce qui donne pour 'Dominus', « dominusse » et non « dominousse ». Exception
notable et courante, le son 'um' en fin de mot se prononce « ome » comme dans 'Dominum'.
Les deux sons du 'u' se retrouvent dans les mot 'manuum tuarum'.
Le 'u' de 'qui' ou de 'quomodo' se prononce légèrement.
* les voyelles nasales sont respectées et non diphtonguées.
Ainsi 'Tunc dicent inter gentes' se prononce « tinque dissinte intèr jantèss ».
On peut remarquer la dualité de prononciation du son 'en',
tantôt « in » (toujours le cas en fin de verbes), tantôt « an ». En fin de mot, le
'n' n'est pas nasalisé mais prononcé comme dans 'nomen'.
De même le son 'un' connaît quelques variations : il se
prononce tantôt « in », comme dans 'Tunc' tantôt « on » comme dans 'Euntes',
'abundans', 'confundantur' ou 'sunt'. En effet, certains mots en 'un' en latin ont donné
le son 'on' en français, ce qui explique cette dualité ( 'abundans' a donné
'abondance', 'sunt' est l'exacte traduction de 'sont', etc
)
Le 'on' se nasalise comme dans 'Sion' sauf dans le mot 'non'
qui se prononce comme en italien.
Le son 'in' se nasalise comme dans 'principali' sauf dans le
mot 'In' qui se prononce comme en italien.
* La consonne 'j' se prononce comme en français. 'ejus' ou
'judicare' ne doivent pas devenir « éyouss » ou « youdicare » comme en italien.
* Les consonnes 'c' et 'g' suivent les mêmes règles qu'en
français, ce qui donne pour 'pacem' la prononciation « passèm », mais « k » dans
'benedicam'. 'Ecce' se prononce comme dans le verbe accéder, le son « kch » utilisé en
italien n'est pas correct. 'diligit' se prononce avec le son « j » mais 'gaudio' avec un
'g' dur.
(1) Sébastien de BROSSARD, Traité de la manière de
bien prononcer, surtout en chantant, les Termes Italiens, Latins & François, in
Dictionnaire de musique, pp. 331-350, Paris, 1703. Réimpression de l'édition
d'Amsterdam, 1708, Minkoff, Genève, 1992.
Avec l'aimable autorisation de l'Ensemble
Orfeo de Grenoble
Pour comprendre l'origine de cette prononciation et ce qu'est l'église gallicane, il faut
aller visiter le site de l'Eglise
Catholique Gallicane et consulter la page historique de cette branche du
catholissisme.